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Régimes

Régime : a-t-on enfin trouvé une solution pour éviter l’effet yo-yo ?

Même si les personnes qui effectuent un régime continuent à surveiller leur alimentation, la plupart d’entre-elles regagnent finalement une partie du poids délesté. Mais les récentes recherches menées par un institut allemand pourraient déboucher sur le développement d’un traitement permettant d'éviter cela.

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La plupart des personnes qui perdent du poids grâce à un régime alimentaire reprennent assez rapidement une partie des kilos perdus, voire la totalité à la fin des restrictions.

La plupart des personnes qui perdent du poids grâce à un régime alimentaire reprennent assez rapidement une partie des kilos perdus, voire la totalité à la fin des restrictions.

SCIENCE PHOTO LIBRARY / R3F / SCIENCE PHOTO LIBRARY VIA AFP

Hypocalorique, cétogène, hyperprotéiné… Il existe toute une multitude de régimes alimentaires, mais ils ont tous quelque chose en commun : malgré les efforts, la plupart des personnes qui les pratiquent finissent par regagner une partie du poids perdu. Et ce, même si elles continuent à faire attention à son alimentation. Car cette reprise de poids n’est pas vraiment causée par un excès d’alimentation après le régime, mais par des changements physiologiques qui se mettent en place pendant la période de restrictions. Le corps n’est pas au courant que cette diminution en nutriments est volontaire, il sait juste qu’il faut s’adapter à une période de vaches maigres… et surtout qu’il faut refaire les stocks dès que possible pour se préparer à toute nouvelle pénurie. Un mode "survie" qui favorise le fameux effet yo-yo si fréquent avec les régimes alimentaires. Un groupe de recherche de l’Institut Max Planck en Allemagne vient de mettre en lumière les neurones responsables de cet effet yo-yo, ouvrant la voie à un potentiel traitement pour l’éviter. Leurs résultats ont été publiés le 24 mars 2023 dans le journal Cell Metabolism.

Des neurones qui s’activent lors d’une perte de poids

Ces neurones sont localisés dans une région nommée le noyau arqué au centre de l’hypothalamus. Cette structure du système nerveux, située au centre du crâne, entre le thalamus et le tronc cérébral, est connue pour son rôle dans plusieurs processus métaboliques, y compris le contrôle de la faim. Une fois activés par la faim, ces neurones produisent un neuropeptide qui augmente l’appétit et réduit la consommation énergétique du corps, l’AgRP (pour "agouti-related peptide" en anglais).

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Les chercheurs ont mis en évidence chez la souris que ces neurones sont activés par d’autres neurones, situés dans une région voisine du noyau arqué dans l’hypothalamus, le noyau paraventriculaire. Ces neurones sont activés lors d’une perte de poids causée par un jeûne ou une restriction calorique, et vont à leur tour activer leurs voisins afin d’augmenter l’appétit et ainsi induire une reprise de poids.

Selon leurs résultats, le nombre de synapses entre ces deux groupes de neurones doublait pendant une période de jeûne de 16 heures, induisant un plus grand appétit et une reprise de poids rapide à la fin du jeûne. Et cela se produisait aussi après une restriction calorique, où la souris ne jeûne pas, mais doit manger moins (durant une semaine, les souris mangeaient 75 % de la quantité de nourriture qu’elles mangent d’habitude, une réduction similaire à celle déjà testée chez des humains pour ralentir le vieillissement). Alors que cette augmentation de l’appétit et cette reprise de poids n’arrivaient pas si ces neurones du noyau paraventriculaire étaient inactivés par les chercheurs. Montrant une voie potentielle pour éviter la reprise du poids perdu lors d’un régime.

L’appétit est stimulé à long terme, même après la fin du régime

Cette induction de l’appétit ne s’estompait pas rapidement. Au contraire, la prise de poids persistait jusqu’à ce que la souris avait récupéré tout le poids perdu lors de la période de restriction. Ainsi, une nuit de jeûne induisait une augmentation importante de la quantité de nourriture consommée pendant quatre jours.

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Même une activation plus courte de ces neurones du noyau paraventriculaire induisait une reprise de poids importante. Les chercheurs ont injecté à des souris une drogue qui active ces neurones (du Clozapine N-oxide) en une seule dose, ce qui a entrainé une prise de poids importante chez ces souris, dont le poids augmentait d’environ 10 % en une semaine après une seule injection. Pour les auteurs, cette activation à long terme de ces neurones serait responsable de la prise de poids observée fréquemment chez les personnes après un régime, le fameux effet yo-yo.

"À long terme, notre objectif est de trouver des thérapies qui aideraient à garder le poids corporel atteint lors d’un régime, projette dans un communiqué Henning Fenselau, chercheur à l’Institut Max Planck et auteur de l’étude. Pour y arriver, nous continuerons à explorer les moyens de bloquer les mécanismes qui renforcent cette voie neuronale chez les humains." Car il faudra d’abord s’assurer que ce chemin neuronal mis en lumière chez la souris soit le même chez nous. Si c’est le cas, stopper la communication entre ces neurones pourrait s’avérer magique pour une perte de poids efficace. Mais en attendant, il vaudra mieux se faire à l’idée qu’il n’y a pas de recette magique pour perdre du poids (au moins pour le moment).

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