Cheminement

Bilan Danse forum au PBTM enregistré


Danse forum
Che­mi­ne­ment de la danse forum

!!Bilan de la DF du 7/7/07 enre­gis­tré



Le fes­ti­val du PBTM a été « un écrin » pour la danse forum. Cette
repré­sen­ta­tion a mar­qué un pas, et a nour­ri notre dis­cus­sion du 6
août 2007 à Venelles.

Cette réunion a été enre­gis­trée et voi­ci sa trans­crip­tion, par Nadine et par Andréine. Je mets entre […] ce que j’ajoute à la rédac­tion.

Par­ti­ci­pants à la réunion : Andréine, Ber­nard, Elsa, Johan­na, Ken, Leo­nar­do, Nadine

Les divers points abor­dés :

1) Com­prendre pour­quoi le forum du 7 juillet 2007 a « mar­ché »

- Nous avons eu la pos­si­bi­li­té de faire une pré­pa­ra­tion longue et en
toute quié­tude.

- Notre public était un groupe de théâtre en tra­vail depuis cinq jours.

- Nous avons impro­vi­sé la struc­ture au fur et à mesure, en nous
adap­tant à ce qui se pas­sait et aux besoins res­sen­tis.

- Nous avons eu plai­sir à dan­ser.

2) Liste des points aux­quels nous tenons en DF

- Prendre le temps et avoir un lieu pro­té­gé.

- La liber­té de par­ti­ci­per ou non, de s’impliquer cha­cun à sa mesure
et à sa façon sans avoir à se jus­ti­fier et sans que cela ne gène
qui­conque.

- Le non-juge­ment, allié à l’évaluation de ce que nous fai­sons. Le
non-juge­ment des per­sonnes.

- La créa­tion d’un espace de créa­ti­vi­té plu­tôt que d’un modèle.

- L’exercice de l’esprit cri­tique, dans la forme comme dans le fond.
Édu­ca­tion du regard.

- Accor­der autant d’intérêt à l’art de la danse qu’au forum.

- Par­tir de là où l’on est, de com­ment on se sent, de ce qui se passe
pour nous et autour de nous.

- Le mini­mum et le suf­fi­sant : une recherche constante.

3) La DF comme acte poli­tique

- Récon­ci­lia­tion de la danse avec la poli­tique et l’inverse.

- Réapro­pria­tion et déve­lop­pe­ment de nos exper­tises.

4) Arti­cu­la­tion du thème avec le besoin

Un lien appa­raît entre l’accueil incon­di­tion­nel des sen­sa­tions et la
réponse aux besoins per­çus à tra­vers les sen­sa­tions. [Une ten­sion,
par exemple, est déjà à la fois l’expression et la réponse au besoin
de cohésion/recentrage de l’organisme.] Lorsque l’envie tient compte
du besoin, elle a plus de chance d’être com­blée.

Pour aller des sen­sa­tions au thème, nous pas­sons par les besoins.
Nom­mer les besoins fait res­sor­tir les pro­blèmes, ou du moins ce qui
est impor­tant pour nous à ce moment-là. En n’élaborant pas le thème
en amont, mais en le lais­sant se déve­lop­per selon nos besoins, nous
avons plus de faci­li­té à ce que que le thème ne devienne pas
illus­tra­tif.

5) Exer­cices, exper­tise et tech­nique

Jusqu’à il y a six mois envi­ron, nous essayions de nous mettre en
condi­tion par des exer­cices pour gui­der, déve­lop­per la sen­si­bi­li­té,
explo­rer, faci­li­ter les mou­ve­ments, sou­der le groupe, le dyna­mi­ser,
évi­ter l’illustration…

Nous avons peu à peu éla­gué tout cela, pour per­mettre deux pro­ces­sus
d’auto-apprentissage. Le pre­mier est celui de « l’infra-technique »,
à tra­vers l’exploration de nos sen­sa­tions comme source d’inspiration
de la danse comme du forum. Le second concerne la pré-expres­si­vi­té,
comme vivier de tech­niques ajus­tées à nos besoins indi­vi­duels et de
groupe. [Ain­si, on ne pose pas la tech­nique en pre­mier, elle naît de
la danse et de son forum.]

Dans cet appren­tis­sage, l’expertise est éla­bo­rée ou par­ta­gée de façon
coopé­ra­tive, elle n’est pas concen­trée dans les mains d’un ensei­gnant
sup­po­sé savoir, avec d’autres pour rece­voir. C’est une façon, pour
notre groupe, de ren­for­cer les indi­vi­dua­li­tés et les exper­tises, au
lieu de les nive­ler par le bas, comme cela peut arri­ver dans les
col­lec­tifs.

Nous avons décou­vert qu’il suf­fi­sait pour nous d’intégrer les
contraintes (musiques, consignes etc.) comme des élé­ments
envi­ron­ne­men­taux pour pou­voir res­ter reliés à nos sen­sa­tions et à
l’instant.

Le besoin se fait sen­tir pour nous d’une approche tech­nique plus
déve­lop­pée pour la danse. Elle gar­de­rait cette exi­gence cri­tique qui
nous est chère.

Nous recher­chons en fait un équi­libre et un lien entre deux pôles :
celui axé sur l’involontaire, l’intuitif, et l’autre sur le
volon­taire, le rai­son­ne­ment. [Les sen­sa­tions fai­sant le lien entre
ces deux pôles]

L’involontaire n’annihile pas la volon­té ou la déci­sion ; c’est plus
quelque chose auquel on donne voix à un moment don­né. Redon­ner voix à
l’involontaire enri­chit le volon­taire, lui donne relief, saveur,
pro­fon­deur. [et vice ver­sa.]

