04 Décembre 2011 : Les courriels du CRU - Climategate 2.0 : Le retour.
A vrai dire, je préparais des billets sur des sujets totalement différents. Mais actualité oblige, n'est-ce-pas ?
Et je ne crois pas que les lecteurs de PU m'auraient pardonné de laisser passer un événement aussi renversant que la nouvelle et considérable livraison d'un hacker inconnu (sans aucun doute le même qui avait publié les courriels du CRU du Climategate 1.0, en Novembre 2009) qui vient de déposer sur plusieurs sites, un complément substantiel (5200 courriels !) aux fameux 1073 courriels révélés en 2009, qui résidaient sur le serveur du CRU (Climate Research Unit) de l'Université d'East-Anglia (UK).
1- Introduction :
Le dossier appelé FOIA2011 tout récemment (le 22 Novembre 2011) mis à la disposition du public par le (les) hacker inconnu est constitué d'un "batch" (une liasse) qui inclut :
-
un texte explicatif (README.TXT).
-
une liasse de près de 5200 emails échangés entre les divers protagonistes qui se situent au coeur des divers rapports du GIEC et d'autres rapports propres aux USA.
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un énorme dossier subtilement encrypté (et donc indéchiffrable dans l'état actuel de la technique sans connaître le mot de passe) qui contiendrait quelques 220.000 (!) emails supplémentaires que le (les) hacker n'a pas souhaité révéler... pour l'instant. On se perd en conjectures sur les raisons qui ont poussé le (les) hacker à garder secret le code d'accès à cette énorme base de données.
Je rappelle que la FOIA (US) (Loi Pour la Liberté d'Information) dont le nom a été choisi par le (les) hacker pour intituler les dossiers rendus publics, est une loi votée par le congrès US en 1966. Elle est fondée sur le principe de la liberté d'information. Elle oblige les agences fédérales à transmettre leurs documents, à quiconque en fait la demande, quelle que soit sa nationalité. Le Royaume Uni possède aussi sa propre FOIA.
Certains échanges de courriels de FOIA2011 font mention de cette loi et font même état de conversations avec le représentant responsable de l'application de la FOIA à l'Université UEA... et des moyens de s'en prémunir qui consistent à effacer les courriels que l'on juge compromettants. Ceci sans aucun succès d'ailleurs car il semble que ceux qui recommandent ce genre de méthode (tel Phil Jones, le responsable du CRU, largement mis en cause lors du Climategate 1.0, ultérieurement blanchi par des commissions "indépendantes"), ignorent qu'il ne suffit pas d'effacer un message de la boîte email de son ordinateur personnel pour qu'il disparaisse. En réalité, les copies demeurent sur le serveur, ainsi qu'on peut le constater.
A noter, comme je l'avais fait en 2009, qu'à mon avis, l'organisation même des courriels révèle une très bonne connaissance des problèmes de la climatologie. Je pense (mais je peux me tromper) que le hacker est un "insider". C'est à dire, une personne du sérail.
Le "README.TXT" consiste en une présentation de la base de données mise à la disposition du public ainsi qu'une déclaration liminaire qui explique les motivations du ou des hackers.
Je vous rappelle que la première série des 1073 emails qui avait été déposée sur le WEB en Novembre 2009 (FOIA2009), sans doute par le (les) même personne, était précédée du message explicatif suivant :
" Nous pensons que, dans la situation actuelle, la science du climat est trop importante pour demeurer dissimulée.
C'est pourquoi nous mettons dans le domaine public une sélection, prise au hasard, de correspondances, de codes (NDT: informatiques) et de documents. Nous espérons que cela ouvrira les yeux sur cette science et sur les gens qui sont derrière". |
Comme en 2009, je présenterai les textes sous forme de tableau à deux colonnes. Celle de gauche contient le texte original. Celle de droite en donne une traduction en français.
Les fonds jaunes sont réservés aux citations. Mes commentaires ou mes présentations sont affichées sur ce fond bleu-vert.
Dans la suite de ce billet, pour faire court, j'utiliserai le mot "Team" (l'équipe) comme le font les américains pour désigner les membres des divers laboratoires ou instituts (essentiellement US et UK) qui participent à ces échanges de courriels et qui constituent le coeur même du groupe I (sciences de bases et attributions) du GIEC.
Comme vous le constaterez en lisant les échanges, les membres actifs du "Team"sont peu nombreux. Les noms des membres les plus actifs (notamment Mike Mann (US) et Phil Jones (UK)) reviennent très souvent, tout comme dans les courriels du Climategate 1.0.
Le message liminaire du FOIA2011 est le suivant.
/// FOIA 2011 — Background and Context ///
“Over 2.5 billion people live on less than $2 a day.”
“Every day nearly 16.000 children die from hunger and related causes.”
“One dollar can save a life” — the opposite must also be true.
“Poverty is a death sentence.”
“Nations must invest $37 trillion in energy technologies by 2030 to stabilize greenhouse gas emissions at sustainable levels.”
Today’s decisions should be based on all the information we can get, not on hiding the decline.
This archive contains some 5.000 emails picked from keyword searches. A few remarks and redactions are marked with triple brackets.
The rest, some 220.000, are encrypted for various reasons. We are not planning to publicly release the passphrase.
We could not read every one, but tried to cover the most relevant topics such as… |
///FOIA 2011 - Arrière-plan et contexte ///
"Près de 2,5 milliards de personnes vivent avec moins de 2$ par jour."
"Chaque jour, près de 16.000 enfants meurent de faim et de causes afférentes."
"Un dollar peut sauver une vie" - L'inverse doit aussi être vrai.
"La pauvreté est une sentence de mort."
"Les Nations doivent investir 37 mille milliards de dollars dans les technologies de l'énergie jusque vers 2030 afin de stabiliser les émissions de gaz à effet de serre à des niveaux supportables."
Les décisions d'aujourd'hui devraient reposer sur toutes les informations que nous pouvons obtenir, et non pas sur "cacher le déclin" (NdT :"hide the decline" : est une expression utilisée dans la précédente série des emails, qui avaient déclenché une sévère polémique).
Les archives contiennent quelques 5000 emails extraits à partir de recherche par mot-clefs. Quelques remarques et rédactions sont indiquées par des triple-crochets.
Le reste, qui sont au nombre de 220.000, est encrypté pour diverses raisons. Nous ne prévoyons pas de publier le mot de passe.
