Ateliers Lambesc

Pression et relachement


Danse forum
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Lam­besc

!!Pres­sion et relâ­che­ment – 2 février 2008

Nous étions trois ce jour-là. L’une s’est d’abord recro­que­villée dans un coin, bien au chaud sous mille vestes, le temps de nous rejoindre ensuite.

Le mot qui a émer­gé pour les deux autres était le même : malaxer. Les ten­sions voya­geaient, les tor­sions insis­taient, les pres­sions et relâ­che­ments les accom­pa­gnaient. La troi­sième nous rejoi­gnant a ame­né « son » mot : com­pac­ter, avec l’idée d’une ten­sion comme une apnée qui se relâ­che­rait d’elle-même au bout du compte ; ce mot est res­té dans les corps, mais c’est « pres­sion et relâ­che­ment » que nous avons rete­nu comme thème.

Au plus près de nos mou­ve­ments internes, au point que les larmes en ont jailli par­fois, notre danse nais­sait de là. Est-ce que la danse peut être inté­res­sante lorsque les mou­ve­ments sont de si prés liés au che­mi­ne­ment des ten­sions ? Ces mou­ve­ments quo­ti­diens, dans le sens de « intimes », de non-spec­ta­cu­laires, peuvent-ils être qua­li­fiés de « danse » ? Quel est le lien entre le quo­ti­dien et la danse ? La pre­mière danse sur l’espace scé­nique était lan­cée.

Elle fut toute en lignes, en pas et en dis­tances mesu­rés. Avec par­fois cette désa­gréable sen­sa­tion de faus­se­té, au détour d’un mou­ve­ment emprun­té, en dehors… Mais ces mou­ve­ments ne pour­raient-ils pas être inté­grés pour ce qu’ils sont sont, mis « en dedans » ? Ils font par­tie de la vie, de notre quo­ti­dien à tous… Que faire de ces mou­ve­ments res­sen­tis comme « faux » ? Nous avions notre pro­blé­ma­tique.

La deuxième danse ne fut pas exempte de ce res­sen­ti sur lequel nous por­tions notre atten­tion, par­fois au point de sen­tir comme fausse la danse entière… Nous nous sommes dit que pour inté­grer le faux, il fal­lait pour le moins ne pas trop le juger…

La spec­ta­trice deve­nue dan­seuse quant à elle était res­tée au bord, dans une sorte d’entre-deux. Nous avons sou­li­gné l’importance de cet espace, regret­tant d’ailleurs que celui des­si­né natu­rel­le­ment à Lam­besc par les tata­mis n’inclue pas les murs. (Nous pour­rions le redé­fi­nir par­fois à l’aide de cordes de cou­leur vive pour les y inté­grer.)

Pour la troi­sième danse, nous avons déli­mi­té un espace scé­nique ori­gi­nal : inves­tir l’espace rouge qui des­sine habi­tuel­le­ment notre scène ! Nous avons vu toutes trois que, quelle que soit la finesse de notre danse et de nos per­cep­tions, lorsque nous sommes vrai­ment sur scène, il est abso­lu­ment impos­sible de ne pas avoir conscience de la pré­sence des autres ! Autre­ment dit, notre danse est néces­sai­re­ment en lien avec celle des autres, sans qu’il faille y mettre une inten­tion.

Le lien qui était absent, par contre, était celui reliant habi­tuel­le­ment la camé­ra à la prise élec­trique ! Nous n’avons donc rien vision­né cette fois-ci. Mais de toutes façons, cela fai­sait déjà quatre heures que nous étions là…

Il est dif­fi­cile d’extraire la sub­stan­ti­fique moelle d’un ate­lier, ain­si que d’en suivre le fil à l’écrit. Mais je peux au moins dire, je cois, que le plai­sir de la danse nous était com­mun…

Nadine Gar­dères,

d’après les retours de : Agnès M, Andréine B, Nadine G.

Et Andréine d’ajouter :

Mes larmes gré­sillent

en étei­gnant

les braises

Mat­suo Bashô

Article créé le 16/02/2020

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