Ateliers Bretagne

Transmission de la danse forum


Stage de trans­mis­sion de la danse forum les 6,7 et 8 mai 2016 à St Ger­main-sur-Ille, près de Rennes

https://collectifsanstete.wordpress.com/transmission‑6 – 5‑16/

Stage orga­ni­sé par Her­vé Maron­giu. Nous étions 15 par­ti­ci­pants, la plu­part à forte conscience poli­tique, pra­ti­quant la danse, la musique ou le théâtre (dont théâtre forum), sous dif­fé­rentes formes.

Trois cha­pitres :

I – CR écrit d’après mes notes et les enre­gis­tre­ments, résu­mé à cer­tains endroits.

II – Lexique du moment

III – L’après

Conven­tions adop­tées pour la rédac­tion

- Je mets entre […] ce que j’ai rajou­té à la rédac­tion du CR.

- Les ita­liques sont réser­vées aux consignes et recom­man­da­tions.

- Les rôles (Til­teur, Dan­seur etc.) com­mencent par une majus­cule. Lorsqu’ils sont accom­pa­gnés d’une étoile comme Regar­deur*, Régleur*…, cela veut dire que ces mots sont nou­veaux et n’ont pas encore été vali­dés pour faire par­tie du lexique de la DF.

- DF = danse forum

TF = théâtre forum

D = droite

G = gauche.



I – CR des trois jours de stage

6/5/16, pre­mier jour : « Impré­gna­tion »

Au matin : accueil, pré­sen­ta­tions et moti­va­tions expri­mées pen­dant le tour de tapis.

Nous étions quinze, et cha­cun s’est pré­sen­té.

Nous avons évo­qué le mémoire de Nadine Gar­dères sur la DF en 2012 (voir biblio) et son site : https://​eiza​da​.poi​vron​.org/

Pré­sen­ta­tion de la DF et du stage par Andréine

- La DF telle que vous allez la pra­ti­quer est tou­jours en recherche, et j’espère qu’elle le res­te­ra.

- Comme le TF, c’est un outil pour réflé­chir ensemble, sans pen­ser à la place des autres. Nous avons été ins­pi­rés au départ par le TF, et c’est en voyant un TF que j’ai réa­li­sé : c’est ça qui manque à la danse ! Cet ins­tant a été d’une clar­té ! Avec cette prise de conscience : la danse peut créer un outil de réflexion.

- Bien sûr, nous n’allions pas faire un copié col­lé avec le TF, c’est à dire faire une sorte de théâtre muet plus ou moins mimé – donc du mau­vais théâtre et faire du TF en mime et expres­sion cor­po­relle. À notre sens, ce n’étais pas envi­sa­geable. La danse est un art à part entière, comme le théâtre, son poten­tiel est sin­gu­lier. En théâtre, l’histoire est racon­tée, elle suit l’enchaînement des phrases : faire du théâtre sans nar­ra­tion devient com­pli­qué. En danse, nous avons de suite plu­sieurs dimen­sions, abs­traites ou nar­ra­tives. La danse offre des pos­si­bi­li­tés dif­fé­rentes par rap­port au TF.

- La DF a été une longue éla­bo­ra­tion : sept ans, c’est le mini­mum du mini­mum pour com­men­cer à voir com­ment faire. On a essayé mille façons, et cela conti­nue­ra à évo­luer. Une pra­tique qui n’évolue pas, c’est une pra­tique qui n’est pas cri­ti­quée ni remise sur le métier : il n’y a pas d’exception à la règle…

- Dans ce stage, je vou­drais à la fois trans­mettre la DF et la recherche. Ce n’est pas un outil livré clés en mains : c’est quelque chose sur lequel réflé­chir, et cha­cun est bien­ve­nu pour enri­chir cet outil, pour le polir. Avant d’élaborer un outil quel qu’il soit – même un mar­teau – il faut tel­le­ment d’essais et d’échecs pour l’adapter aux maté­riaux tra­vaillés !

- La DF est « opé­ra­tion­nelle » depuis 6 ans main­te­nant, mais on l’adapte chaque fois au contexte [appren­tis­sage, fes­ti­val, thèse..]. La DF n’est pas une œuvre en soi, c’est un outil qui per­met de créer une œuvre, tant au niveau des idées qu’au niveau artis­tique.