Nous n'avons pas pu les lire tous, mais nous avons essayé de couvrir les sujets les plus pertinents tels que... |
Suit une série de paragraphes incluant chacun un certain nombre de citations, extraites des emails directement accessibles dans la base de données rendue publique. Les titres des différents paragraphes sont les suivants :
/// Le fonctionnement du GIEC ///,
/// Communiquer sur le changement climatique ///,
/// L'optimum Médiéval ///,
/// L'effet d'îlot urbain (UHI)///,
/// Reconstructions des températures///,
/// Science et Religion ///,
/// Les modèles du climat///,
/// La Cause///,
/// Liberté de l'information ///
Vous trouverez sur le site "The Air Vent" (un site anglophone sceptique bien connu) le détail du contenu de chacun de ces paragraphes, c'est à dire l'intégrale du contenu du fichier README.TXT. A noter que The Air Vent a été un des tout premiers sites sur lequel a été déposé, sans doute par le (les) hacker, le lien vers le dossier FOIA2011.
2 - Comment accéder à la liste et au contenu intégral des emails ? :
Les lecteurs intéressés pourront trouver la totalité des quelques 5200 emails du Climategate 2.0 et leur contenu intégral dans la base de données foia2011.org. sur laquelle on peut effectuer des recherches par mot-clef ou trouver des emails dont on connaît le N° de référence, comme les quelques-uns (référencés par leur numéro) qui sont cités ci-dessous.
Le site FOIA2022.org a maintenant complété sa base de données en lui incluant également la totalité des 1073 emails du Climategate 1.0. Vous avez donc accès aux quelques 6300 emails des FOIA2009 et FOIA2011.
Enfin, une base de données Excel de la totalité des emails des climategate 1.0 et 2.0 a également été mise à la disposition du public (h/t B. Minton via WUWT et Air Vent).
-Soit en format Excel (Office 2002-2003)
-Soit en format Excel (Office >2007).
L'intérêt de cette mise en forme sous Excel réside évidemment dans le fait que la base de données ainsi constituée, est ordonnée par date, ce qui permet souvent de suivre le fil des échanges entre les personnes impliquées.
A noter que toutes les données personnelles (téléphones, adresses emails etc.) relatives aux protagonistes de ces échanges, ont été effacées (notées REDACTED) par le (les) hackers. Seules demeurent les affiliations lorsqu'elles étaient indiquées.
Contrairement aux affirmations de certains, les bases de données FOIA2009 et FOIA2011 sont totalement différentes et ne semblent, en aucune manière, se superposer.
De fait, la nouvelle FOIA2011 couvre des sujets d'intérêts nettement plus vastes que ne le faisait la base FOIA2009.
On y trouve, notamment, nombre de courriels révélateurs, à consonance fortement politique et/ou stratégique, de la part des membres du "Team" (de l'équipe), comme ils disent. Les nouveaux emails concernent, également et entre autres, les relations avec les médias (dont très notablement, la BBC et le New York Times), avec des ONG (WWF et Greenpeace entre autres), ou encore, les relations avec les bailleurs de fonds tels que le DOE (Le département de l'énergie US), voire avec des personnes proches des gouvernements, ainsi qu'avec d'autres organisations impliquées dans cette affaire de réchauffement climatique.
Le moins que l'on puisse dire, au vu des emails du FOIA2011, c'est que les membres du "Team" qui sont, en principe, des scientifiques indépendants, n'hésitent pas à s'engager dans la politique. Tout cela est analysé avec quelques détails (mais tout n'y est pas) dans la série publiée par WUWT.
Il est inutile de préciser que l'ouverture de cette nouvelle base de données du CRU de l'Université d'East Anglia, a motivé les efforts concertés de la part d'un nombre impressionnant d'amateurs (ou professionnels) anglophones qui s'intéressent à ces questions. C'est ainsi qu'un grand nombre d'emails dont le contenu est franchement impressionnant et qui figurent dans FOIA2011, a été porté à la connaissance du public anglophone, notamment via le site d'Anthony Watts (WUWT) qui contient une série d'analyses de plusieurs de ces emails qui n'avaient pas été mentionnés par le hacker dans son texte liminaire README.TXT.
3- Quelques exemples significatifs relevés dans les courriels du Climategate 2.0
Ce chapitre est divisé en 4 parties qui me semblent caractéristiques du ton, de l'esprit et du contenu des messages échangés par les membres du "Team".
A - Le Doute
Visiblement, des chercheurs du "Team" sont inquiets de certaines anomalies observées dans le comportement de leur entourage et aussi de ce que l'avenir leur réserve. Et ils l'écrivent. Certains le font vertement et n'y vont pas de main morte :
Par exemple, Doug Maraun, chercheur du CRU de l'UEA est inquiet sur la perception du "Team" par l'extérieur. Il a des états d'âme sur le comportement de certains membres du "Team". Il propose à ses collègues d'organiser une discussion autour de quelques questions dont celles-ci :
Courriel N° 1656 de Doug Maraun à ses collègues du Team, le 24 oct 2007, donc après la publication du rapport AR4 du GIEC)
-Is it true that only climate sceptics have political interests and are potentially biased? If not, how can we deal with this?
-How should we deal with flaws inside the climate community? I think, that "our" reaction on the errors found in Mike Mann's work were not especially honest.
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-Est-il exact que seuls les climato-sceptiques ont des arrières-pensées politiques et sont potentiellement biaisés ? Si ce n'est pas le cas, comment gérer ce problème ?
-Comment devons nous gérer les erreurs commises à l'intérieur de la communauté qui travaille sur le climat (NdT : Le Team) ? Je pense que "nos" réactions vis à vis des erreurs trouvées dans le travail de Mike Mann n'étaient pas spécialement honnêtes.
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Peter Thorne qui est Climate Research Scientist du Hadley Centre for climate prédiction and research, associé au Met-Office UK, lequel entretient des relations, en principe, confraternelles avec du CRU de l'UEA, pense à l'avenir. Il ne mâche pas ses mots lorsqu'il s'adresse à ses collègues du CRU.
