Ou comment comprendre (enfin!) l'hypnose quasi collective qui a pris une partie de la population depuis un an. Prof de psychologie clinique à l'université de Gand en Belgique, Mattias Desmet s'est spécialisé dans les phénomènes de masse typiques des mouvements totalitaires.
Je reprends ici les traductions françaises ou sous-titrées de ses interventions.
Articles annexes, en français:
Ce long sous-chapitre fait partie du dossier ""Hallucination collective", où l'on trouvera d'autres analyses.
(L'auteur semble être Fannyvella @Fannyvella1 - rien vu sur son compte perso)
Suis au lit, blessée, je m'embbbbbêêête. Pour une fois je fais défiler les billets fb.
Bien m'en prit car je vois à l'instant précis une démonstration en image de l'utilité de continuer à donner notre version de la Coronoïa: un manège devenu fou a manqué de s'effondrer ce jeudi 8 juillet 2021 dans le Michigan, avec à son bord plusieurs personnes. Plus de peur que de mal pour la douzaine de passagers qui ont certainement eu la vie sauve grâce au courage des spectateurs présents sur place.
On ne veut que freiner... un tout petit peu
8.8.2021 J'ai un nouvel amoureux! (c'est comme ça qu'on fait sur fb, non?). Il s'appelle Mattias Desmet (initiés comprendront, bon allez j'explique: je vis depuis plus de trente ans avec le délicieux Marcel Desmet). Prof de psychologie clinique à l'université de Gand en Belgique, il s'est spécialisé dans les phénomènes de masse typiques des régimes totalitaires.
Le comité Corona de Fuellmich l'interviewe ce 29 juillet 2021, en direct, en anglais. Les sous-titres français sont parfaits.
https://crowdbunker.com/v/aIJpNp94uV
La transcription FR est ici depuis ce dimanche: https://textup.fr/573766iC - voir aussi ici, je l'ai rapatriée sur ce site
Ce n'est pas sa première apparition parmi les scientifiques qui osent prendre parole et modérer le narratif officiel. Mais c'est la première interview que je vois sous-titrée en français.
Son exposé est d'une force et d'une fluidité extraordinaire. En tout cas pour une facette que j'ai comprise de la coronoïa.
Intitulé de la vidéo: "Reiner Fuellmich - 29/07/2021 - Mattias Desmet - Les mécanismes des régimes totalitaires". Veuillez corriger, Desmet ne traite pas de "régimes" totalitaires, mais bien de pulsions totalitaires des foules.
Depuis environ juin 2020, j'explore l'hallucination collective. Je propose depuis lors aux lecteurs de ne pas débattre, ni polémiquer, avec certains covidistes, car ils sont littéralement sous hypnose. Phénomène qu'avait observé le dr Louis Fouché dès sa première intervention vidéo (anesthétiste, il connaît la technique). La communication autour de la crise corona a apporté un objet de transfert à l'angoisse sourde qui étreignait tant de nos camarades.
Enfin sortis de cette terreur du trou noir permanent, qui agissait à bas bruit jusqu'à alors, terreur calmée par la projection dans un nouvel objet, ils ne supportaient pas qu'on leur retire leur doudou. Douleur insupportable.
C'était la toute petite intuition que j'avais. Et que je maintiens: le bien-être avec mes amis (je n'en ai pas "perdus" comme tant de lecteurs l'énoncent pour leur part) vient de ce qu'en direct, je me garde bien de leur ôter leur grigri et de vouloir leur faire voir ce que je vois.
Dans mon dossier, le ton est différent, car il faut vouloir le lire. Je n'impose donc rien, si les premiers mots choquent, zouip, on quitte le site.
Que vaut une intution face à cette formidable analyse de la psychologie des masses? Mattias Desmet est plus pointu encore que tous ceux que j'ai lus jusqu'ici sur la crise corona, sur la différence entre dictature et totalitarisme, sur la manipulation des masses et l'hypnose de certains, etc. Il est plus positif aussi: il donne les outils pour freiner une évolution qui semble inéluctable.
Même quand l'équipe lui tend le piège de "qui manipule", habilement il revient à l'analyse factuelle, synthétique. Formid'!
(NB pressés comme moi? En vitesse *2, lire les sous-titres prend +- 30 minutes au lieu de 1h10)
Mille fois merci au groupe qui sous-titre en français de telles vidéos.
Je reformule à ma façon un résumé de la théorie de Mattias Desmet, tel qu’un de ses lecteurs l’a postée en allemand, après avoir visionné la vidéo. Source sur la page fb de MD, le 1/4/2021. Merci à lui, son texte a servi de trame à mon propre résumé, ci-dessous.
Quatre principes fondamentaux doivent être disponibles lorsqu’une foule devient manipulable à grande échelle
1) Isolement social (personnes qui manquent de liens sociaux)
2) Assez de gens qui ne voient pas de sens dans la vie.
3) Beaucoup de peur flottante gratuite
4) Beaucoup d'insatisfaction flottante gratuite
(flottantes : peur et insatisfaction ne sont pas spécialement liés à un sujet spécifique, mais qui sont prégnantes dans la vie de chacun, comme à bas bruit).
En situation de peur flottante, d'isolement, d'insatisfaction sociale quasi généralisée, la société est très susceptible aux phénomènes de masse.
Ces facteurs étaient massivement présents juste avant la crise.
Voir l’épidémie de burn-out récente en Occident, où plus de 40 à 70 % de la population voient leur travail comme totalement inutile.
Ce pan de nos vies a été exploré dans le livre ′′Bullshit jobs »′ (« jobs à la con », par l'anthropologue David Graeber – lire ma présentation https://www.taty.be/articles/CVD_graeber.html
L'une des meilleures preuves de l'insatisfaction de masse est le volume d'utilisation des antidépresseurs. En Belgique avec ses 11 millions d'habitants utilisent plus de 300 millions de doses d'antidépresseurs par an.
Quand tous ces éléments sont présents, la population cherche quelque chose en quoi projeter cette peur ou cette insatisfaction latentes mais non-dites.
En crise corona, les médias officiels ont aidé à mettre en lumière un objet de projection possible (que ce soit délibéré ou non n’est pas le coeur de discours chez Desmet).
La population amorce alors une bataille héroïque contre cet objet de peur – ce qui crée une nouvelle forme de lien social et d’hymne commun.
Soudainement toute la vie a pour but de combattre l'objet de la peur et de créer ainsi une nouvelle connexion avec son frère humain.
L’intoxication mentale naît de ce soudain renversement de la peur, de l'insatisfaction et de l'isolement social vers une nouvelle connexion sociale et une lutte collective contre un objet de transfert de l’angoisse flottante: le virus.
Une massification de l’opinion n'est pas proche de, elle est exactement équivalente à l’hypnose.
Peu importe si le récit est juste ou incorrect, éhonté ou non.
