Danse forum
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!!La révolte Rotation-étirement & extension – 29 – 30/4/17
https://collectifsanstete.wordpress.com/la-revolte-df-we-04 – 17/
DANSE FORUM au COLLECTIF LE MAQUIS, Brest.
Participants : Lionel, Kaïtan, Amélie, Morgane, Elisa, Orzonie, Gaëtan.
CR rédigé par Hervé.
Etant donné que nous avons tout un week-end, nous décidons de faire le choix du thème réflexif pendant le repas du midi.
SAMEDI Matin
Eveil des sensations et éveil des muscles menés par Hervé
Retours du groupe :
– Léa : au début, besoin de mettre du poids dans le corps, puis fluidité.
– Hervé : mouvements de torsion, d’étirements haut/bas, recroquevillement, besoin de se lever. Envie de toucher le plafond. Enracinement. Marche.
– Morgane : pincement, rétractation, étirements, recroquevillement, se lever pour étendre les bras, malaxer avec les muscles, massages internes, mouvements plus fluides.
– Gaëtan : boule entre les deux omoplates, besoin de « huiler » autour, commencer tout petit, puis besoin de chasser, faire partir.
– Kaïtan : tensions dans les épaules, je suis beaucoup resté en moi, yeux fermés, me libérer en passant par d’autres endroits.
– Orzonie : fourmillements dans les genoux, besoin d’y aller en douceur, étirement recroquevillement.
– Lionel : besoin de garder une liberté, se raccrocher aux matières, sensation de bois.
– Amélie : travail avec les jambes, recroquevillement, étirements, se mettre debout, se pencher, beaucoup au sol.
– Elisa : crispation nuque, mettre les mains, masser, étirements, se mettre en boule, tendre les bras, secouer pour évacuer.
- Amélie : éprouve de la difficulté de sentir la différence entre les deux éveils.
Nous décidons de ne pas choisir un thème réflexif après ces éveils puisque nous referons les éveils après le repas.
REPAS
Choix du thème réflexif
Discussion pendant le repas et prise de note des différentes idées de chacun.e.
Bribes de discussion :
– normes imposées par rapport aux choses que l’on pense naturelles, vraies, innées. Les conditionnements. La déconstruction des normes. Qu’est-ce que j’ai vraiment au fond de moi ?
– les doutes. Orientation à l’école, sur le chemin, qui je suis ? Se définir. Les cases.
– colère, amour, douleur. Individuellement chacun est très vaste. Amour trouvé trop facile. Partir des sentiments qu’on considère comme négatif pour les connaître et ne plus les subir.
– les interdits. Ce qu’on a le droit ou pas de faire. Ce qu’on s’interdit ou pas, avec les autres.
– déconstruction, déconditionnement des normes.
– accepter, comprendre les émotions. Plutôt que de se laisser emporter par elles, plutôt en prendre conscience et les regarder.
– émancipation est différent de la liberté. La liberté c’est faire ce qu’on veut. Et les autres ? L’émancipation, c’est comment quitter une place assignée. La possibilité de changer de place. Désir d’être autre chose que ce qui est imposé.
Idées forces qui s’en dégagent :
– dissidence, l’unité, les autres, le moi, le mouvement, la trajectoire, la révolte.
Thème réflexif retenu : LA REVOLTE
APRES-MIDI
Eveil de sensations et éveil des muscles menés par Léa.
Retours :
– Hervé : roulements, haussements, rabaissements d’épaules, marches, tremblements, jetés de bras.
– Morgane : micro-mouvements, spasmes, amplification des gestes, frotté les mains.
– Léa : mouvements de rotation dans le haut du corps, étirements
– Elisa : gigoter jambes/bassin, étirements, marcher.
– Gaëtan : haut des mains, peau du visage, venteux sur la fin.
– Orzonie : baillements, étirements, maitrise sur le corps
– Amélie : massages, recroquevillements.
– Lionel : ondulations
Thème sensitif : ROTATION /ETIREMENT
TEMPS DE DANSE 1
Léa tilte.
Retours anonymisés :
– j’ai vu des interactions et des refus d’interactions entre les corps.
– il y a eu de la provocation. J’ai vu Gaëtan chercher des réactions chez l’autre.
– j’ai trouvé que le tambourin a apporté une saturation.
