Il était une fois les coronavirus

Illustration de coronavirus. En rouge, la protéine transmembranaire S (Spike) © CDC. Alissa Eckert, MS; Dan Higgins, MAM.

Coronavirus. Le mot revient sans cesse dans les conversations, la presse, les réseaux sociaux, les revues médicales. Depuis le début de l’année, le nombre de publications scientifiques relatives au coronavirus SARS-CoV-2 explose. On recense dans la base de données biomédicales PubMed près de 1 800 articles comportant dans leur titre le terme coronavirus, Covid-19 ou SARS-CoV-2.

Le SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de Covid-19, appartient à la famille des coronavirus, des virus qui portent à leur surface des projections, bien visibles en microscopie électronique. L’enveloppe des coronavirus renferme en effet des protéines de surface S (pour Spike, spicule) qui forment des protubérances semblables à de petits clubs de golf ou des pétales. Ancrées dans la membrane virale, les protéines S confèrent aux virions un aspect de couronne. Celui-ci est à l’origine du nom attribué à cette famille de virus, le terme corona signifiant couronne en latin.

De Pékin à Paris, en passant par Rome et Madrid, la communauté médicale et scientifique internationale se mobilise contre le SARS-CoV-2, dernier représentant de la famille des coronavirus. Voici leurs histoires.

Le terme « coronavirus » repose sur l’aspect en couronne des particules virales (virions) en microscopie électronique. Coronavirus de la bronchite infectieuse aviaire (IBV). Berry DM, Almeida JD. J Gen Virol. 1968;3:97-102.

Les années 1930

Le premier coronavirus découvert est un virus animal, responsable chez les volailles d’une maladie respiratoire aiguë très contagieuse. Son nom : virus de la bronchite infectieuse aviaire (Infectious Bronchitis Virus, IBV). La maladie qu’il provoque a pour la première fois été observée en 1930 dans le Dakota du Nord (Etats-Unis).

Arthur Frederick Schalk et MC Hawn rapportent en 1931 dans le Journal of the American Veterinary Medical Association (JAVMA) avoir identifié une nouvelle maladie respiratoire chez des poussins âgés de deux jours à trois semaines. Le titre de leur article est : An apparently new respiratory disease in baby chicks. Chez les volailles, la bronchite infectieuse se caractérise par une détresse respiratoire aiguë, des râles, une toux, une chute de pontes très importante, une détérioration de la qualité des œufs, ainsi que par une mortalité élevée chez les jeunes poussins.

En 1937, deux chercheurs américains de l’université Rutgers (New Jersey), Fred Robert Beaudette et Charles Bannus Hudson, rapportent dans le JAVMA être parvenus à cultiver l’agent responsable sur des œufs de poule embryonnés.

En 1946, le virus de la gastroentérite du porc (Transmissible Gastroenteritis Virus, TGEV) est identifié. En 1949, des chercheurs du Rockefeller Institute (New York), puis une équipe londonienne en 1951, découvrent le virus de l’hépatite murine (Murine Hepatitis Virus, MHV) chez une souris paralysée.

La relation entre ces maladies, qui touchent les poulets, les porcs et les souris, n’est cependant pas établie. On ignore alors que ces trois pathologies sont dues à des virus appartenant à une même famille. Il faudra pour cela attendre la découverte des premiers coronavirus humains dans les années 1960, qui aboutira à classer ces virus animaux et humains dans la famille des Coronaviridae.

Découverte du premier coronavirus humain en 1965

La découverte du premier coronavirus humain (HCoV) remonte à 1965. Les chercheurs britanniques David Tyrrell et Malcolm Bynoe (Salisbury, Angleterre) isolent une souche virale, baptisée B814, à partir des prélèvements respiratoires d’un écolier présentant un rhume banal. Ils parviennent à cultiver le virus présent dans le liquide de lavage nasal en utilisant comme milieu de culture des cellules de trachée humaine embryonnaire. Les expériences montrent que l’agent pathogène résiste aux antibiotiques et qu’il est sensible à l’éther, ce qui indique qu’il s’agit d’un virus (et non d’une bactérie) et que celui-ci possède une enveloppe lipidique. En effet, l’éther est un solvant des lipides.

