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Les couleurs entre désir et besoin


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!!Les cou­leurs, entre désir et besoin – 27/2/11



Les cinq doigts d’une seule main que nous étions n’ont pas suf­fi à rete­nir un sujet aus­si vaste que les cou­leurs, aus­si c’est le thème sen­si­tif qui s’est frot­té aux cou­leurs : « entre désir et besoin ».

Au début, l’idée de sur­vie : face à une mon­tagne que l’on pense insur­mon­table, faire un pas, puis un deuxième et ain­si de suite, pour s’apercevoir que le pré­sent n’est pas aus­si dif­fi­cile à sur­mon­ter si on n’imagine pas le futur [et qu’on laisse en arrière le pas­sé].
Avec cette ques­tion qui vient immé­dia­te­ment der­rière : devons-nous nous conten­ter de sur­vivre, de sub­ve­nir à nos besoins ? N’est-il pas légi­time de dési­rer vivre, avec ce que cela sup­pose d’à côtés ?

L’éveil des muscles a ren­du sen­sibles les muscles pro­fonds et le sen­ti­ment de pro­fon­deur qui les accom­pagne. Connexion revi­vi­fiée entre bouche et col de l’utérus, comme au moment de la sor­tie de l’enfant. Sen­si­bi­li­sa­tion du bas du corps, ventre, jambes, pieds, puis dos, esso­rage de la colonne ver­té­brale et cette sen­sa­tion d’eau qui s’écoule en soi lorsque le corps se détend, entre ténèbres et lumière, froi­deur et cha­leur. C’est comme si à nous tous nous for­mions un seul corps, cha­cun s’occupant d’une par­tie. La limite entre dési­rs et besoins nous est appa­rue être un espace à explo­rer.

Le sen­ti­ment de paix est venu comme pivot pour d’autres mou­ve­ments, tou­jours renou­ve­lés.

Entre besoin et désir, ne retrouve-t-on pas le même espace qu’entre mou­ve­ment et danse ? Com­ment tendre vers la danse sans renon­cer à l’écoute pure­ment sen­si­tive aux mou­ve­ments ?

La pre­mière impro­vi­sa­tion était assez « vague ». Face à l’ennui, signe sen­sible s’il en est, dois-je l’éradiquer, ne pas en tenir compte, lut­ter ?

Il nous a sem­blé qu’une fois que l’ennui était là, autant l’observer. L’ennui, comme attente dans l’indécision, ouvre de nou­veaux pos­sibles. Dans ce flot­te­ment de la pen­sée, où tout est remis à égale valeur, l’occasion nous est don­née de lais­ser émer­ger ce qui pour­rait, dans le flux l’action, ne jamais se pré­sen­ter.

La deuxième impro­vi­sa­tion a fait naître l’espace entre joie et douleur/tristesse : joie dans sa bulle, bar­rière dans le contact avec la bulle de l’autre. Contac­ter cette tris­tesse par­fois du contact avec l’autre, ne pas en faire un psy­cho­drame, ni la rava­ler, mais la situer dans le corps pour lui per­mettre de che­mi­ner sur les sen­tiers de cette fameuse mon­tagne ?

Ne rien intel­lec­tua­li­ser non plus. Cela donne des mou­ve­ments d’oiseau pour les pas­sion­nés d’oiseaux, des ondoie­ments marins pour fonds océa­niques, des flam­boie­ments pour grands vents, des spi­rales pour déjouer les rigueurs de l’espace, des secousses tel­lu­riques pour ventres qui enfantent…

Au fond du fond, la dif­fé­rence entre mou­ve­ments et danse ne vien­drait-elle pas de ce besoin et désir de connexion à l’autre, de s’assembler, de s’accorder ? Ram­per entre les couches du désir et besoin, aller vers plus de lumière, récon­ci­lier sen­sa­tion et émo­tion.

Les images naissent comme si, en dan­sant dans cet espace entre besoin et désir, on fai­sait quelque chose de très ancien. Les mots prennent sens avec le silence.

Avec la nais­sance du désir vient l’éclosion des choix : voir ou ne pas voir, contac­ter ou s’abstenir, bou­ger ou dan­ser…

Et c’est là qu’intervient l’intensité, cette ten­sion qui fait bou­ger les fron­tières et revi­site les espaces, leurs cou­leurs, loin de tout ennui.

Il y eut l’épaisseur du regard entre scène et extra scène, des bulles de quo­ti­dien sur scène, des bulles d’extra quo­ti­dien hors scène. Nous vou­lons un jour nous atte­ler au regard exté­rieur, celui de la camé­ra.

Il y eut bien quelques essais de prê­ter des inten­tions au brin d’herbe qui s’offrirait en sacri­fice au lapin pour être man­gé, mais les deux se sont esqui­vés, lapin et brin d’herbe, devant cette for­mu­la­tion qui en a fait voir de toutes les cou­leurs au monde depuis la nuit des temps, jus­ti­fiant le pire comme le meilleur.

Par contre la toute puis­sance du par­te­naire musique s’est trou­vée remise à niveau avec plus d’écoute et moins de mou­ve­ments, plus de danse, plus de danse, plus de danse…

Andréine Bel

Article créé le 16/02/2020

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