Ateliers Ille-et-Vilaine

La trace et le chemin


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Comptes Ren­dus des Ate­liersIlle et Vilaine

!!La trace et le che­min Eclore/se ramas­ser et cycle/répétition – 28 – 29/11/17

https://​col​lec​tif​sans​tete​.word​press​.com/​l​a​-​t​r​a​c​e​-​e​t​-​l​e​-​c​h​e​m​i​n​-11 – 11-17/

Participant.e.s : Léa, Chris­tian, Nico­las, Chloé (nou­velle) et Her­vé

Rédac­tion du CR : Her­vé

JOUR 1

Thème réflexif : la trace et le che­min, c’est-à-dire la trace qu’on suit et la trace qu’on laisse avec l’idée d’avancée et d’avancer.

Thème sen­si­tif : Eclore et se ramas­ser

TEMPS DE DANSE 1 / Léa tilte

Léa : est-ce qu’il est pos­sible de suivre sa propre trace ou est-ce qu’on suit tou­jours celle de ceux qui sont pas­sés avant ?

Chris­tian : j’ai explo­ré le néant et la soli­tude abso­lue, quel che­min prendre ? Se suivre soi-même. Reve­nir à soi pour trou­ver un che­min. Com­ment est-ce pos­sible que reve­nir à soi amène vers l’extérieur et vers le mou­ve­ment ?

Nico : tu as regar­dé ta main et c’est parce que tu la connais bien qu’elle peut te gui­der. Se deman­der com­ment avan­cer, ça per­met de tra­cer son propre che­min. Pou­voir s’autoguider. Bien se connaitre pour pou­voir s’appuyer sur soi, moteur et garant de l’avancée. Com­ment réflé­chir sur com­ment avan­cer ? Qu’est-ce bien avan­cer ? Com­ment choi­sir ce qui est moteur chez nous ?

Chris­tian : j’étais plu­tôt sur le thème des sen­sa­tions. A la bat­te­rie, j’étais plu­tôt sur un volume faible, ramas­sé et volume fort, éclo­sion. Dans la danse, quel temps on prend pour per­ce­voir la musique, la danse ? Qu’est-ce qui est per­cep­tible pour les autres sur un temps court et sur un temps long ?

Her­vé : je crois que j’ai cher­ché ma trace. Ca m’a pas mal per­tur­bé, j’ai cher­ché un truc invi­sible, avec la sen­sa­tion de trou­ver et de ne pas trou­ver à chaque ins­tant. Etrange parce que je n’étais pas per­du. Com­ment faire éclore un dia­logue équi­li­bré entre intui­tif et ration­nel ?

Chloé : en se rat­ta­chant à moi, je reprends contact avec ce qui me consti­tue, mes nou­velles traces res­sem­blant à moi. Les nou­velles traces me diri­geant vers mes sem­blables, ce qui me res­semble. sans cesse suivre des pistes qui donnent l’impression de mener nulle part. Les pistes emprun­tées marquent mon corps. Com­ment se rendre compte qu’on avance même si on a l’impression de par­tir dans des direc­tions sans cesse dif­fé­rentes ?

TEMPS DE DANSE 2 : Her­vé tilte

Ecrits bruts

Notes du til­teur : scène vide, vierge, mais avec des traces. Accé­lé­ra­tion des ryth­miques. Les sons, la musique créent un uni­vers sin­gu­lier. La danse peut-elle créer une atmo­sphère aus­si sin­gu­lière si elle est dan­sée nue sans musique ?

TEMPS DE DANSE 3 : Chris­tian tilte

Chris­tian : j’ai aimé la len­teur. Des blancs par­fois. Il y a eu moins de danse, c’est pas mal quand il y a moins de danse, c’est plus dra­ma­tique. Le vide est plein, pas de rien. Poly­pho­nie. C’est pas la pre­mière fois que j’ai l’impression que c’est plus dra­ma­tique quand je ne joue pas (de la bat­te­rie). Com­ment trou­ver la len­teur sur des musiques plus vives ?

Nico : je me suis mis à écrire et du coup j’ai pas fait grand chose ; Je trou­vais qu’il y avait une linéa­ri­té dans le temps de danse ; parce qu’il y avait des moments de blanc, un che­min com­mun mais avec des choses dif­fé­rentes sur le che­min. Idée d’aller vers des choses petites qui arrivent à prendre leur place.

Chris­tian : j’ai l’idée d’amener un autre set que la bat­te­rie pour aller dans ce sens là.

Her­vé : j’ai l’impression que le vide était plein de traces, de fan­tômes qui res­sur­gis­saient. L’impression de ne pas être tout seul, étrange mais agréable. Le réel, le plein et le mou­ve­ment. « Des­truc­tion sur des­truc­tion. Là où la poé­sie attaque les mots, l’inconscient attaque les images mais un esprit plus secret encore cherche à recol­ler la sta­tue. » Com­ment mieux écou­ter l’invisible et le vide plein ?

Chloé : j’ai beau­coup obser­vé. Com­ment je peux suivre mon che­min dans un envi­ron­ne­ment et un contexte qui me per­turbe ? Est-ce que la com­mu­ni­ca­tion est illu­soire ?

Léa : comme une par­ti­tion. Le silence fait par­ti de la par­ti­tion. Un fil qui se déroule. Quel niveau de com­mu­ni­ca­tion ? En tous cas l’impression d’être sur une his­toire com­mune.

Chris­tian : habi­ter le silence.

Léa : est-ce que l’état de sen­si­bi­li­té à un envi­ron­ne­ment com­mun est une forme d’interaction ?

TEMPS DE DANSE 4

Léa : est-ce que d’être ensemble dans un même endroit, cela n’est-il pas suf­fi­sant pour créer une connexion, parce qu’elle existe de fait ?