– certaines actions de personnes m’ont touchée, révolte.
– il y a lecture d’un texte ultra-violent.
– je n’ai pas réussi à me sentir vraiment révoltée.
– je n’étais pas vraiment révoltée. Une fois les papiers déchirés je suis entrée en révolte. Comment l’appropriation de mes propositions par les autres peut me faire entrer en révolte ?
– je suis entré sur scène par une roulade. Que faire par rapport à la révolte ici au collectif Le Maquis ? Comment mon corps peut se révolter face à une question ?
– quand j’ai entendu la musique, j’ai eu envie d’aller contre pour ne pas me laisser influencer par l’environnement.
– pourquoi est-ce que je prends toujours le parti du contraire ? Comment rendre l’espace scénique comme espace de construction ? J’ai ressenti de la solitude au début, voilà pourquoi je suis entré en aveugle sur scène, après il y a eu un contact avec Hervé et je me suis senti moins seul. Est-ce que le nihilisme ne serait pas le « tout vaut tout » ?
– j’ai beaucoup observé et écouté les frottements ; qu’est-ce que bien observer ? Est-il possible de bien observer ?
TEMPS DE DANSE 2
Amélie tilte
Temps d’écriture automatique.
TEMPS DE DANSE 3
Léa tilte
Retours :
L’espace scénique au Maquis était matérialisé par deux grands rectangles de moquette claire, nous n’avions donc pas eu besoin de tracer de limite avec le scotch habituel. Or, pour la première fois nous avons été confrontés à une action surprenante : une partie du groupe a décidé de se mettre sous un des deux rectangles de moquette, ce qui modifia considérablement l’espace scénique lors de ce troisième temps de danse.
– dans le fait d’aller sous la moquette, il y avait le fait d’être là, de m’exclure des regards. Immédiatement, j’ai senti que le groupe refusait qu’une partie des personnes s’exclue du groupe. L’autre partie venait nous dévoiler, nous taper, nous chercher, comme si on nous refusait le droit de s’exclure. C’était étrange de voir que quand on se recouvrait, on nous découvrait, comme si on n’avait pas le droit de faire ça.
– moi j’ai l’impression qu’en faisant cela (cet acte), c’est le sentiment de révolte que les gens cherchaient en voulant faire sortir les gens qui se cachaient sous la moquette. Et ça me pose la question suivante : quand on dépasse le consentement de quelqu’un, est-il en droit de se révolter ?
– ça génère une autre question : comment le groupe gère une minorité ?
– j’ai vu au départ des réactions par les mots (ça suffit, ce n’est qu’un jeu, etc.) et puis ensuite des réactions qui sont plus passées par le corps. Ma question est : est-ce qu’il est naturel d’aller vers d’autres moyens d’expression quand on est impuissant à faire quelque chose ?
– ça pose aussi la question : quand est-ce que l’on comprend qu’on arrive au bout d’une méthode ? Quand elle ne marche plus, il faut en changer.
– ce que j’ai vu c’est une révolte contre le dispositif, le cadre, l’espace scénique. Le fait que des personnes aillent sous la moquette, ça crée des bosses et du coup l’espace de liberté de la danse devient très rétréci. J’ai eu le sentiment qu’il y a eu un besoin de se révolter contre ce qui est mis en place dans cet espace scénique, le cadre en lui-même. C’est quelque chose qu’on avait déjà rencontré lors d’une danse forum du mois d’octobre dernier, qu’est-ce qu’on fait par rapport au cadre, si on veut être subversif par rapport à cela, et pourquoi et comment, et comment on s’en sort et qu’est-ce qu’on en fait ? qu’est-ce qu’on ne fait pas ? Etc.
– moi je n’ai vu aucune révolte, mais au contraire beaucoup de bienveillance. Peut-on se révolter contre des gens avec qui on se sent bien ?
– est-ce qu’il peut y avoir révolte sans radicalité ? Ici, c’est plus en terme artistique, quand on parle de radicalité du geste. Le geste radical, c’est le geste brûlant, qui est brut, visible, clair. Moi, je suis déformé, parce que je cherche la radicalité des propositions.
– je ne comprends pas pourquoi ça te déforme ?
– ça me déforme parce que j’ai l’esprit tourné vers ça.
– déformation professionnelle tu veux dire ?
