Ateliers Ille-et-Vilaine

Désintégration et recomposition (1)


Danse forum
Comptes Ren­dus des Ate­liersIlle et Vilaine

!!De la dés­in­té­gra­tion à la recom­po­si­tion Se mettre en marche – 27/11/16

https://​col​lec​tif​sans​tete​.word​press​.com/​d​e​s​i​n​t​e​g​r​a​t​i​o​n​-27 – 11-16/

14h – 18h, MJC de Pacé.

Pré­sents : Chris­tian, Eléo­no­ra, Her­vé, Léa, Lise, Louis, Maga­li, Maïa­na, Nico.

Rédac­tion de ce CR : Her­vé Maron­giu.

Thème réflexif pro­po­si­tions :

- trans­for­ma­tion, muta­tion, méta­mor­phose, dés­in­té­gra­tion, recom­po­si­tion, aban­don, migra­tion, trouble, deve­nir, chute.

Thème réflexif choi­si : de la dés­in­té­gra­tion à la recom­po­si­tion

Maïa­na décide de par­tir après le choix du thème réflexif. Elle nous enver­ra un mail 2 jours plus tard nous expli­quant pour­quoi elle décide de quit­ter le groupe Danse Forum.

Nico mène l’échauffement

Retours :
- marche, com­battre

- tor­sions, rythme lent, rapide, sac­ca­dé, extension/relâchement

- pâteux/marche

- marche, jeu sur l’appui, rota­tion, tou­pie, arrêt, plié jambe, lan­cer devant/derrière, mou­ve­ment

- dilu­tion, contra­dic­tion, s’étirer, s’agiter

- défaire par l’étirement, la com­pres­sion, marche, élas­tic

- mou­ve­ment de fer­me­ture, contrac­tions douces, appuis au sol et entre dif­fé­rentes par­ties du corps

- marche, besoin d’ancrage au niveau du sol, balan­ce­ments, rota­tion, éti­re­ments, expan­sion

Choix du thème sen­si­tif : com­ment se mettre en marche ?

Temps de danse 1 : Her­vé tilte

Léa : Suite à la der­nière DF : quelles sont les fron­tières que je me pose ? Dedans-dehors ?

Her­vé : L’espace sonore a été très pris par la bat­te­rie (Chris­tian), qui a vrai­ment mis en marche [quelque chose]. Les ryth­miques de la bat­te­rie m’ont fait pen­ser au thème « dés­in­té­gra­tion, recom­po­si­tion ». J’ai vu des corps qui se sont mis en marche. Qu’est-ce qui nous met en marche ?

Eléo­no­ra : Cette ques­tion me fait pen­ser aux res­sen­tis que j’ai eus en dan­sant avec les corps et la musique. C’était une espèce de vio­lence, conflit, même si à un moment je vou­lais sor­tir de ça pour éta­blir d’autres types de liens, phy­si­que­ment, c’était très dif­fi­cile. Est-ce que se mettre en marche doit for­cé­ment pas­ser par le conflit, la vio­lence, le déchi­re­ment ? En sachant qu’il y a aus­si un côté libé­ra­toire de puis­sance, je l’ai res­sen­tie comme ça et je l’ai plu­tôt bien vécue.

Louis : J’ai vécu une sorte de grand bouillon­ne­ment, cham­bar­de­ment, pluie de coups, comme si ça fai­sait des bulles en moi. Je tré­pi­gnais juste en amorce de la ligne (tra­cée au sol). Je me suis deman­dé, avant que ça com­mence, est-ce qu’on va par­tir en cou­rant, com­ment on part, com­ment on démarre ? Je tré­pi­gnais mais n’arrivais pas à avan­cer ou à ren­trer, ce qui fait que je me suis retrou­vé dans une espèce de transe immo­bile. Est-ce que pour se mettre en marche il faut déjà avoir com­men­cé à bou­ger ?

Léa : C’est aus­si la ques­tion que je me suis posée au début. J’avais très très envie d’y aller, de répondre à la musique, mais en même temps, j’étais et je suis dans un état un peu pâteux où je ne me sens pas d’aller sau­ter, cou­rir etc. Donc, com­ment je me mets en marche, com­ment je me mets à ram­per ? Parce que j’ai envie de répondre à la musique, mais en même temps dans l’état où je suis je ne peux pas. Com­ment arri­ver à com­bler le déca­lage qu’il y a entre l’esprit et le corps ? Com­ment les réunir ?