Nico : est-ce qu’éclore amène un nou­vel état ? Est-ce qu’il y a des des­ti­na­tions au bout du che­min ?

JOUR 2

Même thème réflexif.

Thème sen­si­tif : Cycle / Répé­ti­tion

TEMPS DE DANSE 1 : Her­vé tilte

Ques­tions du til­teur : je me pose la ques­tion de faire de la pho­to quand on est en impro… Com­ment faire dia­lo­guer cet art avec les autres pen­dant l’impro ? (réponse : en le mon­trant avec l’écran du PC). Ques­tion à Chris­tian : com­ment tu res­sens le thème dans la musique ?

Chris­tian : la trace se construit dans la durée de cycle et répé­ti­tion. J’ai fonc­tion­né plus sur la sen­sa­tion que sur l’intellect.

Léa : je vis les sen­sa­tions du rêve éveillé, c’est-à-dire dans la danse. J’étais clai­re­ment dans le rêve, le fait de vivre mes sen­sa­tions du rêve consciem­ment, est-ce que ça peut être un che­min pour bri­ser le cycle ?

Nico : ma façon de prendre des pho­tos est pas mal affec­tée par les thèmes, je fais des réglages à l’instinct, sans me poser de ques­tions, sans cher­cher à com­po­ser la pho­to, mais j’essaye de voir ce que je peux cap­ter avec l’objectif. Quand est-ce que je prends du recul par rap­port à ce que je viens de faire ? Par rap­port au texte écrit (par Nico) pen­dant l’impro, ce sont les traces de son ima­gi­naire qui ont été impac­tées pen­dant les temps de danse. Com­ment les traces dans la mémoire col­lec­tive peuvent se mani­fes­ter dans les moyens d’expressions ?

Chris­tian : dans la musique, avec les gongs, j’ai tou­jours une pul­sa­tion, mais pas de cycle, cela joue sur la notion de rêve, ce qui dilue un peu l’aspect ryth­mique.

Chloé : ce qui me frappe c’est l’apparence du milieu. Inté­res­sant : com­ment je peux m’approprier la récep­tion d’un texte dans mon corps ? Com­ment je suis phy­si­que­ment un che­min imma­té­riel auquel je donne corps ?

TEMPS DE DANSE 2 : Nico tilte

Ecrits bruts

TEMPS DE DANSE 3 : Léa tilte

Léa : appa­reil photo/projet blair­witch. C’est la pre­mière fois que je suis autant dans la danse en étant til­teuse.

Her­vé : très ritua­li­sé, sus­pense, ten­sion crée par le rythme. Quelqu’un qui approche mais qui n’arrive jamais. Je cher­chais ma trace. J’ai trou­vé des traces mais je ne les ai pas sui­vies. Empor­té par toutes ces traces. Archet : traces cos­miques. Tor­sion de l’espace. En quoi est-il pos­sible de suivre la trace ?

Nico : j’ai dan­sé au début dans un cycle englué, ten­ta­tive d’en sor­tir mais pas pos­sible. Quand on a des obs­tacles posés par des gens, quel choix fait-on ? Qu’est-ce qu’on en fait ? La cloi­son (mobile de la salle de danse) prend de la place, com­ment je m’en sers ? Pour­quoi les traces des autres sont-elles des appuis ? Est-ce qu’il est illu­soire de pen­ser qu’on est plus auto­nome quand on évite de mar­cher dans les traces de quelqu’un ?

Chris­tian : Nico, quand tu es inter­ve­nu sur les gongs pen­dant les cym­bales, ça m’a per­mis d’entendre les deux.

Chloé : est-ce que je peux tra­cer un che­min de liber­té mal­gré l’influence de mon envi­ron­ne­ment ?

TEMPS DE DANSE 4 : Her­vé tilte

Chloé : aller cherche quelque chose en moi que je répète peut m’ouvrir un che­min, ça laisse des traces visibles par d’autres et ils peuvent ain­si me rejoindre sur un che­min. Com­ment ça se fait que la répé­ti­tion peut per­mettre d’avancer ?

Nico : je répète un texte der­rière le gong pour ne pas qu’on me voit. Est-ce que se pré­pa­rer, ce n’est pas déjà ce qu’on avait pré­vu de faire ? Quand on décide de prendre un che­min, n’est-on pas déjà en train d’avancer sur le che­min ?

Léa : ça me fait du bien de temps en temps une dose de n’importe quoi. En fait je cherche la trace/chemin de ton rire, c’est une trace que je dois suivre.

BILAN

Nico : il y a de plus en plus de matu­ri­té entre nous par rap­port à la pra­tique, je me sens plus à l’aise qu’au début.

Léa : je suis d’accord, on est à l’aise dans l’expérimentation.

Chris­tian : le thème sen­si­tif de same­di (éclore & se ramas­ser) m’a per­mis d’expérimenter d’autres manières de jouer dans la durée. Ce qui est impor­tant en DF c’est de pou­voir être. C’est un espace de liber­té rare dans notre socié­té. Ce genre d’îlots de liber­té est à pré­ser­ver. Sur­tout que cha­cun peut faire le che­min qui lui est propre et ça c’est vrai­ment impor­tant dans notre monde.

Nico : est-ce que je peux me per­mettre de faire ou pas ? Ce qui me plait dans la DF, c’est qu’on ne se pose même pas la ques­tion.

Chloé : c’est une riche décou­verte, riche d’apprentissage. Je me sens bien inté­grée. Je me pose des ques­tions sur l’accessibilité de cette pra­tique pour des gens qui ne sont pas artistes. Je me demande si c’est fai­sable dans la rue ? Com­ment l’adapter à l’espace public ?

Article créé le 16/02/2020

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