Ryke Geerd Hamer

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ryke Geerd Hamer
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 82 ans)
SandefjordVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Enfant
Birgit Hamer (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinction
Goldenes Brett (en) ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Ryke Geerd Hamer, né le à Mettmann en Allemagne et mort le à Sandefjord en Norvège, est un ancien médecin considéré comme responsable de la mort prématurée de 140 personnes.

Il est l'inventeur d'une pseudo-médecine, la « nouvelle médecine germanique ».

À partir des années 1980, de nombreuses pseudo-médecines inspirées de ses théories apparaissent sous des noms divers : décodage biologique, Biologie Totale des Êtres Vivants (BTEV), bio-décodage, mémoires cellulaires, psychobiologie, déprogrammation cellulaire, dialogue avec les cellules et thérapie de la mémoire[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

En 1963, Hamer obtient son doctorat de médecine. Il pratique sa profession pendant plusieurs années à la clinique universitaire de Tübingen puis à Heidelberg.

Hamer invente et commercialise un scalpel et une scie à os électrique. Ces instruments s'avèrent inefficaces et rapidement des demandes de remboursements de ses créanciers et clients le poussent à la faillite. Début 1978, il s'enfuit en Italie à la suite d'un échec économique[2].

Le , dans l’affaire Victor Emmanuel de Savoie qui a lieu sur l’Île de Cavallo, son fils Dirk est blessé accidentellement par balle par le prince Victor-Emmanuel de Savoie. Il meurt de ses blessures le [3].

L'année suivante, Ryke Geerd Hamer développe un cancer des testicules. Il l'attribue au choc émotionnel qu'il a subi et affirme que son fils lui apparait en rêve pour lui confirmer cette théorie[2].

Dès 1980, et sans la moindre formation en oncologie, il formule ses cinq lois biologiques (5B). À sa demande, sa tumeur est enlevée par une ablation médicale conventionnelle[2].

En 1981, en Allemagne et en Autriche, il commence à traiter, sans la moindre autorisation ni diplôme adapté, des patients cancéreux avec sa méthode des « 5B ».

En , il présente une thèse de doctorat à l'Université de Tübingen, intitulée « Le syndrome d'Hamer et la Loi d’Airain du cancer ». Il y affirme avoir trouvé « un nouveau système pour […] l'apparition, la localisation et le déroulement du cancer ». La thèse est rejetée pour insuffisance scientifique dans la forme et la méthodologie des travaux[2],[3].

Interdiction d'exercer la médecine[modifier | modifier le code]

Le , l'autorisation de pratiquer la médecine lui est complètement retirée à la suite d'un procès en Allemagne.

La décision souligne que la cause en est la « structure de personnalité particulière » de Hamer qui ne le rend plus apte à respecter l'éthique de sa profession et à se remettre en cause, et non pour ses thèses elles-mêmes[2],[4].

Exercice illégal de la médecine[modifier | modifier le code]

Il continue néanmoins à dispenser ses « traitements » et ouvre des cliniques en Allemagne, Belgique, Italie, Autriche et aux Pays-Bas. En Espagne, ses « suiveurs » sont déjà estimés à plus de 3 000[5].

En 1997, à la suite de la mort de sept patients atteints du cancer, il est arrêté et condamné à un an de prison qu'il purge partiellement à la prison de Cologne-Ossendorf[2].

Fin 2004, après avoir été arrêté en Espagne et extradé vers la France, un procès le condamne à trois ans de prison, à la suite de la mort de plusieurs patients français, pour fraude et exercice illégal de la médecine. Il est alors incarcéré à Fleury-Mérogis de à .

À peine après avoir bénéficié d'une libération conditionnelle en 2006[6], il se déclare « président du Reich d'un futur Reich allemand »[2].

En mars 2007, il ouvre une nouvelle clinique en Espagne. Les médecins espagnols le tiennent pour responsable de la mort de plusieurs dizaines de personnes[7].

Des demandes d'arrêts internationaux sont émis par l'Espagne et l'Allemagne mais Hamer se réfugie en Norvège[7].

Son organisation se transforme alors en secte complotiste, mélangeant allègrement sionisme et néo-nazisme[8],[9], et se réclamant à la fois du World Union for Progressive Judaism et du Mouvement de citoyens du Reich[10].

Il est considéré comme responsable de la mort prématurée de 140 personnes[11].

Il meurt, en 2017, des suites d'un AVC, à Sandefjord en Norvège, à l'âge de 82 ans[12],[13].