Lise : Je rejoins assez bien tout ce qui a été dit. J’ai vécu la mise en marche comme quelque chose de très com­pli­qué, très dif­fi­cile. Savoir com­ment arri­ver à se mettre en marche avec cet ins­tant d’avant qui mobi­lise la tête sans que le corps agisse, cette attente du corps par rap­port au men­tal. Et puis une fois que c’est lan­cé, le corps prend le des­sus et il n’y a plus de men­tal et c’est une sorte de libé­ra­tion pour moi, mais avec une réelle dif­fi­cul­té de la mise en marche. Donc la ques­tion reste pour moi : com­ment se mettre en marche ?

Nico : Je crois que là, on a une vraie rela­tion corps-esprit dans toutes vos ques­tions. Je ne vous ai pas beau­coup regar­dé, pas très atten­ti­ve­ment. J’ai pas mal des­si­né ou regar­dé ma feuille, ce que je ne fais d’habitude. En fait, ce que vos ques­tions me posent comme ques­tions par rap­port à ce que j’ai vu et ce que j’ai fait, c’est : est-ce que c’est plus sou­vent la mise en marche du corps qui met en marche le men­tal, ou l’inverse, est-ce que les deux se valent, ou pas ? Parce qu’au début moi je vou­lais bien y aller mais c’était le corps qui ne se met­tait pas en marche. Par contre quand le corps est en marche, là il y a des idées qui viennent. Pen­dant que je des­si­nais, j’avais envie de dan­ser mais j’étais déjà en train de des­si­ner, et quand j’ai arrê­té de des­si­ner je n’avais plus envie de dan­ser.

Louis : Ca pose la ques­tion de se remettre en marche ? Dès qu’on s’arrête, la ques­tion se repose.

Nico : J’ai enten­du une émis­sion où on disait qu’on fai­sait de moins en moins de gestes variés et que ça appau­vris­sait les capa­ci­tés de réflexion et ça expli­quait aus­si une grosse hausse de l’illétrisme en France ces 20 der­nières années, enfin bref… C’est le lien entre le geste et la pen­sée.

Chris­tian : De ma place de musi­cien, c’est inté­res­sant de voir que quand on joue un truc qui n’est pas très fort mais qui donne de l’énergie, vous êtes confron­tés à quelque chose [en vous] où il n’y a pas d’énergie, où ça ne bouge pas. C’est-à-dire qu’on se dit : là on joue, et on se dit je conti­nue ou je ne conti­nue pas ? Qu’est-ce qu’il faut pour que ça démarre, jus­te­ment ? Et puis je me suis dit je conti­nue à jouer et puis c’est par­ti. Et cela m’a per­mis de repar­tir sur quelque chose de plus ryth­mique, moins free, et après je suis repas­sé à quelque chose qui cas­sait le rythme. Je me disais, ce qui fait démar­rer, c’est pas for­cé­ment la musique. Ca pose une autre ques­tion. La ques­tion du démar­rage ça va cher­cher pro­fond.

Louis : Sur quoi prendre appui ?

Chris­tian : Faut-il prendre appui sur quelque chose ? Pour démar­rer, ne faut-il pas lâcher car­ré­ment ? On par­lait d’abandon, est-ce que le démar­rage n’est pas un aban­don fina­le­ment ?

Eléo­no­ra : Après, de toutes manières, c’est for­cé­ment un aban­don de quelque chose, dès que tu fais une action…

Her­vé : Mais on n’en est pas for­cé­ment conscient non plus. Le conscien­ti­ser per­met d’ouvrir d’autres portes.

