Danse forum
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!!Frontières Propagations et ricochets – 30/10/16
https://collectifsanstete.wordpress.com/frontieres-suite-30 – 10-16/
30 octobre 2016, 14h30-18h30, à la MJC de Pacé, près de Rennes.
Étaient présents : Brenda, Christian, Hervé, Léa, Lise, Maïana, Magalie, Nico, Robin.
Rédaction de ce CR : Léa.
Présentation de la danse forum par Hervé et Léa, complétée par Nico.
Léa mène l’échauffement
Retours :
Hervé : torsions et extensions du ralenti au plus rapide, sauts.
Léa : désarticulations, mouvements, contraires, mouvements perpétuels.
Christian : rotations avec différentes amplitudes avec l’ensemble du corps.
Nico : une sensation qui est restée tout au long centrale dans les organes du ventre, mouvements continus circulaires qui se sont propagés.
Maïana : appuis dans le sol, donner le poids, sentir l’appui, allongement, ouvrir un autre espace.
Brenda : restée au sol, pas de mots mais sensation bien là, langueur, lenteur, enveloppant, doux. Serpent ondulant, élastique.
Lise : balançements, enroulement, enveloppement, liquéfaction, relâchement, mouvement perpétuel mais relâché.
Magalie : balancements, extensions, étirements, poses fixes, je suis plutôt restée au sol.
Robin : torsions, entrelacements, plutôt lent avec des accélérations. Recherche d’ouverture, d’espacement.
Choix du thème sensitif : propagations et ricochets
Temps de danse 1 : Hervé tilte
Forum :
Lise : J’ai vu des corps isolés avec des frontières marquées. Yeux fermés, monde intérieur. Qu’est-ce qui peut permettre de sortir de son espace intime pour aller vers l’espace de l’autre ?
Hervé : Corps isolés, yeux fermés, sensation que les corps se cherchaient pour se familiariser avec musique, espace, corps des autres.
Qu’est-ce qu’on s’impose comme frontières mentales et physiques ? Quelles frontières, comment les dépasser ?
Léa : Quelle est la part de plaisir dans la recherche ?
Nico : Danse guidée par impulsion. Impression d’être dans le 1er degré : frontière scénique, ombre/lumière. Réflexion/regard sur moi-même « ça va avoir l’air de… ». Ça a parasité ma danse.
Magalie : Regard de l’autre posé sur soi. Besoin de temps pour s’approprier l’espace. Comment se libérer du regard de l’autre ? Quelle frontière est posée par le regard ? Image de la rivière crue/décrue.
Brenda : Très agréable, détachée du thème, a essayé de se raccrocher au thème à certains moments. Les mouvements apparaissaient, pas vraiment de maîtrise, micro mouvements. J’ai été agréablement surprise.
Christian : Choix de jouer ténu, sons minéraux, lenteur/accélération, ricochets sans y penser sur la cymbale, chaîne acoustique.
Maïana : Chercher un endroit où la danse part d’une sensation et pas du mental. Laisser le mouvement se faire. Les envies peuvent être motrices. Beaucoup de présences isolées. Pas facile d’aller « à la rencontre » même si on a envie. C’est quoi penser, pas penser ? À quel moment ça m’intéresse de penser ou pas ? Qu’est-ce qui permet de se mettre en lien avec l’autre tout en gardant son ancrage intérieur ?
Temps de danse 2 : Nico tilte
Écriture automatique de 5 minutes. Partage de ceux qui le veulent, lecture des textes sans commentaires des autres. (voir annexes)
Temps de danse 3 : Léa tilte
Léa : À la fin il n’y a plus que des garçons qui dansent. Ça m’a marqué. Pourquoi est-ce que je l’ai remarqué ?
Hervé : Espace entre les membres. Croisement avec d’autres corps : qu’est-ce ça bouge en tant que frontière ? Réflexion, envie d’aller réfléchir sur scène. À quoi ça sert tout ça ?
Lise : Trajectoires physiques puis tentative de faire des trajectoires invisibles, énergétiques. Voir ce qui me relie à l’autre, danser avec les énergies des autres.
Magalie : Ricochets entre musique, son, énergies, mouvements, plus de circulation, rapprochement des corps.
Nico : Signe à peine perceptible qui donne la direction aux autres. Parfois syncronicité, c’est alors plus mental. Quelle est la frontière entre les corps ?
Bilan de la journée/weekend
Nico : Thème réflexif. Jouer entre entrer/sortir/bordure assez fréquent en danse forum. Thème de la frontière renforce ça. Observation des danseurs, relation à la bordure. Il y a beaucoup de façon de la traverser différentes.
Hervé : 1ère danse forum où je n’arrive pas à sentir la relation avec le monde extérieur. Il m’a manqué quelque chose.
Lise : Comme on est danseur/acteur, dans les temps de forum on parle plus de sa propre recherche interne. Impression que la danse forum permettait de faire apparaître des choses de manière plus globale sur ce qui est donné à voir par l’ensemble des protagonistes à l’intérieur de l’espace scénique et à ses frontières. Le tilteur ne devrait-il pas porter ce rôle, lui qui est le seul à tout voir, qui serait de retranscrire la globalité de ce qui se passe lors d’un temps de danse ?
