Le fructose toxique ?

Source : http://www.allodocteurs.fr

Article : Que penser de la possible toxicité du fructose ?

Date de parution : 19.06.2013

Niveau de difficulté : Facile

Mes petites leçons, pour mieux com­prendre le décryp­tage : sucres rapides-sucres lentscomplet-raffiné, insu­line, obé­si­té.

Dans cette courte vidéo, sur le pla­teau télé­vi­sé de Allodocteurs sur France 5, le méde­cin nutri­tion­niste Patrick Serog, explique que le fruc­tose à haute dose induit une stéa­tose hépa­tique, c’est-à-dire un engrais­se­ment du foie en rai­son d’une conver­sion de ce sucre par­ti­cu­lier en tri­gly­cé­rides (graisse).

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Effectivement, le fruc­tose, ou sucre des fruits et de cer­tains légumes, inquiète la com­mu­nau­té médi­cale depuis quelques années, car si ce trouble hépa­tique était autre­fois consta­té uni­que­ment chez les grands buveurs d’alcool, il est de plus en plus obser­vé aujourd’hui, chez les non-buveurs, mais gros man­geurs en géné­ral, et grands consom­ma­teurs de fruits en particulier.

Essayons de comprendre :

Le fruc­tose a un pou­voir sucrant bien plus puis­sant que celui du sac­cha­rose issu de la bet­te­rave ou de la canne à sucre. De plus, sa pro­duc­tion se fait à moindre coût, ce qui le rend très attrac­tif pour les indus­triels. Depuis plus de 50 ans, l’industrie ali­men­taire, uti­lise l’amidon de maïs pour en faire des sirops de fructose-glucose, qu’elle met à toutes les « sauces », dans les sodas, les bois­sons sucrées, les laits aro­ma­ti­sés sucrés, les bois­sons éner­gé­tiques, les pâtis­se­ries indus­trielles, cer­tains pains, les bis­cuits four­rés aux fruits, les glaces et les crèmes gla­cées, les yaourts, les crèmes des­serts, les confi­tures, les pâtes de fruits, les barres de céréales et cho­co­la­tées, mais aus­si dans les sauces, le sur­imi, les plats pré­pa­rés et la char­cu­te­rie bas de gamme( !).

Sans oublier que le fruc­tose est éga­le­ment pré­sent dans le sac­cha­rose (le sucre de table), celui-ci étant com­po­sé à parts égales de fruc­tose et de glu­cose, on le trouve donc par­tout ! Les scien­ti­fiques ont noté que la forte aug­men­ta­tion du fruc­tose dans l ‘ali­men­ta­tion moderne, suit très exac­te­ment le déve­lop­pe­ment de l’obésité des pays occidentaux.


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En plus, de la consom­ma­tion consciente de fruits et de miel, les quan­ti­tés de fruc­tose insi­dieu­se­ment consom­mées par le biais des pro­duits trans­for­més, ne cessent de s’accroître depuis quelques décen­nies, et dépassent très lar­ge­ment notre capa­ci­té natu­relle (assez faible, mais variable selon les indi­vi­dus) à méta­bo­li­ser (1) ce sucre dans de bonnes conditions.

A par­tir de 25 grammes (envi­ron trois pommes), les effets nocifs du fruc­tose sont clai­re­ment iden­ti­fiés ; à comp­ter de 50 grammes (ajou­tez une can­nette de soda aux 3 pommes), le risque de mala­dies cardio-vasculaires aug­mente très net­te­ment, ain­si que le sur­poids et l’obésité.

Jusqu’ici, les scien­ti­fiques pen­saient que seul le fruc­tose concen­tré, c’est-à-dire extrait du fruit, était nocif pour la san­té. Mais aujourd’hui, de nom­breuses voix se font entendre pour aler­ter sur une pos­sible atteinte hépa­tique en cas d’une trop grande consom­ma­tion de fruits, et cela d’autant plus s’ils sont consom­més au cours des repas. Dans ce cas, le fruc­tose asso­cié aux autres sucres, comme l’amidon des céréales par exemple, crée de fortes fer­men­ta­tions (gaz, bal­lon­ne­ments, incon­forts diges­tifs) et décuple les effets délé­tères du fructose.