– mon travail de metteur en scène, c’est de chercher cette radicalité. Et la question du cadre, elle se pose comme ça en fait. Du coup je me demande s’il peut y avoir révolte sans radicalité, mais dans plusieurs sens. Par exemple, choisir une couleur rouge plutôt qu’une couleur pastel. Un choix radical par exemple, si je veux peindre ma maison, est-ce que je mets du rose saumon parce que tout le monde le fait ou du rouge vif ? Mettre du rouge vif pour moi c’est un choix radical.
BILAN de la 1ere journée
– la forme de la danse forum est intéressante. Il y a de la transdisciplinarité. C’est un dispositif qui permet de travailler les idées et les questions, d’aller vraiment dans le sujet. Cela ne permet pas de produire un spectacle mais cela donne des bases pour réfléchir. Je suis fatiguée mais décontractée.
– on pourrait continuer 3 heures.
– c’est la première fois que l’on fait une danse forum en se servant aussi peu du thème sensitif.
DIMANCHE
Matin
Tout le groupe est présent sauf Moriane qui n’arrivera que pour 14h.
Eveil des sensations et éveil des muscles menés par Hervé.
Retours :
– Hervé : étirements, rotations, soulèvements, tremblements des bras et du dos, marches
– Lionel : jetés, lancer, tremblements, sauts, marches/arrêts
– Kaïtan : contorsions, rotations, étirements, je me suis plus concentré sur la partie haute du corps.
– Elisa : besoin de me réchauffer, recroquevillé, secouer bras et jambes, rouler sur moi-même.
– Gaëtan : mouvement en spirale lents et extensions
– Lionel : ondulations/tremblements
– Orzonie : contracté mais besoin de lâcher, redynamiser, étirements, besoin de frapper.
– Amélie : flexions/extensions
Choix du thème sensitif : EXTENSION
Avant le Temps de danse 1
Léa et Hervé ré-expliquent une des règles en danse forum.
Vu que la règle c’est de ne pas parler sur l’espace scénique mais qu’il est possible d’aller contre cette règle, de la transgresser uniquement si on en ressent le besoin.
En fait, on a eu le sentiment que la transgression était devenue la norme sur l’Espace Scénique (ES).
Voilà pourquoi nous avons décidé d’imposer ces règles de façon stricte pour la matinée, car on s’est dit que la transgression n’était transgression qu’à partir du moment où on a conscience de la règle : donc aucun objet ne rentre sur l’ES ; et parole, chant, musique, etc, ont lieu uniquement sur la Bordure Scénique.
TEMPS DE DANSE 1
Léa tilte
Retours :
– Léa : K entre par un coin. Musique indienne. Mouvements lents. L traverse un coin de l’espace. G fait une marche en allers/retours. K finit sa traversée. Main qui sort de l’espace scénique. H tape sur un tambourin. Sortie de de K. L entre en roulant et traverse au sol. K marceh avec G. H entre. Mouvements erratiques. L entre au sol. O traverse d’avant en arrière. L sort. K arrêt et envoutement avec H. H yeux fermés. G continue sa marche. K reprend la marche. L entre et marche. O entre sur scène et marche. A assise au centre. H lit un texte au micro. L sort. O fait des pas chassés sur la bordure scénique. K au centre avec A au sol. O à quatre pattes sur la bordure scénique, saute vers le centre. Duo entre K et A puis trio, puis diagonale dans l’espace. L entre et court en cercle. Lien entre les espaces. Entrée de H et entame une marche « interrogative ». G arrête de marcher, lève les bras. L sort et joue du mélodica. H sort. G s’ajoute à la chaine. La diagonale devient une ligne. H parle. L répond. Maracas. Déplacement de la ligne.
– besoin de juste dessiner, de regarder évoluer les gens entre eux. Pour agir, faut-il attendre le besoin de révolte ? Est-ce que le désir n’est pas assez fort ?
– la musique m’a appelée. Toute ma danse a été « aller ver » et « aller contre ». Comment aller vers sans aller contre ? Je me suis sentie beaucoup dans cette dualité vis-à-vis de moi-même aussi, de tendre vers et aussi de tendre vers l’opposé. Tendre vers la personne et s’en éloigner.
– Et comment tu ferais le lien avec le thème ?
