À propos de la DF

La danse forum (2011)


HISTORIQUE DE LA DANSE FORUM

L’idée de la danse forum s’est mani­fes­tée pour la pre­mière fois le 9 juillet 2005, lors d’une expé­rience de « scène ouverte » à Mira­beau (13) dans le cadre du fes­ti­val du PBTM (Plus Beau Théâtre du Monde) (Bel 2006). Ce fes­ti­val a eu lieu du 6 au 17 juillet dans plu­sieurs vil­lages de la région de For­cal­quier (04). Les inter­ve­nants étaient Augus­to Boal, fon­da­teur du théâtre forum et du théâtre de l’opprimé, Julian Boal et San­joy Gan­gu­li.

Depuis lors, l’atelier danse forum a pris forme à Lam­besc près d’Aix-en-Provence (13). Peu à peu des danses forum publiques ont été pro­po­sées, sous forme de réflexion cri­tique, où le fond et la forme étaient déve­lop­pés par l’ensemble des par­ti­ci­pants pen­dant la danse forum et lors du bilan avec le public.

En juillet 2007, le PBTM a accueilli une danse forum publique pour sa deuxième édi­tion, et pour sa troi­sième édi­tion en automne 2009. Que ce soit au sein de ce fes­ti­val ou par le jeu d’invitations croi­sées, la danse forum a tou­jours à cœur d’échanger acti­ve­ment avec le théâtre forum, le théâtre en géné­ral et d’autres formes artis­tiques : pein­ture, poé­sie, lit­té­ra­ture et cal­li­gra­phie jusqu’à pré­sent.

Depuis 2008 des ate­liers régu­liers de danse forum sont ani­més à For­cal­quier, Mar­seille et Aix-en-Pro­vence.

Les dan­seurs qui (re)présentent la danse forum sont invi­tés dans divers lieux de façon ponc­tuelle. À ce jour, des danses forum ont notam­ment été réa­li­sées avec le PBTM, avec l’atelier « Chant prin­temps » à For­cal­quier (ate­liers de chant et danse avec des per­sonnes en situa­tion han­di­cap et le tout public), avec les « Pro­to­coles méta » (École Supé­rieure d’Art d’Aix-en-Provence) en liai­son avec CASA d’Avignon, avec un groupe de « Recherche sur le corps » à Bruxelles, avec le Fes­ti­val lit­té­raire « Ren­trées Nou­velles » à For­cal­quier, dont le thème de cette année était « Écri­tures du corps, corps de l’écriture ».

LES CONSTITUANTS DE LA DANSE FORUM AUJOURD’HUI

A – L’espace
*La scène, où se déroule la danse. De même que l’espace de tra­vail en ate­lier, elle peut être de toutes formes et dimen­sions (à ajus­ter au nombre de par­ti­ci­pants) mais néces­site un par­quet ou un tapis de sol pour que le sol puisse être inves­ti par la danse. La lumière ambiante peut suf­fire, ou un éclai­rage simple.
*La bor­dure scè­nique est tra­cée pour être large d’un mètre envi­ron, sur les deux côtés et l’avant de la scène. Sorte de mem­brane assu­rant les échanges entre l’intérieur et l’extérieur de la scène, la bor­dure de scène est le lieu où inter­viennent les autres arts, en dia­logue avec la danse.
*L’extra scène se situe autour des trois côtés du bord de scène, où peuvent s’asseoir ou se dépla­cer les spec­ta­teurs.
*Le fond de scène est consti­tué par le qua­trième côté de la scène, don­nant sur un mur, un décor ou un espace vide.

B – Les par­ti­ci­pants
*Les dan­seurs éla­borent la mise en scène cho­ré­gra­phique et/ou l’improvisation de départ. Le nombre de dan­seurs peut varier en fonc­tion des besoins du thème. Une danse forum peut très bien démar­rer sur un solo. Les dan­seurs sont aus­si ceux des spec­ta­teurs qui entrent sur scène pour dan­ser.
*Les spec­ta­teurs, dès la deuxième impro­vi­sa­tion, peuvent s’ajouter ou rem­pla­cer un dan­seur — s’ils en sentent la per­ti­nence — ou intro­duire des séquences à par­tir d’autres arts, en contraste ou en sur­im­pres­sion avec la danse. Les dan­seurs peuvent à leur tour deve­nir spec­ta­teurs.
*Le meneur, que nous appe­lons aus­si « til­teur »(celui qui (fait) tilt, trans­crit les mots, veille aux trois espaces…), est garant du bon dérou­le­ment de la danse forum, dans le res­pect de cha­cun et l’attention à l’autre. Ce rôle est géné­ra­le­ment tenu par quelqu’un d’expérimenté en danse et/ou cho­ré­gra­phie, mais il peut être assu­ré à tour de rôle par les membres de la troupe qui sou­haitent se for­mer.