Courriel 3066 (De Peter Thorne à Phil Jones , le 20 février 2005)
...]I note that my box on the lapse rates was completely and utterly ignored which may explain to some extent my reaction, but I also think the science is being manipulated to put a political spin on it which for all our sakes might not be too clever in the long run. |
...] Je remarque que mon insert au sujet du taux de variation de la température dans l'atmosphère a été complètement et intégralement ignoré, ce qui peut expliquer, en partie, ma réaction, mais je pense que la science est manipulée pour lui donner un objectif politique. Ce qui, pour notre bien à tous, pourrait ne pas être très malin pour le long terme. |
A noter que cette dernière phrase du courrier adressée par Peter Thorne (qui porte bien son nom puisque thorn signifie "épine" en français) à Phil Jones, nous rappelle le texte de la lettre de démission (du GIEC, écrite en Janvier 2005) de Christopher Landsea qui se terminait ainsi :
" Pour ce qui me concerne, je ne peux pas, en toute honnêteté, continuer à contribuer à un processus que je considère comme motivé par des objectifs pré-conçus et qui sont scientifiquement infondés. Comme les responsables du GIEC n'ont rien trouvé de mal dans les actions du Dr. Trenberth et l'ont maintenu à son poste d'Auteur Principal pour l'AR4, j'ai décidé de ne plus participer à la préparation de l'AR4 du GIEC."
A l'époque de la "bataille de la Crosse de hockey" qui a fait les beaux jours des rapports du GIEC jusqu'en 2007 et qui s'est prolongée pendant quelques années, Michael Mann défendait bec et ongles (et certains persistent encore aujourd'hui (!)) sa fameuse "reconstruction" historique des températures de l'hémisphère Nord qui éliminait, tout de go, l'optimum médiéval et le petit âge glaciaire.
Les courriels du Climategate 2.0 montrent que les collègues de Mann s'en inquiétaient et en redoutaient les conséquences. Ainsi Edward Cook écrivit à Tim Osborn :
Courriel 4369 de Edward Cook à Tim Osborn (3 avril 2002)
Hi Tim,
I will be sure not to bring this up to Mike. As you know, he thinks that CRU is out to get him in some sense. So, a very carefully worded and described bit by you and Keith will be important.
I am afraid that Mike is defending something that increasingly can not be defended. He is investing too much personal stuff in this and not letting the science move ahead. I am afraid that he is losing out in the process.
Ed |
Hello Tim,
Je m'assurerai de ne pas rapporter ça à Mike. Comme tu le sais, il pense que le CRU est à ses trousses d'une certaine manière. Ainsi, un petit mot écrit avec soin et documenté par toi et Keith (NdT Briffa) sera important.
J'ai peur que Mike soit en train de défendre quelque chose qui devient de plus en plus indéfendable. Il investit trop de sa personne dans cette affaire et ne laisse pas la science progresser. J'ai peur qu'il soit perdant dans cette affaire.
Ed (Cook). |
Comme je l'avais noté lors du Climategate 1.0, Keith Briffa semble éprouver de sérieux doutes et en particulier, sur les "reconstructions", ce qui est significatif de la part d'un dendrochronologue comme lui. Il écrivait dans ce sens à Edward Cook :
Courriel 2009, De Keith Briffa à Edward Cook (20 Janvier 2005)
...]Really happy to get critical comment here . There is no doubt that this section will attract all the venom from the sceptics. I find myself in the strange position of being very skeptical of the quality of all present reconstructions, yet sounding like a pro greenhouse zealot here! |
Je suis très heureux d'avoir des commentaires critiques, ici. Il n'y a aucun doute que cette section attirera tout le venin des sceptiques. Je me trouve dans une situation étrange où je suis très sceptique sur la qualité de toutes les reconstructions actuelles et pourtant je passe ici pour un zélote pro effet de serre ! |
Vous trouverez ci-dessous quelques autres exemples de courriels où des chercheurs du Team mettent sérieusement en doute les résultats ou le comportement de quelques-uns de leurs collègues. Beaucoup de courriels vont dans ce sens.
B - La Cause :
A l'évidence, la conception des buts de la recherche scientifique sur le climat de certains membres du Team (mais pas tous) est pour le moins "inhabituelle". Par exemple, dans ses échanges de courriels, Michael Mann fait plusieurs fois référence à "La Cause" (sic) qu'il faut défendre. En voici deux exemples :
Courriel N° 3115 (3 Août 2004, de Mike Mann à Phil Jones)
...] By the way, when is Tom C going to formally publish his roughly 1500 year reconstruction??? It would help the cause to be able to refer to that reconstruction as confirming Mann and Jones, etc... |
...] Au fait, quand est-ce que Tom C va publier défintivement sa reconstruction sur environ 1500 ans ???? Cela aiderait la cause de pouvoir citer cette reconstruction en précisant qu'elle confirme celle de Mann et Jones, etc.. |
Courriel N° 0810 (30 Mai 2008, de Mike Mann à Phil Jones)
...] I gave up on Judith Curry a while ago. I don't know what she think's she's doing, but its not helping the cause, or her professional credibility, |
...] J'ai laissé tomber avec Judith Curry, il y a pas mal de temps. Je ne sais pas ce qu'elle pense faire, mais ça n'aide pas la cause, ou sa crédibilité professionnelle. |
A noter que Judith Curry qui est très consciente des nombreuses incertitudes qui affectent les théories en vogue, s'intéressait aux arguments des climato-sceptiques bien avant 2008. Elle avait entrepris de rééquilibrer le débat et de discuter avec eux (notamment avec Steve McIntyre, célèbre pour avoir démonté la crosse de hockey de Mike Mann). La création ultérieure (en 2010) de son blog Climate Etc., souvent cité sur ce site et dans lequel elle donne, entre autres, la parole aux scientifiques sceptiques, en est le prolongement logique.
Judy - c'est le moins que l'on puisse dire - n'a aucune estime pour la crosse de hockey de Mann non plus que pour son auteur. A noter que même après 2010, Mike Mann est revenu plusieurs fois à la charge pour essayer de faire rentrer Judy Curry qui est une climatologue renommée, dans le rang.
En pure perte d'ailleurs. C'était, sans aucun doute, pour aider "la cause"
Ce vocable, "La cause", n'a pas manqué et ne manquera pas d'inquiéter ceux qui, comme moi, n'avaient jamais, auparavant, entendu un seul scientifique affirmer, dans le cadre de son travail, qu'il défendait ou cherchait à promouvoir "une cause". Le but de la recherche scientifique c'est évidemment de chercher à comprendre "comment ça marche", d'analyser objectivement des faits et des observations et non pas de défendre "une cause", quelle qu'elle soit. C'est d'ailleurs, très exactement ainsi que le conçoit Judith Curry comme on peut le constater en lisant les rubriques de son blog.
C - Quelques coups tordus...