6) Rôles pen­dant l’atelier

Déter­mi­ner qui fait quoi à chaque ate­lier nous semble impor­tant, sans
que le chan­ge­ment ne devienne sys­té­ma­tique.

Prendre des rôles dif­fé­rents au long des ate­liers per­met d’avoir
plu­sieurs angles de vue, cela éduque et libère le regard cri­tique.

7) Le pro­blème de la pro­blé­ma­ti­sa­tion

Nous nous aper­ce­vons peu à peu que pro­blé­ma­ti­ser ne revient pas à
décrire le pro­blème en une phrase ou deux, comme nous nous y
exer­cions pen­dant les ate­liers à la suite des impro­vi­sa­tions. Ce
n’est pas non plus avoir la réponse avant la ques­tion, selon le
sché­ma du pré­sup­po­sé idéo­lo­gique. En fait, nous fai­sions de la « pro­blé­ma­to­lo­gie » : toute affir­ma­tion amène une ques­tion, donc il « faut » cher­cher les ques­tions, et en amont, trou­ver la pro­blé­ma­tique.
Nous en arri­vions à gom­mer la com­plexi­té en l’arrangeant à notre
goût, et nous ver­sions dans l’illustration.

Éla­bo­rer les ques­tions nous obli­geait aus­si à « reprendre »
l’improvisation à par­tir de la pro­blé­ma­tique, au lieu de béné­fi­cier
de son che­mi­ne­ment et d’ajuster nos mou­ve­ments à notre res­sen­ti.

« Notre » danse est basée sur la sen­sa­tion de l’instant, fruit de
notre his­toire pas­sée, pré­sente et à venir : il n’y a ni rai­son ni
néces­si­té à reve­nir en arrière dans le dérou­le­ment de la danse mise
en forum. [Chaque inter­ven­tion, par­lée ou dan­sée, fait avan­cer le
maté­riau (danse impro­vi­sée) à par­tir duquel nous pro­blé­ma­ti­sons.]

A St Michel, nous avons com­men­cé, avec le public, à tou­cher du doigt
le pro­ces­sus réflexif de la pro­blé­ma­ti­sa­tion, tel qu’en parle Pau­lo
Freire : évé­ne­ment > réac­tions indi­vi­duelles > réflexion coopé­ra­tive
par rap­port aux réac­tions indi­vi­duelles > action > évé­ne­ment etc.

Réflé­chir à nos réac­tions nous en apprend plus que si l’on essayait
d’analyser l’événement pre­mier. Pour­quoi un tel fait ceci ou cela,
on ne le sait pas ! On ne connaît pas sa vie, ni les élé­ments
déter­mi­nants, et ce n’est pas ce qui entre en compte dans la
pro­blé­ma­ti­sa­tion. Par contre, réflé­chir sur nos réac­tions à un
évé­ne­ment, réac­tions émo­tives, intel­lec­tuelles, cultu­relles etc.,
nous per­met d’apprendre quelque chose sur nous-mêmes et notre
envi­ron­ne­ment. [Déve­lop­per des outils et exper­tises, et voir com­ment
arti­cu­ler l’action que nous allons mettre en œuvre sur la scène comme
dans la vie.]

8) Les emprunts au théâtre forum

Les spé­ci­fi­ci­tés de la danse font que cer­tains emprunts au théâtre
forum se sont révé­lés assez vite inadap­tés. Celui de ne lais­ser
entrer sur scène qu’une seule per­sonne à la fois nous a long­temps
frus­tré, jusqu’à ce que nous nous aper­ce­vions que la danse n’est pas
linéaire comme le verbe : elle demande à être inves­tie sur plu­sieurs
dimen­sions, spa­tiales comme tem­po­relles.

[C’est d’ailleurs pour cela que la pro­blé­ma­tique aus­si ne peut
s’accommoder d’un dérou­le­ment linéaire, auquel nous essayions en vain
de nous réfé­rer. Le retour aux sen­sa­tions et à la neu­tra­li­té des
trois dimen­sions du mou­ve­ment (temps, espace et poids) rend sa
liberté/versatilité d’interprétation au dan­seur, comme au
spec­ta­dan­seur qui est ame­né à recréer l’œuvre à sa façon.]

Elsa nous a fait remar­quer que, aupa­ra­vant, nous uti­li­sions
l’opposition « pro­ta­go­niste /antagoniste », et que nous l’avons
aban­don­née… Cela s’est pas­sé sans que nous en ayons vrai­ment
conscience.

Augus­to Boal insiste sur la sim­pli­ci­té et la clar­té de la mise en
scène de départ, quitte à uti­li­ser des sté­réo­types. La sub­ti­li­té et
la com­plexi­té sont intro­duits par les spect’acteurs. [ En danse
forum, nous nous ren­dons compte que les sté­réo­types ne font pas bon
ménage avec une danse selon « l’instant déci­sif », les sen­sa­tions
etc. Com­ment rendre la danse claire et simple sans ver­ser dans les
sté­réo­types est un vrai pro­blème pour nous.]

[A St Michel, cette remarque d’une spec­ta­dan­seuse, de la lisi­bi­li­té
néces­saire de la danse, nous a sem­blé très per­ti­nente. Com­ment
assu­rer la « lisi­bi­li­té » de la danse, com­ment l’articuler sans
ver­ser dans le « dis­cours » est une néces­si­té qui s’impose à nous peu
à peu.]

A pre­mière vue, en danse forum, la danse semble pri­mer, et en théâtre
forum, ce serait la pro­blé­ma­tique. [Mais cette lec­ture est liée pour
moi à la com­plexi­té de la pro­blé­ma­ti­sa­tion en danse. Nous cher­chons
plu­tôt, il me semble, un équi­libre entre la danse et le forum.]

Andréine Bel

Article créé le 16/02/2020 – modi­fié le 10/06/2020

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