Léa : Pour moi, il y a deux sens dans l’abandon : le fait de lais­ser quelque chose, d’abandonner quelque chose ; et s’abandonner, le fait de se lais­ser aller, comme on dit « s’abandonner dans les bras de quelqu’un »…

Maga­li : J’ai été essen­tiel­le­ment obser­va­trice. J’ai eu du mal à me lan­cer parce que, par exemple, le fait qu’on soit tout de suite dans l’ampleur de la bat­te­rie, ça m’a inhi­bée. Mais je pense que c’est incons­cient, car je me suis dit que mon corps, mes mou­ve­ments, ce que je vais pro­po­ser ne va pas être à la mesure de l’ampleur de la bat­te­rie. Enfin ça, c’est que je for­mule après coup, men­ta­le­ment.

Chris­tian : Mais tu n’es pas obli­gée de t’exprimer dans la même ampleur que la musique. Tu peux très bien faire quelque chose de beau­coup plus mini­ma­liste, ça ne pose aucun pro­blème.

Maga­li : Je sais qu’il n’y a aucune obli­ga­tion. C’est quelque chose d’inconscient que j’essaye d’expliquer là, comme ça.

La dis­cus­sion se pour­suit sur com­ment démar­rer la danse ?

Eléo­no­ra : Du coup ça pose la ques­tion aus­si de com­ment on réagit aux invi­ta­tions, car chaque pro­po­si­tion peut être une invi­ta­tion, en tous cas est une pro­po­si­tion faite aux autres. Et cha­cun la reçoit comme il veut : est-ce que je suis prêt à répondre à cette invi­ta­tion ou pas ? Est-ce que je suis abso­lu­ment prêt mais je n’ai pas le cou­rage ? Est-ce que j’ai trop envie mais je ne peux pas etc.

Chris­tian : C’est inté­res­sant ce que dit Maga­li, de prendre conscience de ce qui nous invite plus faci­le­ment ou plus dif­fi­ci­le­ment. Inté­res­sant aus­si de tra­vailler là-des­sus.

Louis : Ce que sou­lève Maga­li [parle de] cette idée de ne pas être à la hau­teur de la puis­sance pour se mettre en marche. Par exemple dans le monde actuel, com­ment se mettre en marche quand tout a l’air de tour­ner à la vitesse de la loco­mo­tive (du TGV tu veux dire?!). Et même quand on essaye de faire des choses par­ti­ci­pa­tives, on se demande pour­quoi c’est si dur, pour­quoi les gens ont tant de mal à se mettre en marche quand toutes les condi­tions sont réunies pour cela, c’est une énigme à laquelle on n’a pas vrai­ment la réponse. Mais il y a aus­si peut-être : être inhi­bé par la puis­sance de ce qui est déjà en marche, ou de l’invitation, se dire : « Oh là là, ils en sont déjà là, ils ont déjà un tel rythme… ». En fait c’est comme pour l’embrayage, si il y a un truc qui tourne à fond, il faut trou­ver le point de pati­nage où tu peux te mettre en marche avec le mou­ve­ment.

Eléo­no­ra : Et en même temps, moi je pense que sans cette impul­sion là (la bat­te­rie) je n’aurais pas réus­si à démar­rer, ou à démar­rer autre­ment. Par­fois se faire por­ter par la pro­po­si­tion de quelqu’un d’autre t’amène à explo­rer des choses que tu ne ferais pas tout seul.

Temps de danse 2 : Léa tilte

Temps d’écriture auto­ma­tique, 5mn.

Temps de danse 3 : Nico tilte

Nico : Au début j’ai vu envie d’y aller sans y aller, un peu comme : j’y vais mais pas com­plè­te­ment non plus. Her­vé, à un moment tu recu­lais et tu avan­çais comme si chaque pas était ques­tion­nable.

Eléo­no­ra : J’ai un peu du mal, après avoir dan­sé, à me rap­pe­ler les sen­sa­tions dans les­quelles j’étais, un peu comme quand je sors d’une séance de psy.

Léa : J’ai la sen­sa­tion désa­gréable d’être une élé­phante qui vou­drait être gra­cieuse, du coup j’ai accep­té cette sen­sa­tion et j’ai fait avec, au lieu d’en sor­tir. Est-ce quelque chose de désa­géable que je le subis, ou est-ce que j’ai la pos­si­bi­li­té de le trans­for­mer en autre chose ?