Le Climategate 1.0 de 2009, nous avait alerté sur un certain nombre de libertés prises par des climatologues du "Team" avec la déontologie scientifique. En particulier, et parmi beaucoup d'autres, le très célèbre "Hide the decline" (cacher le déclin. Voir les développements récents) avait fait le tour de la planète, quelles qu'aient pu être les explications, plus ou moins alambiquées, qui avaient été avancées à l'époque.
Les courriels du Climategate 2.0 nous en révèlent bien d'autres. En voici quelques unes, sélectionnées parmi beaucoup d'autres :
Les deux suivantes nous viennent de Mike Mann et de Gavin Schmidt. Schmidt est le bras droit de James Hansen à la NASA et le webmaster du site RealClimate, dit "des climatologues" installé par Michael Mann, "au nom de la vraie science", affirmait ce dernier. Ce site, considéré comme LE site de référence des membres du "Team" et de ses zélotes, défend (évidemment puisque ce sont les mêmes auteurs qui font partie du "Team") les affirmations que l'on trouve dans les rapports successifs du GIEC.
On veut bien, mais alors que signifie cet email de Mike Mann adressé à son collègue Phil Jones lors d'une discussion au sujet d'une intervention sur les ondes de la BBC ?:
Courriel 1485, (de Mike Mann à Phil Jones, 10 Déc. 2004)
...]
but the important thing is to make sure they're loosing the
PR battle. That's what the site is about. |
...] Mais ce qui est important c'est d'être sûr qu'ils (NdT : les sceptiques) perdent la bataille médiatique. C'est ça le but du site (NdT : RealClimate). |
On apprend ainsi que le véritable but du site RealClimate n'est pas tant de faire avancer la connaissance des sciences du climat, mais plutôt de gagner une (hypothétique) bataille médiatique, contre les sceptiques.
Les membres du "Team" ont constamment montré une grande réticence à communiquer les données originales (notamment des stations de mesure des températures) aux collègues qui, comme c'est l'usage dans tous les autres domaines de la science, leur en faisaient la demande.
Entre autres, Vincent Courtillot a évoqué les problèmes qu'il avait rencontré avec Phil Jones, lors de ses conférences.
Bien entendu, les scientifiques qui désiraient utiliser ces données rendues inaccessibles, ont insisté. Lors d'une discussion avec Phil Jones, ceci a suscité cette étonnante suggestion de la part de Gavin Schmidt :
Courriel 3343 (de Gavin Schmidt à Mike Mann, 24 Avril 2007) ...]Frankly, I would simply put the whole CRU database (in an as-impenetrable-as-possible form) up on the web site along with a brief history of it's provenance (and the role of the NMSs) and be done with it. |
...]Franchement, je mettrais simplement toute la base de données du CRU ( dans un format-aussi-impénétrable-que-possible), sur un site WEB avec une brève histoire sur sa provenance (et du rôle des NMS) et l'affaire serait bouclée. |
Ce qui peut paraître comme passablement cocasse (?), c'est que Gavin Schmidt qui préconise de publier des données indispensables de manière aussi-impénétrable-que-possible, vient justement de recevoir le prix du "meilleur communicateur scientifique" de l'American Geophysical Union, dont le responsable "com" et donc le responsable de cette attribution, est le fraîchement nommé (par l'AGU) et non-scientifique Chris Mooney, lequel est bien connu pour ne pas faire dans la dentelle, en matière d'activisme climatique...
Toujours au sujet de la communication des bases de données relatives aux stations de mesures mondiales, Phil Jones, lui, nous livre une confession et une révélation tout aussi étonnantes. Voici ce qu'il a écrit, à ce sujet, à quelques membres du Team" dont Tim Osborne :
Courriel 1577 (De Phil Jones à plusieurs collègues, 28 Juillet 2009)
...]
Any work we have done in the past is done on the back of the research grants we get - and has to be well hidden. I've discussed this with the main funder (US Dept of Energy) in the past and they are happy about not releasing the original station data. |
...]Tous les travaux que nous avons effectués dans le passé ont été faits sur le dos des contrats de recherches que nous avons - et ils doivent être bien cachés. J'ai discuté de cette question avec le principal fournisseur de contrats (le Département de l'Energie US) dans le passé et ils sont contents que nous ne donnions pas les données originales des stations de mesure. |
Et dans un autre email N°1217, du même (13 Mai 2009): “Work on the land station data has been funded by the US Dept of Energy, and I have their agreement that the data needn’t be passed on. I got this in 2007.” |
"Le travail sur les stations terrestres a été financé par le Département de l'Energie US et j'ai leur accord que les données ne doivent pas être transmises. J'ai obtenu ça en 2007." |
Voilà qui est curieux : Selon Phil Jones, le Directeur du CRU, le Département de l'Energie des USA ne souhaite pas que l'on communique à ceux qui les demandent, les données originales des stations de mesure des températures du globe, utilisées par le CRU ? Pour quelle raison ?
A noter qu'un peu plus haut, dans le même email, Phil Jones avoue qu'il ne possède plus la base des données originales et se plaint de ne pas avoir les moyens pour gérer tout ça. Tout cela est assez étrange pour un organisme qui se targue d'être le dépositaire et le gestionnaire N°1 de ces bases de données et dont on peut penser que ces informations doivent, au contraire, pouvoir servir à la recherche des tiers qui en font la demande.
D'autant plus que par la vertu du FOIA, du moins aux USA, les données, les travaux et les échanges entre collègues des services publics, doivent être rendus accessibles à tous.
Cette décision surprenante du Département de l'Energie (DOE) US, a motivé le dépôt d'une requête officielle de la part du Competitive Enterprise Institute (US).Le texte de cette requête, adressée au responsable de la Liberté de l'Information du DOE, est disponible sur cette page.
Quoiqu'il en soit, Phil Jones et ses collègues se méfie du FOIA, ce qui peut évidemment susciter la suspicion. Jones en vient à donner des conseils à ses collègues à ce sujet. Des conseils qui violent manifestement le principe même du FOIA. Il propose de faire carrément disparaître les preuves des échanges entre les membres du Team. Voici ce qu'il a écrit à ses collègues :
Courrier 2440 (de Phil Jones à Thomas Stocker, le 24 Juin 2009).
...]
