Danse forum
→ Cheminement de la danse forum
!! Avant-propos à une danse forum publique – juillet 2007
Voici les différents points que j’ai abordés lors de l’introduction à la représentation publique du 7/7/07 au festival du « Plus Beau Théâtre du Monde » (voir liens), avec quelques compléments de notes.
’’’A – La danse forum est née en 2005.’’’
Il nous a fallu une année d’incubation. Nous dansions en recherche
du mouvement « juste », et avec l’idée de la danse forum, sans savoir
par où la prendre.
C’est Elsa Bonal, lors du premier festival du PBTM de 2005,
qui nous a invités à en montrer les prémisses : une danse forum
impromptue, qui s’essayait tout en s’élaborant, avec au départ un
seul danseur, un joker qui perdait tous ses repaires mais pas ses
moyens, et des spectadanseurs qui ne savaient pas encore qu’ils
allaient s’appeler ainsi. Je raconte cet événement totalement
improvisé et « pourtant » fondateur dans : http://wiki.leti.lt/pmwiki.php?n=DanseForum.AvantPremiereDeDanseForum
’’’B – Depuis, l’atelier de Lambesc poursuit ses recherches.’’’
Le théâtre forum nous a naturellement beaucoup influencé.
Nous aurions pu faire un copié collé du théâtre à la danse. Je pense
que cela aurait été possible sans présenter de
difficultés majeures : il suffisait de gommer peu à peu le côté
expression orale, de développer la gestuelle. Avec l’expressivité de
la danse, et ses capacités d’illustration narrative, la danse forum
pouvait s’inscrire en continuité presque parfaite avec le théâtre
forum.
Entre théâtre, danse et TF, les influences sont multiples. En Italie, par exemple, une troupe de danse s’inspire du TF, en « Danse-théâtre ». Le « Choreographic Theatre Michelina Capato Sartore » donne des
stages internationaux, dont un a lieu ces jours-ci en Espagne. Je traduis, à partir de l’anglais, le texte qui est lui-même une
traduction de l’italien :
« Nous nous focaliserons sur un travail physique de danse-théâtre, où
nous trouverons une relation entre la chorégraphie, les émotions et
le texte, de façon à pouvoir lire les images avec différentes
interprétations et significations, ce qui permet au public de
participer au processus créatif.
A partir d’une chorégraphie impulsive, nous verrons comment détecter
les conflits dans un groupe, et quoi en faire en danse-théâtre. Nous
travaillerons également la libération de la voix à partir du corps et
du mouvement, et nous verrons comment appliquer la méthode à
différents groupes. »
(Choreographic Theatre Michelina Capato Sartore (Italy) :
We will focus in a physical work of theatre-dance, where we will find a
relationship between the choreography, the emotion and text, making possible
to read a different interpretations and meanings of the images that turns the
audince as a participants in the creative process. From the impulsive
choreography, we will see how to detect conflicts in a group and how to
manage them from the dance-theatre. Also it will be worked the liberation of
the voice with the body and the movement, and we will see ways to apply the
method with different groups.)
- Mais, depuis le début, nous avons voulu utiliser la danse comme un medium à part entière,
’’’une danse autonome’’’, qui ne soit pas du théâtre muet, dansé, ni du
mime.
- Pour cela, nous avons été amenés à considérer les « spécificités de
la danse ». Elle se base sur trois dimensions : le temps, l’espace et
le poids/intensité. Ce sont des notions abstraites, en cela qu’elles
ne racontent pas une histoire.
De plus, nous nous sommes tournés vers une approche plus
« contemporaine » de la danse, qui se veut ni illustrative ni
narrative. Merce Cunningham résumait cela en disant : « Dance is
motion, not emotion. »
Nous commençons à nous inspirer des avancées comtemporaines des
autres arts (poésie, peinture, musique, cinéma, photographie).
Nous pourrions appeler une telle danse : la « poésie du non-dit », qui
opère une mise à distance entre l’œuvre et le spectateur. Celui-ci a
ainsi l’espace pour re-créer l’œuvre qu’il voit, en une « création
seconde ». C’est le concept du « Dhvani », ou « suggestion créatrice »,
développé au 7° siècle avant notre ère au Cashmire par Abhinavagupta
et les artistes de différentes disciplines venus le rejoindre, pour
élaborer ensemble les « Théories de l’esthétique ».
- Pour commencer à approcher la danse avec cette exigence, nous avons
été assez vite amenés à ’’’sortir des stéréotypes’’’ qui rimaient avec
facilité :
a) Nous avons d’emblée renoncé à imiter un style de danse, qu’il soit
folklorique, classique, néoclassique, moderne ou contemporain etc.
b) Nous avons eu à nous réapproprier la danse, avec le corps que nous
avons, ses tensions, limites et incapacités. Nous reprenons à notre
compte le parti pris d’Augusto Boal : « Pour danser, il n’y a pas
besoin d’être danseur. C’est en dansant que l’on devient danseur. »
- C’est à partir de là que nous avons commencé à avoir des ennuis…
Car enfin, comment faire un forum à partir d’abstraction et de suggestion ?
Et cette autre question se pose à nous à chaque instant : par quoi
sommes-nous guidés, sans style à imiter ?
- Au fur et à mesure de nos recherches, nous avons commencé à voir se
dessiner deux pistes.
*’’’1 – Se relier aux sensations ’’’
Fruit de notre Histoire et de notre histoire, de notre présent et du
futur tel que nous l’imaginons, la sensation nous apparaît comme une
source infinie de créativité. Elle est l’interface entre le monde et
soi, elle est le moyen de percevoir le monde et donc de le recréer en
soi. Sans perception, le monde n’existe pas.
La sensation est l’interface entre physique et mental, conscient et
inconscient, volontaire et involontaire. C’est par la sensation que
le danseur peut avoir accès à l’involontaire et à l’inconscient.
La sensation offre de nombreux avantages : elle évite la
psychologisation facile, elle développe l’imagination et les
émotions, qui nourrissent à leur tour la sensation. C’est un cercle
vertueux, où le retour à la sensation permet de relancer le mouvement.
Enfin, l’accueil inconditionnel de la sensation, observée sans être
modifiée, laissée libre d’évoluer, nous met en accord avec nous-mêmes
et avec les autres, et donne l’espace pour une réconciliation.
Nous cessons de projeter un idéal après lequel il nous faut courir
sans jamais vraiment pouvoir l’atteindre. Nous partons de ce qui est
et de comment nous sommes, de là où nous nous trouvons.
*’’’2 – Le « moment décisif »’’’
Développé par Georges Braques, Henri
Cartier-Bresson et Robert Bresson, le moment décisif est cet instant,
qui peut durer, où le peintre/photographe/cinéaste/danseur ne pense
pas le geste avant de le faire. Dans l’infini des possibles qui
s’ouvre à lui, un seul geste va s’imposer comme une nécessité. C’est
un outil d’improvisation créative.
On n’entend pas le danseur penser, on danse avec lui.
’’’C) Concrètement, comment se passe la danse forum ?’’’
*La mise en route des danseurs nous apparaît primordiale.
*Emergence du thème.
*Problématisation par les spectadanseurs, etc.
Voir l’article : http://wiki.leti.lt/pmwiki.php?n=DanseForum.LaDanseForum
Andréine Bel
Article créé le 16/02/2020 – modifié le 10/06/2020