Her­vé : Je rebon­dis car je suis pas mal là dedans en ce moment. Et en fait, c’était jouis­sif de dan­ser des choses contra­dic­toires. Parce que ça donne une dyna­mique ryth­mique, comme si les pen­sées étaient des rythmes qui s’entrechoquaient. C’est à la limite de la transe par­fois, parce que j’étais pris par mes pen­sées qui étaient dans le corps… Bref j’ai pris mon pied grave ! Sou­vent j’oublie le thème pen­dant les temps de danse, mais là j’étais vrai­ment dans le « mettre en marche, ça se dés­in­tègre, réor­ga­ni­ser » Qu’est-ce que je fais avec tout ça, qu’est-ce que fait mon corps avec ça, qu’est-ce que je fais avec les autres qui sont là ?

Chris­tian : En tant que musi­cien, je vous regar­dais en même temps dan­ser, c’était très agréable de jouer car je sen­tais qu’il y avait du plai­sir dans votre danse. Du coup c’est sti­mu­lant, il y a une rela­tion qui s’établit qui est peut-être plus évi­dente dans ces moments là. Et ce qui est chouette, c’est que lorsque la musique s’arrête les dan­seurs conti­nuent et vous inté­grez en vous la musique. Du coup je peux m’arrêter, car je sens que vous pre­nez la relève. C’est vrai­ment un des moteurs de la rela­tion musi­cien-dan­seur, quand les dan­seurs peuvent le sou­la­ger de jouer, c’est impor­tant.

Louis : Je me suis sen­ti un peu gelé, géli­fié. Du coup j’ai eu du mal à sor­tir de ça. J’ai chan­gé de zones, mais ça n’a pas été facile de me remettre en marche. J’ai plus par­ti­ci­pé au niveau vocal.

Her­vé : Ça me fait pen­ser, quand je suis fati­gué comme aujourd’hui, si je me force à mettre le corps en marche, il met en marche plein d’autres choses qui ne se seraient pas pas­sées si je ne m’étais pas obli­gé à le for­cer. Et ça c’est un truc magique dans le corps et qui ne m’arrive jamais dans la réflexion intel­lec­tuelle : ça me donne des maux de tête, alors que là ça ouvre plein de portes. Sur­tout que c’est une réflexion aus­si riche que la réflexion intel­lec­tuelle.

Lise : J’ai eu beau­coup de mal à y aller, à cause de la fatigue aus­si. Mais je me suis for­cée et après j’y ai pris éga­le­ment beau­coup de plai­sir.

Eléo­no­ra : J’étais à nou­veau dans une éner­gie basse et je me deman­dais si j’allais assu­mer de ren­trer dans cette éner­gie-là. Mais j’ai eu envie d’essayer pour voir si autre chose peut se pas­ser. Il y a en fait deux manières de ren­trer, soit tu prends appui sur quelque chose et du coup tu t’élances – tu t’étires vers quelque chose qui n’est pas ton état par rapo­port à ce qui se passe – soit tu fais le pari de ren­trer quand-même mal­gré ton état.

Nico : Je rebon­dis sur le « ren­trer avec son état en le pariant », c’est quelque chose que j’ai pas mal vu dans les évo­lu­tions des danses. Quand ça fai­sait un moment que quelqu’un était en train de dan­ser, j’avais l’impression de voir des choses tra­vailler, qui se cas­saient un peu, et que les corps émo­tion­nels se com­po­saient de choses fra­giles. Je voyais une ten­sion entre : on est obli­gé de manier des choses fra­giles et de les cas­ser un peu (la dés­in­té­gra­tion), et aban­don­ner des choses pour qu’il y ait autre chose, du nou­veau, du deve­nir. Et en même temps, on n’a pas for­cé­ment besoin de tout cas­ser, de tout réduire en pièce pour pou­voir recom­po­ser avec ce qui exis­tait déjà. Mais ça c’est à tous les niveaux, je trouve que comme la danse forum est très axée sur le groupe, c’est aus­si très poli­tique, ça me fait tou­jours pen­ser à d’autres choses sur la socié­té ou dans les petits groupes d’individus en géné­ral.