You might want to check with the IPCC Bureau. I've been told thatIPCC is above national FOI Acts. One way to cover yourself and all those working in AR5 would be to delete all emails at the end of the process. Hard to do, as not everybody will remember to do it. |
...]Vous pourriez vérifier auprès du bureau du GIEC. On m'a dit que le GIEC est au dessus des FOIA nationaux. Une des manières de vous couvrir ainsi que tous ceux qui travaillent sur l'AR5 (NdT : le prochain rapport du GIEC), consisterait à détruire tous les emails à la fin du processus. C'est dur à réaliser car tout le monde ne se souviendra pas de le faire.
NdT : D'autant plus que visiblement, Phil Jones ignore qu'il n'est pas si aisé de faire disparaître des emails lesquels sont en général sauvegardés sur des serveurs. Et d'ailleurs, pourquoi faudrait-il "se couvrir" si tout est parfaitement normal ? |
Cependant, certains chercheurs du Team ne s'en laissent pas conter et rappellent à l'ordre leurs collègues quand ils "oublient" quelques évidences dérangeantes (que les autres n'ont pas oubliées). Ainsi Peter Thorne écrit à Phil Jones, Kevin Trenberth et al. .
Courriel 1939 (De Peter Thorne à Phil Jones, Kevin Trenberth et al, Mai 2005, au titre d'un commentaire sur un article en préparation)
...] Common question 3.2. You'll be unsurprised to hear that I think this
paints too rosy a picture of our understanding the vertical structure of
temperature changes. Observations do not show rising temperatures
throughout the tropical troposphere unless you accept one single study
and approach and discount a wealth of others. This is just downright
dangerous. We need to communicate the uncertainty and be honest. |
Question commune 3.2. Vous ne serez pas surpris d'apprendre que je pense que vous donnez une image trop idéalisée de notre compréhension de la structure verticale du changement climatique. Les observations ne montrent pas de hausse de température à travers la troposphère tropicale (NdT : C'est l'affaire du Hotspot absent) à moins que vous n'acceptiez qu'une seule étude et approche et que vous n'écartiez une foule d'autres études. Ceci est carrément dangereux. Nous devons faire part des incertitudes et être honnêtes. |
De même Tom Wigley (de l'UCAR, comme Kevin Trenberth) n'utilise pas la langue de bois quand il s'agit de signaler quelques manquements à l'éthique scientifique par ses collègues. A noter que ce n'est pas la première fois que Wigley intervient de manière critique vis à vis de ses collègues. Entre autres, Il l'avait déjà fait lors de l'affaire de la crosse de hockey.
Couriel 2884 de Tom Wigley à Michael Mann avec cc: à Kevin Trenberth, Stephen H Schneider, Myles Allen, peter stott, "Philip D. Jones", Benjamin Santer, Thomas R Karl, Gavin Schmid, James Hansen, Michael Oppenheimer, le 14 Octobre 2009.
Mike,
The Figure you sent is very deceptive. As an example, historical
runs with PCM look as though they match observations -- but the
match is a fluke. PCM has no indirect aerosol forcing and a low
climate sensitivity -- compensating errors. In my (perhaps too harsh) view, there have been a number of dishonest presentations of model results by individual authors and by IPCC[...] |
Mike, la Figure que tu m'as envoyée est très trompeuse. A titre d'exemple, les sorties d'ordinateurs sur le déroulement historique avec le PCM (NdT : Un modèle numérique du climat développé en collaboration entre plusieurs institutions) paraissent coller avec les observations --mais ce n'est qu'un coup de chance. Le PCM n'a pas de forçage indirect par les aérosols et il a une faible sensibilité --ce qui compense les erreurs. De mon point de vue (peut-être trop abrupt), il y a eu un grand nombre de présentations malhonnêtes par des auteurs individuels et par le GIEC.[...] |
C'est encore Tom Wigley qui s'interroge au sujet des refus répétés du Team de communiquer les données lors de l'épisode "Crosse de hockey". Voici ce qu'il écrit à K. Briffa, un des dendrochronologues du Team :
Courriel 1017 : de Tom Wigley (UCAR) ) à Keith Briffa (UEA) 10 May 2006
Keith,
See the last item. Why don’t you just give these people the raw data?
Are you hiding something — your apparent refusal to be forthcoming suremakes it look as though you are.
Tom. |
Keith,
J'ai vu le dernier sujet. Pour quelle raison ne voulez-vous pas communiquer vos données à ces gens-là ?
Dissimulez-vous quelque chose ? - Votre refus apparent de vous y conformer, donne, sans aucun doute, l'impression que c'est ce que vous faites. |
Thomas Crowley est Nicholas Professor of Earth Systems Science à l'Université de Duke (celle où travaille aussi N. Scafetta). Il adresse un courrier à plusieurs membres du Team dans le but d'apaiser une querelle en cours (sur la crosse de hockey ?), ce qui est en soi plutôt louable. Cependant, il achève sa missive par une phrase qui, si elle traduit bien le fond de sa pensée, est extrêmement inquiétante. Surtout venant de chercheurs qui portent une énorme responsabilité sur leurs épaules. En sont-ils vraiment conscients ? On se le demande.
Courriel 4693 de Tom Crowley à plusieurs collègues du Team, dont Mike Mann, en 2002.
...]somehow I am not convinced that the "truth" is always worth
reaching if it is at the cost of damaged personal relationships.... |
...] D'un certain côté, je ne suis pas convaincu que la "vérité" mérite toujours d'être recherchée si c'est au prix de la détérioration des relations personnelles... |
Autrement dit, pour Tom Cowley, "restons bons copains et tant pis pour la vérité scientifique".
Même si, de cette dernière, dépendent quelques centaines de milliards d'investissement inutiles et l'inflexion de la vie de milliards d'êtres humains ?
Une fois de plus, Phil Jones nous révèle un trait peu sympathique de son caractère. Il répond à des courriers de Tim Osborne et Chris Folland (du Hadley Center et Met Office) de la manière suivante :
Courriel 4195 de Phil Jones à Chris Folland, Tim Osborne et quelques autres. (5 Janvier 2009)
Tim, Chris,
I hope you're not right about the lack of warming lasting till about 2020. I'd rather hoped to see the earlier Met Office press release with Doug's paper that said something like - half the years to 2014 would exceed the warmest year currently on record, 1998! Still a way to go before 2014.
I seem to be getting an email a week from skeptics saying where's the warming gone. I know the warming is on the decadal scale, but it would be nice to wear their smug grins away. |
Tim, Chris,
J'espère que vous n'avez pas raison au sujet du manque de réchauffement jusque vers 2020. J'aurais plutôt espéré voir le communiqué de presse du Met Office incluant un papier de Doug qui disait quelque chose comme - la moitié des années jusqu'en 2014 devraient excéder l'année la plus chaude actuellement enregistrée, 1998 ! Il y a encore du chemin à parcourir avant 2014.
