Sauge

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Salvia

Les sauges Écouter forment le genre Salvia. Ce sont des plantes de la famille des Lamiacées qui comprend plus de 900 espèces, annuelles, bisannuelles, vivaces ou arbustives. Une dizaine de sauges sont indigènes en Europe, par exemple la sauge des prés.

Les sauges étaient considérées au Moyen Âge comme une panacée, certaines espèces possédant de nombreuses vertus médicinales. Deux d'entre elles étaient particulièrement utilisées pour leurs sommités fleuries et leurs feuilles, la sauge sclarée (Salvia sclarea) et la sauge officinale (Salvia officinalis), avec lesquelles on faisait des infusions et des décoctions.

Répartition et habitat[modifier | modifier le code]

Polen de sauge, vu au microscope électronique. Septembre 2015.

On la retrouve dans toutes les zones tempérées, sur des sols bien drainés et des sites bien ensoleillés.

Utilisations[modifier | modifier le code]

Les feuilles de sauge officinale ont un aspect cendré.

Certaines espèces de sauges, en particulier Salvia divinorum (la « sauge divinatoire », connue localement sous des noms divers comme hojas de la pastora ou yerba de María), possèdent des propriétés hallucinogènes, et sont encore employées dans les rites chamaniques de purification contre les nuisances occultes dans certaines tribus amérindiennes ou comme psychotropes[1].

La sauge est aussi employée comme herbe aromatique dans des préparations comme l'aiga bolhida par exemple. Son goût est puissant, légèrement amer et camphré. Elle se marie bien avec le porc (arista, carré de porc rôti), le veau (saltimbocca) et les plats à base de volaille — poulet, dinde, canard — mais aussi avec des pommes de terre et autres féculents. Elle s'utilise aussi en naturopathie pour ses propriétés médicinales, notamment sur le système hormonal féminin. Elle apaiserait les maux liés au syndrome pré menstruel et permettrait un sevrage sans douleur pour les mamans allaitantes en apaisant les montées de lait. Certaines espèces sont purement ornementales. Elle est citée au Moyen Âge dans le capitulaire De Villis, qui fut à l'honneur jusqu'au XVIIe siècle.

Propriétés médicinales[modifier | modifier le code]

Antiseptique, antispasmodique, antisudorifique, apéritive, bactéricide, calmante, céphalique, coronarienne, digestive, énergétique, enraye la montée de lait, diurétique léger, emménagogue, fébrifuge, laxative, fluidifiant sanguin, stimule la mémoire, tonique[2],[3].

La sauge possèderait une action œstrogénique, c'est un régulateur hormonal qui agit sur la sphère urogénitale féminine[4].[source insuffisante]

Histoire[modifier | modifier le code]

Détails de Salvia officinalis passé au scanner (cliquez pour agrandir).
Sauge officinale.

Le sauge est une des plantes médicinales de l'Antiquité et du Moyen Âge. Au XVIe siècle, le botaniste Jacob Tabernae-Montanus écrit que les femmes égyptiennes avaient l'habitude de boire du jus de sauge pour accroître leur fertilité, régulariser leurs cycles menstruels et faciliter leurs grossesses. Les Grecs appréciaient ses propriétés digestives et antiseptiques. Les Romains et les Arabes l'employaient communément comme tonique et en compresse contre les morsures de serpent. Elle faisait partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire De Villis. Cette herbe royale se répandit dans toute l'Europe du Nord et de l'Est grâce aux Bénédictins qui la cultivaient dans les jardins des monastères. Reconnue par les Chinois qui commerçaient avec les Hollandais au XVIIe siècle, ils n'hésitaient pas à échanger leurs feuilles de thé les plus précieuses contre des feuilles de sauge. Louis XIV en avait même fait sa tisane d'élection et en servait à tout propos. À la même époque, la sauge officinale fut acclimatée en Amérique où elle devint l'herbe aromatique la plus populaire jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale[5].