En fait quand il y avait Léa, Her­vé et Eléo­no­ra, vous étiez tous dans le même coin, et il y avait des chan­ge­ments de niveaux qui se fai­saient en même temps, du coup ça m’a fait pen­ser à une concer­ta­tion. En fait les chan­ge­ments et en par­ti­cu­lier les grands chan­ge­ments se font en concer­ta­tion avec ce qui est déjà là avant le chan­ge­ment et qui sera tou­jours là après le chan­ge­ment. Donc là pour les dan­seurs, ce sont les autres dan­seurs. Mais je voyais aus­si des choses dans les pos­tures et dans les gestes qui res­taient les mêmes (entre au sol, debout et en mar­chant par exemple), et du coup je pense cela est appli­cable en poli­tique quand par exemple une mai­rie pré­voit de faire des chan­ge­ments urba­nis­tiques. Si on ne se concerte pas avec les habi­tants, ça ne va pas aller, vu que ce sont les habi­tants qui étaient là avant et qui seront là après, enfin bref, c’est un peu un grand prin­cipe que j’ai vu sur­tout dans votre inter­ac­tion à vous 3. Et autre chose, quand Her­vé fai­sait des allers/retours sur une même ligne en mar­chant tout en rétré­cis­sant sa tra­jec­toire jusqu’à finir au milieu. Tu as ensuite re-bou­gé et tu es reve­nu au milieu. Et vous deux êtes venues le cher­cher là, et je me deman­dais ce que tu ferais une fois que tu aurais atteint le milieu. En fait ce sont elles qui sont venues, ce n’était pas du tout dépen­dant de toi. En fait pour te remettre en mou­ve­ment, c’est quelque chose de com­plè­te­ment exté­rieur qui t’a recom­po­sé.

Her­vé : Je me suis ren­du compte que ce mot de dés­in­té­gra­tion m’effrayait un peu, parce qu’il est assez violent. J’ai pris conscience à quel point c’est utile de dés­in­té­grer pour recom­po­ser ensuite, sur­tout de me lais­ser faire par cette dés­in­té­gra­tion au lieu d’y résis­ter. Je ne m’en étais jamais autant aper­çu qu’en le tra­vaillant aujourd’hui dans la danse.

Bilan

Louis : C’était ma pre­mière DF, voir même ate­lier de danse, de corps. Pour moi l’outil DF est très riche – car je ne l’avais pas du tout appré­hen­dé, j’étais à exté­rieur quand je l’avais chro­ni­qué en 2011 lors du Fes­ti­val du Plus beau théâtre du monde. [Louis Hau­te­fort, poète, a écrit les textes paru dans le recueil Lisière avec les pho­tos de Jes­si­ca Her­vo]. De le pra­ti­quer, ça n’a rien à voir, moi qui suis avide de pen­ser, de fabri­quer de la pen­sée, tu par­lais de la palette des gestes de pen­sées, je trouve que c’est super ce dia­logue. Je ne sais pas qui est la poule et l’oeuf, qui met en marche, mais en tous cas une fois que c’est en marche, la danse génère de la pen­sée, la pen­sée génère de la danse qui régé­nère de la pen­sée qui régé­nère de la danse, c’est for­mi­dable. Et les croi­se­ments, parce qu’à la fois il y a des dis­cours poli­tiques et en même temps ça fait œuvre chaque tableau. Il y a des dia­logues qui ne sont même plus inter­dis­ci­pli­naire, c’est indis­ci­pli­né, il y a tel­le­ment de trucs qui se veulent inter­dis­ci­pli­naires, là c’est vrai­ment indis­ci­pli­né, c’est plein de pas­sages, c’est un super outil.

Lise : Je trouve que la phase du thème réflexif est tou­jours un peu longue avec ensuite l’éveil des sen­sa­tions et des muscles plus le choix du thème sen­si­tif. Mais on ne peut pas en faire l’économie, car c’est à tra­vers toutes ces dis­cus­sions que s’imprègnent en nous les thèmes etc. Et la pause a été courte, ce qui a per­mis de gar­der une cer­taine dyna­mique. De plus, il y a eu une cer­taine conci­sion dans les échanges, donc c’était bien.