Nico : Le tilteur doit-il faire émerger différentes visions ?
Christian : Est-il important de voir la totalité ? Ce qui manque est à l’intérieur de nous.
Léa : J’étais plus connectée au thème hier, aujourd’hui plus l’impression d’être dans un microcosme.
Nico : Il y a la question récurrente de l’avancée collective sur un sujet. Si on ne se pose plus cette question c’est qu’on fonctionne par automatisme. J’ai pas vu un microcosme mais ça dépend de chacun. 3 types de frontières : entre les corps, les états des corps, les frontières à l’intérieur du corps. Les frontières sont faites pour être un terrain de jeu privilégié, principe de les discuter, de les tester, de les transgresser. Même si une frontière ne change pas, sa manière d’être gérée change, la manière de les traverser aussi. Danse forum : la frontière consiste à fixer des liens et à les changer en frontière.
Magalie : La frontière permet de créer la rencontre.
Christian : Mouvements fugitifs dont on ne connaît pas l’impulsion. Sensation que c’est plus évident dans la musique.
Magalie : Moments de « télépathie ».
Christian : Il est intéressant d’avoir la possibilité d’être acteur, spectateur quand on veut. Retour sur soi, cheminement, passer les moments d’ennui. Présent dans le faire et le pas faire. Pouvoir passer d’un rôle à l’autre. 1er jour : c’était long les mots. J’ai apprécié l’écriture automatique.
Magalie : Rester dans la continuité de l’énergie.
Lise : Plus poétique, moins analytique. Chouette mais en même temps, est-ce que ça nous a pas éloigné du thème ? Hier les temps de forum longs m’ont permis de cheminer. Peut-être si l’écriture venait au début…
Brenda : Écriture automatique très poétique, ça m’a interpellée parce que pour l’avoir pratiqué en général c’est plus analytique. Qu’est ce que ça nous raconte sur la société ? Qu’est-ce qu’on vient faire ensemble ici ? À quel point ça va nous changer ?
Hervé : On cherche à revenir aux mots parce que c’est ce qu’on connaît le mieux. Intérêt de la danse : problématiser autrement qu’avec le langage verbal. On est là pour essayer de réfléchir d’une autre façon.
Nico : J’aime bien l’écriture automatique, mais j’aime avoir cette option de communication donnée par les temps de forum.
Maïana : Question sur le fonctionnement du groupe. Groupe, ou pas groupe ? Toujours ouvert aux nouveaux ? Un groupe fixe permettrait de s’approprier l’outil de manière plus intéressante. Comment on prend en compte la parole des uns et des autres ?
Nico : Idée qu’il y aurait 2 types de dates un pour les « initiés » et un pour les « nouveaux ». Pour être à l’aise sur tous les rôles, il faudrait que le groupe reste fermé un temps.
Rajout d’Hervé a posteriori
Nous avons testé une nouvelle façon de faire le forum.
Au lieu d’utiliser toujours les retours verbaux, qui sont souvent remis en question – trop de mots qui cassent la recherche en danse, trop lourd, trop long, trop de glissements sur l’analytique au lieu de s’en tenir à l’observation, trop de commentaires – nous avons utilisé l’écriture automatique avec un temps chronométré de 5 mn. Ce procédé n’a été utilisé qu’une fois au cours d’une aprè-midi, les autres fois, nous avons gardé la formule des retours verbaux habituels. Nous avons ensuite proposé de lire ou de ne pas lire ce que nous avions écrit.
Il se trouve que l’écriture automatique « fonctionne », elle a permis au groupe de moins s’étendre sur les commentaires analytiques et de ne pas perdre l’élan de la danse, ceci étant dû au temps très court volontairement imposé : 5mn. Nous nous sommes rendus compte que l’écriture automatique apporte une poésie que les retours verbaux n’apportent pas forcément, et permettent tout autant de relancer la problématique travaillée. Il me semble qu’elle a permis à chacun d’entre nous d’avoir un regard sur le temps de danse écoulé différent et enrichissant de par le fait de ne pas tomber dans la discussion mais de rester dans la description que chacun en fait lors de la lecture de que nous avons écrit. Elle permet également de se laisser aller notre imagination, donc notre créativité ; certains écrits étaient surréalistes et m’ont donné (cela n’engage que moi) des idées de danse, de confrontation aux thèmes, que je n’aurais peut-être pas eu sans le recours à ce média.
« Tout le monde devrait écrire pour soi dans la concentration et la solitude : un bon moyen de savoir ce que l’on sait et d’entrevoir ce que l’on ignore sur le mécanisme de son cerveau, sur son pouvoir de captation et d’interprétation des stimuli extérieurs. »
Georges Picard in « Tout le monde devrait écrire », éditions Corti, 2006.
Article créé le 16/02/2020