Le til­teur est ame­né à consul­ter le public et les dan­seurs pour faci­li­ter les connexions entre les deux espaces. Si besoin est, il aide à refor­mu­ler les ques­tions et les pro­po­si­tions des spec­ta­teurs qui éla­borent la pro­blé­ma­tique. Il veille à la dyna­mique de la parole par rap­port à celle de la danse, dont il signale le début et la fin des séquences.

Le til­teur doit bien connaître les musiques enre­gis­trées à dis­po­si­tion et, alliant connais­sance et ins­tinct, tâton­ne­ments et expé­rience, musi­ca­le­ment accom­pagne la danse ou la pro­voque, s’immiscie ou se retire, en d’autres termes dia­logue avec elle.
*Le/la vidéaste peut être un pro­fes­sion­nel pro­po­sant de fil­mer la danse forum, ou c’est l’un des par­ti­ci­pants qui endosse ce rôle : en don­nant à voir, il forme son propre regard. Ces enre­gis­tre­ments consti­tuent un outil indis­pen­sable de tra­vail de réflexion cri­tique pour les dan­seurs mais aus­si pour tous les par­ti­ci­pants.

C – Les thèmes
*Le thème réflexif est choi­si en amont de la danse forum par les par­ti­ci­pants, par­mi les ques­tions sociales, phi­lo­so­phiques, artis­tiques ou poli­tiques qui inté­ressent les par­ti­ci­pants.
*Le thème sen­si­tif sur­git lors des retours des pra­tiques d’éveil des sen­sa­tions et des muscles, qui nous servent d’échauffement au début de chaque ate­lier ou repré­sen­ta­tion. Nous choi­sis­sons le thème qui nous paraît le plus por­teur et qui puisse éven­tuel­le­ment sou­tendre les autres thèmes évo­qués pen­dant ces échanges.

C’est de la jux­ta­po­si­tion des deux thèmes, réflexif et sen­si­tif, de leur fric­tion ou leur frô­le­ment que naît la dyna­mique propre à la danse forum.

D – La danse
*La danse par­tage avec le lan­gage la pos­si­bi­li­té de se pen­cher sur la vie, sur l’art, tous les arts. Elle peut tou­cher du corps les pro­blèmes de vie : le trac, le juge­ment, le vide et le plein, la pro­jec­tion et l’imagination, l’illustration et la dis­tance, la des­truc­tion et la recons­truc­tion, l’ordre et le chaos… Elle se marie avec le monde sonore, pic­tu­ral et archi­tec­tu­ral qui la nour­rissent.

Se réap­pro­prier la danse, c’est voir et défaire les inhi­bi­tions, les jeux de pou­voir, la tyran­nie du beau. C’est ques­tion­ner le juge­ment et se défor­ma­ter.
*La danse peut être nar­ra­tive ou abs­traite, s’appuyant sur les notions d’espace, de temps et de poids qui consti­tuent tout mou­ve­ment. Elle peut uti­li­ser l’expressivité ou se situer dans la pré-expres­si­vi­té (terme emprun­té à Euge­nio Bar­ba). Plus qu’un lan­gage, la danse est la poé­sie du « non-dit ». Toutes les formes de danse sont accueillies ; nous cher­chons à les situer en dis­cer­nant leur spé­ci­fi­ci­té et non à les uni­for­mi­ser (Cun­nin­gham 1988, Bel 1993).