Il semble que je reçois un email par semaine de la part de sceptiques qui me demandent où est passé le réchauffement. Je sais que le réchauffement est à l'échelle décennale mais ce serait chouette de pouvoir effacer leur sourire suffisant. |
Autrement dit, Phil Jones, le Directeur en titre du CRU, qui affirme sans cesse que le réchauffement climatique causera d'énormes dommages à la planète, préférerait que celui-ci se poursuive dans l'avenir. Tout simplement pour prouver qu'il a raison et pouvoir "effacer le sourire suffisant" des sceptiques ? Si on rapproche cet email de Phil Jones du précédent de Tom Cowley, doit-on en déduire que le but de ces chercheurs, c'est essentiellement de "prouver" qu'ils ont raison et, surtout, de ne pas se fâcher avec les copains ?
D - Les relations du Team avec la presse et les médias.
En complément aux 1037 courriels du Climategate 1.0, la vaste collection des 5200 et quelques emails du Climategate 2.0, implique un certains nombres d'échanges avec des journalistes US ou UK influents, ainsi que quelques allusions aux bailleurs de fonds;
Nul n'en doutait auparavant, mais il apparaît désormais, noir sur blanc, que quelques membres du Team (toujours les mêmes, en fait) ont constamment sollicité et obtenu l'aide, souvent enthousiaste de quelques journalistes influents (et sympathisants de "La Cause") qui publiaient, entre autres, dans le New York Times (US), le Guardian UK, ou encore, officiaient (et officient) à la BBC UK . Il en est ainsi et entre autres, de Georges Monbiot du Guardian et d'Andrew Revkin du New York Times. En réalité, les journalistes en question se sont surtout comportés, il y a quelques années, comme de véritables porte-voix pour diffuser les messages et complaire aux demandes pressantes de quelques personnalités du Team.
A titre d'exemple de cette collusion, voici la référence des emails échangés entre Georges Monbiot du Guardian et Mike Mann : Mann demandait à Monbiot de "descendre" le documentaire "The Great Global Warming Swindle" qui devait paraître en UK. Monbiot cherchait le meilleur moyen de le faire.
Dans ces conditions, il est un peu surprenant que les courriels du Climategate 1.0 aient quelque peu horrifié Georges Monbiot qui ne s'est pas privé de le faire savoir, à l'époque.. Ce qui a étonné beaucoup de monde. Inutile d'ajouter que ce dernier s'est "bien" repris, depuis lors.
Andy Revkin a subi récemment de nombreuses attaques suite aux révélations des échanges contenus dans les courriels du Climategate 2.0. Revkin a éprouvé le besoin de se justifier via un questionnaire Q&A (Questions-réponses) dans un article publié sur son blog du New York Times.
Et de fait, on peut penser qu'Andy Revkin a récemment évolué dans le sens d'une relative impartialité, avec quelques rechutes occasionnelles, cependant. Tout le monde lui (à lui et aux autres) accorde que s'il est parfaitement normal qu'un journaliste s'informe auprès des scientifiques du domaine avant d'écrire un papier, en tant que journaliste impartial il doit s'abstenir de certaines initiatives que le contenu de certains des emails du Climategate 2.0 met en lumière (par exemple, celle-ci). Son désir de présenter une sélection orientée, avec l'aide des membres du "Team"; même sous le prétexte de pédagogie, laisse sérieusement à désirer quant à son désir d'informer objectivement les lecteurs du NYT.
Quant à la BBC dont le biais, dans cette matière, ne dépare guère celui des médias francophones, elle admet ouvertement sa partialité sur ce sujet, par la voix d'un de ses principaux journalistes environnementaux, Alex Kirby.
Voici la copie d'un courriel que Kirby avait adressé en réponse à Phil Jones qui se plaignait que la BBC n'ait pas diffusé le sujet qu'il avait choisi.
Courriel 4894 , de Alex Kirby (BBC) à Phil Jones (8 décembre 2004)
I can well understand your unhappiness at our running the other piece. But we are constantly being savaged by the loonies for not giving them any coverage at all, especially as you say with the COP in the offing, and
being the objective impartial (ho ho) BBC that we are, there is an
expectation in some quarters that we will every now and then let them say something. I hope though that the weight of our coverage makes it clear that we think they are talking through their hats. |
Je peux bien comprendre votre mécontentement que nous ayons diffusé l'autre sujet. Mais nous sommes constamment attaqués par les cinglés pour ne pas leur avoir donné de couverture du tout, tout spécialement lorsque le COP (NdT : C'était le COP10 à Buenos-Aires) est en vue, et étant donné que nous sommes la BBC impartiale et objective (ah , ah, ah ! (Ndt : Je rigole)), il y a une attente dans certains milieux pour que nous leur laissions dire quelque chose de temps en temps. Cependant, j'espère que le poids de notre couverture rend évident le fait que nous pensons qu'ils ne profèrent que des stupidités. |
4 - Couverture médiatique du Climategate 2.0 :
S'il est incontestable que la couverture médiatique du Climategate 2.0 n'a pas atteint le niveau (particulièrement élevé) de celle du Climategate 1.0 qui avait fait grand bruit dans les médias US, UK, Australiens, Canadiens etc, de nombreux journalistes anglophones ont, cette fois-ci encore, fait leur travail d'information.
Plusieurs explications peuvent être avancées, pour expliquer cette évolution :
-La "climate fatigue". Mentionnée par les responsables anglophones des médias.
En gros "Le réchauffement Climatique ne se vend plus". Malgré les gros efforts déployés par certains, surtout à l'approche du sommet de Durban (COP17), il est évident que les médias ont sérieusement limité la couverture médiatique sur le sujet du réchauffement climatique.
Les médias francophones ont également sérieusement baissé le ton, sauf quelques rares et notables exceptions, jusques et y compris pour ce qui concerne les événements qui se déroulent au COP17 de Durban.
-Un nombre notable de journalistes qui ne sont sans doute pas donné le mal de lire et de décoder une fraction importante des courriels du Climategate 2.0, ont jugé, d'emblée, qu'il ne contenaient rien de vraiment nouveau par rapport à ceux du Climategate 1.0.
