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!!Dialogue danse-musique – 31 mars 2007
Nous étions deux.
Les sensations étaient celles de lourdeur et de douceur.
Répondre aux besoins, cela peut se faire selon un but que l’on se donne : la sensation est là comme indicateur de ce qui est à corriger ou améliorer, avec tel ou tel exercice, que l’on choisit ou élabore pour étirer, pour détendre, pour tonifier… Les mouvements sont symétriques, « classiques », « équilibrés », ciblés pour répondre au diagnostic : combler le manque, réduire l’excédent, harmoniser le corps et son énergie. Il s’agit de s’échauffer et se préparer, pour être au maximum de nos possibilités de la danse qui devrait suivre.
Mais on peut aussi répondre aux besoins tels qu’ils s’expriment : on accueille la sensation, on n’essaie pas de la corriger, on la laisse se faire un chemin et dire au corps comment répondre à ses besoins. Les mouvements sont asymétriques, nous surprennent en forme de voyage dans les méandres de l’organisme : telle partie s’ouvre, telle autre s’affirme, la chair s’épanouit, le rythme se place, élastique et imprévisible. Pas de but déterminé, mais un chemin à découvrir et savourer, dans un paysage dont chaque dimension est abordée comme une inconnue réinventée d’une danse qui a lieu.
Pendant que je vous écris, Blaise Cendrars sur Arte, qui n’aime pas les hiérarchies des mots : « Il faut que l’écriture soit adaptée à ce que j’ai à dire maintenant, et non à ce que j’ai dit avant. » Ecritures du corps.
Nous reparlons d’autonomie. Le bébé ne naît pas seul : il lui faut sa mère au minimum, puis la pesanteur, l’air et le soleil, le son et la voix, la saveur lactée, le parfum de la peau. Le danseur n’est pas seul sur scène : les lignes, les volumes, la fraîcheur de l’air sur sa peau, il va les chevaucher pour traverser la rivière. Il peut choisir les notes sur lesquelles rebondir, le long du temps, de l’espace, en intensité. Son corps fait écho à ce qui l’environne en un dialogue de sensations.
Explorer les contraintes et leur apport, cela demande de puiser dans les ressources. La masse s’est mise en route, au bord du décollage. Sur le rectangle des tatamis et sous le chant des oiseaux, les pieds ont inventé mille dessins et intensités, libérant l’espace de ses murs…
Andréine Bel
d’après les retours de : Andréine B, Laurent B.
Article créé le 16/02/2020