Les chercheurs administrent ensuite par voie intranasale à des volontaires sains le liquide de ce milieu de culture ou des sécrétions nasales de patients enrhumés. Résultat : dans les deux cas, un grand nombre de volontaires développent un rhume dont les caractéristiques cliniques sont similaires.

McIntosh K, Dees JH, Becker WB, Kapikian AZ, Chanock RM. Proc Natl Acad Sci U S A. 1967 Apr;57(4):933-40.

HCoV-OC43 et HCoV-229E

L’année suivante, en 1966, Hamre et Procknow, chercheurs à l’université de Chicago, rapportent avoir cultivé un virus sur des cultures de cellules rénales embryonnaires humaines inoculées avec des prélèvements respiratoires d’étudiants en médecine enrhumés.

Baptisé HCoV 229E, ce virus ressemble sur le plan morphologique au coronavirus humain B814 ainsi qu’à celui de la bronchite infectieuse aviaire (IBV). Comme B814, 229E se révèle sensible à l’éther. Son matériel génétique est composé d’ARN. Le virus HCoV 229E devient une « souche prototype » pour toute une série de travaux ultérieurs. La souche B814 ne connaîtra pas la même célébrité que 229E. Comme d’autres virus, elle n’a pas été conservée au fil du temps. Toutes ces souches virales ont ainsi été perdues.

En 1967, une autre souche, baptisée HCoV OC43, est découverte aux Etats-Unis par Kenneth McIntosh et ses collègues des Instituts nationaux de la santé (NIH, Bethesda, Maryland). Ce virus a été cultivé sur des cellules de trachée humaine. Cette équipe rapporte également l’isolement d’autres virus sensibles à l’éther à partir d’échantillons de l’appareil respiratoire. Tous ces virus sont baptisés OC (Organ Cultures) pour indiquer que leur croissance a été réalisée en utilisant des cultures cellulaires provenant de divers organes.

La même année, ces mêmes coronavirus HCoV-OC43 et HCoV-229E sont isolés par les chercheurs britanniques de l’unité de recherche sur le rhume (Common Cold Unit) de Salisbury. Cette équipe montre que l’infection avec le virus HCoV-229E entraine un rhume banal. Pour ce faire, l’équipe de Tyrrell collecte du liquide de lavage nasal d’un patient enrhumé et l’administre par voie intranasale à un volontaire. Le lavage nasal de ce dernier est alors administré à un autre volontaire et ainsi quatre fois de suite. Au bout des quatre passages en série, il apparaît que 13 des 26 participants ont développé un rhume. En revanche, aucun rhume ne survient chez 20 volontaires ayant reçu une solution nasale de sérum physiologique. Et les chercheurs de préciser que deux volontaires, l’un infecté par HCoV-229E, l’autre par B814, ont développé un rhume carabiné. Ils utilisent plus de 100 mouchoirs en une seule journée. D’autres équipes utilisent cette méthode expérimentale et montrent que HCoV- OC43 peut provoquer un rhume.

Dans le même temps, les chercheurs britanniques June Dalziel Almeida et David Tyrrell observent au microscope électronique les liquides de milieux de cultures infectés par la souche B814 et constatent que les particules virales ressemblent au virus de la bronchite infectieuse aviaire (Infectious Bronchitis Virus, IBV). Elles aussi portent à leur surface des projections régulièrement espacées. La souche 229E et les virus OC ont également une morphologie similaire.

A la fin des années 1960, on réalise par ailleurs que les virus de la bronchite infectieuse aviaire, de la gastroentérite du porc et de l’hépatite murine ont la même morphologie caractéristique « en couronne » en microscopie électronique.

Le 16 novembre 1968, le terme « coronavirus »  fait officiellement son apparition dans la revue Nature. Ce nouveau groupe de virus est défini à partir de critères essentiellement morphologiques.