Quelques scientifiques et quelques sites francophones favorables au GIEC ont été jusqu'à affirmer, sans rire, que les 5200 emails du Climategate 2.0 étaient, en réalité, les mêmes que les 1037 du Climategate 1.0 !
Voici, néanmoins, pour les lecteurs anglophones, les références de quelques articles qui sont parus dans la presse (papier ou online) aux Etats-Unis, au Royaume Uni et au Canada. Je ne cite que les médias qui ont fait l'effort de commenter ou de citer le texte des quelques emails contenus dans le FOIA2011. Les autres, c'est à dire ceux qui se sont contenté de vagues généralités, comme les agences de presse ou les médias francophones, sans donner le moindre exemple précis, ne sont pas inclus dans cette liste :
Forbes : "Climategate II : Encore des preuves tangibles de l'establishment du réchauffement climatique."
Washington Times : "Climat de fraude : de nouveaux emails mettent en évidence le racket du réchauffement climatique."
National Review online : "Des scientifiques se conduisent mal : Encore des clous dans le cercueil du réchauffement climatique anthropique."
Wall Street Journal : "Climategate 2.0"
Daily Mail on Line (UK) : (Une série d'articles, pendant une semaine, dont " Les scientifiques du Climategate ont bénéficié de la complicité de fonctionnaires gouvernementaux pour dissimuler la recherche qui ne collait pas avec leur réchauffement global apocalyptique.")
Forbes :"Climategate 2.0: De nouveaux emails ébranlent les débat sur le réchauffement climatique."
News Buster : "ClimateGate 2.0: 5.000 nouveaux emails confirment l'existence de manipulations et de complicités par les alarmistes."
The Telegraph (UK) : "Oh, les cinglés du réchauffement climatique : voila qu'arrive le Climategate II !"
The Globe and Mail (Canada) : " La suppression du débat sur le climat est une catastrophe pour la science."

The Weekly Standard (Hebdomadaire républicain US) titre : "Des scientifiques se conduisent mal (2ème partie) : Comment la cabale climatique élimine la contestation."
Comme on le voit, plusieurs médias s'en sont donné à coeur joie et quelle que soit sa propre orientation politique, on constate, qu'à la différence des francophones, les lecteurs/auditeurs/spectateurs anglophones ont eu accès à différents points de vue.
D'autre part, les lecteurs anglophones ont également pu lire eux-mêmes le contenu des emails, ce qui, compte-tenu de la langue, est aisé pour celles et ceux qui désirent se faire une opinion indépendante et juger par eux-mêmes.
De manière générale, la capacité à lire couramment l'anglais constitue une énorme différence qui explique, sans aucun doute, les perceptions opposées du Réchauffement Climatique par le public anglophone (plutôt sceptique) et par le public francophone (plutôt croyant, pense-t-on).
Pour sa part, et comme lors du Climategate de 2009, la presse et les médias francophones, toutes tendances confondues, se sont abstenus de donner quelque précision que ce soit au sujet du contenu réel des emails du dossier FOIA2011.
A ma connaissance (j'aimerais me tromper), et même parmi ceux qui ont mentionné cette nouvelle fuite des courriels du CRU qui sont pourtant très révélateurs sur le comportement et les incertitudes des chercheurs qui sont les piliers du GIEC, aucun journaliste ne s'est donné le mal d'en donner la moindre traduction, ni le moindre lien, ni la moindre référence à ses lecteurs/auditeurs/spectateurs afin que ces derniers puissent, au moins, se faire par eux-mêmes, une opinion en connaissance de cause.
Par contre, et à la différence de ce qui s'était passé en Novembre 2009 où la presse était pratiquement restée muette sur ces révélations, cette dernière a réagi, cette fois-ci, avec une étonnante célérité, en publiant, dès le 22 Novembre, quelques brefs articles signalant le hacking (souvent comme un acte criminel alors que les mêmes s'étaient félicités des fuites du Wikileaks !) et en concluant par quelque chose dans le style du traditionnel "Circulez. Il n'y a rien à voir."
C'est évidemment à tous ceux et à toutes celles qui étaient en position de le faire mais qui se sont abstenu de communiquer au public les informations nécessaires, qui les ont minimisées ou qui les ont carrément "balayées sous le tapis" que Pensee-Unique dédie le bonnet d'âne du mois de Novembre 2011, ainsi que le cartoon de Yann Goap, ci-contre. Ce dessin est une variante mise à jour de celui qui figurait dans un billet sur le premier Climategate, en 2009.
Les heureux récipiendaires apprécieront, sans aucun doute, le coup de pinceau du dessinateur.
F- Quelques réactions au Climategate 2.0 et conclusions
Après avoir lu une quantité substantielle des courriels du FOIA2011, (mais évidemment pas la totalité des 5000 courriels), comme je l'avais fait en 2009 pour le FOIA2009, je peux avancer quelques éléments de réflexion qui me semble ressortir de cette longue collection d'échanges entre les membres du Team, qui, je vous le rappelle, sont à l'origine de la science du WG1 sur laquelle reposent les rapports du GIEC de l'ONU.
1 - Les chercheurs impliqués dans ces courriels, expriment, (parfois vertement), des avis divergents sur un certain nombre de questions relatives aux sciences du climat ainsi et aussi sur la présentation qui en est faite, par un petit nombre d'entre eux, dans les articles ou lors des communications au public ou aux médias.
En particulier et s'agissant de la "crosse de hockey", qui a joué un rôle décisif dans les différents rapport du GIEC et dans la carbophobie ambiante, le contenu de ces courriels montre que plusieurs chercheurs du Team mettent en doute le travail initial de Michael Mann ainsi que ses tentatives ultérieures, avec des arguments qui sont très proches de ceux des sceptiques qui ont travaillé sur la question.
Il est intéressant de constater, comme je l'ai fait, et comme l'a déclaré Ross Mc Kitrick (qui a travaillé avec Steve McIntyre sur la crosse de hockey et qui vient de publier un article très critique au sujet de la nécessaire réforme du GIEC) qu' "Ils attaquaient les sceptiques parce qu'ils se posaient des questions sur la science, mais en privé, ils se les posaient eux-mêmes." (source).
Il est évident, à la lecture de ces échanges, qu'une fraction notable des chercheurs du "Team" sont parfaitement conscients des incertitudes et des doutes qui pèsent sur les affirmations officielles de la science climatique actuelle. Dès lors, on peut se demander pour quelle raison, ces doutes, sérieux et documentés, n'apparaissent que de manière très atténuée (ou pas du tout), dans les rapports du GIEC et dans la communication qui en est faite aux médias et au grand public.