Théorie[modifier | modifier le code]

Selon Ryke Geerd Hamer, la maladie suivrait cinq lois biologiques :

  1. la loi d'airain du cancer : tout cancer, ou maladie équivalente, résulte d'un choc psychique extrêmement brutal.
  2. la loi biphasique des pathologies : toute pathologie a deux phases : la phase active et la phase de réparation après la solution du ressenti conflictuel.
  3. le système ontogénétique des tumeurs : lien entre endoderme, mésodermes et ectoderme et les symptômes.
  4. le système ontogénétique des microbes : chaque type de microbe intervient selon le feuillet embryonnaire concerné par la maladie.
  5. la quintessence : toute maladie est un programme spécial de la Nature.

On retrouve parfois cette théorie sous l’appellation « Décodage biologique » ou « biologie totale »[14].

Aspect non-médicaux et non-scientifiques de ses thèses[modifier | modifier le code]

Selon la Ligue suisse contre le cancer, aucun cas de personne guérie par la méthode Hamer n'a jamais été publié dans la littérature médicale, les témoignages dans ses livres sont « dépourvus des données indispensables pour une évaluation médicale sérieuse » , et les présentations publiques de ses recherches ne sont « scientifiquement pas convaincantes. »[15].

De même, le centre allemand de recherche contre le cancer[16] la deutsche Krebsgesellschaft, l'association médicale allemande et le conseil allemand des consommateurs[17] ont exprimé leurs désaccords avec les théories de Hamer.

Pour l'Association française pour l'information scientifique (AFIS) : « On pourrait assimiler la thérapeutique de cette médecine alternative à la psychothérapie. La médecine soigne le corps et la psychothérapie le psychisme mais dans le cas qui nous intéresse, le corps est dépossédé de son essence, de toute consistance, il n’est plus qu’un objet, un miroir de nos angoisses dans les mains du thérapeute. Il s’agit là d’une dérive pernicieuse de la médecine « psychosomatique ». Nos investigations sur la biologie totale et la Médecine Nouvelle nous ont amené à penser qu’il est de notre devoir de dénoncer les pratiques en relation avec ces pseudo-théories représentant un danger mortel potentiel pour tout patient qui y aurait recours. »[18].

Même des promoteurs de méthodes alternatives contre le cancer expriment également leur scepticisme et critiquent ses provocations et sa façon de présenter ses thèses[19].

En novembre 2023, le Conseil national de l'Ordre national des infirmiers en France note que bien que la pratique de la Médecine germanique de Hamer et de ses dérivées soient interdites en France et considérées comme exercice illégal de la médecine, le site annuaire-therapeutes.com recense en 2022 au moins 266 praticiens se réclamant du décodage biologique[1].

Affaires[modifier | modifier le code]

Le cas Olivia Pilhar[modifier | modifier le code]

En Autriche, Olivia Pilhar, une jeune autrichienne de 6 ans en 1995, est diagnostiquée avec une tumeur de Wilms. Ses parents consultent Hamer qui diagnostique pour sa part l'existence de « plusieurs conflits » et propose un traitement que les parents suivent.

La santé de l'enfant se détériore, la tumeur grossit jusqu'à faire quatre kilos, ses chances de survie ne sont plus évaluées qu'à 10 %[20]. Une cour de justice autrichienne exigea qu'un traitement conventionnel lui soit appliqué, avec chimiothérapie. L'enfant a survécu après ce traitement[21]. Les parents sont condamnés à 8 mois de prison avec sursis[22].

En 2008, dans un document interne de la « Nouvelle médecine germanique », Hamer présente Olivia Pilhar à une réunion en Norvège, suggérant qu'elle est toujours vivante grâce à ses traitements[10].

Thèses antisémites[modifier | modifier le code]

Hamer prétend que la chimiothérapie et la morphine seraient utilisées par une conspiration juive dans l'objectif d'un génocide de la population non juive[23],[24],[25]. De même, il explique le rejet de ses thèses et la révocation de son autorisation à exercer la médecine comme le résultat d'une conspiration juive[25]. Ce genre de propos lui valent régulièrement d'être accusé d'antisémitisme[26] et de faire soutenir ses thèses par des négationnistes, tels qu'Iwan Götz[27], actif dans le Mouvement de citoyens du Reich.

Négationnisme du SIDA[modifier | modifier le code]

Dans son livre « SIDA, la maladie qui n'existe pas », Ryke Geerd Hammer nie l’existence de cette maladie en y identifiant une allergie au smegma, nie sa contagiosité, et qualifie l'ensemble d'escroquerie[28].