E – Les sen­sa­tions
*Ques­tion­ner la danse et les sen­sa­tions qui la nour­rissent, c’est la longue quête com­mune aux arts contem­po­rains (Deleuze & Guat­ta­ri 1980, Despres 2002, Deleuze 2002).
*La sen­sa­tion est aus­si bien le fruit du moment que celui de toute une his­toire. Elle est hau­te­ment éla­bo­rée, et en même temps spon­ta­née et immé­diate (Assou­line 1996). La sen­sa­tion est l’interface entre soi et le monde, l’objectif et le sub­jec­tif, le volon­taire et l’involontaire, le phy­sique et l’émotionnel, le pas­sé et le futur. Elle pro­cède de l’immanence.
*La danse forum se donne comme base « les sen­sa­tions » de l’instant, phy­siques en pre­mier lieu, en les dis­cer­nant des émo­tions qui peuvent leur être liées. Dan­ser dans l’accueil des sen­sa­tions — en accord avec les pro­po­si­tions d’Épicure (1994) — induit une exi­gence inté­rieure qui main­tient le geste esthé­tique à l’écart de toute volon­té esthé­ti­sante.

F – L’infra-technique
*Dans cette approche de la danse, l’expertise est ren­due à l’humain et non à l’interprète qui a la tech­nique la plus abou­tie.

La tech­nique de danse peut faire place à l’infra-technique. L’infra-technique « donne à voir » ce qui ne peut être per­çu au pre­mier abord : l’expertise du mou­ve­ment et de l’art, appor­tée par le cours de la vie et ins­crite dans des pra­tiques.

G – L’improvisation
*Puisque la danse part des sen­sa­tions, la forme impro­vi­sée est adap­tée mais pas de façon exclu­sive.

Notre recherche pour­rait s’appeler celle de la « cho­ré­gra­phie de l’immanence ». Une forme de danse qui ne serait pas imi­table sans perdre de son authen­ti­ci­té, mais pour­rait ser­vir de fon­de­ment à une cho­ré­gra­phie qui elle serait repro­duc­tible.

L’objectif est de décou­vrir les struc­tures intrin­sèques à ce temps que l’on nomme l’instant, fait du pas­sé tel que notre sou­ve­nir l’a « recréé », et du futur tel que notre ima­gi­na­tion l’imprime en nous. Uti­li­ser la sen­sa­tion de l’espace et du temps comme élé­ments cho­ré­gra­phiques d’une com­po­si­tion ins­tan­ta­née.

H – La ren­contre avec les autres arts
*La danse forum cherche à ras­sem­bler des poètes, musi­ciens, comé­diens, écri­vains, peintres, cal­li­graphes etc. qui inter­agissent avec la danse. Ren­contre avec des vidéastes, éga­le­ment, car le rap­port de la danse à l’image nous semble essen­tiel.

DÉROULEMENT TYPIQUE D’UNE DANSE FORUM AUJOURD4HUI

A – La mise en route
Après le choix du thème réflexif par tous les par­ti­ci­pants, l’accent est mis sur l’émergence des sen­sa­tions avec deux types d’échauffement qui donnent voie (et voix) à l’involontaire et l’inconscient :
*L’éveil des sen­sa­tions : le dan­seur contacte ses sen­sa­tions phy­siques et les accueille incon­di­tion­nel­le­ment pour les lais­ser le mou­voir spon­ta­né­ment et l’émouvoir au sens lit­té­ral du terme.
*L’éveil des muscles : le dan­seur se rend atten­tif à la sen­sa­tion de ses muscles et chaînes mus­cu­laires qui lui indiquent com­ment bou­ger spon­ta­né­ment en fonc­tion de ses besoins. Le corps s’échauffe et se dyna­mise par ce pro­ces­sus.
L’émergence du thème sen­si­tif se fait d’elle-même à la suite des échanges ver­baux pen­dant l’échauffement. Le thème choi­si est celui qui sous-tend les autres thèmes évo­qués pen­dant ces échanges.