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Quels sont ces effets délé­tères du fruc­tose lorsqu’il est consom­mé en excès :

  • Stéatose du foie : c’est l’engraissement du foie qui conver­tit le fruc­tose en tri­gly­cé­rides. Ce qui veut clai­re­ment dire que le sucre des fruits est for­te­ment géné­ra­teur de graisse !
  • Augmentation du cho­les­té­rol total et du LDL (VLDL pour être exact) en par­ti­cu­lier. Ce qui veut dire que le « foie gras » pro­duit de grandes quan­ti­tés de cho­les­té­rol, dans un « ter­rain » inflam­ma­toire chro­nique qui rend pro­pice le cho­les­té­rol à se dépo­ser sur les parois des artères. Manger trop de fruits et de légumes riches en fruc­tose n’est donc pas bon pour le foie !
  • Augmentation des tri­gly­cé­rides sériques par forte pro­duc­tion du foie malade.
  • Augmentation impor­tante du risque de mala­dies cardio-vasculaires. Plus de fruits et de légumes (riches en fruc­tose) ne sont donc pas la solu­tion aux pro­blèmes car­diaques chez les gros mangeurs !
  • Augmentation du sur­poids, de l’obésité et des mala­dies associées.
  • Insulinorésistance et dia­bète ! (bien que le fruc­tose ne néces­site pas d’insuline pour péné­trer les cellules).
  • Hypertension.
  • Hyperurémie et risque de « goutte ». Le fruc­tose agit direc­te­ment sur les méca­nismes favo­ri­sant la pro­duc­tion d’urée. De plus l’insulinorésistance dimi­nue l’élimination de l’urée par atteinte des fonc­tions rénales ! L’hyperurémie et la goutte ne sont donc pas uni­que­ment dues à une trop grande consom­ma­tion de viande et de pro­téines ! Fait très peu pris en compte par les diététiciens.
  • Hyper-oxydation, ou vieillis­se­ment pré­ma­tu­ré des cel­lules par forte pro­duc­tion de radi­caux libres, mal­gré la pré­sence d’antioxydants dans les fruits et les légumes.
  • Fatigue chro­nique.

Tous ces symp­tômes dimi­nuent dès lors que l’on réduit l’apport de sucres (et de fruc­tose en par­ti­cu­lier) et que l’on com­pense en inté­grant plus de pro­téines et de bonnes graisses ali­men­taires. De récentes études démontrent que le fruc­tose ne ras­sa­sie pas, qu’au contraire il ouvre l’appétit, et qu’il ne contente pas le cer­veau dans sa quête de sen­sa­tions de plai­sir et de récompense.

N’en déplaise aux par­ti­sans du végé­ta­risme abso­lu, nous ne sommes défi­ni­ti­ve­ment pas des her­bi­vores, et nous sommes très dif­fé­rents de nos cou­sins les pri­mates qui vivent par­fai­te­ment de grandes quan­ti­tés de végé­taux, de fruits et de fibres. Et, aus­si éton­nant et para­doxal que cela puisse paraître, trop de fruits et de légumes peuvent nuire à notre santé !

fruit

La stéa­tose hépa­tique ne se diag­nos­tique réel­le­ment que par écho­gra­phie abdo­mi­nale, cepen­dant pour les per­sonnes souf­frant de pro­blèmes gas­triques divers et notam­ment du syn­drome de l’intestin irri­table (maux de ventre chro­niques), d’hypercholestérolémie, et de « gon­fle­ments », voi­ci mes conseils :

- Réduisez for­te­ment, ou sup­pri­mez, pour les plus sen­sibles, les apports de fruc­tose qui ne pro­viennent pas du fruit par lui-même. Ex : ne pas sucrer au fruc­tose et évi­ter les sodas.