Publications[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Ordre national des infirmiers, « Position du Conseil national de l’Ordre des infirmiers sur les pratiques non conventionnelles de santé : Décodage biologique », sur ordre-infirmiers.fr, (consulté le )
  2. a b c d e f et g (de) Henrik Müller, « Warum Menschen auf selbsternannte Gesundheitsberater hören - und doch besser auf ihren Rat verzichten sollten », sur MedWatch, (consulté le )
  3. a et b « Ryke Geerd Hamer streitet weiter mit der Tübinger Universität », sur web.archive.org, (consulté le )
  4. Arrêt de la Cour administrative de Coblence, Urteilsbegründung Az 9 215/87
  5. (en) Internet Archive, The Lancet 1997-06-07: Vol 349 Iss 9066, ELSEVIER LTD., (lire en ligne)
  6. « LE COUAC », sur leparisien.fr, 15 novembre 2008
  7. a et b (en) Tor Bach, Kristin Grønli et Erik Tunstad, « Norway - Jewish-conspiracy nuts soar to new heights of lunacy », sur Searchlight Magazine (web.archive.org), (consulté le )
  8. « Que sait-on de ? La Nouvelle Médecine Germanique (Méthode Hamer) | UNADFI », sur www.unadfi.org (consulté le )
  9. « Le temps des charlatans », sur LExpress.fr, (consulté le )
  10. a et b « Editorial de la Germánica Nueva Medicina (Wayback Machine) », sur web.archive.org, (consulté le )
  11. (en) Anita Lavorgna et Anna Di Ronco, Medical Misinformation and Social Harm in Non-Science Based Health Practices : A Multidisciplinary Perspective, Routledge, , 186 p. (ISBN 978-0-429-75498-2, lire en ligne)
  12. « Décès du fondateur de la Nouvelle Médecine Germanique | UNADFI », sur www.unadfi.org (consulté le )
  13. Nicolas de Pape, « Décès probable du "Docteur" Hamer », sur Site-LeJournalDuMedecin-FR, (consulté le )
  14. Biologie totale, Ministère des Affaires sociales et de la Santé
  15. (en) Swiss Cancer League, « Hamer's «New Medicine» », Swiss Study Group for Complementary and Alternative Methods in Cancer (SCAC),‎ (lire en ligne [PDF])
  16. (de) Krebsinformationsdienst des Deutschen Krebsforschungszentrums Heidelberg, « Therapie nach Hamer », krebsinfo.at,‎ (lire en ligne [PDF])
  17. « Experten warnen vor der Todes-Sekte » [« Les experts mettent en garde contre la secte de la mort »], sur Hamburger Morgen Post (web.archive.org), (consulté le )
  18. « La « biologie totale » sous la loupe / Afis Science - Association française pour l’information scientifique », sur Afis Science - Association française pour l’information scientifique (consulté le )
  19. (en) Ventegodt S, Andersen NJ, Merrick J. « Rationality and irrationality in Ryke Geerd Hamer's system for holistic treatment of metastatic cancer » ScientificWorldJournal 2005;5:93–102. PMID 15702221
  20. (en) rédaction, « Parents on trial for cancer treatment refusal », The Independent, London,‎ (lire en ligne)
  21. (de) Antje Windmann, « So schön ist Krebs-Kind Olivia heute » [« So beautiful is Cancer Child Olivia today »], Bild,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. (de) rédaction, « Opfer und Medienstar: Der Fall Olivia Pilhar » [« Victims and the Media Star: The case of Olivia Pilhar »], Die Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. (de) « Dr.med.Mag.theol. Ryke Geerd Hamer – Germanische Neue Medizin – Dr. Hamer: DAS SPIEL IST AUS! » [archive du ], Dr-rykegeerdhamer.com, (consulté le )
  24. (de) « Dr.med.Mag.theol. Ryke Geerd Hamer – Germanische Neue Medizin – Dr Hamer an die Staatsanwaltschaft München » [archive du ], Dr-rykegeerdhamer.com, (consulté le )
  25. a et b (de)« Germanisch gegen Krebs », TAZ 30 janvier 2006
  26. 1998-2008, une décennie de luttes sociales, Patrick Schindler, Monde libertaire, 2009
  27. (en) German New Medicine: Hamer’s ‘Chief Rabbi’ Ezra Iwan Götz Convicted for Title Abuse.
  28. « En 1983, les chercheurs « Montagnier et Gallo » ont « découvert » des anticorps au smegma dans le sang, qu’ils ont appelés VIH (« virus de l’immunodéficience humaine »). C'était un mensonge. Parce que personne n’a jamais vu de virus jusqu’à présent. La prétendue « maladie » associée s’appelait SIDA (en allemand : syndrome d’immunodéficience acquise). En réalité, il s’agissait simplement d’une allergie au smegma, totalement inoffensive, comparable à une allergie à l’orange ou au foin, qui accompagnait une DHS dans laquelle le smegma jouait un rôle. »

    Ryke Geerd Hamer, SIDA, la maladie qui n'existe pas, 2010, p. 49

Filmographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]