– Je pense que ça reprend la danse d’hier où je me suis sentie très animale. Où je me suis posée la question de savoir si la révolte était instinctive, s’il y a toujours un instinct d’opposition qui reste, comme une espèce de peur, je ne sais pas. Tendre vers les autres et en même temps garder une protection, un refus de l’autre et me révolter contre la fusion avec l’autre, contre l’oppression que ça peut être aussi de vivre avec l’autre.
– j’ai cherché les interactions avec les gens sans y aller franco, par exemple en reculant sans vraiment voir où j’allais ; je me disais peut-être que j’allais tomber sur toi ou sur toi, ça m’aurait peut-être plu. Dans la révolte je me suis dit qu’il fallait que ce soit une base commune pour que ça marche aussi. Je vois plutôt la révolte comme quelque chose de commun.
– Léa propose un questionnement : est-ce que la révolte peut être individuelle ou collective ?
– elle est forcément individuelle mais c’est plutôt comment rendre la révolte collective ?
– refus d’interaction mais j’ai mimé les mouvements des autres.
– est-ce qu’il est bon de prendre conscience qu’on participe à un ensemble ? Que nos actes participent à un ensemble ? Et faut-il en passer par la communication directe (le regard, le langage verbal, le toucher) pour faire partie d’un ensemble ? Et quelle conscience on peut avoir de faire partie de cet ensemble ? Peut-on faire partie du même ensemble sans cette communication directe ? Est-ce qu’on ne peut pas trouver une complémentarité dans nos propositions pour créer un ensemble ? Plutôt que d’en passer forcément par la communication directe ?
Est-ce que le privé ne nuit pas à l’universel ? Le privé, c’est l’anecdotique pour moi, et l’universel, c’est ce qui nous rassemble. La petite histoire et la grande histoire. La petite histoire, c’est par exemple, je suis allé acheté du pain hier, tout le monde s’en fout, c’est anecdotique, privé.
– quels liens tu ferais avec les deux thèmes ?
– pour moi la révolte, c’est aussi prendre conscience de faire partie d’un ensemble, ce n’est pas que une révolte individuelle, c’est créer, c’est respecter un système, la biodiversité par exemple, c’est un système. Est-ce que le système est en équilibre ou ne l’est pas ? Du coup, comment tu te situes dans un système en équilibre, ou est-ce que tu viens le déséquilibrer parce que tu estimes qu’il n’est pas correct ?
Donc, quand tu rentres sur l’espace scénique, est-ce que tu as conscience que tu es en harmonie ou en complémentarité, ou en contrepoint ? Parce que tout est blanc, toi, par exemple, tu viens en noir parce que tu estimes que ça met de la profondeur. Et c’est cette conscience là d’être au monde, d’être sur scène qui est en lien avec cette conscience d’être au monde. Et c’est pour cela que je pose la question, si je suis au monde/sur scène seulement par l’anecdote, pour moi, ça n’apporte pas forcément quelque chose au monde.
– qu’est-ce que ce serait une révolte dans un silence collectif ? Pour aller dans le sens du thème sensitif, qu’est-ce que le silence apporterait comme torsion dans la révolte ?
– est-ce qu’il est bon de prendre conscience qu’on fait partie d’un ensemble ? Faut-il passer par la communication pour faire partie d’un ensemble ? Est-ce qu’on ne peut pas créer des propositions communes pour faire partie d’un ensemble sans communication directe ? Est-ce que le privé (l’anecdotique) ne nuit pas à l’universel (ce qui nous rassemble) ? Pour moi la révolte c’est prendre conscience de faire partie d’un ensemble.
– j’ai mis du temps pour rentrer sur scène. J’ai été regardeur. Je suis entré pour m’asseoir au milieu, pour écouter. Révolte et dualité. Assise. Au départ accueillante envers Kaïtan. Puis après il n’y a pas eu de mouvements de fuite mais des tensions. Reproduction de l’invitation avec Orzonie. On peut être à la fois dans la douceur et le tiraillement. Mouvements puissants. Est-ce qu’une révolte en appelle une autre ?
– il y a eu un trio de 3 personnes organique et juste.
– juste pour moi aussi parce qu’il y a eu attraction et révolution.
– il y a eu une extension de la ligne formée par 3 personnes. J’ai eu envie de me greffer à la ligne. La révolte c’était la marche. Si on perd sa révolte en marche, qu’est-ce qu’on fait ?