Virology: Coronaviruses. Nature 220, 650 (1968).

La classification de ces virus (taxonomie) sera régulièrement revue. En 1975, le Comité international de taxonomie des virus (ICTV) approuve la création d’une nouvelle famille de virus, les Coronavirinae, qui eux-mêmes appartiennent au genre des Coronaviridae (coronavirus). Ces virus ont en commun l’organisation de leur génome ARN et leur stratégie de réplication.

Les quatre genres de coronavirus : Alphacoronavirus, Betacoronavirus, Gammacoronavirus et Deltacoronavirus. Woo PC, et al. J Virol. 2012 Apr;86(7):3995-4008.

Dans la taxonomie actuelle, on distingue quatre genres de coronavirus : Alphacoronavirus, Betacoronavirus, Gammacoronavirus et Deltacoronavirus. Tandis que les Alphacoronavirus et les Betacoronavirus infectent principalement les mammifères, les Gammacoronavirus et les Deltacoronavirus touchent surtout les oiseaux.

Les chauves-souris représentent le principal réservoir naturel des Alphacoronavirus et Betacoronavirus. Ces dernières constituent le groupe de mammifères hébergeant le plus grand nombre de coronavirus. On estime que ces derniers représentent 31 % de leur virome, l’ensemble des virus hébergés par ces chiroptères.

Les plus grands génomes des virus ARN

Les coronavirus occupent une position éminente en virologie dans la mesure où ces gros virus sphériques (60-220 nm) possèdent le plus long ARN génomique (de 27 000 à 33 000 bases).

Des études sérologiques, consistant à rechercher des anticorps sanguins anti-coronavirus chez des individus infectés, ont progressivement permis d’accumuler un nombre considérable de données épidémiologiques. Il a ainsi été montré que les infections respiratoires dues aux coronavirus se produisent dans les climats tempérés plus souvent en hiver et au printemps qu’en été et en automne. Les données ont également révélé que jusqu’à 35 % des infections à virus respiratoires en période épidémique sont dues à des coronavirus. Par ailleurs, ces virus sont à l’origine de 15 % des rhumes observés chez l’adulte. Enfin, les infections à coronavirus peuvent survenir à tout âge mais sont plus fréquentes chez les enfants.

Durant les années 1970, les études épidémiologiques, de même que les expériences conduites auprès de volontaires sains auxquels on injecte une préparation de coronavirus par voie intranasale, montrent que les coronavirus sont généralement associés à des infections respiratoires peu sévères. Les coronavirus humains (HCoV) provoquent en effet le plus souvent une infection respiratoire haute, occasionnellement une pneumonie chez l’enfant et l’adulte jeune. Ces virus peuvent cependant provoquer une exacerbation de l’asthme infantile de même qu’une bronchite chronique chez l’adulte et le sujet âgé.

Un grand groupe de virus infectant mammifères et oiseaux

Alors même que l’on tente de cerner l’ensemble des manifestations cliniques provoquées par les coronavirus humains, la médecine vétérinaire progresse. L’importance des coronavirus animaux gagne du terrain. Il s’avère que de nombreuses espèces animales peuvent être infectées par les coronavirus. C’est le cas du rat (Rat Coronavirus, Sialodacryoadenitis Virus ou virus de la sialodacryoadénite du rat), de la souris (Murine Hepatitis Virus, MHV), du poulet (Infectious Bronchitis Virus, IBV), de la dinde (Turkey Coronavirus), du veau (Bovine Coronavirus), du chien (Canine Coronavirus), du chat (Feline Enteric Coronavirus, Feline Infectious Peritonitis Virus), du lapin (Rabbit enteric coronavirus) et du porc (Transmissible Gastroenteritis Virus, Porcine Epidemic Diarrhea Virus ou PEDV, Porcine Hemagglutinating Encephalomyelitis Virus ou PHEV). Des coronavirus ont également été découverts chez le faisan de Colchide, certains passereaux (munias, bulbuls, grives), le béluga, le chat-léopard du Bengale, le blaireau-furet de Chine.