L’essentiel est que le citoyen ne veut pas revenir à cet état préalable d’angoisse et d’insatisfaction flottante, mal dite, mal cernée.
La formation d’une opinion de masse est donc une solution symptomatique à un vrai problème psychologique.
Selon le professeur Desmet, la crise corona est beaucoup plus une crise psychologique, politique, culturelle qu'une crise sanitaire : elle est venue révéler que nous sommes aux limites d’une vision mécaniciste, machiniste du monde d’où l’humain se sent exclus.
La stupeur mentale conduit ensuite à une réduction du champ d'attention.
Un exemple : les hallucinés dénombrent les victimes « du virus » sans évaluer les innombrables victimes des dommages collatéraux qu’entraînent immanquablement des mesures « sanitaires » impitoyables et aberrantes.
Ils sont dans état de verrouillage émotionnel qui les rend inaptes à ressentir de l'empathie pour les victimes collatérales.
Ils ne sont pas égoïstes, ils sont victimes d’un mécanisme psychologique d’autosauvegarde.
Note perso. Au début j'ai répondu de bonne foi à ceux qui m'accusaient soit de rire soit de critiquer les mesures corona, au printemps 2020, avec *systématiquement* la même phrase: "il y a des morts" (parmi lesquels des médecins!). Je leur répondais: "mon père est mort du cancer, je t'interdis de parler du cancer. Mon ami est mort suite à une collision frontale, je t'interdis de dire le mot autoroute". Parfois je demandais aux soignants "vous n'avez pas vu de morts avant? "Je répondais avec logique, mais c'était vain. Ils testaient leur autoverrouillage ;)
La gestion des foules et de l’opinion (voir la « fouloscopie » selon Mehdi Moussaid sur sa chaine YT) telle qu’on l’observe dans l’histoire récente (Staline, Hitler) révèle que l’on peut tout enlever au groupe : son bien-être psychologique, physique et même matériel – et cela sans qu'il s'en rende compte, parfois avec son approbation.
Il en va de même en hypnose classique.
Lorsque l'attention est concentrée sur un point très focalisé, lors d'une séance sous hypnose comme on l’utilise en chirurgie, on peut trancher la peau de l’hypnotisé sans qu’il ne sente rien tant son attention est focalisée.
Hors chirurgie, victime de la manipulation de l’opinion, on peut devenir insensible à toutes les formes de perte personnelle ou collective, par le fait même qu’on est hyperfocalisé sur *un* seul objet.
Note de Taty : j’ai souvent tiqué à lire des commentaires sur les RS « mais quand vont-ils se réveiller ? » - commentaires que je trouvais méprisants, comme si l’émetteur était lui-même un « éveillé » au sens mystique.
Ce n’est qu’en juin, quand j’ai pigé le phénomène d’hypnose, que j’ai compris : il faut sortir nos camarades de leur transe hypnotique.
J’ai choisi l’humour, d’autres l’art.
On trouvera bien chacun un moyen pour garder nos camarades au bord de l’hypnose, sans y plonger.
A condition que ce soient eux les hallucinés et pas nous, mais seul le temps nous le dira.
Sans surprise, Desmet fait souvent référence aux incontournables de l’analyse du totalitarisme : Gustave Lebon, Hannah Arendt, etc. Car nous sommes dans une vague non pas dictatoriale, mais totalitaire.
Typique aussi des États totalitaires : les suiveurs du narratif officiel deviennent radicalement intolérants aux voix dissidentes, celles qui démontent les faussetés dudit narratif.
Comme si cette voix dissidente pouvait servir de bouc émissaire (à la René Girard – lire son « Le bouc émissaire » dans les peuples primitifs, toujours à l’oeuvre aujourd’hui).
Dans le même temps, en totalitarisme, les suiveurs du narratif sont radicalement tolérants envers leurs dirigeants.
Ceux-ci peuvent faire ce qu'ils veulent, mentir et tricher.
Ils seront toujours pardonnés par le groupe.
Parce que les gens sont convaincus qu'ils le font pour leur bien.
Cela fait aussi partie du mécanisme des phénomènes de masse en psychologie.
A la question de l’avocat Reiner Fuellmich sur l’état de psycho- ou socio-pathes des personnes qui manipule*raie*nt ces stratégies, Desmet rappelle qu’en se référant à l’histoire récente des totalitarismes (URSS et Allemagne nazie), on ne peut qualifier leurs hauts fonctionnaires, de criminels ordinaires.
Ces individus savent très bien comment se comporter selon les règles sociales.
Ils respectent les règles même lorsque ces règles elles-mêmes sont criminelles.
Plus fin encore dans son analyse que tous ceux que j’ai lus jusqu’ici, il rejoint l’analyse d’un Eric Verhaeghe qui pointe qu’on ne peut traiter de cyniques les manipulateurs du Great Reset : ils croient en leur mission quasi christique.
Le champ de pensée des dirigeants d'un système totalitaire est aussi réduit, si pas plus, que celui de la population.
Les élus cédant à la pulsion totalitaire croient vraiment à leur religion, à leur idéologie : il faut re-façonner la société, pour son bien, pour la mener « vers le paradis ».
Et ce, « quoi qu’il en coûte » (phrase-culte d’un Macron, qui avait déjà éveillé des doutes à l’époque) ; s’il faut sacrifier une partie de la population, le prix à payer est nul face aux promesses de lendemains qui chantent.
Concept de paradis qui fut cultivé jusqu’au vertige par l’URSS totalitaire ou les nazis.
Je ne vois pas de hasard à ce que le public questionneur du narratif fasse chaque fois référence à ces deux récentes périodes.
On sent, furtivement, inconsciemment, qu'une pièce se rejoue.
Desmet souligne aussi que, malgré la rhétorique de paradis à venir, les systèmes totalitaires sont des mécanismes autodestructeurs.
Il les compare aux dictatures qui, elles, tentent de se rallier l’avis du peuple, dont elles auront besoin pour prospérer.
La mécanique de la dictature est différente de celle des totalitarismes.
Je cherchais depuis le début quel acte magique, symbolique, pourrait faire sortir les covidistes de leur hypnose.
Ou, décliné autrement, quel médicament équivalent aux « stabilisateurs d’humeur » qu’on donne aux psychotiques, pourrait-on donner aux hallucinés, afin qu’ils quittent ce monde parallèle, cette réalité transformée.
Selon Desmet, la solution est de continuer à parler ouvertement, afin de réduire la profondeur de l’état d’hypnose. Sans polémique, cela s’entend. De préférence avec humour, léger.
La solution n'est ni de plonger dans le narratif officiel ni de se repaître des hypothèses confortables d'une kabbale contre l'humain.
Facile à dire, madame taty, moins facile à pratiquer.
Ensemble, ce sera plus facile?