- Elle remet dras­ti­que­ment la danse en ques­tion – du moins l’idée que l’on s’en fait, les a prio­ri… Ça met de l’espace dans les convic­tions que l’on a sur la danse : qu’est-ce que la danse ? Quand est-ce qu’elle com­mence ? Quand finit-elle ? Où est-ce qu’elle doit aller : tout cela est remis sur le tapis. Remettre en ques­tion ne veut pas dire démo­lir, mais au contraire, remettre les ques­tions au centre de la pra­tique. C’est à dire que la danse est mise en forum elle-même. On peut très bien s’approprier la DF juste pour réflé­chir à la danse.

- Mais c’est un outil pour réflé­chir ensemble à d’autres pro­blé­ma­tiques éga­le­ment. Qu’elles soient d’ordre phi­lo­so­phique, poli­tique, artis­tique, social, cultu­rel…, toutes les pro­blé­ma­tiques sont bien­ve­nues. Elles peuvent être adop­tées sous la forme d’un thème, qui en géné­ral nous pose ques­tion : le thème en DF, ce n’est pas le truc qu’on va essayer d’illustrer, d’aucune façon. Nous ver­rons ensemble com­ment le thème est en fait tou­jours dans l’arrière champ de l’artiste forum.

- Nous avons long­temps fonc­tion­né avec un seul thème, le sen­si­tif, choi­si à l’issue de l’échauffement, qui lui-même se base sur la per­cep­tion des sen­sa­tions cor­po­relles internes et des besoins qu’elles expriment. L’échauffement est une sorte de barat­tage du corps, des émo­tions et des sen­sa­tions, et de là naît un thème sous forme de ques­tion sen­si­tive du moment, de com­ment on se sent.

- Ce n’est qu’ensuite, grâce aux repré­sen­ta­tions publiques, que nous avons réa­li­sé que nous pou­vions choi­sir un thème réflexif en amont de la DF ou en tout début, sug­gé­ré par les orga­ni­sa­teurs ou par la struc­ture d’accueil. [Par exemple, lorsque nous avons par­ti­ci­pé au Fes­ti­val Ren­trée Nou­velles à For­cal­quier du 20 au 23 août 2010 (orga­ni­sé en par­tie par Fran­çois et Johan­na Bou­char­deau), le thème du fes­ti­val était : « Écri­tures du corps, corps de l’écriture », et nous l’avons adop­té comme thème réflexif pour la DF. Voir le CR : http://​wiki​.leti​.lt/​D​a​n​s​e​F​o​r​u​m​/​F​e​s​t​i​v​a​l​R​e​n​t​r​e​e​N​o​u​v​e​l​les]

- L’idée de mettre les deux thèmes en regard ou en fric­tion pour une même DF nous est venue « natu­rel­le­ment », comme une option.

Le thème réflexif

Son choix nous a pris une bonne heure et demi de dis­cus­sion.

- Les thèmes envi­sa­gés en amont du stage : émo­tion et action, place de la pra­tique artis­tique dans nos modes de vie, art confluent des aspi­ra­tions et émo­tions, s’exprimer, se contrô­ler et s’opprimer, ren­contre et échange, quié­tude, confort et sûre­té, rap­ports de domi­na­tion, l’exclusion, l’amour et la bien­veillance, dedans – dehors, juste – injuste, peur et risque, le corps col­lec­tif, immo­bi­li­té en mou­ve­ment, authen­ti­ci­té – arti­fi­cia­li­té : situer la fron­tière, faire – ne pas faire, le tra­vail, emprise du pou­voir sur les corps, pou­voir et contre-pou­voir du corps, du désir au besoin, la joie cachée dans nos peurs, la source, traces des actes et mémoire du corps, le regard, le pré­sent dans le temps, le plai­sir de ne plus subir, nos corps sont poli­tiques : où en sommes-nous, la dyna­mique de la joie, la pré­dis­po­si­tion trans­for­ma­tive des corps, l’abandon, se sen­tir en sécu­ri­té.

- Les thèmes envi­sa­gés sur le moment : conti­nui­té et rup­ture, rap­ports de domi­na­tion, com­ment nos corps peuvent être poli­tiques autre­ment que par les mots, nor­ma­li­té et anor­ma­li­té, non-forme et informe, l’essentiel, la domi­na­tion par le lan­gage, le lan­gage du corps : qu’est-ce que cela trans­forme, les pas­sages, poli­tique et lan­gage, la nor­ma­li­té, le pas­sage, l’oppression, l’impuissance, la domi­na­tion, l’émancipation, le pou­voir du corps, nos peurs, la forme, le lan­gage.