Chez le chat, la maladie due au virus de la péritonite infectieuse féline (Feline Infectious Peritonitis Virus) est décrite pour la première fois en 1963 et transmise expérimentalement entre un chat malade et un chat sain en 1966. En 1971, le coronavirus canin est isolé au cours d’une flambée épidémique de maladie diarrhéique chez des chiens de l’armée américaine.

Concernant le porc, il s’avère que l’infection par le virus de la diarrhée épidémique porcine (PEDV) a un impact économique majeur. Aux Etats-Unis, ce coronavirus a ainsi entraîné une diminution de plus de 3 % de l’élevage porcin entre septembre 2012 et août 2014. De même, la bronchite infectieuse aviaire, due au coronavirus IBV, a un impact économique significatif au sein des élevages brésiliens de volailles (poulets de chair et reproducteurs). Publiée en 2005, une étude montre que chez les reproducteurs les pertes totales s’élèvent à 3 567 dollars US pour chaque lot de 1 000 volailles âgées de 25 à 26 semaines.

Si la majorité des études chez l’animal se concentrent sur les manifestations respiratoires, d’autres travaux se focalisent sur les atteintes intestinales (gastroentérite), hépatiques (hépatite) et cérébrales (encéphalite) ou rénales chez la souris, ou sur la péritonite chez le chat.  Les coronavirus animaux peuvent ainsi être responsables de manifestations variées et complexes.

Par ailleurs, alors que beaucoup de coronavirus (sinon tous) provoquent des infections de l’appareil gastro-intestinal chez les animaux d’élevage, les infections humaines dues aux coronavirus entraînent principalement des infections respiratoires.

Coronavirus du Syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SARS-CoV). © National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID). Public Health Image Library. CDC

SARS-CoV

En médecine humaine, les pathologies associées aux coronavirus sont jugées jusqu’au début des années 2000 comme suffisamment modérées pour ne pas susciter un intérêt manifeste de la part de la communauté scientifique. Ainsi, les séquences génomiques complètes des coronavirus humains HCoV-229E et HCoV-OC43 ne seront respectivement connues qu’en 2000 et 2004.

Il faudra atteindre 2003 et l’identification d’un coronavirus (SARS-CoV) comme agent infectieux responsable du Syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SRAS, SARS en anglais pour Severe Acute Respiratory Syndrome) pour que les coronavirus suscitent à nouveau l’intérêt de la communauté médicale et scientifique.

L’épidémie de SRAS a débuté dans le delta de la Rivière des Perles (Guangdong, Sud de la Chine). Elle a sévi de novembre 2002 à juillet 2003 et a touché 29 pays (Asie, Europe, Amérique du Nord et du Sud). Au total, 8 098 individus ont été infectés par le SARS-CoV et 774 en sont morts.

La civette palmiste masquée (Paguna larvata), un petit carnivore, a été identifiée comme l’animal ayant transmis le coronavirus SRAS-CoV à l’Homme. Il a par la suite été montré que la chauve-souris rhinolophe fer-à-cheval représente sans doute le réservoir naturel de ce virus.

HCoV-NL63 et HCoV-HKU1

Après l’identification du SARS-CoV, de nombreux coronavirus sont décrits, dont deux infectant l’Homme, le HCoV-NL63 et le HKU1, respectivement découverts en 2004 et 2005.

Le coronavirus humain HCoV-NL63 est isolé par des chercheurs néerlandais (d’où le sigle NL) chez un nourrisson de 7 mois hospitalisé à Amsterdam en janvier 2003 pour une bronchiolite et une conjonctivite. Le virus est détecté en utilisant des cultures de cellules rénales de singes inoculées avec les prélèvements respiratoires du petit malade. Le séquençage complet de son génome montre qu’il s’agit d’un coronavirus.

