Ateliers Lambesc

Tout est extérieur


Danse forum
Comptes-ren­dus des ate­liers
Lam­besc

!!« Tout est exté­rieur » – 19 avril 2008

Same­di, nous étions quatre ; nous n’avons pas fait de danse forum.

Dès le début, nous étions en silence, ame­né par trois d’entre nous qui
avaient déci­dé de vivre ensemble cette expé­rience d’une jour­née entière de silence.

Nous avons com­men­cé par l’exercice clas­sique de se relier à nos
sen­sa­tions. Une ten­ta­tive de retour ver­bal bien vite aban­don­né : c’était
le silence qui conve­nait.

Un deuxième temps pour se relier encore, puis une danse toute joyeuse et
un peu folle, qui nous a fina­le­ment éta­lées sur le tapis, essouf­flées !

Une pause, puis, cha­cune à notre tour, nous sommes entrées seules
dans l’espace scé­nique.

Pour moi, ce fut encore une fois cette mer­veilleuse expé­rience de voir
que, liée aux sen­sa­tions, ce qui se passe est for­cé­ment inté­res­sant, et
sur cet espace scé­nique, ce qui se passe lié aux sen­sa­tions est
for­cé­ment de la danse.

Reliée à mes sen­sa­tions, mes mou­ve­ments répon­daient à des besoins
d’étirements très pré­cis.

La conscience d’être dans cet espace m’incitait à être pré­cise dans mes
mou­ve­ments, et à ne pas lâcher la sen­sa­tion : dans ces mou­ve­ments dénués
de tech­niques et de vir­tuo­si­té, l’à‑peu-près devient vite com­plè­te­ment
ennuyeux, pour soi et pour les autres.

La musique et les images men­tales qui me tra­ver­saient m’amenaient des
rythmes, des pro­po­si­tions, qui ame­naient des pos­sibles dans les
mou­ve­ments. Reliée à mes sen­sa­tions, bou­geant à par­tir de là, ces
pos­sibles pou­vaient m’enrichir, rendre plus fine et légère mon
atten­tion, m’amuser, me sur­prendre…

« Tout est exté­rieur » ; j’avais croi­sé cette phrase étrange il y a
quelques années…

Le silence dans lequel nous étions – et dans lequel nous avons pro­lon­gé
la soi­rée par la suite – fut une expé­rience très riche ; je voyais tous
les méca­nismes qui m’incitaient à par­ler : me relier aux autres, occu­per
l’espace sonore, rompre un malaise, dire ce qui me passe par la tête,
ame­ner une musi­ca­li­té, suivre une impul­sion ner­veuse…

Me contraindre à arrê­ter les mots avant qu’ils ne sortent m’a ame­né à
voir que tout passe, et tout se résout autre­ment, si les mots ne sont
pas là… par des che­mins sou­vent mécon­nus, ne deman­dant qu’à être
emprun­tés. Pour chan­ger un peu…

Une autre richesse de cet ate­lier – et soi­rée – fut de voir à l’œuvre
dans toute sa splen­deur ce que j’ai ana­ly­sé comme étant de la
pré-expres­si­vi­té : l’une de nous, E., bien peu encline au lan­gage
natu­rel­le­ment, est par contre appa­rem­ment très douée pour se mettre
exac­te­ment dans la même posi­tion que les autres. C’est vrai­ment étrange,
bizarre, dérou­tant de se sen­tir ain­si imi­tée à la per­fec­tion ! Non pas
que l’image soit res­sem­blante comme une pho­to, mais j’ai eu la sen­sa­tion
à plu­sieurs reprises d’être très fidè­le­ment imi­tée dans mon atti­tude
inté­rieure.

J’ai donc ima­gi­né que E. se met­tait dans les mêmes posi­tions que moi
pour entrer dans les mêmes sen­sa­tions que moi à ce moment-là… quelle
qu’en soit la rai­son.

Je ne sais pas si mon ana­lyse est exacte, mais quoi qu’il en soit, j’ai
trou­vé cela d’une grande richesse, jusque dans le malaise que cela
fai­sait naître par­fois en moi.

Pour cela, et pour l’inconnu qu’elle amène, j’espère que E. revien­dra à
l’atelier DF.

Nadine Gar­dères,

d’après les retours de : Andréine B, Agnès M, Emi­lie M, Nadine G.

Article créé le 16/02/2020

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