Dans sa dernière interview du prof de psychologie Mattias Desmet (mi septembre 2021), Maître Fuellmich lui demande par quel nouveau narratif remplacer le délire covidien.
Interview pour le moment sur YT, si censurée cherchez Odyssée etc: https://www.youtube.com/watch?v=lb2OuLP4yj0
Non traduite en français sur ce lien.
8.8.21 Une amie: "Pourquoi ne relayes-tu pas plus souvent les interventions de Me Fuellmich, du Corona Auschuss"? Ma réponse, plus détaillée que dans notre conversation.
Parce qu'englué dans ses recherches, peut-être, parce que peu croyant, peut-être, cet avocat prend un peu trop ses découvertes pour une "volonté d'eugénisme, d'éliminer une partie de la population".
Pardon si je caricature. "Parce que peu croyant" ? Je relaye une suggestion philosophique, avec mes termes de profane.
Notre monde a récemment ôté de notre horizon le divin (quel qu'il soit), qu'on peut appeler spiritualité. Eliminer de l'horizon ce rapport supérieur aux forces qui nous gouvernent déconnecte l'humain d'une forme de rattachement au monde et le transforme en petit bouchon sur l'eau, emporté par une vague puis une autre.
Je l'ai compris lorsque j'ai investigué autour d'une religion moderne: le véganisme. Sans cette analyse, on ne comprend pas pourquoi des néocroyants qui font à tout casser 3% de la population, occupent à ce point les medias.
Leur reliogosité en fait des missi dominici, des prédicateurs. Au verbe haut, mais aussi au verbe qui touche à une faille qui caractérise toutes nos tribus modernes. D'où l'attirance comme un papillon est attiré par l'ampoule.(Je ne cite pas mon ami philosophe, car je trahis probablement la profondeur de sa pensée en faisant si court. )
Tout comme on a nous-mêmes accepté d'ôter le divin, on a aussi nié le diable (diabolus, celui qui divise). Et c'est ainsi que beaucoup aujourd'hui sont *forcés* de croire à l'intervention d'un club d'êtres malveillants qui se réunissent en secret pour fomenter la disparition d'une partie de l'humanité. C'est compréhensible, mais autant le verbaliser. Je ne relaye donc que peu les croyants à un complot mondial, tout brillants qu'ils soient comme maître Fuellmich.
Je ne relaye quasi que ceux qui arrivent à exposer les failles des *systèmes* et non des personnes, comme Mattias Desmet, comme Roland Gori, comme Franck Lepage, etc.
Quand j'aime je ne compte plus, les M. Desmet le savent ( la blaguounette sur mon amoureux du premier billet est que mon mec s'appelle Marcel Desmet).
Voici une autre vidéo où Mattias Desmet expose son analyse, chez Marlies Dekkers: -> https://www.youtube.com/watch?v=nCfdbR0WOAs
Pas de chance pour les amis de France et de Suisse, les sous-titres traduits en français par YT sont *incompréhensibles*. Pas de résumé encore, je l'écoute en cousant une jolie veste. On verra si les muses m'inspirent. Rien de différent par rapport à ce qu'on a découvert dans l'entrevue avec le comité Corona. Sauf une partie sur le poids de la science mécaniciste, de l'idéologie d'un réductionnisme à la machine, au chiffrable et à l'homme-machine, dans la montée des totalitarismes. Il souligne aussi, comme Hannah Arendt, la méconnaissance qu'on les environnements totalitaires des limites de la rationalité scientifique pure. Ecouter autour de la minute 35 (https://youtu.be/nCfdbR0WOAs?t=2120)
Si quelqu'un a le courage ou le temps de traduire ce qu'il expose comme solution à partir de la minute 52 (https://youtu.be/nCfdbR0WOAs?t=3118), ce serait extra. Cela tourne autour d'accueillir les limites de la rationalité scientifique.
Ecouter aussi (NL) en avril 2021: 'In de coronacrisis moet de wetenschap staan voor het open debat.' Een gesprek met Mattias Desmet
9.8.2021 C'est la semaine de Mattias Desmet, que je vais renommer Zénon (dans l'Oeuvre au noir de Yourcenar): il en a tous les traits, "les yeux ouverts" en étant le principal.
Kairos a traduit une de ses entrevues pour un journal alternatif flamand dewereldmorgen.be: « Les mesures contre le coronavirus révèlent des traits totalitaires » ( 9.2.2021 - source
https://www.kairospresse.be/les-mesures-contre-le-coronavirus-revelent-des-traits-totalitaires)
NB. Zénon Ligre, alchimiste, clerc, médecin et philosophe cumule les points de vue sur le réel. Il tente d'être lui-même dans un monde qui lui semble étranger et le tient à distance en l'observant calmement, lucidement, avec coeur - sans développer des théories enfermantes si typiques des intellos. C'est le Zénon que j'ai compris en tout cas.
Je le fais rarement, mais comme je fais oeuvre anti-amnésie ici, cet article est une pierre blanche. Relecteur de traduction : Ludovic Joubert
"Peu de phénomènes ont eu un impact aussi profond au niveau mondial et aussi rapide que l’épidémie actuelle du covid-19. En un rien de temps, la vie humaine a été totalement réorganisée. Comment cela a-t-il pu se produire, quelles en sont les conséquences et à quoi pouvons-nous nous attendre pour la suite ? Nous l’avons demandé à Mattias Desmet, psychothérapeute et professeur de psychologie clinique à l’université de Gand.
Patrick Dewals : Près d’un an après le début de la crise du covid-19, quelle est la situation en matière de santé mentale de la population ?
Mattias Desmet : Pour l’instant, il y a peu de chiffres disponibles qui permettent de suivre l’évolution d’indicateurs possibles tels que la prise d’antidépresseurs et d’anxiolytiques ou le nombre de suicides. Mais il est particulièrement important de placer le bien-être mental dans la crise d’eu covid-19 dans sa continuité historique. La santé mentale était en déclin depuis des décennies. On observe depuis longtemps une augmentation constante des taux de dépression, d’anxiété et de suicide. Et ces dernières années, il y a eu une énorme augmentation des congés de maladie dus à la souffrance mentale et à l’épuisement professionnel. L’année précédant l’épidémie, on pouvait sentir ce malaise augmenter de façon exponentielle. Cela a laissé pressentir que la société se dirigeait vers un point de basculement où une “réorganisation” psychologique du système social était nécessaire. C’est ce qui se passe avec le corona. Au départ, on a constaté que les gens, sans savoir grand-chose sur le virus, évoquaient des images terribles de peur et une véritable réaction de panique sociale s’en est suivie. Cela se produit surtout lorsqu’il existe déjà une peur forte et latente chez une personne ou une population.