- Evitez les jus de fruits (même 100% fruits) car ils sont un véri­table concen­tré de fruc­tose et de sor­bi­tol (un autre sucre délé­tère à forte dose). En consom­mant des jus de fruits, il est très facile d’absorber de grandes quan­ti­tés de fructose.

- Evitez les smoo­thies sous pré­texte de man­ger 5 fruits et légumes par jour.

- Consommez les fruits en dehors des repas afin d’éviter les fer­men­ta­tions qui décuplent les effets nocifs du fruc­tose, et en créent d’autres très per­ni­cieux comme la pul­lu­la­tion bac­té­rienne intes­ti­nale, fléau pla­né­taire selon les gastro-entérologues, qui à son tour aug­mente l’effet « foie gras ».

- Préférez les fruits pauvres en fruc­tose comme les baies, les kiwis, les oranges, l ‘ana­nas, et les bananes (sauf très mûres).

- Faites atten­tion au cumul des sucres lorsque vous consom­mez des légumes riches en fruc­tose et qui fer­mentent faci­le­ment, comme les arti­chauts, les auber­gines, et les choux. Je veux dire par là, évi­tez au des­sert les fruits riches en fruc­tose comme la pomme ou la poire.

- Notez, pour les per­sonnes aux intes­tins sen­sibles, que les com­potes de fruits, sans sucre ajou­té, créent moins de fer­men­ta­tions que les fruits frais.

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Pas de panique :

Pour celles et ceux qui à la lec­ture de ces quelques lignes se disent : « Mais c’est une catas­trophe, quel des­sert vais-je bien pou­voir man­ger main­te­nant ? », sachez que si vous ne souf­frez d’aucune per­tur­ba­tion diges­tive notable (comme la fer­men­ta­tion par exemple), ni des symp­tômes cités plus haut dans l’article, et que bien qu’il soit pré­fé­rable pour tous de consom­mer les fruits riches en fruc­tose comme la pomme, la poire ou le rai­sin en dehors des repas, il reste pos­sible de se réga­ler au des­sert de quelques fraises ou fram­boises légè­re­ment sucrées et mélan­gées à de la crème fraîche entière, d’un kiwi, d’un part de tarte mai­son aux myr­tilles, ou à la rhu­barbe, d’une crème des­sert mai­son, de cho­co­lat noir, d’une glace arti­sa­nale, et… gar­der sa pomme pour le goûter.

En conclu­sion :

Les fruits et les légumes sont indis­pen­sables au main­tien d’une bonne san­té, mais comme pour tout, l’excès pro­duit l’effet inverse de celui escomp­té. Je ne dirai pas « une pomme ça va, trois pommes bon­jour les dégâts », bien évi­dem­ment, mais ce qui est cer­tain et prou­vé cli­ni­que­ment, c’est que trois sodas par jour aug­mentent le risque de trépas.

La nutri­tion est en pleine révo­lu­tion, les idées reçues tombent les unes après les autres, la véri­té d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui, et parions que celle d’aujourd’hui ne sera pas celle de demain.

Nous vivons une époque de sur­con­som­ma­tion et de grande dis­po­ni­bi­li­té des pro­duits. Nous pou­vons aisé­ment dans la même jour­née, et presque toute l’année, nous réga­ler d’une pomme de notre pays, d’une banane de Martinique, d’une mangue du Brésil, d’une papaye du Mexique, de fraises du Maroc, et de boire un jus d’oranges des Etats-Unis. Notre orga­nisme mil­lé­naire n’est pas fait pour cela, du moins n’est-il pas encore adap­té à cette sur­abon­dance pérenne et tel­le­ment variée. Alors, le seul conseil qui vaille aujourd’hui et pour l’éternité : man­gez de tout mais avec rai­son et modération.

1- Métaboliser : trans­for­ma­tion d’une sub­stance par l’organisme avant utilisation.