B – Le forum
*Impro­vi­sa­tion par les dan­seurs, à par­tir de leurs sen­sa­tions de l’instant, en musique ou en silence. Le thème est pré­sent, mais on le laisse agir plu­tôt que de s’en « occu­per » ou l’illustrer. Il tra­vaille en sour­dine et affleure par résur­gences aux moments oppor­tuns.
*Avec le retour ver­bal, les spec­ta­teurs disent ce qu’ils ont vu et donnent leurs sug­ges­tions. Ils for­mulent la pro­blé­ma­ti­sa­tion en ouvrant les ques­tions qui se posent à eux. Pro­blé­ma­ti­sa­tion à entrées et para­mètres mul­tiples.
*Chaque spec­ta­teur peut s’ajouter ou rem­pla­cer un dan­seur, selon qu’il veut conser­ver ou modi­fier la struc­ture spa­tiale.
*Le spec­ta­teur peut sus­pendre la danse en train de se dérou­ler (d’un simple cla­que­ment de mains) ou se pla­cer pen­dant la danse sur le bord de scène pour inter­ve­nir à tra­vers des formes plus ou moins brèves de poé­sie, musique vivante, des­sin, cal­li­gra­phie, etc.
*Les variantes impro­vi­sées opèrent sur un même thème, aus­si nom­breuses que sou­hai­tées autour de la pro­blé­ma­ti­sa­tion qui évo­lue peu à peu.
*Les spec­ta­teurs peuvent à tout moment inter­ve­nir sur la forme du forum comme sur le fond en deman­dant au til­teur un pas de côté : on s’arrête et réflé­chit ensemble sur ce qui est en train de se pas­ser pour réajus­ter tel ou tel aspect si néces­saire (Ver­cau­te­ren 2007).

C – Bilan et éva­lua­tion cri­tique
*Le vision­nage de la vidéo témoin sert de sup­port aux par­ti­ci­pants pour s’exprimer sur la forme comme sur le fond de la danse forum qui vient d’avoir lieu. Ce bilan est retrans­crit ensuite par un ou plu­sieurs des par­ti­ci­pants et publié sur notre wiki à Comp­tes­Ren­du­sA­te­liers.
*Le tout dure de 3 à 5 heures avec une pause à mi-par­cours. Les tenues de tra­vail sont celles habi­tuelles des dan­seurs, ou des tenues de ville souples. Il n’y a pas de cos­tumes ni acces­soires a prio­ri, mais les options res­tent ouvertes.
*Lors des ate­liers de pré­pa­ra­tion à ces repré­sen­ta­tions publiques, nous pro­cé­dons de manière plus infor­melle en deve­nant spec­ta­teurs ou dan­seurs au fil du dérou­le­ment et en chan­geant de rôle à volon­té (dan­ser, regar­der, til­ter, pas­ser les musiques, fil­mer).

SPÉCIFICITÉS DE LA DANSE FORUM AUJOURD’HUI

*Déve­lop­per son esthé­tique en ques­tion­nant la danse. Qu’est-ce la danse ? Quand com­mence-t-elle ? On dit d’un oiseau qu’il danse dans le ciel. On ne dit pas qu’il « fait de la danse ». Toute per­sonne ne fait pas de la danse, mais toute per­sonne peut dan­ser, et par là-même « devient dan­seur en dan­sant », pour para­phra­ser Augus­to Boal.
*Nous par­tons de ce qui est : nos faci­li­tés et nos dif­fi­cul­tés, nos sou­plesses et nos rai­deurs, nos limites et nos dési­rs. Il est ques­tion non seule­ment d’inclure la réa­li­té de ce que nous sommes dans la danse, mais de par­tir de cette réa­li­té pour créer la danse. Une danse qui naît de ce maté­riau, tel que la vie le façonne, et non d’un idéal pro­je­té par une socié­té qui réserve la danse à des corps souples, minces et vifs.
*L’esthétique de la danse forum redonne place à l’involontaire, au for­tuit et à la sen­sa­tion.

L’involontaire est aus­si mécon­nu aujourd’hui que pou­vait l’être l’inconscient avant Freud. Nos recherches sur l’involontaire pointent son effet struc­tu­rant pour le corps et la danse.

Le for­tuit, c’est l’ouverture don­née au hasard, sans lequel l’esprit s’endort sur lui-même dans ses habi­tudes.