La dimension psychologique de la crise covid actuelle est sérieusement sous-estimée. Une crise agit comme un traumatisme qui enlève aux gens leur conscience historique. Le traumatisme est considéré comme un événement en soi, alors qu’il fait partie d’un processus continu. Il est facile d’ignorer le fait, par exemple, qu’une partie importante de la population a été soulagée de façon étrange lors du premier confinement ; elle s’est sentie libérée d’un malaise. J’ai régulièrement entendu des gens dire : « Oui, c’est lourd, mais on peut enfin souffler un peu ». La routine de la vie quotidienne ayant cessé, un certain calme s’est installé. Le confinement a libéré beaucoup de gens d’une ornière psychologique. Cela a créé un soutien inconscient pour le confinement. Si la population n’avait pas été fatiguée de sa vie et surtout de ses emplois, il n’y aurait jamais eu de soutien pour le confinement. Du moins, pas en réponse à une pandémie qui n’est pas si grave que ça quand on la compare avec les grandes pandémies historiques.
Quelque chose de similaire se produisait lorsque le premier confinement était sur le point de se terminer. À ce moment-là, il y avait régulièrement des déclarations telles que : « Nous n’allons pas recommencer comme avant quand même, nous retrouver dans les embouteillages, etc. ». Les gens ne voulaient pas revenir à la situation normale pré-corona. Si nous ne prenons pas en compte le mécontentement de la population quant à son existence, nous ne comprendrons pas cette crise et nous ne pourrons pas la résoudre. Entretemps, j’ai d’ailleurs l’impression que la nouvelle normalité est également devenue une ornière, et je ne serais pas surpris si la santé mentale commençait vraiment à se détériorer dans un avenir proche. Peut-être surtout s’il s’avère que le vaccin n’apporte pas la solution magique que l’on attend de lui.
Les cris de désespoir des jeunes apparaissent régulièrement dans les médias. À quel point pensez-vous qu’ils sont sérieux ?
Il faut savoir que le confinement et les mesures sont totalement différents pour les jeunes et pour les adultes. Contrairement à un adulte, où une année se termine en un clin d’œil, pour un jeune, une année signifie une période de temps pendant laquelle il passe par un énorme développement psychologique. Cela se fait en grande partie dans le dialogue avec les pairs. Les jeunes d’aujourd’hui traversent cette période dans l’isolement et il se pourrait bien que pour la majorité d’entre eux, cela ait des conséquences désastreuses. Mais tout est complexe, aussi chez les jeunes. Par exemple, les personnes qui vivaient auparavant dans l’anxiété sociale ou l’isolement social peuvent maintenant se sentir mieux parce qu’elles ne sont plus des outsiders. Mais en général, les jeunes sont sans doute le groupe le plus touché par cette crise.
Qu’en est-il de la peur chez les adultes ?
Chez les adultes, il y a aussi la peur, mais l’objet de la peur, ce qui est craint, est différent. Certaines personnes ont surtout peur du virus lui-même. Dans ma rue, il y a des gens qui n’osent presque plus quitter leur maison. D’autres ont peur des conséquences économiques. D’autres ont peur des changements sociétaux que ces mesures vont entraîner. Ils craignent la montée d’une société totalitaire. Comme moi donc (rires).
Les taux de mortalité et de morbidité associés à la propagation du coronavirus sont-ils tels que vous comprenez les réactions de peur intense ?
La maladie et la souffrance sont toujours graves, mais l’ampleur de la souffrance n’est pas proportionnelle à la réaction, non. Sur le plan professionnel, je participe à deux projets de recherche sur le Covid. C’est pourquoi j’ai travaillé assez intensivement avec des données. Il est clair que le taux de mortalité du virus est assez faible. Les chiffres que les médias montrent sont basés sur, disons, un décompte enthousiaste. Presque toutes les personnes âgées qui sont mortes, indépendamment des problèmes médicaux sous-jacents qu’elles avaient déjà, ont été ajoutées à la liste des décès dus au covid-19. Personnellement, je ne connais qu’une seule personne qui a été enregistrée comme mort du covid. Il était en phase terminale d’un cancer et il est donc plutôt mort avec le covid que du covid. L’ajout de ces décès aux décès covid augmente le nombre et accroît la peur dans la population.
Au cours de la deuxième vague, plusieurs médecins urgentistes m’ont appelé. Certains m’ont dit que leur service n’était absolument pas inondé de patients atteints par le coronavirus. D’autres m’ont dit que plus de la moitié des patients aux soins intensifs n’avaient pas le covid-19 ou présentaient des symptômes si légers que s’ils avaient des symptômes de grippe d’une gravité comparable, ils auraient été renvoyés chez eux pour se rétablir. Mais vu la panique qui règne, cela s’est avéré impossible. Malheureusement, ces médecins ont souhaité rester anonymes et leur message n’a pas été diffusé dans les médias et l’opinion publique. Certains d’entre eux ont plus tard raconté leur histoire à un journaliste de la VRT, mais malheureusement ça n’a rien donné jusqu’à présent. Je dois également mentionner qu’il y avait d’autres médecins qui avaient une opinion complètement différente et qui pouvaient très bien s’identifier au narratif dominant.
La disparition de la possibilité de critiquer la manière de compter et les mesures sanitaires, même au sein du monde universitaire où l’attitude scientifique exige l’esprit critique, est frappante. Comment expliquez-vous cela ?
Ne vous y trompez pas : à l’université et dans le monde médical, de nombreuses personnes regardent avec étonnement ce qui se passe. J’ai un certain nombre d’amis dans la communauté médicale qui ne comprennent pas ce qui se passe. Ils disent : « Ouvrez les yeux, ne voyez-vous pas que ce virus n’est pas la peste ? ». Mais trop souvent, ils ne le disent pas publiquement. De plus, pour chaque voix critique, il y en a trente autres qui suivent le discours dominant. Même si cela signifie qu’ils doivent abandonner leur attitude scientifique critique en la matière.
Est-ce un signe de lâcheté ?
Pour certains, c’est le cas, dans une certaine mesure. En fait, on peut distinguer trois groupes partout. Le premier groupe ne croit pas à l’histoire et le dit publiquement. Le deuxième groupe ne croit pas non plus au discours dominant, mais il l’accepte quand même publiquement, car il n’ose pas faire autrement étant donné la pression sociale. Le dernier groupe croit vraiment la narrative dominante et a une réelle peur du virus. Ce dernier groupe se trouve certainement aussi dans les universités.
Il est frappant de voir comment la recherche scientifique, également dans cette crise de covid-19, fait remonter à la surface des résultats très divers. Sur la base de ces résultats, les scientifiques peuvent défendre des faits presque diamétralement opposés comme étant la seule vérité. Comment cela est-il possible ?