- Thème réflexif rete­nu pour ces trois jours : La domi­na­tion.

1ere danse forum, avec Andréine pour Til­teur

Échauf­fe­ment sen­si­tif

Il s’agit de contac­ter la sen­sa­tion interne phy­sique, sans vou­loir la modi­fier tout en la lais­sant évo­luer et nous mettre en mou­ve­ment.

1 – Consignes pour l’éveil des sen­sa­tions :

a) obser­ver, situer et nom­mer les sen­sa­tions internes ://

- ten­sion nuque et ventre ; petite faim ; pul­sa­tion ; froid aux pieds ; confort ; bat­te­ment ; endor­mis­se­ment ; rete­nue ; tra­vail de la nuque ; pin­ce­ment ; éti­re­ment au niveau des omo­plates ; ondu­la­tion de la res­pi­ra­tion ; lour­deur ocu­laire.
[La pré­ci­sion vien­dra petit à petit. Nom­mer une sen­sa­tion per­met de mieux la per­ce­voir et de la situer (interne ou externe, de ter­rain ou ponc­tuelle), et de la recon­naître dans d’autres contextes pour en apprendre quelque chose. Poser le regard sur les sen­sa­tions et sur le rap­port que nous entre­te­nons avec elles est au centre des deux éveils qui forment l’échauffement.]

b) puis per­ce­voir les besoins qu’elles expriment et répondre à ces besoins en lais­sant le corps bou­ger et chan­ger de posi­tion grâce au jeu des muscles ://

- contrac­tion de l’estomac ; bas­cule du bas­sin ; éti­re­ment du dos ; four­mille­ments jambe droite ; ramas­se­ment du bas­sin autour du ventre ; rota­tion de la nuque ; pul­sa­tion « éner­gé­ti­sante » flanc droit ; com­pres­sion sinus ; poids de la jambe levée sur flanc gauche ; contact des mains sur les tempes ; éti­re­ment des muscles autour du sacrum ; ins­pi­ra­tion ; tor­sion au niveau des omo­plates.

2 – Consigne pour l’éveil des muscles :

Situer le centre actuel de la sen­sa­tion (qui a pu se dépla­cer voire chan­ger), obser­ver le muscle concer­né puis la ou les chaînes mus­cu­laires impli­quées. L’éveil des muscles répond à leurs besoins en met­tant le corps en mou­ve­ment ://

- cris­pa­tion, ten­sion des muscles ; muscles de la nuque, rota­tion et va et vient de la tête ; ban­der les muscles pour dyna­mi­ser le corps grâce aux appuis ; besoin d’étirement des muscles du bras, besoin de flui­di­té, contrac­tion cuisse G et ten­sion bras G, éti­re­ment des jambes ; besoin d’asymétrie sur les points d’appui ; posi­tion debout pour cris­per le ventre et libé­rer le bas du dos ; besoin de balan­ce­ment ; besoin rota­tif pour har­mo­ni­sa­tion ; ondu­la­tion du tronc pour échauf­fer ; besoin d’étirer puis de relâ­cher ; besoin de pres­sion ; équi­libre sur pointe des pieds pour aider la cris­pa­tion, mou­ve­ment cir­cu­laire pour reprendre une assise au sol ; acti­va­tion des épaules puis fris­sons ; petits pas pour d’autres muscles ; besoin de relâ­che­ment total ; exten­sion arrière ; rou­le­ment sur les muscles.

Bilan des éveils

- Poser le regard sur les sen­sa­tions et sur le rap­port que nous entre­te­nons avec elles – par l’involontaire et le spon­ta­né – est au centre des deux éveils.

- Une bonne arti­cu­la­tion a été trou­vée entre l’éveil des sen­sa­tions (dyna­mique cen­tri­pète) et l’éveil des muscles (cen­tri­fuge). Cela faci­lite leur approche.

- Allè­ge­ment du corps. C’est la pre­mière fois que je fais un stage où cha­cun fait son échauf­fe­ment per­son­nel, et c’est très effi­cace.