Indépendamment, une équipe néerlandaise isole ce virus dans des cultures cellulaires qui avaient été stockées en laboratoire pendant plusieurs années. L’échantillon provient de prélèvements nasaux réalisés en avril 1988 chez un enfant de 8 ans souffrant de pneumonie. Ce virus est également détecté chez sept patients souffrant d’infection respiratoire haute, dont un patient immunodéprimé ayant reçu une greffe de moelle osseuse. L’analyse génétique du virus HCoV-NL63 confirme que celui-ci possède une organisation génomique caractéristique des coronavirus. De leur côté, des chercheurs américains de l’université de Yale (Connecticut) identifient ce même virus et le nomment HCoV-NH (pour New Haven).

Quant au coronavirus HCoV-HKU1, il est découvert par des chercheurs de la Hong Kong University (d’où le sigle HKU) chez un homme de 71 ans traité en janvier 2004 pour pneumonie virale. Le séquençage génétique du virus révèle qu’il s’agit d’un coronavirus inconnu jusqu’alors.

Coronavirus du MERS (MERS-CoV). © National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID). Public Health Image Library. CDC

MERS-CoV



En septembre 2012, un sixième coronavirus humain, le MERS-CoV, émerge au Moyen-Orient, soit dix ans après le SARS-CoV. Tout commence par la survenue en juin 2012 d’un cas d’infection respiratoire sévère à Jeddah, en Arabie saoudite. Le patient, âgé de 60 ans, meurt d’une pneumonie, compliquée dans un second temps d’une insuffisance rénale. Le 23 septembre 2012, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte deux cas de ce nouveau syndrome respiratoire aigu, baptisé MERS (Middle-East Respiratory Syndrome). Une enquête épidémiologique dévoilera l’existence de deux cas antérieurs, survenus en avril 2012, lors d’une épidémie de pneumonie au sein du personnel soignant d’une unité de soins intensifs à Zarqa, en Jordanie.

La transmission du MERS-CoV se poursuit toujours aujourd’hui à faible ampleur. Fin janvier 2020, on comptait 2 519 cas confirmés de MERS, dont 866 morts, ce qui représente un taux de létalité d’environ 35 %. A ce jour, la majorité des cas (2 121) ont été rapportés en Arabie saoudite, dont 778 décès. Bien que la majorité des cas de MERS chez l’homme sont attribuables à une transmission interhumaine dans les établissements de soins, le dromadaire apparaît être le réservoir animal majeur du MERS-CoV et la source animale de l’infection chez l’homme.

Sur la base des séquences génétiques, il apparaît que tous les coronavirus humains sont d’origine animale. Le SARS-CoV-2, SARS-CoV, MERS-CoV, HCoV-NL63 et HCoV-229E sont considérés comme ayant pour ancêtres des coronavirus de chauves-souris. Alors que l’hôte animal primaire du SARS-CoV est constitué par les chauves-souris du genre Rhinolophus (Rhinolophidés), le MERS-CoV est phylogénétiquement apparenté à des coronavirus de plusieurs espèces de chauves-souris appartenant à la famille des Vespertilionidae (Vespertilionidés). Quant aux HCoV-OC43 et HKU1, ils ont probablement pour origine des coronavirus de rongeurs.

SARS-CoV-2, SARS-CoV, MERS-CoV sont des coronavirus épidémiques. En revanche, HCoV-NL63, HCoV-229E, HCoV-OC43 et HKU1 sont des souches endémiques, tenus comme responsables du rhume banal chez l’Homme. On estime que ces quatre coronavirus sont à l’origine de 10 % à 30 % des infections respiratoires hautes de l’adulte.

Enfin, les coronavirus HCoV-229E et HCoV-NL63 appartiennent au genre Alphacoronavirus, alors que HCoV-OC43, HCoV-HKU1, SARS-CoV, MERS-CoV et SARS-CoV-2 font partie des Betacoronavirus.

SARS-CoV-2. NIAID © Flickr

SARS-CoV-2, septième coronavirus humain

Le SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de Covid-19, est donc le septième coronavirus humain identifié.