La recherche sur le covid-19 est en effet pleine de contradictions. Par exemple, concernant l’efficacité des masques buccaux ou de l’hydroxychloroquine, le succès de l’approche suédoise ou l’efficacité du test PCR. Ce qui est encore plus remarquable, c’est que les études contiennent beaucoup d’erreurs invraisemblables telles qu’il est difficile de comprendre qu’une personne sensée normale ait pu les commettre. Par exemple, pour suivre l’évolution du nombre d’infections, on parle encore en termes de nombre absolu d’infections établies. Alors que même un écolier sait que cela ne signifie rien tant que le nombre d’infections établies n’est pas mis en proportion avec le nombre de tests effectués. En d’autres termes, plus vous faites de tests, plus il y a de risque que le nombre d’infections augmente également. Est-ce si difficile ? En outre, il faut garder à l’esprit que le test PCR peut produire un grand nombre de faux positifs si les valeurs ct sont trop élevées. L’ensemble de ces éléments fait que l’inexactitude des chiffres quotidiens diffusés par les médias est telle que cela amène certains à soupçonner, à tort, mais de manière compréhensible, une conspiration.
Une fois de plus, il est préférable de placer ce phénomène dans une perspective historique. Parce que la qualité problématique de la recherche scientifique est un problème beaucoup plus ancien. En 2005, la « crise de la réplication » a éclaté dans les sciences. Diverses commissions d’enquête, qui avaient été créées pour examiner un certain nombre de cas de fraude scientifique, ont constaté que la recherche scientifique est truffée d’erreurs. Souvent, les conclusions proposées par la recherche sont donc d’une valeur très douteuse. Au lendemain de la crise, plusieurs articles ont été publiés avec des titres qui ne laissaient guère de place au doute. John Ionnadis, professeur de statistiques médicales à Stanford, a publié en 2005 « Why most published research findings are false »(1). En 2016, un autre groupe de recherche a publié « Reproducibility : a tragedy of errors »(2) dans la revue scientifique Nature, sur le même sujet. Ce ne sont que quelques exemples de la très vaste littérature décrivant cette problématique. Je suis moi-même bien conscient des fondements scientifiques fragiles de nombreux résultats de recherche. En plus de mon master en psychologie clinique, j’ai obtenu un master en statistique, et mon doctorat portait sur les problèmes de mesure en psychologie.
Comment les critiques ont-elles été reçues dans le monde scientifique ?
Au départ, elles ont provoqué une onde de choc, après quoi les gens ont tenté de résoudre la crise en exigeant plus de transparence et d’objectivité. Mais je ne pense pas que cela ait résolu grand-chose. La cause du problème se trouve plutôt dans une forme particulière de la science qui a émergé au cours du siècle des Lumières. Cette science part d’une croyance trop absolue en l’objectivité. Selon les adeptes de cette vision, le monde est presque absolument objectivable, mesurable, prévisible et contrôlable. Mais la science elle-même a montré que cette idée est intenable. Il y a des limites à l’objectivité et, selon le domaine scientifique, on rencontre ces limites plus rapidement.
La physique et la chimie se prêtent encore assez bien à la mesure. Mais dans d’autres domaines de recherche, tels que l’économie, la médecine ou la psychologie, c’est beaucoup moins faisable. La subjectivité du chercheur a une influence directe sur les observations. Et c’est précisément ce noyau subjectif que l’on a voulu bannir du débat scientifique. Paradoxalement – mais peut-être aussi logiquement – ce noyau s’est épanoui dans son lieu d’exil, ce qui a conduit au résultat totalement inverse de celui espéré. À savoir un manque radical d’objectivité et une prolifération de la subjectivité. Ce problème a persisté même après la crise de la réplication, et ils n’ont pas réussi à trouver une solution sur le fond. Le résultat est que maintenant, 15 ans plus tard, dans la crise du covid, nous sommes en fait confrontés aux mêmes problèmes.
Les politiciens d’aujourd’hui fondent-ils leurs mesures anti-corona sur des hypothèses scientifiques erronées ?
Je pense que oui. Ici aussi, nous voyons une sorte de croyance naïve en l’objectivité se transformer en son contraire : un manque radical d’objectivité avec des masses d’erreurs et d’imprécisions. De plus, il existe un lien sinistre entre la montée de ce type de science absolutiste et le processus de formation des masses et le totalitarisme dans la société. Dans son livre Les origines du totalitarisme, la philosophe et politologue germano-américaine Hannah Arendt décrit comment ce processus s’est déroulé entre autres dans l’Allemagne nazie. Les régimes totalitaires en devenir se rabattent généralement sur un discours « scientifique ». Ils montrent un grand intérêt pour les chiffres et les statistiques, qui se transforment rapidement en pure propagande, caractérisée par un « mépris des faits » radical. Le nazisme, par exemple, a fondé son idéologie sur la supériorité de la race aryenne. Toute une série de soi-disant chiffres scientifiques soutenait leur théorie. Aujourd’hui, nous savons que cette théorie n’avait aucune valeur scientifique, mais à l’époque les scientifiques ont défendu le point de vue du régime dans les médias.
Hannah Arendt décrit comment ces scientifiques se sont détériorés pour atteindre un niveau scientifique douteux et elle utilise le mot « charlatans » pour le souligner. Elle décrit également comment l’essor de ce type de science et de ses applications industrielles s’est accompagné d’un changement sociétal typique. Les classes ont disparu et les liens sociaux normaux se sont dégradés, avec beaucoup d’anxiété et de malaise indéterminés, de perte de sens et de frustration. C’est dans de telles circonstances qu’une masse se forme, un groupe aux qualités psychologiques très spécifiques. En principe, lorsqu’une masse se forme, toute la peur qui envahit la société est liée à un seul « objet » – les Juifs, par exemple – de sorte que la masse s’engage dans une sorte de lutte énergique avec cet objet. Sur ce processus de formation de masse se forme alors une organisation politique totalement nouvelle : l’État totalitaire.
Aujourd’hui, on constate des phénomènes similaires. Il y a une énorme souffrance psychologique, un manque de sens et une absence de liens sociaux dans la société. Puis vient une histoire qui pointe vers un objet de peur, le virus, après quoi la population lie en masse sa peur et son malaise à cet objet de peur. Entretemps, l’appel à unir ses forces pour combattre l’ennemi meurtrier est constamment entendu dans tous les médias. Les scientifiques qui apportent l’histoire au peuple reçoivent en retour un pouvoir sociétal impressionnant. Leur pouvoir psychologique est si grand qu’à leur suggestion, toute la société renonce brusquement à toute une série de coutumes sociales et se réorganise d’une manière que personne n’aurait cru possible au début de l’année 2020.
Que pensez-vous qu’il va se passer maintenant ?
La politique actuelle liée au coronavirus redonne temporairement un peu de lien social et de sens à la société. Lutter ensemble contre le virus crée une sorte d’enivrement. Cet enivrement provoque un énorme rétrécissement du champ de vision, qui fait que d’autres questions, comme l’attention portée aux dommages collatéraux, passent au second plan. Pourtant, les Nations Unies et divers scientifiques ont averti dès le départ que les dommages collatéraux pourraient causer beaucoup plus de décès dans le monde que le virus, par exemple à cause de la faim et les traitements reportés.