Léa : Je rebon­dis, lors des trois jours de trans­mis­sion on avait pas­sé trois jours sur le même thème, et c’est ça aus­si qui nous avait per­mis d’avancer beau­coup dans le sujet. Peut-être l’idée c’est qu’on garde le même thème réflexif sur plu­sieurs séances.

Lise : Je me disais qu’on pour­rait peut-être choi­sir le thème réflexif en amont, mais il n’y aurait pas toute la réflexion.

Louis : Gar­der le même thème sur plu­sieurs DF per­met aus­si de le nour­rir par la réflexion entre chaque séance.

Léa : On remarque que c’est sou­vent à par­tir du 2e ou 3e temps de danse qu’il y a quelque chose qui se crée. Du coup, ne faire qu’une seule après-midi n’est pas assez. Peut-être qu’on pour­rait pas­ser au for­mat jour­née si c’est pos­sible pour les uns et les autres.

Nico : On pour­rait aus­si ten­ter de faire 13h-19h. Sinon est-ce que c’était clair pour vous les échauf­fe­ments ? Parce que pen­dant la trans­mis­sion ce n’était pas clair pour beau­coup de per­sonnes.

Eléo­no­ra : J’ai trou­vé que c’était clair, c’est juste que ça allait trop vite pour moi, dans le sens que je n’ai pas eu le temps de me poser dedans, dans l’éveil des sen­sa­tions. C’est allé trop vite entre choi­sir la sen­sa­tion etc, du coup j’ai été un peu à la bourre : laquelle je choi­sis ? J’avis du mal à choi­sir, du coup j’ai choi­si un peu au hasard.

Léa : Lors de la trans­mis­sion on pas­sait entre 45mn et 1h par échauf­fe­ment. Et là, 30mn, c’est court.

Eléo­no­ra : Par rap­port à l’outil, je le trouve super. Après peut-être que ce serait bien de rap­pe­ler plu­sieurs fois le thème qu’on est en train de tra­vailler ? Moi ça m’aiderait parce que je n’ai pas beau­coup d’auto-discipline une fois que je suis lan­cée. Je me dis que ce qui est inté­res­sant dans cet outil, c’est qu’il y a un fil com­mun [entre nous].

Her­vé : On pour­rait affi­cher le thème sur le mur en grand pour l’avoir tou­jours pré­sent à l’esprit.

Nico : En même temps les thèmes, il ne faut pas se foca­li­ser des­sus tout le temps car c’est sen­sé tra­vailler en arrière-plan. Andréine nous disait que c’était pas grave de ne pas y pen­ser tout le temps.

Léa : On s’est ren­du compte aus­si que le thème oriente un peu la danse, c’est sûr. Mais c’est sur­tout après les temps de forum, le thème oriente notre regard sur la danse.

Eléo­no­ra : Par exemple pen­dant l’écriture auto­ma­tique, je n’ai pas du tout par­lé du thème, rien à voir, bref. Et puis quand on y retourne, comme on a cette thé­ma­tique intel­lec­tuelle, on regarde la danse qui s’est faite par rap­port à ça. D’un côté c’est chouette, mais d’un autre côté, ça ne raconte pas vrai­ment la trans­for­ma­tion. Le tra­vail du thème n’est pas cor­po­rel, il est men­tal, parce que moi cor­po­rel­le­ment je suis par­tie tra­vailler d’autres choses qui n’ont rien à voir avec ça. Et du coup je remets une couche d’intellectuel à la fin, et je trouve ça un peu dom­mage de regar­der un truc que j’ai fait, après peu importe parce que cha­cun recom­pose chez soi.

Chris­tian : La trans­for­ma­tion se fait des fois à notre insu, même si tu oublies le thème, le fait de vivre la danse ou autre chose, la trans­for­ma­tion se fait mais elle [conti­nue à] travaille[r] quand même.

Léa : Pour les pro­chaines fois, si on choi­sit de gar­der le même thème, on peut déci­der de man­ger ensemble à midi. Et ça peut aus­si nous per­mettre de choi­sir le thème en man­geant pour gagner du temps.

Toutes les pho­tos sont de Mip Pava.

Her­vé Maron­giu pour le CR.

Article créé le 16/02/2020

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