– j’ai essayé de me révolter avec la phrase d’Hijikata [« c’est en refusant de chercher le sens qu’on a le plus de chance de découvrir, comme par hasard, ce qu’on cherchait »] de me révolter contre le besoin de trouver du sens. J’ai illustré le thème sensitif. A quoi ça sert ? Est-ce que ça peut ouvrir d’autres portes ? Est-ce que la révolte appelle forcément du sens ? Est-ce qu’on a besoin de sens pour se révolter ?
TEMPS DE DANSE 2
Hervé tilte
Retours :
– Improvisation très passionnante. Atmosphère particulière. Les choses sont posées avant d’arriver. On envie de regarder et de voir ce qui va se passer.
– Je me sens triste. J’ai beaucoup lutter dans cette danse. J’ai essayé d’être une porteuse de vulve. Je me suis révoltée et j’ai viré les mecs. Pourquoi lutter contre ? Je regrette ma colère. Il y a un vide qui reste. C’était une colère impersonnellement dirigée. Est-ce que la révolte doit se faire sous une réflexion plus douce ?
– j’étais dans l’émotion depuis la lecture du texte. Un sentiment d’impuissance. J’ai essayé d’avancer péniblement mais j’ai avancé quand même, même si ça n’aboutit pas. J’ai le sentiment que la révolte ne mène à rien.
– A quoi servent les mots ? A quoi sert le silence ? J’ai vu « Dieu » arriver. J’ai ressenti l’idée de « Dieu ». Croire en Dieu sous toutes ses formes est-il pratique ? Croire au silence.
– Est-ce que la révolte vient parce qu’on a accès à l’histoire des oppressions ou est-ce que ça vient des tripes ?
– je suis restée sur la bordure scénique. Il y a eu une séparation nette entre les tapis. J’ai tenté d’incarner ces lignes. Je me suis promenée entre les 2 parties. J’ai ressenti de la violence et douceur. Elisa a cessé la relation. Je ne me suis pas reconnue dans les autres qui dansaient. Qu’est-ce que ça fait d’être passif dans une révolte collective ?
APRES-MIDI
Eveil des sensations et des muscles : Kaïtan
– omoplates. Tordre le dos. Les rouler. Propagation dans le bassin avec roulements et ondulations. Fluidité.
– mouvements de balancements du buste. Secouer le bassin. Torsions dans le buste.
– postures fixes puis étirements et torsions.
– enroulé, déroulé du dos. extension/torsions.
– plein/vide. Petit/grand.
– décomposition, dynamique, répétition
– violence de la musique
– immobilité. Observation.
TEMPS DE DANSE 1
Kaïtan tilte
Ecriture libre
TEMPS DE DANSE 2
Léa tilte
Retour de Léa :
Texte de L au micro. H met un livre au milieu de l’espace scénique. G joue de l’accordéon et ressort. K danse lentement. G au mégaphone avec l’accordéon. G traverse un coin et renverse les feutres sur l’espace scénique. M entre et les range. K entre. A prend des papiers et écrit sur scène un coeur. Bruit de tambourin au sol par H. A montre un coeur aux deux autres. G pose des livres sur l’espace scénique. A joue avec les feutres et les dispose en camaieux, comme un circuit. O entre et danse avec les livres. G danse au sol. K tient les papiers et les dispose. L fait une danse burlesque, baroque et va voir les regardants sur les bordures. K et L dansent les bras en l’air. M range les livres par couleur. Les coeurs ça m’écoeurent. G répond : corps encore. L jette les papiers. E danse dans le circuit. H tient un livre dans la main sur un coin de l’espace scénique debout immobile. A écrit sur un papier. M danse. O mange un papier, jette les feutres avec ses pieds. K immobile. H parle. K et M dansent et luttent. L attrape un pied de M. A donne des coeurs. G ramène une chaise. E fait une danse torturée en bordure scénique. C’est le chaos au centre. G marche. H toujours dans son coin. H lit un texte au micro. K et E dansent ensemble en bordure. A est assise. H entre et met ses mains autour de M. O et L font une danse excitée. H devient un pantin, une machine qui attrape le vide. E et M dansent avec les bras. Tout le monde danse avec les bras. H rigole et parle de la bordure. G fait l’animateur de soirée. L tient un coeur en l’air et n’a pas l’air content. H entre et montre son torse et se secoue. G tyrannique dans ses propositions . G omniprésent. L parle et marmonne. K et L se donnent la main.