La massification a un autre effet remarquable : elle amène les individus à mettre de côté, ou plutôt, à ignorer psychologiquement, tous les motifs égoïstes et individualistes. On en arrive à tolérer un gouvernement qui supprime tous les plaisirs personnels. Pour ne citer qu’un exemple : les établissements de l’horeca dans lesquels des personnes ont travaillé toute leur vie sont fermés sans grande protestation. Ou encore : la population est privée de spectacles, de festivals et d’autres plaisirs culturels. Les dirigeants totalitaires sentent intuitivement que le fait de tourmenter la population renforce de manière perverse la formation des masses.
Je ne peux pas l’expliquer en détail ici, mais le processus de massification est intrinsèquement autodestructeur. Une population qui a été saisie par ce processus est capable d’une énorme cruauté envers les autres, mais aussi envers elle-même. Elle n’hésite pas du tout à se sacrifier elle-même. Cela explique pourquoi un État totalitaire – contrairement aux dictatures – ne peut pas continuer à exister. Il finit par se dévorer, pour ainsi dire. Mais le coût de ce processus est généralement un très grand nombre de vies humaines.
Pensez-vous reconnaître des traits totalitaires dans la crise actuelle et dans la réponse du gouvernement qu’elle suscite ?
Oui, certainement. Si l’on prend ses distances par rapport à l’histoire du virus, on découvre un processus totalitaire par excellence. Par exemple : selon Hannah Arendt, un État pré-totalitaire coupe tous les liens sociaux de sa population. Les dictatures le font au niveau politique – elles veillent à ce que l’opposition ne puisse pas s’unir – mais les États totalitaires le font aussi au sein de la population, dans la sphère privée. Pensez aux enfants qui – souvent contre leur gré – ont dénoncé leurs parents au gouvernement dans les États totalitaires du XXe siècle. Le totalitarisme est si fortement axé sur le contrôle total qu’il crée automatiquement la suspicion au sein de la population, ce qui pousse les gens à s’espionner et à se dénoncer. Les gens n’osent plus parler librement à n’importe qui et sont moins capables de s’organiser en raison des restrictions. Il n’est pas difficile de reconnaître de tels phénomènes dans l’état actuel des choses, parmi de nombreuses autres caractéristiques du totalitarisme émergent.
Qu’est-ce que cet État totalitaire veut réaliser en fin de compte ?
En premier lieu, il ne veut rien. Son émergence est un processus automatique lié, d’une part, à un grand malaise au sein de la population et, d’autre part, à une pensée scientifique naïve qui considère que la connaissance totale est possible. Aujourd’hui, certains pensent que la société ne doit plus se baser sur des discours ou des idées politiques, mais sur des chiffres scientifiques, déroulant ainsi le tapis rouge pour une technocratie. Leur image idéale est ce que le philosophe néerlandais Ad Verbrugge appelle l’agriculture/l’élevage humain intensif (‘intensieve menshouderij’). Dans une idéologie biologico-réductrice, virologique, une surveillance biométrique continue est indiquée et l’homme est soumis à des interventions médicales préventives constantes, telles que des campagnes de vaccination.
Tout cela est fait pour optimiser sa santé. Et toute une série de mesures d’hygiène médicale doit être mis en œuvre : pas de poignée de main, port de masque buccal, désinfection constante des mains, vaccination, etc. Pour les adeptes de cette idéologie, on ne peut jamais aller assez loin pour atteindre l’idéal de la plus haute “santé” possible. Dans la presse il y avait même des articles dans lesquels on pouvait lire qu’il fallait faire encore plus peur à la population. Ce n’est qu’alors qu’ils respecteront les mesures proposées par les virologues.
Dans leur vision des choses, attiser la peur sert finalement le bien commun. Mais en élaborant toutes ces mesures draconiennes, les décideurs politiques oublient que les gens – y compris leur corps – ne peuvent être en bonne santé sans suffisamment de liberté, de respect pour la vie privée et le droit à l’autodétermination. Des valeurs que cette vision totalitaire technocratique ignore totalement. Bien que le gouvernement aspire à une énorme amélioration de la santé de sa société, par ses actions, il ne fera que ruiner la santé de la société. C’est d’ailleurs une caractéristique fondamentale de la pensée totalitaire selon Hannah Arendt : elle aboutit exactement au contraire de ce qu’elle visait à l’origine.
Aujourd’hui, le virus crée la peur nécessaire sur laquelle repose le totalitarisme. La disponibilité d’un vaccin, et la campagne de vaccination qui s’ensuivra, n’élimineront-elles pas cette peur et mettront-elles ainsi fin à cette flambée totalitaire ?
Un vaccin ne résoudra pas l’impasse actuelle. Cette crise n’est pas une crise sanitaire, c’est une profonde crise sociétale et même culturelle. D’ailleurs, le gouvernement a déjà indiqué qu’après la vaccination, les mesures ne disparaîtront pas automatiquement. Un article dans la presse3 disait même qu’il était remarquable que des pays qui sont déjà bien avancés dans la campagne de vaccination – comme Israël et la Grande-Bretagne – sont étrangement en train de renforcer encore les mesures. Je prévois plutôt ce scénario : malgré toutes les études prometteuses, le vaccin n’apportera pas de solution. Et en raison de la cécité qu’entraînent la massification et le totalitarisme, la responsabilité sera imputée à ceux qui ne se conforment pas au discours dominant et/ou refusent de se faire vacciner. Ils seront utilisés comme boucs émissaires. On tentera de les faire taire. Et si cela réussit, le point de basculement redouté dans le processus du totalitarisme viendra : ce n’est qu’après avoir complètement éliminé l’opposition que l’État totalitaire montrera son visage le plus agressif. Il devient alors – pour reprendre les mots de Hannah Arendt – un monstre qui mange ses propres enfants. En d’autres termes, le pire est probablement encore à venir.
A quoi pensez-vous alors ?
Les systèmes totalitaires ont généralement tous la même tendance à isoler méthodiquement. On va par exemple, pour garantir la santé de la population, isoler encore plus la partie « malade » de la population et l’enfermer dans des camps. Cette idée a en fait été avancée à plusieurs reprises pendant la crise du covid, mais a été rejetée comme « non réalisable » en raison d’une trop grande résistance sociale. Mais cette résistance va-t-elle se poursuivre si la peur augmente de façon exponentielle ? Vous pouvez me soupçonner d’être un fantaisiste, mais qui aurait pensé au début de l’année 2020, qu’aujourd’hui notre société serait dans l’état actuel ? Le processus du totalitarisme est basé sur l’effet hypnotique d’une histoire, d’un discours, et il ne peut être rompu que si une autre histoire est entendue. C’est pourquoi j’espère que davantage de personnes se poseront des questions sur le danger réel du virus et sur la nécessité des mesures corona actuelles. Et oseront en parler publiquement.