- Incom­pré­hen­sion de ce qu’est une sen­sa­tion, une per­cep­tion, com­ment répondre aux besoins res­sen­tis. Impres­sion de « faire pour faire ».

- Pas entrée dans l’exercice, n’a pas trou­vé le vrai point de départ.

- Quel rap­port avoir avec une dou­leur déjà pré­sente ?

- Com­ment voir de quelles sen­sa­tions internes la dou­leur est com­po­sée et répondre à leurs besoins ?

- Pour­quoi fau­drait-il mettre des mots sur les sen­sa­tions, ne se suf­fisent-elles pas à elles-mêmes ? Et ensuite, pour­quoi remettre en ques­tion ces mots ?

Ce type d’échauffement par les éveils façonne la DF telle que nous l’avons éla­bo­rée dans le groupe du Tilt. D’autres types d’échauffement amè­ne­raient d’autres types de DF.

Choix du thème sen­si­tif à l’issue de l’échauffement : « Faire et lais­ser faire ».
À mettre en fric­tion ou en regard avec le thème réflexif de « La domi­na­tion ».

Mise en forum : « La domination/Faire et lais­ser faire »

Musique vivante au pia­no et par les corps, et musiques enre­gis­trées.

Obser­va­tions et les ques­tions qu’elles posent :

1er pas­sage

- ver­ti­ca­li­té

- domi­na­tion musi­cale

- inter­pré­ta­tion

- à un moment, choses très mar­quées par les mains.

2e pas­sage

- moins de domi­na­tion de la musique.

- quelle par­tie du corps domine et qu’est-ce que ça pro­duit ?

- ce n’est pas pré­sent pour moi. Dan­ser ce que ça ne serait pas.

- besoin d’aller dans l’effort phy­sique. Je n’arrivais pas à arrê­ter, untel m’a aidée à lais­ser faire. Cela m’a libé­rée de l’oppression [inté­rieure] que j’ai res­sen­tie.

- le thème appa­rais­sait et dis­pa­rais­sait, il ser­vait de lunettes pour savoir s’il y avait domi­na­tion ou pas.

- par­tir de ce qui nous imprègne et dont on a par­lé ensemble.

- jusqu’où est-on concer­né par la consigne ?

- lan­gage du corps, temps de déblo­cage.

- belle expé­rience de l’impuissance.

- sté­réo­types en mots mais pas en corps.

3e pas­sage

- n’arrive pas à entrer dans l’espace scé­nique, condi­tion­né à recher­cher la cohé­rence artis­tique. Pas prêt.

- quel est le pou­voir de lan­gage arti­cu­lé sur nos res­sen­tis ?

- ques­tion de la condi­tion : est-ce qu’on peut choi­sir notre place ?

- injonc­tion, mais impul­sion.

- j’étais dans le faire, puis le lais­ser faire. Quelle est leur place res­pec­tive ?

Bilan de cette 1ere danse forum

- S’efforcer en DF de ques­tion­ner les appréciations/opinions pour qu’elles ne res­tent pas figées et que cha­cun puisse en béné­fi­cier.

- Un moment par­ti­cu­lier s’est rap­pro­ché dan­ge­reu­se­ment de ce qui n’est pas per­mis en DF : le psy­cho­drame – car nous ne sommes pas des psy­cho­thé­ra­peutes. J’étais sur le point de til­ter pour qu’on se pose et com­prenne tous ce qui était en train de se pas­ser. Mais je n’ai pas eu à le faire car la situa­tion a été prise en charge très intel­li­gem­ment par l’ensemble des Dan­seurs et Artistes forum : ils ont désen­cla­vé la décharge émo­tion­nelle de manière créa­tive et non juste pour l’apaiser.

- Le Dan­seur forum est sur scène en repré­sen­ta­tion. La scène le pro­tège et lui per­met de tout explo­rer et expri­mer, pour­vu qu’il se sou­vienne qu’il est sur scène, et non pas dans la vraie vie.

Bilan de cette pre­mière jour­née : res­sen­tis, ques­tions et réponses

- Frus­tra­tion, impa­tience et colère chez presque tous les sta­giaires : impres­sion de ne pas com­prendre, de ne pas y arri­ver, et de ne pas voir la logique ni la per­ti­nence de la trans­mis­sion. Impres­sion d’intellectualiser ce qui appar­tient au corps et ain­si de ne pas lui lais­ser sa spon­ta­néi­té.