Retours des autres :
– j’ai senti cette danse positive. J’en ai marre de chercher la révolte/colère. Quand il y a trop de noir tout peut être rose. Je me sens à l’aise dans le chaos. Comment porter/supporter les prises de conscience ?
– j’ai fait des tentatives de mettre de l’ordre. J’ai eu un sentiment d’hostilité envers cette volonté d’ordre. Je me suis sentie entravée, morte et j’ai senti ce poids des entraves très longtemps. Est-ce que ça du sens de vouloir l’ordre quand les autres veulent le désordre ? Y‑a-t-il du sens à vouloir de l’ordre dans un monde de désordre ?
– est-ce que l’amour adoucit la révolte ?
– est-ce qu’on peut instrumentaliser l’amour ?
– une fois que j’ai commencé à danser au milieu des feutres, j’ai eu le sentiment d’être en maternelle et j’en étais aussi consciente. Y‑a-t-il un âge pour la révolte ?
– j’ai eu envie/besoin de transgresser les cadres posés par les feutres (sur l’espace scénique, des feutres avaient été disposés les uns à côté des autres formant une grande frontière en ligne courbe). J’ai eu envie de faire des portes de sortie, de changer les combinaisons des couleurs et de changer le sens des feutres.
– qu’est-ce que ce serait une révolte dans un silence collectif ? Qu’est-ce que le silence dans la révolte apporterait comme torsion ?
– j’ai vu la barbarie de l’idée de bonheur (sur l’épace scénique) avec tous ces coeurs dessinés, que du marketing, du bonheur. C’est quelque chose qui me révolte profondément, comme on peut le voir à Brest, avec les affiches « les bonheurs de l’été », la pub qui utilise ça ; quand tu vois une maman avec son bébé, tu vois des coeurs, des fleurs, la St Valentin. Du coup j’ai eu envie de faire la roumaine qui demande de l’argent en phase de dialogue, du coup j’ai trouvé cela hyper-cynique dans l’ensemble. Comment retirer toutes ces affiches de merde ?
– pourquoi on ne se révolte pas contre les objets et leurs usages habituels ?
– j’ai eu envie de me mettre à poil pour exprimer la révolte mais je ne l’ai pas fait. Quand commence-t-on à s’émanciper de nos codes ?
– ça prend du temps, énormement de temps car y‑a plein de chose qu’on n’a pas osé faire.
– pourquoi est-ce qu’on aurait besoin de se foutre à poil ?
BILAN DU WEEK-END
– a été soulevé, sous forme de critique, le problème des temps de forum sans analyse ni commentaire, où Léa et Hervé ont imposé de ne faire que des descriptions des attitudes corporelles.
– je me sens bien, je voudrais bien continuer. De danse en danse ça devient de plus en plus intéressant. Ça commence à prendre sens. Les forums sont plus intéressants quand on a commencé à analyser. C’est important et nécessaire dans la construction d’avoir le regard de l’autre.
– j’ai eu de l’appréhension par rapport à la danse. Rien que le fait de danser, d’arriver à lâcher-prise est une forme de révolte, parce que j’arrive à m’écouter, à m’exprimer par le corps et à ne pas penser au lâcher-prise. Et quand j’arrive à m’exprimer de cette façon là, on transforme une colère en révolte et c’est plutôt positif. Les éveils étaient durs à retranscrire par les mots. Les improvisations sont bien amenées.
– la danse forum m’a permis de me poser beaucoup de questions sur le rapport aux autres, le contact, etc, toutes ces infimes petites choses auxquelles on ne fait pas forcément attention dans la vie de tous les jours. Je pense que tous les artistes devraient faire ce genre d’exercice. C’est appréciable que l’on puisse utiliser plusieurs médiums, qu’on soit libre de rentrer sur l’espace scénique quand on veut.
– je trouve ça bien (la danse forum) parce qu’il y a une prise de conscience de soi et des autres. Il y a prise de conscience de soi avec les éveils, puis les improvisations, les forums, ça évolue et je trouve que ça s’articule bien.
