DÉCRYPTAGE
Traitement de l’eau

Les différents dispositifs

Il existe plusieurs catégories de dispositifs de traitement de l’eau destinés aux particuliers. Ils ont chacun leur fonction. Revue de détails des matériels proposés et de leurs allégations.

Dispositifs les plus courants

Carafe filtrante

La carafe filtrante est de très loin l’appareil de traitement de l’eau à domicile le plus répandu, il s’en vend plus d’1 million par an.

– Objectif : Les carafes filtrantes affirment supprimer le goût de chlore, éliminer le calcaire et le plomb.

– Fonctionnement : La carafe est équipée d’un filtre à charbon actif qui filtre l’eau du robinet. La cartouche se change régulièrement, toutes les 4 à 6 semaines selon les modèles.

Adoucisseur

– Objectif : L’adoucisseur lutte contre le calcaire.

– Fonctionnement : Le principe est simple, l’adoucisseur enlève le calcium et le magnésium de l’eau et remplace ces minéraux par du sodium. L’eau passe dans la résine qui retient les ions calcium et magnésium et libère en échange ses ions sodium. Une fois que tout le sodium est passé dans l’eau et que la résine est saturée de calcium, elle doit être régénérée, c'est-à-dire rechargée en sodium par une eau très salée. L’adoucisseur provoque une surconsommation d’eau à chaque opération de régénération et des rejets importants de saumure.

Osmoseur

– Objectif : L’osmoseur répond au mythe de la pureté de l’eau. Il enlève beaucoup d’éléments, y compris tous les minéraux.

– Fonctionnement : L’eau passe d’abord dans un filtre qui retient les éventuelles particules – des professionnels parlent même de « filtre à sédiments »(!) – puis dans un filtre à charbon actif qui capte notamment le chlore. Enfin, elle traverse une très fine membrane qui sépare l’eau pure de l’eau de rejet porteuse de ce qui reste d’éléments indésirables et de minéraux, et envoie cette eau dans le circuit des eaux usées. L’osmoseur consomme énormément d’eau : il en rejette en moyenne 4 litres pour 1 litre d’eau osmosée produit ! Cette consommation phénoménale est nécessaire pour éviter le colmatage de la membrane. Mais comme il peine à traiter l’eau dure, les installateurs recommandent parfois de s’équiper aussi d’un adoucisseur afin de faire entrer une eau sans calcium dans l’osmoseur.

Filtre sur robinet ou sous évier

– Objectif : Les filtres sont vendus pour éliminer des polluants et autres éléments indésirables : nitrates, pesticides, plomb, goût de chlore.

– Fonctionnement : L’eau traverse au moins une cartouche, parfois plusieurs, qui captent plus ou moins de polluants et d’éléments indésirables selon les modèles.  Ces filtres n’agissent pas sur la minéralisation de l’eau, ils n’éliminent pas son calcium contrairement aux adoucisseurs et aux osmoseurs.

Dispositifs moins répandus

Antitartre (voir également notre encadré ci-dessous)

– Objectif : Empêcher les dépôts de calcaire.

– Fonctionnement : Il existe plusieurs procédés : magnétiques, électroniques, à billes de polyphosphates, à injection de CO2. Tous doivent empêcher le calcium de former des dépôts entartrants. Les modèles magnétiques et électroniques ne modifient pas la composition chimique de l’eau. Les rejets de polyphosphates sont, en revanche, polluants pour l’environnement.

Filtre UV

– Objectif : Le traitement par ultraviolets (UV) a pour fonction de détruire les microbes.

– Fonctionnement : Un premier filtre est installé, puis l’eau traverse un réservoir contenant une lampe qui émet des rayons UV et irradie l’eau. Ces rayons UV doivent agir sur les microbes mais ils ne modifient en rien la composition de l’eau. Ils n’ont aucun effet sur les substances indésirables ou polluantes.

Vivificateur

– Objectif : L’eau vivifiée « transmet une énergie vitale », selon J. Grander, son inventeur.

– Fonctionnement : L’appareil de vivification se fixe sur les conduites.

Que penser des antitartres

Il existe plusieurs catégories d’appareils antitartre : on trouve notamment des aimants, des dispositifs électroniques, des anticalcaires à injection de CO2, d’autres à base de poly ou silico-phosphates. Nos analyses n’ont pas mis en évidence de diminution de la dureté, mais ce n’est pas une preuve d’inefficacité. Ces appareils, en effet, ne réduisent pas les teneurs en calcium et magnésium, les deux composants de la dureté, ils affirment empêcher la formation de dépôts calcaires. L’injection de CO2 a pour but de faire baisser le pH de l’eau, ce qui la rend moins susceptible d’entartrer, mais nous n’avons pas observé ce phénomène lors des analyses.

« Évaluer les dispositifs antitartre est complexe, confirme le Pr Jean Lédion, spécialiste de la corrosion. Pour prévenir l’entartrage, il faut éviter que l’eau puisse précipiter, c’est-à-dire déposer des particules de très petite taille sur les parois. Les traitements physiques (magnétiques ou électroniques) ne modifient pas la composition chimique de l’eau. Ils font passer l’eau dans des champs électromagnétiques ou électrostatiques qui modifient la taille des germes de carbonate de calcium pour les rendre non incrustants. Leur efficacité est réelle mais aléatoire, elle dépend des caractéristiques de l’eau et de l’installation intérieure de chaque client. Les antitartres chimiques autorisés en eau chaude sanitaire sont souvent efficaces car les ions phosphates sont des inhibiteurs d’entartage, tout comme les mélanges silicate et phosphates ; les polyphosphates, en revanche, peuvent agir sur la corrosion. Ces dispositifs provoquent des rejets de phosphates ou silicates. On trouve aussi des procédés dits physiques, magnétiques ou électroniques, mais qui sont en réalité chimiques puisqu’ils ont recours au cuivre ou au zinc. Quant aux adoucisseurs, ils peuvent se justifier sur une eau très entartrante, mais en limitant l’adoucissement à 15 °f pour éviter la corrosion. » Selon Jean Lédion, le circuit d’eau froide n’a pas besoin de traitement. Cette règle s’applique aussi au réseau de chauffage qui fonctionne en circuit fermé : s’il est bien conçu, le calcium précipitable s’y trouve en quantité très limitée, ce qui évite l’entartrage. Seul le réseau d’eau chaude sanitaire peut justifier un traitement antitarte.

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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