- Quelle est l’utilité de la bor­dure scé­nique ? Elle per­met de fran­chir plus faci­le­ment le seuil de la scène, en s’exerçant à d’autres arts selon le talent de cha­cun, ou en lisant des poèmes à par­tir de livres mis à dis­po­si­tion.

- Cer­taines pro­blé­ma­tiques sont vio­lentes en elles-mêmes, et on ne sait pas à qui on a affaire sur scène. Ne pour­rait-on pas faire des exer­cices de pré­pa­ra­tion, comme en danse contact par exemple, pour apprendre à se connaître, avoir confiance et pou­voir dan­ser ensemble ?

Nous ver­rons que spon­ta­né­ment, les Dan­seurs gardent leur réserve, et que c’est leur garde-fou. Pour­quoi vou­loir la gom­mer arti­fi­ciel­le­ment ? Autant l’utiliser pour jus­te­ment pro­blé­ma­ti­ser la vraie vie sur scène, au lieu que la DF devienne une « danse impro­vi­sée avec thème et entre dan­seurs ».

- Com­ment faire en sorte que les retours ver­baux ne prennent pas trop de temps sur la danse ? Apprendre à dire en une phrase ce que cha­cun dit en dix…

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7/5/16, deuxième jour : « Appren­tis­sage par expé­ri­men­ta­tion »

Au matin, accueil, pré­sen­ta­tion et moti­va­tions d’un nou­veau venu. Deux sta­giaires choi­sissent de ne pas reve­nir, le stage ne leur conve­nant pas.

Mise en place du pro­gramme de la jour­née :

- Faire une DF avec Andréine comme Til­teur, pour que cha­cun puisse s’imprégner du fonc­tion­ne­ment de la DF.

- Déter­mi­ner les taches du Til­teur, les dis­tri­buer entre les par­ti­ci­pants au stage.

- Faire une danse forum avec cha­cun dans son rôle, Andréine deve­nant dan­seuse forum.

2e danse forum, avec Andréine pour Til­teur

Éveil des sen­sa­tions, en silence et cha­cun dans son « coin pri­vi­lé­gié ».

Consigne : On adopte la posi­tion qu’on aime et on observe la sen­sa­tion phy­sique pré­do­mi­nante, qui mobi­lise le corps. Puis situer chaque sen­sa­tion (interne ou externe, ponc­tuelle ou de base).

Enchaî­ne­ment avec l’éveil des muscles, en silence et cha­cun dans son coin pri­vi­lé­gié.

Enchaî­ne­ment avec l’improvisation sen­si­tive, en musique et avec dépla­ce­ment pos­sible dans la pièce en entier. Cha­cun sort de sa bulle à son rythme, pour étendre sa sen­so­ria­li­té à ce qui l’environne, par une décou­verte pro­gres­sive de l’espace-temps exté­rieur à soi.

[L’ouverture des sens vers l’extérieur est un pre­mier pas vers la danse, vers l’autre. Un dia­logue peut com­men­cer entre nos gestes et les lignes de l’espace qui struc­turent la pièce, les corps qui s’y trouvent, le rythme et la mélo­die de la musique. Ceci pré­pare l’abord des espaces déli­mi­tés pour la DF : scène, bor­dure scé­nique et extra scène.]

Choix du thème sen­si­tif : Intra – extra

Mise en forum, autour de « La domination/Intra – extra » Musique vivante du pia­no et des corps, et musiques enre­gis­trées.

Des­crip­tion de nos obser­va­tions et les ques­tions qu’elles posent :

1er pas­sage

- Colère, tout afflue vers la scène, beau­coup [trop] de choses dans petit espace scé­nique, mais ryth­mées.

- Dyna­mique de groupe, domi­na­tion du thème sur la domi­na­tion, on com­mence à aller plus loin.

- Y a‑t-il une dif­fé­rence entre intra et extra ? Une oppres­sion de l’extérieur sur l’intérieur ? De l’intérieur sur l’extérieur ?

- Quelle oppres­sion peut géné­rer le regard inté­rieur ? Et exté­rieur ?

- Quel est le pou­voir du musi­cien sur la « com­po­si­tion ins­tan­ta­née » (pen­dant l’improvisation) du Danseur/Artiste* ?

