Danse forum
→ Comptes-rendus des ateliers
Nous étions sept, dont cinq nouveaux.
Les sensations initiales allaient de la somnolence à la légèreté, à la lourdeur, au bien-être, à la tension jusqu’à la tranquillité. Ces sensations nous ont emmenés à des mouvements d’attraction au sol et des sautillements, des roulades qui massent à des promenades dans la salle, à des rebonds ou des enfoncements dans le sol.
Très rapidement on a parlé des forces contraires qui font qu’on peut se sentir léger par exemple, à condition de prendre appui sur le sol, rebondir, repartir vers le haut. Même les personnes qui étaient plutôt dans des énergies qui tirent vers la terre, le bas (lourdeur, somnolence, enfoncement) ont constaté la même chose, qu’à un certain moment il y a une force contraire qui surgit et nous ramène ailleurs, vers le haut. Le thème était donc très rapidement clair : « les contraires ».
Dans le forum, ces contraires se sont avérés à plein d’endroits différents, parfois là où on ne les attendait pas. Directions opposées dans l’espace, rythmes contraires, postures à l’opposé (verticale-horizontale) sans les forcer et parfois s’intervertissant puis souvent s’oubliant au milieu de tâtonnements, tourbillons et autres galipettes.
Puis soudainement un corps qui croise mon chemin, je me repose sur lui et je retrouve deux forces qui s’opposent, une qui pèse vers le bas, l’autre qui pousse vers le haut. Quel bonheur ! Ou dos à dos, puis mains contre mains, deux corps qui se tiennent par leur poids, deviennent porte, empruntée par un autre danseur pour rentrer, deviennent mouvement de tourbillon à deux puis chacun se perd dans une direction opposée. Le rebond était bien là aussi.
Qui sait pourquoi, d’un coup, dans un mouvement à deux ou même à plusieurs en parfaite harmonie, chemin faisant, l’un d’entre eux se dégage par un rebond, un contre-point, un sursaut pour trouver sa liberté. Comment une énergie tranquille peut d’un coup donner naissance à un mouvement rapide, contraire. Ou vice-versa. Les percussions du Trio Chemirani n’ont pas toujours eu un effet de mise en rythme rapide, le contraire était vrai aussi. Goûter à ces contraires est délicieux même si le thème au bout des quatre improvisations nous est apparu plus que par petits instants, mais bien précis, en tout cas pour moi.
La finale, inattendue, a été une impro de percussions par les pieds (contrasté par un mouvement lent et plutôt de serpent sur le haut du corps), émergé du silence de la fin du dernier morceau musical, d’une danseuse qui ne voulait pas s’arrêter – et tant mieux d’ailleurs. Le sol en immense caisse de résonance qui appelait d’autres pieds, d’autres temps. Morceau dansé et joué par nos pieds et nos corps qui s’est terminé avec le souffle balayant toutes les vibrations, traces et sons mais laissant place à un grand bonheur de toutes les petites merveilles qui s’étaient passées auparavant.
PS : le fait d’avoir vu Guillaume jokériser notre atelier de théâtre-forum d’hier soir à Lambesc m’a bien aidée aujourd’hui pour être plus claire, plus centrée dans la problématisation, même s’il y a encore beaucoup de chemin à faire. D’ailleurs, et je tiens à le dire, l’atelier d’hier où Guillaume nous a permis une sorte de « retour au sources » m’a bien plu et m’a permis d’avoir un autre regard sur cette pratique.
Johanna Bouchardeau
Article créé le 16/02/2020 – modifié le 10/06/2020