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Santé

Détecter la maladie d'Alzheimer dans la rétine

Un nouvel outil pour révéler les plaques amyloïdes typiques de la maladie d'Alzheimer, dans la rétine apporte des résultats prometteurs pour une détection précoce.

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Une plaque amyloïde, caractéristique d'Alzheimer se voit dans la rétine

Chez les malades d'Alzheimer les plaques amyloïdes (taches blanches) se voient dans la rétine.

Neurovision Imaging

NEUROLOGIE. À en croire une nouvelle étude du Cedars-Sinai Medical Center de Los Angeles (États-Unis), c’est peut-être dans le fond de l’œil que l’on détectera demain la présence d’Alzheimer. Une maladie neurodégénérative qui touche 900 000 personnes en France sans qu’aucun traitement efficace soit disponible. Selon les chercheurs américains en effet, les yeux “ouvrent une fenêtre directe pour la surveillance des maladies du cerveau”. La nouvelle méthode s’appuie sur l’hypothèse que les plaques amyloïdes — ces agrégats de protéines cérébrales (bêta-amyloïdes) que l’on retrouve dans le cerveau des malades d’Alzheimer —  apparaissent dans la rétine (composée de cellules photoréceptrices et de neurones) avant de coloniser le cerveau.  En 2011, l’équipe du Cedars-Sinai Medical Center démontrait le phénomène dans la rétine de souris “Alzheimer”, puis dans les rétines de malades humains, post mortem.

Découvrez notre dossier exclusif sur la détection d'Alzheimer, dans Sciences et Avenir n° 847, en kiosque le jeudi 31 août 2017.

Dans la présente étude, les chercheurs ont utilisé la nouvelle méthode de détection sur dix patients (vivants) atteints d’Alzheimer qu’ils ont comparé à six témoins de même âge. Ils leur ont administré de la curcumine, un fluorochrome (substance qui émet de la fluorescence) naturel ayant une forte affinité avec les protéines bêta-amyloïdes agrégées. Puis ils ont observé la rétine à l’aide d’un rétinographe (outil qui photographie le fond de l’œil), cherchant des points de fluorescence révélant la présence de curcumine et donc de plaques amyloïdes. Résultat : les plaques amyloïdes sont 4,7 fois plus abondantes dans la rétine des malades que dans celle des témoins.

Les chercheurs ont par la suite analysé les rétines de 23 patients décédés comparés à 14 individus d'âge similaire, non malades. Même constat. Les plaques de bêta-amyloïde sont plus abondantes dans les rétines des malades d'Alzheimer. Mieux, que ce soit chez les patients vivants ou décédés, les chercheurs ont constaté que la perte neuronale dans les rétines était corrélée avec la perte neuronale dans le cerveau.

Une technique non invasive et peu coûteuse

Les chercheurs suggèrent donc que l’imagerie rétinienne peut être une technique de dépistage réalisable et peu coûteuse pour la détection d’Alzheimer. Déjà, ils ont créé une start-up Neurovision Imaging, pour promouvoir cette technique baptisée Retinal Amyloid Imaging. “Ce serait un outil intéressant car non invasif et permettant une détection précoce avant même les premiers symptômes (pertes de mémoire, désorientation, troubles de l'humeur)”,  confirme Harald Hampel, chercheur à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière à Paris et titulaire de la Chaire AXA & UPMC (université Pierre-et-Marie-Curie, Paris-VI) “Anticiper la Maladie d’Alzheimer” qui soutient ce projet.

Reste la question de fond : pourquoi détecter précocement la maladie, avant que les symptômes apparaissent, en l’absence de traitement ? Il faut savoir que ces symptômes peuvent survenir plus de quinze ans après que la pathologie est à l’œuvre dans le cerveau.  “Les symptômes apparaissent lorsque la capacité du cerveau à résister à l’agression diminue, explique Philippe Amouyel, épidémiologiste au CHU de Lille et directeur de la fondation Plan Alzheimer. La maladie possède donc une phase silencieuse  pendant laquelle on pourrait la détecter.”  La détecter et commencer à la soigner. Car, de l’avis des chercheurs, la raison des échecs successifs des essais cliniques contre le déclin cognitif dû à la maladie viendrait de la prise trop tardive des molécules thérapeutiques, lorsque les symptômes sont déjà là.

Lorsqu’un médicament efficace sera disponible, il faudra pouvoir le donner le plus tôt possible, avant que trop de neurones soient détruits. Et donc posséder des moyens de détection précoce des patients à risque.

Des tests et une étude en cours

Aujourd’hui, NeuroVision imaging teste sa nouvelle technique de détection précoce sur des cohortes de patients (États-Unis) mais aussi des volontaires sains à risque. La société compile ainsi des données d’images de rétine de sujets de la cohorte Insight-preAD (380 volontaires de plus de 65 ans non malades) suivis à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, qui développeront ou non une démence. Dans trois ans, les chercheurs seront à même de dire si l’image était prédictive de leur état et valider la technique.

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