- La ques­tion du lea­der­ship : est-il tou­jours pré­sent ? Néces­saire ?

- Est-ce qu’on peut pro­po­ser une idée sans l’imposer ?

- Est-ce qu’on peut s’ouvrir aux idées des autres ?
- Y a‑t-il un équi­libre face à une domi­na­tion ?

2e pas­sage

- Cohé­sion.

- Envie de tendre l’espace.

- Inter­cep­tion et den­si­té.

- Écho.

- Intra : on peut se situer à l’intérieur de quelque chose à plu­sieurs.

- Jeux de regard, rap­pro­che­ment.

- S’échapper sans fuir.

- Domi­na­tion sur soi : est-ce qu’on peut dépas­ser ça ?

- N’y a‑t-il pas de rela­tion sans domi­na­tion ?

- Mettre en corps la ques­tion de la rela­tion.

- La domi­na­tion comme envie d’explorer.

- Mettre en scène sa domi­na­tion sur autrui et voir ce que ça fait lorsque l’autre s’en va. Gagner un demi-espace, et ne pas savoir quoi faire de cet espace gagné.

- Lais­ser domi­ner les mou­ve­ments de son propre corps rend plus facile le rap­port à la domi­na­tion par autrui.

- Ques­tion de la place des thèmes dans l’improvisation.

- Per­cep­tion de l’influence sur l’action.

- Les thèmes cir­culent de l’un à l’autre des Artistes forum, et il y a le col­lec­tif aus­si.

- Faut-il domi­ner ses émo­tions, ou les lais­ser nous sub­mer­ger ?

- Quel contrôle, à quels endroits ?

- Faire ou lais­ser-faire, faire ou ne pas faire ?

- Musique res­sen­tie comme omni­pré­sente.

- « J’imprime » puis j’en rajoute, puis ils en rajoutent…

- Obser­va­tion d’une den­si­fi­ca­tion col­lec­tive.

- Entre le pia­no (hors bor­dure scé­nique pour des rai­sons de fai­sa­bi­li­té) et la scène, éner­gies dif­fé­rentes.

- Dif­fi­cul­té une fois de faire entendre le tilt (clap) à par­tir de la bor­dure scé­nique.

Bilan de cette 2e DF

- Moins frus­trée, mais aurait aimé que ça conti­nue.

- Tout vu et tout enten­du, mou­ve­ments vers l’extrême. Vers la fin, ça tour­nait trop bien : on pou­vait s’amuser.

- Pro­blème des fron­tières entre jeu d’acteur, jeu ludique et com­plai­sance.

- Espace mou tout du long des impro­vi­sa­tions, thème réflexif plus pré­sent que le thème sen­si­tif, envie que l’espace s’intensifie. Mais ça me ren­dait « pré­sente ».

- A trou­vé une connexion à l’autre sans domi­na­tion.

- Le thème est là, mais où je suis, moi ?

- Le rap­port aux thèmes, est-il volon­taire ou invo­lon­taire ?

- Le ren­du a été plus sen­si­tif mais aus­si réflexif.

- Prendre la domi­na­tion quand elle est là : qu’est-ce qu’on peut faire avec ? Com­ment ?

Bilan des éveils et de la DF

- La rela­tion entre les deux thèmes : elle trans­pa­raît sans qu’on le sache.

- Une consigne est faite pour être adap­tée, voire contour­née : prendre le temps néces­saire pour pas­ser à la pro­po­si­tion sui­vante si besoin est pour soi.

- Juste des ques­tions, ce serait bien ? Les réponses pour­raient se faire dans la danse.

- Une réflexion sur les réponses appor­tées par la danse apporte beau­coup.

Après-midi du 2e jour

Liste et défi­ni­tion des diverses tâches du Til­teur, éta­blie à par­tir des sug­ges­tions de cha­cun.

1 – prise de contact, choix du thème réflexif.

2 – pré­sen­ta­tion de la DF.

3 – échauf­fe­ment et choix du thème sen­si­tif.

4 – impro­vi­sa­tion sen­si­tive.

5 – pause.

6 – struc­ture des espaces et défi­ni­tion des rôles qui leur sont liés.

7 – mise en forum : par la danse, par les autres arts et par la parole.

8 – bilan.