– [proposition de] tirer les thèmes (réflexif) au chapeau pour éviter la grosse discussion pendant le repas pour le choix du thème sensitif.
– mais la discussion pour faire consensus sur le thème, c’est aussi ce qui m’a permis d’avoir confiance dans le groupe, de voir qu’il y a des connivences, où chacun se positionne, me permet de lâcher-prise parce que je sais que si je ne sais pas vraiment ce que pensent les autres, que certains risquent de prendre mal ce que je propose, eh bien je n’essaye pas, je ne prends pas de risques.
– j’ai eu de la difficulté avec les éveils, dans la retranscription verbale, dû à un manque d’habitude de ce genre d’exercice et que j’ai du mal à me concentrer sur moi-même, mon esprit part toujours ailleurs.
– ce que j’apprécie dans la forme de la danse forum, c’est de ne pas forcément intellectualiser le processus de création, ce qu’on nous demande de faire constamment aux Beaux-Arts et que je ne supporte pas, parce qu’on nous demande de tout anticiper. Ce que j’aime ici c’est qu’on a un dispositif, une direction (les thèmes) et c’est ce qui permet d’explorer dans tous les champs. Je gardais en tête les deux thèmes, mais c’est vraiment de la recherche formelle et plastique.
Et il y a aussi cette question du spectateur, quand vous avez présenté le dispositif au début, que je ne retrouve pas du tout parce que j’ai l’impression d’être tout le temps spectatrice, car dans la forme de la danse forum le spectateur/regardeur est tout le temps extérieur, alors que moi j’ai pris le temps de m’arrêter au milieu de l’espace scénique pour regarder, et donc ce statut de regardeur est quasiment tout le temps plus ou moins présent, cela dépend de quand on veut se l’autoriser.
Et ce que j’aime dans cette forme c’est qu’elle convoque beaucoup d’outils, la danse, la voix, le dessin, la peinture, tout en fait. Et on se l’approprie comme on veut, il y a une base, et on transforme cette base comme on veut, même si on veut retourner la moquette de l’espace scénique. En fait en faisant cet acte de retourner la moquette, ça requestionne la scène et notre rapport au dispositif. Du coup il y a constamment une remise en question du dispositif pour moi. Ce que j’aime beaucoup c’est de ne pas intellectualiser un processus de travail, d’être vraiment dans la recherche, comme le dit cette citation d’Hijikata Tatsumi (affichée sur le mur par un participant) : « C’est en refusant de chercher le sens qu’on peut découvrir comme par hasard ce qu’on cherchait. »
– je suis assez bluffé de la liberté qu’il y a eu dans le groupe, composé de gens qui ne se connaissaient pas. Alors oui, il y a eu de la bienveillance, mais je pense aussi que tout le monde a pris des risques, donc s’est autorisé à risquer, et ça c’est hyper agréable à vivre. Moi, je l’ai vécu comme un espace de liberté et de lâcher-prise qu’il n’y a pas assez dans la vie sociale. C’est d’ailleurs aussi pour ça que je fais du théâtre. Mais je ne le trouve pas toujours forcément dans mon métier parce qu’on est plus dans une demande de construction et de production, et on se met la pression. Là, ce que j’apprécie, c’est de s’extraire de ce mode de production, de ces enjeux professionnels, économiques et tout ce qu’on veut, parfois narcissique même. Au moins on s’extrait de ça et on n’a pas d’obligation de résultats.
– au niveau des éveils ça ne me parle pas. J’ai besoin d’un alphabet plus précis pour pouvoir définir ce que sont « extension » « torsion » etc. Moi je l’ai pris comme une consigne, éveilles-toi, libères-toi et fais un peu ce que tu veux. C’est parce que je l’ai pris comme ça que j’ai pu les faire.
– moi les thèmes sensitifs je ne les utilisais pas tout le temps. Mais des fois pour lancer un mouvement, ou pour une réponse, comme on se sollicitait tout le temps, des fois tu ne sais pas comment répondre, alors moi je partais là-dessus pour faire une réponse. Des fois je perdais un peu pied et le thème sensitif venait ramener quelque chose en fait dans la présence et le mouvement.
– il faudrait pour les éveils qu’on soit sur un vocabulaire commun. Il y a des grammaires pour cela, pour décoder.