Comment se fait-il que cette réaction de peur ne se produise pas avec la crise climatique ?
La crise climatique n’est probablement pas très adaptée comme objet de crainte. Elle est peut-être trop abstraite et nous ne pouvons pas l’associer à la mort immédiate d’un proche ou de nous-mêmes. Et en tant qu’objet de peur, elle rentre moins facilement dans notre conception médico-biologique de l’humanité. Un virus est donc un objet de peur privilégié.
Que nous apprend la crise actuelle sur notre relation avec la mort ?
La science dominante perçoit le monde comme une interaction mécaniste d’atomes et d’autres particules élémentaires qui entrent en collision par pur hasard et produisent toutes sortes de phénomènes, y compris l’homme. Cette science nous rend désespérés et impuissants face à la mort. En même temps, la vie est vue et vécue comme un phénomène mécanique totalement dépourvu de sens, mais nous nous y accrochons comme si c’était la seule chose que nous ayons, et pour cela nous voulons éliminer chaque risque ou comportement à risque. Et c’est impossible. Paradoxalement, essayer d’éviter radicalement le risque, par exemple par le biais des mesures sanitaires liées au covid-19, crée le plus grand risque de tous. Il suffit de regarder les colossaux dommages collatéraux causés.
Vous percevez l’évolution sociétale actuelle de manière négative. Comment envisagez-vous l’avenir ?
Je suis convaincu que quelque chose de beau émergera de tout cela. La science matérialiste part de l’idée que le monde est constitué de particules de matière. Pourtant, cette même science a montré que la matière est une forme de conscience. Qu’il n’y a pas de certitude et que l’esprit humain ne parvient pas à saisir complètement le monde. Le physicien danois et prix Nobel Niels Bohr, par exemple, a soutenu que les particules élémentaires et les atomes se comportent de manière radicalement irrationnelle et illogique. Selon lui, ils pourraient être mieux compris par la poésie que par la logique.
Sur le plan politique, nous allons vivre quelque chose de similaire. Dans un avenir proche, nous allons assister à ce qui historiquement sera probablement la tentative la plus ambitieuse de tout contrôler d’une manière technologique et rationnelle. À terme, ce système s’avérera inefficace et montrera que nous avons besoin d’une société et d’une politique totalement différentes. Le nouveau système sera davantage fondé sur le respect de ce qui est finalement insaisissable pour l’esprit humain et sur le respect de l’art et de l’intuition qui étaient au cœur des religions.
Sommes-nous aujourd’hui dans un changement de paradigme ?
Sans aucun doute. Cette crise annonce la fin d’un paradigme historique culturel. La transition a déjà été faite en partie dans les sciences. Les génies qui ont jeté les bases de la physique moderne, de la théorie des systèmes complexes et dynamiques, de la théorie du chaos et de la géométrie non-euclidienne ont déjà compris qu’il n’y a pas une, mais plusieurs logiques différentes. Qu’il y a quelque chose d’intrinsèquement subjectif dans toute chose et que les gens vivent en résonance directe avec le monde qui les entoure et toute la complexité de la nature. De plus, l’homme est un être qui, dans son existence énergétique, est dépendant de son prochain. Eux le savaient déjà depuis longtemps, maintenant encore les autres ! Nous assistons aujourd’hui à une ultime résurgence de l’ancienne culture, fondée sur le contrôle et la compréhension logique, qui montrera à un rythme rapide à quel point elle est un énorme échec et à quel point elle est incapable d’organiser réellement une société de manière décente et humaine.
Propos recueillis par Patrick Dewals, philosophe politique
« Reproductibilité : une tragédie d’erreurs », https://www.nature.com/news/reproducibility-a-tragedy-of-errors-1.19264.
https://www.nieuwsblad.be/cnt/dmf20210112_96774760
source: https://www.kairospresse.be/les-mesures-contre-le-coronavirus-revelent-des-traits-
Une dernière interview de Mattias Desmet, chez Tegenwind-tv ("vents contraires" ou "Contrecourant"). Les sous-titres français sont parfaits (et non dus à des robots, la première version était cocasse):
-> https://www.youtube.com/watch?v=1SF-YHnkxEc
"Dans « Contrecourant «, les journalistes, Jakobien Huisman et Alain Grootaers, accueillent en Andalousie xix scientifiques qui ont dû braver une tempête de critiques lors de la crise du Covid-19 en raison de leur vision professionnelle. La préservation de notre liberté est l'affaire de tous… Six portraits , et une table ronde avec ces scientifiques, qui ont dû tenir bon dans cette tempête A propos de la crise Covid-19 et de l'avenir de notre société. Dans cet épisode-ci : le professeur Dr. Mattias Desmet, psychologue clinicien."
Lire la transcription de la vidéo, en français
Lire Viol des esprits et psychose de masse ou Comment une population entière devient malade mentale (3/10/2021) - NB. remplacer"psychose-de-masse de masse" par "formation de masse", svp, c'est le terme correct.
Le cher explorateur des âmes cite aussi la vidéo sur le Menticide ainsi que diverses sources, dont l'entrevue de Mattias Desmet chez Me Fuellmich:
"Les mécanismes des régimes totalitaires
La seconde pépite (déjà mentionnée il y a quelques semaines sur ce blog) est une audition donnée devant la Commission Corona de l’avocat allemand Reiner Fuellmich par le Pr Mattias Desmet. Celui-ci enseigne la psychologie clinique à l’université de Gand en Belgique et s’est spécialisé dans la « formation de masse » typique des régimes totalitaires.
Dans un exposé brillant, il présente un modèle effectivement éclairant quant aux conditions préalables nécessaires, mais aussi à la dynamique propre des dérives de l’ordre de celle dans laquelle nous sommes.
Laquelle se caractérise en effet par un « état préalable » de la société, fait de niveaux élevés de mal-être et de perte de sens. Soulignant les taux stupéfiants (littéralement) de consommation de médicaments psychotropes dans nos différents pays ainsi que de marqueurs de souffrance psychique comme le burn-out et les dépressions, le Pr Desmet souligne que nous étions déjà des sociétés souffrant de fort taux d’anxiété et de frustration psychique diffuses, amplifiées par la perte de liens sociaux. Il en résulte une société déboussolée, avec des individus en proie à des affects d’autant plus douloureux qu’ils ne savent pas les attribuer à une cause en particulier. Cette souffrance « flottante » est d’autant plus redoutable que tout facteur obvie apparaissant porte en lui le risque de précipiter les deux principaux processus inconscients mis en lumière par Freud : le déplacement et la condensation.
