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!!Portes ouvertes – 24 novembre 2007
Nous étions sept danseurs et quatre spectadanseurs, dont trois nouveaux.
Répondre au besoin principal exprimé par la sensation n’est pas facile : cette pulsation accélérée, agitée, appelle-t-elle des mouvements amples pour se poser ? Cette autre pulsation au plexus demande-t-elle des torsions ? Une crampe peut résurgir, et ainsi délester la tête de ses tensions, ça fait mal sur le moment, mais après, c’est tellement bon…
Comment un thème émerge et prédomine est toujours une inconnue, car les sensations d’origine sont très disparates entre les participants : pulsations au plexus, pulsations accélérées, manque, agitation, errance, balancement, étirement en torsion (liste à corriger, je n’ai pas entendu tous les mots).
Mais quel que soit le thème qui est retenu comme le plus fédérateur, chacun peut le faire sien, s’y raccorder avec sa propre vision, son propre vécu et sensations.
Entre le thème plus concret du balancement que nous avions choisi, et celui plus abstrait de l’errance que nous avions laissé de côté, c’est ce dernier qu’a perçu le public, peu à peu mais de façon assez nette. Peut-être, si nous avions pris le thème de l’errance, le public aurait vu le balancement : ce qui me fait dire cela, c’est que notre souci de ne pas illustrer le thème nous fait aller à volonté de l’abstrait au concret ou inversement, et que nous sommes à présent coutumiers de cet exercice.
La problématique est venue peu à peu : comment jouir de la liberté qu’offre l’errance, sans se perdre ?
Nous avons cherché du côté de l’espace et du temps. Plusieurs fois, les corps se sont organisés les uns par rapport aux autres, sans que rien ne soit prévu à l’avance, donnant une impression remarquable de fluidité, de systèmes de levier ou de balance. D’autres fois, les mouvements cahotiques ont dominé, avec des mises en situation qui s’interrompaient, des attentes non comblées, et cela aussi avait sa valeur.
Les spectadanseurs étant peu nombreux, leur rôle était donc ardu, pour dire ce qu’ils avaient vu, et ce que cela leur avait fait. Il faudra que le joker soit moins rigoriste (moi en l’occurrence, ce soir-là), pour que les pauvres spectateurs ne se sentent pas comme devant un interrogatoire… Mais, les premières appréhensions passées, l’énergie a pu se déployer, et nous avons enchaîné les séquences assez vite. Bernard m’a suggéré une idée par rapport à l’interaction avec le public, mais je préfère que nous en parlions de vive voix, en l’expérimentant.
Voir la video de ce que nous venons de danser est toujours un moment privilégié. « Cela enseigne et réconcilie », m’a dit une spectadanseuse. Je me rends compte combien ce moment est important, et encore plus ce petit temps que nous prenons toujours, juste avant de se séparer. C’est là que nous sommes gratifiés du travail accompli, cette recherche qui se cherche parfois. C’est à ce moment que nous complétons le tableau élaboré pendant l’atelier, par ce coup de pinceau qui permet de finir assez l’œuvre pour pouvoir la laisser, mais avec cette incomplétude qui va établir le lien avec le prochain atelier. Ainsi, chaque atelier est à la fois unique et relié aux autres, comme autant de résurgences.
Andréine Bel,
d’après les retours de : Alexandre D, Amanda L, Andréine B, Denise M, Guillaume T, Johanna B, Laurent B, Leonardo C, Marie-Aude F, Nadine B, X.
Article créé le 16/02/2020