Quant à la sen­sa­tion, elle n’est pas une chose « pure » qui nous vien­drait du ciel, indemne de nos res­sen­tis et de notre ima­gi­na­tion, ou de notre culture. Elle nous incarne à chaque ins­tant, nous don­nant une porte d’accès au spon­ta­né et au créa­tif, avec tous les bal­bu­tie­ments, dif­fi­cul­tés, voire impasses, que cela com­porte.
*Le recours au mimé­tisme du quo­ti­dien et à la théâ­tra­li­té du geste dans la danse nous a long­temps posé pro­blème. Il peut deve­nir rapi­de­ment une solu­tion de faci­li­té qui abou­tit à la redon­dance des signes et à l’illustration du pro­pos. Mais il peut avoir sa per­ti­nence s’il est choi­si et employé à bon escient.
*Dan­seurs et spec­ta­teurs se trouvent dans un équi­libre flot­tant entre volon­taire et invo­lon­taire, anti­ci­pa­tion et spon­ta­néi­té, consigne du moment et créa­ti­vi­té, expres­sion mon­daine et extra quo­ti­dienne (termes emprun­tés à Bar­ba et Sava­rese 1991).
*L’économie des moyens : celle-ci aide à aller à l’essentiel tout en ouvrant des pos­si­bi­li­tés infi­nies (Zea­mi 1960, Bres­son 1988). Le dan­seur en danse forum ne peut comp­ter sur une tech­nique ou un esthé­tisme de cir­cons­tance, une mise en scène et des éclai­rages coû­teux, ni même une cho­ré­gra­phie abou­tie. Il doit trou­ver ses res­sources en lui-même, dans son authen­ti­ci­té et sa capa­ci­té à être à l’écoute, de lui-même, de l’autre et de ce qui l’entoure.

ANCRAGE CONCEPTUEL

*Il s’agit d’une approche coopé­ra­tive en recherche-action, termes emprun­tés au socio­logue Guy Poi­te­vin (Bel 2004).
*La pro­blé­ma­ti­sa­tion (Freire 2002, Deleuze 1980) est l’émergence, à tra­vers la danse, des ques­tions liées au thème choi­si.
*L’imagination créa­trice est un concept selon lequel il n’y a d’œuvre que dans ce que le spec­ta­teur recrée lui-même. Intro­duit aux envi­rons du Xe siècle par les phi­lo­sophes indiens Anan­da­vard­ha­na et Abhi­na­va­gup­ta, ce concept a été déve­lop­pé plus tard en Occi­dent en anthro­po­lo­gie théâ­trale (Tavia­ni 1991).
*Le Corps sans organes (Artaud 1985, Deleuze & Guat­ta­ri 1980, Deleuze 2002). Dan­ser dans la plé­ni­tude du corps sans organes qui se dévoile comme « pure inten­si­té » (Bel 2007).
*L’Instant déci­sif (Assou­line 1996), a d’abord été concep­tua­li­sé par Hen­ri Car­tier-Bres­son en pho­to­gra­phie. Com­ment faire de la danse une suc­ces­sion d’instants déci­sifs ?
*Dès que l’attention se porte sur les sen­sa­tions, plu­tôt que sur l’esthétisme ou la vir­tuo­si­té, la non-com­pé­ti­tion entre dan­seurs devient pos­sible. En dan­sant, le dan­seur « se pré­sente » en dia­logue avec ses sen­sa­tions. Il est à la ren­contre de lui-même et des autres, de son art et des autres arts, dans l’échange immé­diat des exper­tises, des savoirs et des ques­tions qui se posent à lui.
*Le fait que les rôles puissent s’échanger à tout ins­tant entre dan­seur et spec­ta­teur per­met au regard une qua­li­té d’écoute empa­thique, tout en éveillant son sens cri­tique. Les pro­po­si­tions des spec­ta­teurs peuvent être essayées sur le champ, mises en situa­tion et en inter­ac­tion par eux-mêmes avec les autres pro­ta­go­nistes, et rééva­luées par leurs auteurs lors du « retour » ver­bal.
*L’éducation du regard se fait par cette démarche réflexive où l’on part du juge­ment inévi­table pour le ques­tion­ner et res­ti­tuer au regard sa com­plexi­té.
*Les autres arts (vidéo, poé­sie, pein­ture, musique vivante…) se mettent à dis­tance variable avec la danse, ils peuvent lan­cer des ini­tia­tives et pro­po­ser des solu­tions.
*On pour­rait dire de l’esthétique telle que nous l’approchons qu’elle tourne autour de la puis­sance de l’art dans la même veine que la puis­sance d’agir chère à Spi­no­za : l’adéquation à ce qui est, plus qu’à ce qu’on vou­drait qu’il soit, comme source de joie.

BIBLIOGRAPHIE

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Assou­line, P. (2006). Car­tier-Bres­son. L’œil du siècle. Paris :Gal­li­mard.

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Article créé le 16/02/2020 – modi­fié le 10/06/2020

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