Danse forum
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!!Enrichissement versus oppression – 26/6/16
https://collectifsanstete.wordpress.com/enrichissement-suite-26 – 06-16/
Les participants : Sylvain, Maïana, Magali, Christian, Nicolas, Léa, Hervé, Carole et Christine.
Nota bene : Christian et Christine participent pour la première fois à une danse forum.
Présentateurs : Léa, Nicolas et Hervé
Choix du thème réflexif :
Nous avons proposé au groupe le choix entre le thème travaillé deux jours plus tôt et un nouveau thème. Le groupe est d’accord pour adopter le thème « enrichissement vs oppression. »
[Ce thème est à considérer du point de vue de la discussion que nous avons eu au sujet de la solitude vs groupe, étant donné que ce thème de la solitude vs groupe est inhérent à toute DF, nous avons préféré choisir « l’enrichissement vs oppression », sachant qu’il émerge et qu’il est à mettre en regard avec la solitude vs groupe.]
Eveil des sensations + éveil des muscles
Comme pour la danse forum du 24/06/16, nous décidons de pratiquer ces éveils dans le jardin sous le soleil.
- suspension/chutes/dilatation
- tenir/lâcher
- mvts de vagues/bras en mvt/torsions
- micromouvements en pivot/ rotations
- contraction/lâcher/respiration
- faire/ laisser se faire/ choisir/suivre
- durcissement dans les mains/micromouvements dans les muscles/ torsions souples très lentes
- laisser faire/lâcher prise
- ancrage dans la terre/douceur
Bilan des éveils :
Les termes : faire / laisser faire / tenir / lâcher / intérieur/extérieur aboutissent au choix du thème sensitif : «tenir/ lâcher ».
Mise en forum sur les thèmes :
« enrichissement versus oppression » qui se frotte à « tenir/lâcher ».
La DF a lieu dans le salon de Léa aménagé pour l’occasion.
- Tilteur, DJ, forumeur, bienveilleur, médiateur, problématiseur, régleur, script : Léa
- Regardeur et artiste uniquement : Christian
- Regardeuse : Christine
- Danseurs et artistes : tous les autres
Observations et questions lors des retours verbaux :
- pas de précipitation a enrichir l’attendu mais enrichir l’inattendu est plus intense. Pour pouvoir enrichir il faut être relâché.
- la surprise vient de l’inattendu, et elle est reçue différemment en fonction des personnes.
- fin très belle en trio.
- ressenti d’oppression au début, s’en servir comme tremplin pour entrer dans la danse. Plutôt dans le « tenir » que dans le « lâcher ».
- impression d’être sur une banquise, il suffit d’un rien pour la briser. Il fallait que je fasse quelque chose, attraper des choses en haut = tension maximale, puis lâcher dans quelque chose de liquide.
- élastique, électrique. Liberté suivie de moments de resserrement.
- élastique qu’on tire et qui pète à un moment.
- écho au texte.
- est-ce qu’il faut tendre pour lâcher ?
- comment digérer l’oppression ? Comment s’enrichir de l’oppression ?
- dans quelles mesures on peut passer d’un lâcher enrichissant à un maintien qui ferme d’autres portes ?
- comment le lâcher peut-il être aussi source de tension ?
- comment les tensions et les relâchements se transforment dans l’espace intérieur/extérieur ?
- est-ce que laisser faire, c’est faire tranquillement ?
- Tilteur, DJ, forumeur, bienveilleur, médiateur, problématiseur, régleur, script : Carole
- Regardeur et artiste uniquement : Christian
- Danseurs et artistes : tous les autres
Observations et questions lors des retours verbaux :
- mon premier mouvement : appel de l’espace de danse : j’y vais/j’y vais pas ? D’où tension que j’ai regardée ; tension moins forte depuis l’espace de regardeur ; je ne voulais pas me laisser gagner par la tension qui est une facilité. C’est la première fois que « je touche ça », il y a moyen de faire des choses en dehors des tensions, d’oublier, pour réussir mieux.