Un agent comme le coronavirus peut ainsi devenir la cible de cette projection massive sur laquelle les individus vont décharger mais aussi investir massivement leur souffrance diffuse : grâce au Covid, ils savent enfin (ou croient savoir bien sûr) pourquoi ils sont aussi angoissés et déboussolés.
La captation de cet investissement pulsionnel par le narratif officiel devient un jeu d’enfant : dans une configuration élémentaire « à la » triangle de Karpmann (que Desmet ne mentionne pas), les gens s’éprouvent victimes ou à risque de l’être avec un bourreau identifié (le redoutable virus, auquel se retrouvent agglutinés ceux qui contestent le narratif officiel -complotistes et antivaxx selon les étiquettes de circonstance- désignés eux aussi comme des « dangers publics » ) et un sauveur qui l’est tout autant (les autorités protectrices et le « vaccin » salvateur).
Dans ce processus, les individus se soulagent efficacement de leur souffrance diffuse, avec de surcroît le sentiment de participer à une communauté héroïque, recréant ainsi le sentiment d’être en liens d’une manière où ils se sentent prêts à tous les sacrifices. Le Pr Desmet insiste sur le fait que la participation à la dérive totalitaire est tout sauf égoïste : elle est à l’inverse solidaire, altruiste et même sacrificielle. Ce que confirme la facilité avec laquelle les peuples renoncent actuellement à leurs droits et libertés.
Une fois cet « engoncement » dans un narratif fantasmatique réalisé, le piège s’est refermé : le risque qu’il y aurait à ouvrir les yeux, à comprendre la réalité de la situation, à mesurer aussi l’étendue et la gravité des manipulations et maltraitances subies de la part de dirigeants en qui ils avaient placé leur confiance implique nécessairement le risque d’être renvoyé à la souffrance flottante, perspective psychiquement insupportable. Ce qui explique pourquoi les « covidistes » (autorités et population) sont si peu intéressés par les faits, les chiffres et les données. A tel point qu’ils les rejettent même avec acharnement et une hostilité marquée envers ceux qui cherchent à les en informer.
Un paramètre frappant de ce processus est que ce ne sont de loin pas les personnes les mieux éduquées ou soi-disant les plus aptes à la pensée critique qui se trouvent être les mieux protégés face à cette dérive délirante. Au contraire ! Les « élites » sont d’autant plus à risque que leur narcissisme social rend difficile pour elle l’admission de leurs erreurs ou dérapages. Les biais cognitifs de confirmation, amplifiés par la pensée grégaire et la supériorité de caste, rend à l’inverse les médecins, scientifiques, universitaires, avocats, psychologues, dirigeants d’entreprise, cadres et journalistes d’autant plus à risque de s’enfermer dans des postures délirantes.
Les chiffres insensés que continue à produire la Task Force scientifique suisse dans ses hallucinations modélisatoires en est un bon exemple : après avoir prétendu à l’encontre de toute réalité que les confinements avaient sauvé des dizaines de milliers de vies (là où la vraie science montre qu’il n’ont pas eu d’impact favorable) sa vice-présidente Samia Hurst est venue il y a peu expliquer aux médias complaisants que le pass sanitaire allait permettre maintenant d’éviter des dizaines de milliers d’hospitalisations, là où les meilleurs épidémiologistes ont montré son inutilité en ce sens. A part aligner les « 0 » après un nombre entier dans de parfaits fantasmes pseudoscentifiques, les élucubrations de la Task Force ne sont rien d’autre depuis le début de l’épidémie de Covid que des productions proprement délirantes au regard des critères de la vraie science.
Symptôme d’un mal plus profond : comme le problème n’est pas intellectuel ou logique, les données véridiques ne peuvent rien pour ces psychismes azimutés. Qui se tiennent parmi hélas dans une grande bouffée psychotique pour le plus grand malheur de la population.
Alors comment sortir de l’ornière ?! Mattias Desmet souligne qu’il y a toujours dans les formations de masse une répartition inégale de la population : à peu près 30% est captive de l’hypnose collective et ne dispose pas de la ressource nécessaire à la remettre en question. 40% de la population est simplement emportée par le mouvement, mais tout en conservant la ressource latente de se questionner et de sentir intuitivement que quelque chose ne joue pas. En particulier dans la présentation absurde des données. Enfin, de 20 à 30% de la population est constituée de personnes qui ont une immunité psychique face à la formation de masse. Elles ont vocation à être des gardiens des valeurs humaines et du bon sens, avec pour objectif principal de garder le dialogue ouvert avec les 40% de personnes « récupérables ».
Cette audition est si éclairante, si fondamentale, que je ne peux qu’en recommander vivement le visionnement. Fuellmich et son équipe poussent évidemment les questions plus loin, notamment quant à la possible « ingénierie » délibérée et impliquant donc une responsabilité pénale de certains acteurs.
Lire la totalité dans Viol des esprits et "psychose" de masse
Le 6/11/2021, Jean-Dominique Michel interprète les hypothèses de Mattias Desmet dans sa dernière intervention auprès du CSI. Je n'ai pas encore écouté, j'ai téléchargé son pdf. J'en ai repris quelques diapos ci-dessus.
Tout comme j'ai tiqué sur le sous-titre de son précédent article se référant à Desmet ("Comment une population entière devient malade mentale": factuellement faux, tous ne sont pas hypnotisés), je me permets un petit bémol. Desmet n'a jamais mentionné le triangle de Karpmann. Et pour cause! Il est psy et prof, et pas coach. Le triangle de Karpmann ne nous est utile qu'en formation de base individuelle, pour exposer des mécanismes de prédation avant de les explorer. Dans le contexte d'un coach de vie, ou d'un psy basique.
Le défaut dans cette présentation: on risquerait de croire à une psy-op où un prédateur veut nous enfermer dans ce triangle bourreau victime sauveur.
J.-D. Michel n'a pas les longues années de métier que j'ai en paranoïa. Je me méfie même de moi, c'est dire! Il est peut-être abîmé mentalement par la ch asse aux sorcières qui sévit autour des voix dissidentes et, par conséquent, ne voit plus clair en psychologie de base. Je répète ad nauseam: nous nous sommes m is tout seuls dans ce beau pétrin. Quelques malveillants jettent certes de l'huile sur le feu et veulent en tirer les marrons chauds, c'est humain.
Si l'on veut continuer à croire que des méchants nous veulent du mal, on ne sortira pas de l'auberge! Nous sommes une part du problème, regardons cela en face. Lire aussi mon paragraphe sur la posture victimaire d'une Ariane Bilheran, qui a tant de succès. Parce que c'est tellement confortable de jouer à Calimero..
Le 6/11/2021 Jean-Dominique Michel a transmis ces mêmes infos dans une de ses interventions au CSI. En voici les copies d'écran (cliquer pour agrandir):