TF et DF

Présentation danse forum au PBTM


Danse forum
Téâtre forum et danse forum

!! Pré­sen­ta­tion de la DF pour le fes­ti­val PBTM – 4 novembre 2009

Le temps était venu pour nous, m’a‑t-il sem­blé, de pré­sen­ter la danse forum en la situant rela­ti­ve­ment au théâtre forum, à tra­vers quelques points et ten­dances qui s’en dégagent. Je pré­cise et com­plète ici ma pré­sen­ta­tion d’alors, tout en lui lais­sant son abord sché­ma­tique et cari­ca­tu­ral, car sim­pli­fié. L’objet de cet écrit étant de tra­cer quelques grandes lignes de la danse forum telle qu’elle nous appa­raît aujourd’hui.

’’[+Le contexte+]’’

Le TF est né il y a plus de trente ans, d’un pays en guerre et sous dic­ta­ture.

La DF est née il y a quatre ans et a vu le jour lors de la pre­mière édi­tion du PBTM en 2005, dans la région de For­cal­quier, dans un pays qui n’a pas connu la guerre depuis plus d’un demi-siècle.

’’[+L’outil+]’’

Le TF est un des outils prin­ci­paux du TdO.

On pour­rait ima­gi­ner un jour du « Théâtre forum dan­sé », qui don­ne­rait nais­sance à une « Danse de l’Opprimé », sous l’impulsion de tels ou tels col­lec­tifs, asso­cia­tions, ONG etc.



Mais la danse forum, telle qu’elle se des­sine pour nous aujourd’hui, est plus un outil pour mettre la vie au cœur de la danse (et de l’art en géné­ral), et la danse au cœur de la vie.

’’[+L’esthétique+]’’

Redon­ner à l’esthétique sa place au sein du TdO a été la pré­oc­cu­pa­tion majeure d’Augusto Boal ces der­nières années, qu’il a consi­gné dans « The Aes­the­tics of the Opres­sed ». Jor­di For­ca­das va dans le même sens en ques­tion­nant l’esthétique du théâtre clas­sique, met­tant les outils du théâtre brech­tien à dis­po­si­tion du TF.

La DF déve­loppe son esthé­tique en ques­tion­nant la danse. Qu’est-ce la danse ? Quand com­mence-t-elle ? On dit d’un oiseau qu’il danse dans le ciel. On ne dit pas qu’il « fait de la danse ». Toute per­sonne ne fait pas de la danse, mais toute per­sonne danse, et par là même « devient dan­seur en dan­sant », pour para­phra­ser Boal.

L’esthétique de la DF redonne place à l’involontaire, au for­tuit et à la sen­sa­tion.

L’involontaire est aus­si mécon­nu aujourd’hui que l’était l’inconscient avant Freud. Nos recherches sur l’involontaire pointent son effet struc­tu­rant, pour le corps et la danse.

Le for­tuit, c’est l’ouverture don­née au hasard, sans lequel l’esprit s’endort sur lui-même dans ses habi­tudes.

Quant à la sen­sa­tion, elle n’est pas une chose « pure » qui nous vien­drait du ciel, indemne de nos res­sen­tis et de notre ima­gi­na­tion, ou de notre culture. Elle nous incarne à chaque ins­tant, nous don­nant une porte d’accès au spon­ta­né et au créa­tif.

On pour­rait dire de l’esthétique telle que nous l’approchons tourne autour de la puis­sance de l’art, dans la même veine que la « puis­sance d’agir » chère à Spi­no­za.

’’[+La tech­nique+]’’

Le TF a repris et éla­bo­ré de nom­breuses tech­niques théâ­trales, jeux et exer­cices évo­lu­tifs, trans­mis de géné­ra­tion en géné­ra­tion.

Pour la DF, nous par­lons plus « d’infra-technique », une tech­nique invi­sible au pre­mier abord, et qui donne à voir ce qui ne se voit pas d’habitude. Elle ne peut guère s’imiter, car elle demande de l’introspection et un rap­port sin­gu­lier aux sen­sa­tions pour le dan­seur, mais elle peut se déve­lop­per par auto-appren­tis­sage coopé­ra­tif. Cha­cun apprend de lui-même et en témoigne aux autres par des retours réflexifs. Ces retours font écho, confirment ou infirment ses propres trou­vailles. L’auto-apprentissage coopé­ra­tif va de pair avec un esprit cri­tique non jugeant.

’’[+Les règles+]’’

Celles du TF sont main­te­nant bien éta­blies, avec des variantes internes pos­sibles, mais qui font que l’on recon­naît le TF de n’importe quelle autre forme de théâtre.

Les règles de la DF sont encore en cours d’élaboration, avec tâton­ne­ments, retours en arrière, bonds en avant. Mais dès le début, la spé­ci­fi­ci­té de la danse s’est impo­sée à la DF : si la danse com­mence là où la parole finit, c’est que la danse inclut la pos­si­bi­li­té de l’abstraction et de la sen­sa­tion comme vec­teurs d’émotions et de réflexions.

’’[+La poli­tique+]’’

Le TF et de TdO sont ori­gi­nel­le­ment essen­tiel­le­ment poli­tiques, dans le sens mili­tant, et cherchent à récon­ci­lier art et poli­ti­que/­mi­cro-poli­tique.

En DF, ce n’est pas le côté mili­tant de la poli­tique qui nous a mobi­li­sé. Il s’agit plus d’une micro-poli­tique de la danse, du quo­ti­dien.

La danse spec­ta­cu­laire est réser­vée en grande par­tie à des corps minces et souples, vifs et capables de mémo­ri­sa­tion. Se réap­pro­prier la danse, c’est voir et défaire les inhi­bi­tions, les jeux de pou­voir, la tyran­nie du beau, etc. C’est recon­si­dé­rer le beau, décon­di­tion­ner le juge­ment, se défor­ma­ter, comme le pro­pose par ailleurs le TF.

’’[+Le deve­nir+]’’

Le TF évo­lue avec ses pra­ti­ciens, théo­ri­ciens et pra­ti­quants, autour d’une ossa­ture qui s’est éla­bo­rée lon­gue­ment.

Le deve­nir de la DF res­semble plus à une vision pour l’instant, une vision de son poten­tiel à tra­vers l’éducation cri­tique du regard esthé­tique dans ce qu’il a de plus vital et nour­ri­cier pour l’être.

Andréine Bel

Article créé le 16/02/2020 – modi­fié le 25/02/2020

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