Merci à l'équipe du Mythevégétarien pour leur traduction et bravo d'avoir passé tout ce temps pour aider leur prochain à un peu moins se faire de mal.
Car là est bien le noeud du problème de cet article: il ne s'agit pas de se faire du bien, mais de limiter les dégâts, dans la mesure du possible. Les solutions que propose Denise ne sont que des emplâtres sur des jambes de bois.
Je noterai ici mes commentaires de Bagheera, la gardienne des principes de la jungle. Mon personnage est loin du caractère de Minger, dont j'admire depuis longtemps la patience, la bienveillance, l'attention aux autres - même lorsqu'elle est trollée à mort sur son blog. Où trouve-t-elle cette équanimité?
Quelques remarques techniques.
Il faut complémenter en B12 , en D3 et en K2? Quelle meilleure preuve que ce régime est une aberration... Il faut donc ajouter de la chimie de synthèse à une assiette qui se veut en harmonie avec la nature. Illogique au possible.
Lorsque je faisais encore des recherches sur le sujet, en 2000, il était démontré qu'à prendre de la B12 en supplémentation, le mangeur perdait la capacité à la métaboliser ensuite, lorsqu'il revenait à un régime plus riche en B12 naturelle. Comme s'il avait perdu la capacité à la capter.
A lire son paragraphe sur le béta carotène, qui ne donne pas de vraies solutions (voir para suivant), un naïf pourrait vouloir se complémenter aussi en vitamine A. Or, ce sont les formes synthétiques de cette supplémentation qui ont provoqué des accidents chez l'humain et qui font la mauvaise réputation de la vitamine A. Un végane pourrait donc encore plus se surcharger le foie avec cette vitamine A de synthèse.
Les solutions de Minger pour maximiser l'absorption du béta carotèhne sont vaines dans ce contexte-ci: 99 véganes sur 100 sont fragilisés par la tenue de ce régime, leur microbiote est chamboulé, les organes s'épuisent, les enzymes viennent à manquer. TOUT ce qu'elle suggère sera inopérant. Je connais les sources de sa documentation, fiables, cela fonctionnera sur monsieur et madame Tout-le-monde, pas sur des organismes si fragilisés.
"Essayez une éviction du gluten". Ce n'est pas une solution viable, car :
Cette brillantissime gamine, si fine, si pointue dans ses analyses d'habitude, nous balance un mantra sans fondement. J'adore, j'adore, j'adore quand de grands esprits émettent des âneries. Cela les rapproche de nous. Allez, revenez près de nous, pauvres humains. C'est le cas du formidable docteur Eades, vieux routier de la cétogénique. Dans ses conférences et ses livres, il démontre que les farineux sont toxiques pour l'humain depuis longtemps car l'analyse des momies égyptiennes révèle qu'ils étaient perclus d'arthrite. Mais, cher Michael, s'il est vrai que les ouvriers égyptiens mangeaient beaucoup de pain et de lentilles, ce ne sont pas eux que l'on retrouve en momies, ce sont les pharaons et leur suite. Qui ne mangeaient probablement pas autant de pain et de hoummous...
Revenons au sujet de l'article de Denise Minger. "In cauda sourirum" (sur le ton de in cauda venenum). En tout dernier critère, elle conseille de pratiquer du "bivalvéganisme" car, tout simplement, elle-même s'est sortie des flûtes après sa période végane avec des produits de la mer. On est tous faits dans le même moule: difficile de ne pas ériger en dogme ce qui nous convient personnellement, ici et maintenant. Au passage, s'il faut sauver la planète, ce sont bien les océans qu'il faut préserver et arrêter de piller.
Minger nous donne un exemple de végane au long cours en bonne santé: Lou Corona. Il suffit d'un coup d'oeil à une vidéo youtube pour voir que le gars est dopé aux oestrogènes! C'est très bizarre, mais cela leur donne le même reflet que les amateurs de chirurgie esthétique. Comme s'ils émanaient du plastique. Ce nest qu'une impression personnelle, à peaufiner par des recherches, mais cela rejoindrait ce que tout le monde sait en nutri des arrière-arrière-coulisses dans le monde des gourous.
Je reviens à mon antienne: en Occident actuel, une personne sur dix est construite pour manger végétarien pur au long cours (eh oui, il faut bien préciser "actuel" car nous sommes en voie de dégénération accélérée, ce qui est vrai aujourd'hui ne l'était pas il y a soixante ans); une personne sur cent peut tester végane au long cours. Si cent mille Américains sont véganes "de croisière", on pourrait imaginer mille personnes souriantes. C'est bien léger: on oublie que 99000 personnes sont en souffrance!
Ceux, parmi les 9/10 ou 99/100 restants qui s'en sortent peu ou prou, complémentent soit en douceur (tout l'arsenal de la nutrithérapie), soit avec des anabolisants pour les sportifs ou de puissantes hormones pour les autres. Complémentation douce ou forte qu'ils supportent à la hauteur de leur vitalité de base. Chez un "canari de la modernité" dont je me fais le porte-parole, chez les cas de burn-out, ces produits sont soit délétères soit totalement vains.
Certains pratiquants honnêtes reconnaissent leur pratique comme (le grinçant) Durianrider qui croit qu'on peut survivre avec 30 bananes par jour:
Les photos avant/après, photos qu'il publie lui même, en restant vegan cru. Qu'a-t-il changé au quotidien? Des stéroïdes à la pelle...
Et je ne cite pas ceux qui pronent une chose (végé) et pratiquent autre chose (que j'ai vus manger des hamburgers au fast food, par exemple - pas de noms, pas besoin de polémique). Dans sa biographie, Viktoras Kulvinskas, assistant d'Ann Wigmore et orateur principal lors des conférences du centre américain Hippocrate, au cours desquelles il a convaincu des dizaines de milliers d'Américains de passer au véganisme-cru, explique avec beaucoup d'honnêteté que pendant toutes ces années de prêche crudiste, il se nourrissait la nuit et en cachette ... de hamburgers et de crasses chocolatées. En déni total de la réalité, comme un vrai toxico. « Merci, Viktoras, pour ce beau témoignage...».
Denise Minger nous donne à nouveau la preuve de son coeur énorme, de son cerveau affuté et de sa plume élégante. Mais je n'utiliserais pas ses conseils pour garder un ami en véganisme (un ennemi, oui peut-être, tiens). Peut-être en garderais-je quelques critères pour l'aider à revenir à un peu plus de l'omnivorisme qui a fait le succès de l'humain 2.0.
Lire l'article en français chez le mythevégétarien - Lire l'original en anglais chez Minger.
Et encore merci à l'équipe du mythevégétarien (dont je n'ai pas repris l'adresse fb, que je boycotte toute seule avec mes petits bras, vous me remercierez dans dix ans).