– je me pose la question par rapport aux impros ; est-ce que ça ne va pas s’épuiser si on n’en fait pas quelque chose au bout d’un moment ? Sur le temps d’un WE ça va. Mais je sais que j’ai pu faire des impros de ce genre pendant une semaine et au bout d’un moment, on se dit ok mais là, comment on va plus loin ? Je me demande si ce qui se passe dans certaines impros, c’est juste ou pas ? Par moment je sens que c’est juste mais je ne saurais pas de l’intérieur dire pourquoi ? Et je trouve que le regard extérieur, il est important pour déléguer l’intellect, d’une certaine façon, comme déléguer la personne qui réfléchit. Que ceux qui sont sur la scène soient dans ce lâcher-prise, cette liberté de proposition, mais qu’il y ait quand même un receptacle à un moment. Alors est-ce que c’est une, deux, trois personnes, est-ce que c’est un public, je ne sais pas. Mais je pense que le réceptacle, c’est-à-dire l’océan qui devient un miroir de ce qui s’est passé, qui dise : ça c’est juste de mon point de vue, ça ce n’est pas juste, ça c’est intéressant, ça mériterait d’aller plus loin, ça c’est autre chose. d’avoir des retours même limités, genre 5mn de retour et bam on recommence sans réfléchir. Mais simplement avoir cette analyse qui soit déléguée à quelqu’un d’autre. Qu’on ne soit pas, nous, dans l’analyse à l’intérieur, sinon ça va tout fausser et on va perdre cette liberté là. Ce qui m’intéresse c’est ce qui fait sens collectivement ; Il me semble que si on veut que ça aille plus loin, il faudrait en passer par là. Je pense qu’à un moment il faut prendre des photos de ce qui se passe, ou dessiner les scènes, pour se poser des questions autrement, voir qu’est-ce qu’on pourrait faire d’autres ? Faire cela pour fixer des chose afin qu’elles ne volatilisent pas. Afin que le silence du monde ne devienne pas du silence, mais que le monde nous entende.
– ça dépend de ce que tu attends de la danse forum. Si tu te dis que c’est une étape dans ton processus de travail, alors c’est juste une étape et tu en feras quelque chose. Mais si tu te dis que c’est juste un moment pour se poser des questions, alors c’est ça.
– ce n’est pas de ça dont je parle. C’est : qu’est-ce que je fixe pour que je puisse avancer dans ma pensée. C’est moi en tant que chercheur de quelque chose, je fais sens de ce qui s’est passé. Pour moi mettre en mot ce qui s’est passé, c’est passer de l’inconscient, de l’intuition au conscient. Et je trouve que si on ne reste que sur l’intuition, il y a un côté qui ne bouge pas, il y a quelque chose qui ne chemine pas.
– Je me sens bien, je suis très friand de découverte. J’ai travaillé en laboratoire un peu dans ce genre là pendant deux ans. Les temps de forum me laissent perplexe. Je ne sais pas si dire ce que l’on ressent est vraiment nécessaire. Par exemple on pourrait se laisser un temps seul, de vide, de rien, et on recommencerait après et il y aurait quelque chose de nouveau. Et ce temps de forum, je ne le saisis pas, je ne sais pas où on va avec ça, je ne l’ai pas compris. Je n’ai pas compris l’évolution des temps de forum. Je me demande pourquoi cette construction-là dans le dispositif ?
– très bon WE. Je suis très détendue tant au niveau physique que dans ma tête. Beaucoup de bienveillance et pas de jugements. De la confiance. Je n’ai pas de questions sur la danse forum. C’est intéressant de pouvoir prendre son temps et de voir comment les choses se mélangent. Il n’y a pas de choses bien faites ou mal faites, pas d’intellectualisation de ce qu’on fait. Cela permet de prendre du recul, de moins me prendre la tête. Les différents temps sont bien articulés. C’est une pratique qui est bien pour une prise de conscience de soi et des autres.
– très bon WE, comme une petite cure de rythme d’études. C’est très riche même lors des moments informels. Beaucoup de questions s’élèvent par rapport à mes études, au rapport à l’autre, au contact avec l’autre. C’est un exercice que tout le monde devrait faire. Il y a en danse forum une liberté appréciable et de la couleur.
– Pour moi ce n’est pas si important de réfléchir à un thème.
Article créé le 16/02/2020