Danse forum
→ Comptes-rendus des ateliers
Nous étions sept femmes. Les sensations paraissaient d’abord bien différentes : tremblement-tension, fatigue-détente, liquide-chaud, enfermement dans un bocal, mollesse, ouverture-tension…
Après deux moments d’exploration le thème des « limites de notre corps » nous a comme « sauté aux yeux », ce va-et-vient entre intérieur-extérieur, cette extensibilité. C’est comme un état relatif d’être restreint dans un contenant (de peau ou d’os), qui tout d’un coup — et pourquoi ? — s’élargit, se transforme se rétrécit, s’agrandit, devient autre.
Certaines ont remarqué le prolongement de notre corps par le corps de l’autre — une présence, un mouvement à côté, un toucher… peut nous emmener à nous sentir plus grands. Ainsi trois corps séparés au début en devenaient un seul à la fin.
Puis en même temps, dans ce corps uni, comment faire attention aux limites, sans imposer un poids, un mouvement, une volonté tout en respectant celle des autres, dans un voyage ensemble. Quelques magnifiques voyages, sur une fond de soleil couchant, en ombres chinois. Merveilleux.
La problématique de la vision est apparue également : « Dès que j’ouvre mes yeux je suis à l’extérieur de mon corps, je vais vers le dehors, le monde, les autres ». Est-ce possible d’avoir les yeux ouverts et d’être toujours connecté à sa/ses sensation/s ? Nous avons expérimenté la proposition d’ouvrir les yeux à moitié, ou alors de trouver « la vision de l’aigle », en panoramique. Pour moi, le travail en BMC sur la vision m’a aidée énormément pour trouver cette vision-là, pouvoir être dedans même les yeux ouverts, grand-ouverts. Ça a considérablement enrichi mes possibilités de mouvement — après avoir cru ne pouvoir danser que les yeux fermés pendant des années.
J’ai été à nouveau fascinée par le fait d’arriver en quelques heures à des improvisations d’une telle intensité. Au début de l’atelier on a l’impression de ne jamais arriver à un thème commun, tellement les sensations et les états des un/e/s et des autres sont différents, mais comme par magie, ça fonctionne et se construit petit à petit.
J’ai été très contente de pouvoir à nouveau être dans les expérimentations et les improvisations tout en assumant mon rôle de joker. La plupart des personnes veulent continuer l’atelier sur l’année. C’est chouette.
J’en suis quand même ressortie avec un bon mal de crâne — ma petite tête doit encore apprendre à gérer tout ça à la fois, mais j’y ai pris beaucoup de plaisir.
Johanna Bouchardeau
Article créé le 16/02/2020 – modifié le 10/06/2020