Au XVIIIe siècle, on roule les feuilles de sauge comme des cigarettes. Tous les asthmatiques se mettaient à fumer de la sauge dès l'apparition du premier pollen printanier. La plante était associée à l'immortalité et à la longévité. Certains groupes d'Amérindiens mélangeaient la sauge avec de la graisse d'ours pour guérir les problèmes de peau. On a aussi utilisé la plante pour traiter les verrues.[réf. nécessaire]

« Qui a de la sauge dans son jardin, n'a pas besoin d'un médecin » (dicton provençal)[6]

À l'époque préhispanique, les Aztèques (et avant eux, les Mayas) ont cultivé une variété locale de sauge, le « chia » (Salvia hispanica), qui a donné son nom à l'État mexicain du Chiapas (eaux/rivière du chia) ; les graines de chia constituaient alors la troisième source alimentaire végétale après les variétés de maïs et de blé. La culture de chia a ensuite presque disparu pour ne subsister qu'à l’état sauvage, pour des raisons politiques et religieuses (car la graine servait aussi de monnaie d'échange et dans les offrandes rituelles). On redécouvre aujourd'hui ses vertus en matière de nutrition, car sa petite graine ovale ou ronde (d’environ 1 mm de diamètre), généralement grise, mêlée de taches noires ou blanches, et qu'on peut consommer de la même façon que le riz ou la semoule de blé, est très riche en acides gras polyinsaturés cis (dont plus de 60 % d'oméga-3) et pratiquement exempte de tout composé toxique (notamment, absence de ricine et produits similaires) ou phyto-hormonal.

Aujourd'hui à nouveau cultivée en Amérique centrale et dans le sud des États-Unis, la graine de chia est une source alternative d’oméga-3, préférable au soja ou même à la graine de lin qui font l’objet de surveillance de la part des autorités sanitaires à cause de leur trop fort apport en flavonoïdes actifs (propriétés hormonales comparable aux œstrogènes) ou aux huiles de poisson (dont la pêche est aujourd’hui limitée et dont les sous-produits ne sont plus exempts de composés polluants). Cette semence fait partie des «nouvelles» espèces alimentaires dont l’usage devrait se développer et faire l’objet de recommandations, d’autant plus que sa culture est nettement moins exigeante en ressources naturelles que celle du soja et nécessite beaucoup moins d’engrais azotés (polluants des nappes aquifères et de l’atmosphère). En France, on la trouve vendue souvent associée à des produits céréaliers comme le boulghour méditerranéen.

Confusion[modifier | modifier le code]

Phlomis fruticosa dit « sauge de Jérusalem » en fleur.

Le Phlomis fruticosa est souvent nommé « sauge de Jérusalem », mais ne fait pas partie du genre Salvia, malgré son aspect visuel comparable, surtout au niveau des feuilles. Il est simplement membre des Lamiaceae. De même, le Teucrium scorodonia est appelé sauge des bois. En anglais « sagebrush » (de l'anglais : sage, sauge) désigne différentes espèces d'armoise.

Composition[modifier | modifier le code]

Diterpènes et triterpènes, salvène, flavonoïdes, huile essentielle à thuyone, tanins.

Principales espèces[modifier | modifier le code]

Calendrier[modifier | modifier le code]

Le 26e jour du mois de messidor (des moissons) du calendrier républicain / révolutionnaire français est dénommé jour de la sauge[7], généralement chaque 14 juillet du calendrier grégorien, exceptionnellement parfois le lendemain 15 juillet.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. La sauge sur spiritisme.e-monsite.com
  2. Jean-Louis Alibert, Nouveaux élémens de thérapeutique et de matière médicale : Suivis d'un essai François et Latin sur l'art de formuler, et d'un précis sur les eaux minérales les plus usitées, vol. 2, Caille et Ravier, (lire en ligne), p. 123-129
  3. Jean-Baptiste Pujoulx, La botanique des jeunes gens, Briand, (lire en ligne), p. 444-445
  4. Angelo De Gubernatis, La mythologie des plantes : ou, Les légendes du règne végétal, vol. 2, C. Reinwald, (lire en ligne), p. 336-337
  5. Mélinda Wilson, Fleurs comestibles : du jardin à la table, Les Editions Fides, , p. 203-204.
  6. par Théo Nin |, « Qui a de la sauge dans son jardin, n'a pas besoin de médecin », sur Verdurable, (consulté le )
  7. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 28.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • La Connaissance des Sauges de Christian Froissart, 320 p., , Edisud - (ISBN 978-2-7449-0735-7)
  • Au pays des sauges. Bernard Bertrand, Annie-Jeanne Bertrand, 01/01/2002 Terran (Éditions de) - (ISBN 2-913288-24-3)
  • La sauge, saveurs et vertus. Canitrot Elisabeth 14/04/2010, Éditions Grancher - (ISBN 978-2-7339-1106-8)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]