Pourquoi ne pas ouvrir un réel débat sur les doutes et les incertitudes, les hypothèses alternatives, les observations qui ne "collent" pas, entre les uns et les autres ? C'est d'ailleurs ce que recommande Judy Curry.
2 - Des chercheurs du Team s'inquiètent des conséquences que pourraient avoir toute cette affaire ainsi que le comportement de certains membres du Team, pour eux-mêmes, pour leur image, et pour leur carrière, si ce n'est pour l'image de la science climatique elle-même (comme Judy Curry).
S'il est parfaitement normal que des conflits, parfois sévères, se développent au sein d'une communauté de scientifiques qui travaillent sur le même sujet, il est inhabituel que les critiques évoquent des manquements à l'honnêteté comme on peut le voir, exprimé de manière explicite, dans plusieurs messages. En particulier, les refus successifs de communiquer des données à ceux qui en font la demande pour vérification et recherche ultérieure, est généralement considéré comme une faute grave dans le milieu scientifique et, aussi - c'est heureux - au sein même du "Team".
Toute cela est relativement rassurant et on peut en conclure qu'un nombre notable des chercheurs qui font partie du "Team", ont des comportements conformes à l'éthique scientifique, telle qu'elle est de règle dans d'autres domaines de la science.
3 - Comme dans les 1037 courriels du FOIA2009, il apparaît, de manière évidente que Phil Jones et, surtout, Michael Mann jouent un rôle fondamental dans toute cette affaire.
Plusieurs courriels montrent que le comportement et les publications de Mike Mann sont loin de faire l'unanimité au sein du Team. Certains s'inquiètent de l'obstination de Mann qui s'entête et "fait une affaire personnelle" de la crosse de hockey. A noter également que le comportement de Kevin Trenberth est également sévèrement critiqué par certains de ses collègues, pour raisons identiques. Il apparaît ainsi, et c'est encore plus évident dans les courriels du FOIA2011 que dans ceux du FOIA2009, que l'affaire est menée par un tout petit groupe, très restreint, de chercheurs influents qui, in fine, disposent du pouvoir décisionnel, orientent le débat et qui, finalement, font la pluie et le beau temps au sein du WG1 du GIEC ainsi que pour la communication avec les médias et les politiques.
C'est ce que nous disait Tim Carter, Professeur à Helsinki :
Courriel 1611 (Timothy Carter, 18 Oct 2000) ...]It seems that a few people have a very strong say, and no matter how much talking goes on beforehand, the big decisions are made at the eleventh hour by a select core group. |
Il semble que quelques personnes ont un très fort pouvoir décisionnel et peu importe la quantité des discussions que l'on peut avoir auparavant, les grandes décisions sont prises à la XIème heure par un petit groupe sélectionné au coeur du système. |
Enfin, deux climatologues renommés et qui sont souvent cités dans ce site, Roy Spencer et Roger Pielke Sr., nous donnent leur avis sur le Climategate 2.0 :
Roy Spencer a rédigé un article qui est intitulé "Climategate 2.0 : Le biais dans la recherche scientifique". Il y évoque notamment Michael Mann et "La Cause"...
Il conclut son article ainsi :
"Depuis des années, John Christy et moi-même avons conseillé au Congrès qu'une fraction des fonds spécifiques attribués aux agences fédérales qui supportent la recherche sur le changement climatique, soit attribuée pour supporter ceux qui défendent des hypothèses alternatives sur le changement climatique. Il est temps que le pendule se balance dans l'autre sens.
Après tout, les scientifiques iront là où est l'argent. Si les scientifiques sont financés pour trouver des preuves des causes naturelles du changement climatique, croyez-moi, ils en trouveront. Si vous mettez en place un tel terrain de jeu, ils y viendront.
Mais quand une seule hypothèse est autorisée pour expliquer le changement climatique (c'est-à dire : "la science est comprise", "the science is settled"), le biais devient si épais et si putride que tout le monde peut sentir la puanteur. Tout le monde, excepté la direction de GIEC, je veux dire. " |
Pour sa part, Roger Pielke Sr. a rédigé un article intitulé :
"Signification du Climategate #2 - Une preuve de plus de l'absence d'une analyse précise et appropriée de la science du climat."
Roger Pielke nous dit : "Cependant, ces emails du Climategate ne sont que la partie émergée de l'iceberg que nous avons seulement la possibilité de voir parce que cette source d'information a été "hackée". J'ai donné des informations supplémentaires sur "le réseau des vieux copains" dans ce post : L'oligarchie de l'analyse du climat - le GIEC.
Sa conclusion :
"Malheureusement, en dépit de ces mises en accusation concernant l’échec du processus actuel d’analyse du climat, la même démarche perdure. La raison en est claire. Il existe une relation symbiotique entre les organismes de financement, les chercheurs principaux, les comités d’évaluation nationaux et internationaux, et le leadership des organisations professionnelles pour persister dans les énormes attributions de financement de la recherche. Les résultats de ce financement font souvent les gros titres dans les communiqués de presse transmis aux médias dans le but d’influer sur les décisions politiques qui concernent un vaste éventail de questions sociales et environnementales, y compris l’énergie.
Il n’y a pas stimulus interne parmi ces groupes, pour changer l’approche présente. C'est de l'extérieur de ces établissements que devront être imposés ces changements, en particulier par ceux qui, au sein du gouvernement, supervisent cette gabegie financière." |
A propos d'oligarchie des scientifiques (le pouvoir entre les mains d'un nombre limité de personnes), on peut se souvenir de la pertinence (de la prescience ?) du Discours d'Adieu (The Farewell address) du Président D.W Einsehower qui déclarait, en 1961 :
"La possibilité de la domination des savants de notre nation par le biais des recrutements, des attributions de contrats et par le pouvoir de l'argent, est toujours présente . Elle doit être envisagée avec gravité.
Cependant, tout en considérant avec respect la recherche scientifique et les découvertes, comme il se doit, nous devons aussi être vigilants vis à vis du danger tout aussi grand et inverse, que la puissance publique elle-même, pourrait devenir captive d'une élite scientifico-technologique."
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Voilà, chère lectrice et cher lecteur, (si vous avez eu la patience de parvenir jusqu'ici), et ce n'est une petite partie de ce que l'on pouvait dire sur ce sujet.
A suivre. Il reste encore 220.000 courriels (cachés)!!! Le Climategate III ?
Stay Tuned ! |