- comment faire par l’oubli ?
- tension sur la bordure scénique : j’y vais/j’y vais pas ?
- de l’intérieur [de l’espace de danse?], c’est plus facile pour trouver le bon moment pour sortir.
- envie de faire des choses. Tension que l’on a pas en tant qu’artiste/regardeur. Une fois dedans on est dans l’action et c’est plus facile.
- une fois dedans est-ce qu’on peut ouvrir tous les possibles ? Ou on fait par nécessité ?
- je me suis senti seul, peut-être complu dans cette solitude ? Pourquoi ? Par envie égoiste, cela ne m’a pas du tout enrichi. Mais cela m’a permis de tisser des liens avec l’espace et ce n’était pas sur ce plan là que je m’attendais à être enrichi. Il y avait de la tension.
- opposition en jeudi comment on se bloque ?
- faire avec, faire avec le mvt, le texte, l’autre.
- j’étais plus dans l’écoute.
- comment, en tant que danseur, j’étais coupé des autres.
- je suivais les sensations de mon corps, j’allais lentement par rapport aux autres.
- j’étais à l’écoute des autres propositions.
- quand il y avait des interventions, je n’allais pas du tout vers
- je n’étais pas relié. J’ai évité que mes mvts soient causés par qqch d’extérieur à moi.
- j’ai vu des liens dans des moments
- il y a eu un moment où je me suis dit d’aller consciemment vers les autres
- il y a parfois des danseurs qui ont des gestes qui viennent des sensations et qui les laissent évoluer vers un rôle
- j’ai l’impression de voir de l’éveil, de la danse puis du théâtre : comment d’un petit lâcher corporel, on peut arriver à un gros « tenir » du théâtre ?
- j’étais dedans. Un « si, non, si, non » a grossi, très théâtral. J’étais dans un « lâcher quelque chose » malgré moi.
- avec le passage du livre de Tadeusz Kantor, l’image d’une machine humaine décadente est revenue et m’a imprégnée. Au début j’avais envie de ne rien faire, puis avec l’image d’un happening de T.Kantor montrée sur l’espace de danse, j’ai eu envie de revenir sur scène.
- d’où vient le lâcher-prise ? Le lâcher-prise est-il égal à un niveau de conscience effacée ? Déconnecté du cerveau ? Ou alors je fais ce que j’ai envie de faire, pas ce qu’on attend ? On a une condition qui me fait m’engager d’une certaine manière.
- qui décide et qu’est-ce qui décide lorsqu’on est dans le lâcher-prise ?
- j’ai été bloquée pendant un temps, je n’arrivais pas à aller sur l’espace de danse. Est-ce qu’on peut quitter la danse forum (faire une pause en allant dehors par exemple) ?
- Tilteur, DJ, forumeur, bienveilleur, médiateur, problématiseur, régleur, script : Nicolas
- Regardeur et artiste uniquement : Christian
- Danseurs et artistes : tous les autres
Observations et questions lors des retours verbaux :
- s’aérer est profitable à l’enrichissement et nous met à l’aise (nous avons fait une pause avant de reprendre la 3ème mise en forum)
- rappel : ce n’est pas le but de la DF que ce soit agréable à regarder, mais quand c’est le cas, cela signifie que la dynamique est bonne
- il y eu de la fluidité et du relâchement dans le déroulé de la danse
- le son invite bien à danser, car la musique sert de prétexte, ce qui est différent du rapport que l’on entretient avec notre texte personnel (que l’on écrit en dansant)
- l’imprévu nous enrichit. La surprise amène-t-elle un enrichissement plus grand que la réalisation d’une intention ? Plutôt oui.
- l’oppression du groupe et du cadre peut dissuader d’entrer sur la scène.
