L'essor des usages normatifs : la comptabilité et les statistiques : épisode • 19/12 du podcast Du gouvernement par les lois à la gouvernance par les nombres

Luca Pacioli avec son élève Guidobaldo Ier de Montefeltro (1495), attribué à Jacopo de' Barbari, in « Lauwers, Luc & Willekens, Marleen : Five Hundred Years of Bookkeeping : A Portrait of Luca Pacioli » - Wikicommons
Luca Pacioli avec son élève Guidobaldo Ier de Montefeltro (1495), attribué à Jacopo de' Barbari, in « Lauwers, Luc & Willekens, Marleen : Five Hundred Years of Bookkeeping : A Portrait of Luca Pacioli » - Wikicommons
Luca Pacioli avec son élève Guidobaldo Ier de Montefeltro (1495), attribué à Jacopo de' Barbari, in « Lauwers, Luc & Willekens, Marleen : Five Hundred Years of Bookkeeping : A Portrait of Luca Pacioli » - Wikicommons
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Comment la comptabilité peut-elle conférer une vérité légale aux nombres? Comment la statistique a-t-elle contribué à l'hybridation du droit et de la quantification ? Le juriste Alain Supiot présente les instruments de mesure de richesses, de ressources et de populations, sous l’angle juridique.

Avec
  • Alain Supiot Juriste, docteur honoris causae, professeur émérite au Collège de France

Rediffusion du 17/01/2017

Comment la comptabilité, qui a obligation de rendre des comptes, s’avère-t-elle un mode d’accréditation d’une vérité par l’image ? Comment a-t-elle été la première technique à avoir fait de la monnaie un étalon de mesure universel ? Quel rôle ont joué les entreprises pour instaurer cette première forme de gouvernance par les nombres ? En quoi la statistique, cet autre mode de quantification, peut-il être le « miroir du prince », quand la comptabilité est celui du marchand ? Nous voici face aux instruments de mesure de richesses, de ressources et de populations… 

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Alain Supiot, Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire «État social et mondialisation : analyse juridique des solidarités», poursuit son questionnement du passage « Du gouvernement par les lois à la gouvernance par les nombres »

Il présente aujourd’hui sous l’angle juridique et dans une perspective historique l’essor des usages normatifs de la quantification, de la comptabilité à la statistique. Quel est l’apport à partir du Moyen Age de l’invention de la comptabilité en partie double ? Comment a-t-elle étendu « l’empire du calcul », selon la formule du juriste, spécialiste du droit du travail à des « entités qui lui ont été antérieurement étrangères », jouant sur les mouvements et les temporalités ? Comment la statistique a-t-elle fait émerger pour sa part une normalité induite de l’observation des faits, contribuant, elle aussi, à l**’hybridation du droit et de la quantification**. Dans sa présentation pour le Collège de France, après avoir mis en valeur l’exemple de l’impact des études statistiques sur la mortalité pour « mesurer les écarts liés à la richesses ou aux conditions de travail », Alain Supiot note :

"Notre droit social est de ce point de vue la première manifestation de grande ampleur d’une indexation de la loi sur des distinctions sociales révélées par la quantification".

Cela posé, il souligne à l’inverse les dérives liées à l’utilisation des statistiques dans la biologie raciale et la mise en place de législations eugénistes dans de nombreux pays.Les usages normatifs de quantification ouvrent bien des perspectives tandis que le caractère universel et immédiat des chiffres arabes ouvre celles du « rêve babélien d’une langue commune à tous les hommes ».Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, pour le cours d’Alain Supiot, le 14 mars 2013 « L'essor des usages normatifs : la comptabilité et les statistiques ».

Pour prolonger :

Les ressources en ligne autour d'Alain Supiot : bibliographie, conférences et entretiens, les résumés annuels des cours

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La leçon inaugurale d'Alain Supiot, " Grandeur et misère de l’État social" sur France Culture et au Collège de France (lien vers le fichier vidéo).

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