Si le terme « pandémie » n’a jamais été autant utilisé que ces dernières semaines, c’est pourtant celui de « coronavirus » qui sera, sans conteste, le « mot de l’année 2020 ». L’histoire de la découverte de cette importante famille de virus méritait assurément que je lui consacre un billet de blog.

Marc Gozlan (Suivez-moi sur Twitter, sur Facebook)

Pour en savoir plus : 



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LIRE AUSSI : Pandémie : histoire d’un mot et d’un concept 

13 réponses sur “Il était une fois les coronavirus”

  1. Merci encore une fois pour cet article très exhaustif sur la famille des coronavirus.

  2. Dans la  » foire  » des articles à sensation (…)
    Quel plaisir de lire un article intelligent.
    Merci.

  3. Merci infiniment pour cet article si bien documenté. Je ne connaissais pas l’existence de votre blog, je viens de le mettre dans mes favoris.

  4. Merci pour votre article. Dans ces temps, l’information impartiale et véridique est vraiment importante.

  5. Merci pour votre travai. Une question, j’ai bien compris que nous avons sept souches de coronavirus : le lien entre elles relève-t-il de mutations successives ou d’un autre mécanisme ?

    1. A l’origine, il y a quatre familles de coronavirus : Alphacoronavirus, Betacoronavirus, Gammacoronavirus et Deltacoronavirus — définies sur la base de leur relation phylogénétique (dans « l’arbre généalogique » des virus) et de la structure de leur génome.

      Les Alphacoronavirus et les Bêtacoronavirus n’infectent que les mammifères. Les Gammacoronavirus et les Deltacoronavirus infectent les oiseaux, mais certains d’entre eux peuvent également infecter les mammifères.

      Les coronavirus ont un génome ARN, ce qui leur confère un fort potentiel évolutif. En effet, leur ARN génomique (simple brin) est répliqué par une enzyme (ARN polymérase ARN dépendante), dépourvue de système de correction d’erreur. Elle ne se corrige pas si elle fait une erreur lorsqu’elle recopie l’ARN.

      Les coronavirus se distinguent par la longueur exceptionnelle de leurs génomes. En effet, les phénomènes de recombinaison (échanges de gènes), d’insertion ou de perte de séquences génétiques (délétions) sont des événements fréquents chez les coronavirus.

      Ces recombinaisons génétiques peuvent jouer un rôle crucial dans la transmission du coronavirus entre deux espèces animales (à un autre animal ou à l’Homme). Un phénomène que l’on appelle le « passage de la barrière d’espèce ».

      Conséquence de leur tendance à la recombinaison et à leur taux intrinsèquement élevé de mutations, les coronavirus ont donc la capacité de rapidement s’adapter à un nouvel hôte et occuper de nouvelles niches écologiques.

  6. Un grand merci pour cet article relatif aux coronavirus. Grâce à ce genre d‘article vous nous apportez un des remèdes essentiels contre une frayeur générale : la COMPRÉHENSION.

  7. Bonsoir Marc, un GRAND merci pour cet article. Je ne pensais pas que la première identification d’un coronavirus était aussi ancienne. Je note le caractère un peu « téméraire » des expériences chez l’humain dans les années 60.
    Je note aussi que ce virus du « rhume » pouvait occasionnellement donner une pneumonie (qui pourrait elle-même mal se finir).
    Enfin, je relève dans cette « famille » de virus : un tropisme pulmonaire chez l’humain mais digestif chez certains mammifères.

  8. Merci pour votre information mais n’y a-t-il pas une approche ou une hypothèse entre le Covid-19 et l’un des virus étudié dans les années antérieures ? Encore que des vaccins existent contre la bronchite infectieuse qui est causé par un coronavirus aviaire et aussi a presque les mêmes symptômes que le Covid-19 ?

    1. Il y a des limites à la vaccination contre le virus de la bronchite infectieuse aviaire (IBV). En effet, le principal écueil de cette vaccination est la possibilité de faire émerger des variants mutants issus de vaccins atténués au sein d’une population vaccinée et le manque de réactions croisées entre sérotypes.

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