- avoir un besoin de lâcher peut être une force motrice
- on peut être en opposition avec le cadre et le moment
- au fil de la DF il y a une façon de faire qui se tient et qui nourrit la densification de ce qui surgit est riche de surprises et d’associations. Les thèmes sont pleinement pris en charge et la mayonnaise prend.
- qu’est-ce qui fait que la fiction prend de cette façon ? C’est quand la forme se tient que l’individu n’a pas à tanguer entre choisir et (se) laisser aller, entre soi et l’autre…
- la forme de la DF, cette fiction, s’ancre de plus en plus dans la réalité, la réalité de nos vies. Elle a une influence sur nous.
- comment se laisser influencer sans se laisser dominer ?
- comment tenir ce qui est à soi tout en laissant l’autre nous enrichir ?
Bilan de l’après-midi
- à propos des thèmes, je constate à quel point l’oppression peut être un enrichissement et vice-versa. Rien n’est tout noir ou tout blanc. Comment pénétrer ces thèmes avec leurs poids symbolique et comment ils m’impactent ? Comment danser à l’intérieur de cela ? Il s’agit de toujours laisser une porte d’entrée ouverte même quand mon état me dicte le contraire, même quand je n’en ai pas envie. Ce n’est pas facile car cela me demande d’aller chercher d’autres manières de regarder, de voir, de me comporter, d’aller au-delà de mes conditionnements, mais c’est cela, justement, qui est passionnant.
- j’ai beaucoup apprécié. C’est comme une microsociété où on peut prendre d’autres rôles. Se servir des thèmes comme d’un levier. Remalaxer, retravailler les choses ensembles. C’est un cadre précieux mais fragile. La membrane donne beaucoup de liberté d’expression.
Par rapport à Ulysse, qui est le fils de Sylvain qui a 2 ans et demi, il a été question en cours de danse forum, pour des raisons pratiques de garderie, qu’Ulysse puisse venir assister à la DF, maisdes personnes du groupe pensaient que sa présence pourrait peut-être perturber la DF en train de se dérouler et qu’elle pourrait peut-être aussi le perturber vu ce qui se traversait. Ulysse est donc resté avec sa mère, à l’extérieur.
- finalement heureusement qu’il n’est pas venu. Merci de nous avoir accepté, c’était très riche, inattendu. Je n’ai jamais été habitué à parler de l’usage du corps.
- c’est court. Quelque chose s’est ouvert. S’il y avait eu une autre après-midi ou une journée complète, on aurait pu aller plus loin sur le chemin. Je sens, en termes artistiques, plein de possibilités. Les thèmes ont travaillé en moi mais cela ne vient pas en mots. Cette construction de la fiction me sort des oppositions. J’ai l’image de quelque chose qui s’enrichit et se complexifie. Je n’ai pas assez partagé ce qui me traversait, pourquoi ne pas partager des descriptions, des images ? Est-ce que cela peut être intéressant de pratiquer cela ?
- impression que les temps de forum peuvent être trop longs et pesaient sur certaines personnes. C’est bien de nous laisser le temps de reformuler, mais en terme de dynamique, cela peut être trop long. J’ai de moins en moins envie de dire des choses sur les thèmes. Travail de recherche sur des notions où le langage est secondaire.
- pourquoi ne pas partager certains temps de forum par de l’écriture automatique (partagée ensuite). Sensation de pratique trop courte par rapport au parler.
- prévoir des journées complètes pour les prochaines fois.
Mon commentaire :
Nous nous sommes fait la remarque que la DF est un remarquable outil d’éducation populaire. Je ne connais pas d’outil, à ce jour, aussi riche parce qu’incluant tous les arts, les corps et le verbe ; sans hiérarchie aucune, où chacun.e peut faire le choix de s’exprimer comme il/elle l’entend.
Nous sommes tou.te.s accroc à la DF et avons décidé d’essayer de se voir au moins une fois par mois l’année prochaine. Donc, un bilan très positif encore une fois !
Hervé pour la rédaction du CR.
Article créé le 16/02/2020