3e danse forum

Répar­ti­tion des rôles pour accom­plir ces taches.
[Tous les mots nou­veaux sont mar­qués avec *, ils ont été créés à nous tous pen­dant ce stage, pour défi­nir des rôles qui incombent au Til­teur. Voir : Lexique ]

1) Pré­sen­ta­teur* de la DF.

2) Échauf­feur* : donne les consignes, récolte les retours ver­baux pen­dant l’éveil des sen­sa­tions et des muscles. Amène l’improvisation sen­si­tive en intro­dui­sant la musique.

3) Régleur* : met en place les espaces et défi­nit les rôles cor­res­pon­dant à cha­cun des espaces : Dan­seur sur scène, Artiste* sur la bor­dure scé­nique, Regar­deur* dans l’espace du regard, Til­teur dans un espace réser­vé au sein de l’espace du regard.

4) Forumeur*/Veilleur*/Regardeur* : clape les tilts pour sol­li­ci­ter le forum ver­bal et veille au temps, à l’espace et à la dyna­mique de la DF.

5) Problématisateur*/Médiateur*/Synthétiseur* : aide à la pro­blé­ma­ti­sa­tion en refor­mu­lant au besoin les retours ver­baux. Fait éven­tuel­le­ment la syn­thèse à chaque tour d’improvisation. Anime le bilan.

6) DJ* : passe les musiques enre­gis­trées, décide de leur début et de leur fin.

7) Bien­veilleur* : veille au bon dérou­le­ment de l’ensemble, à la sécu­ri­té des lieux et des per­sonnes. Il tilte (clap) pour un « pas de côté » si besoin est. Cela per­met de situer ce qui se passe (en cas de psy­cho­drame, agres­si­vi­té, juge­ment à l’emporte-pièce etc.) et d’apporter des solu­tions.

8) Script* : note les retours ver­baux.

Mise en forum sans Andréine comme Til­teur : les 8 taches du Til­teur sont dis­tri­buées aux per­sonnes les ayant choi­sies. Andréine devient Dan­seuse et Artiste*. Musique vivante et musiques enre­gis­trées.

1 – et 2 – Accueil et pré­sen­ta­tion de la DF, thème réflexif déjà choi­si.

3 – Pré­sen­ta­tion de l’échauffement, indi­ca­tion des consignes, puis pra­tique.

L’Échauffeuse* a choi­si de diri­ger l’échauffement sans le faire elle-même pour ce pre­mier essai, par pru­dence.

Thème sen­si­tif rete­nu : La pro­pa­ga­tion (ondu­la­toire).

4 – Impro­vi­sa­tion sen­si­tive (sans accom­pa­gne­ment musi­cal).

5 – Pause.

6 – Struc­ture des espaces et nomi­na­tion des rôles qui leur sont liés : la scène avec les Dan­seurs, la bor­dure scé­nique avec les Artistes*, l’extra-scène (ou espace du regard) avec les Regar­deurs* et le Til­teur.

7 – Mise en forum de La domination/Propagation (ondu­la­toire), par la danse, les autres arts et la parole (lors des retours ver­baux).

8 – Bilan de cette DF.

1er pas­sage

Consigne (refor­mu­lée) : des­crip­tion de ce qui a été obser­vé, et les ques­tions qui se posent.

- ondu­la­tions.

- construc­tions géo­mé­triques, méca­niques des geste dans l’espace.

- un temps très long avec une seule per­sonne sur scène, puis deux, puis trois.

- écho avec pro­pa­ga­tion quand un Dan­seur s’ajoute, puis un autre etc. selon les lignes tra­cées dans l’espace. Pas de dif­fu­sion tout azi­mut, mais plu­tôt l’ouverture des pos­si­bi­li­tés. C’est le temps don­né à chaque situa­tion sur scène qui a per­mis la pro­pa­ga­tion sur les lignes domi­nantes.

- pro­pa­ga­tion due au hasard. Les pre­miers moments ont don­né la cou­leur.

- est-ce du hasard ?

- la dyna­mique est venue de l’impact des pre­mières impro­vi­sa­tions.

2e pas­sage

- mon accor­déon a pris com­plè­te­ment le pou­voir.

- pour­tant, en tant que Dan­seur, je n’ai pas res­sen­ti la domi­na­tion de l’accordéon.

- besoin de défi­nir ce qu’on met dans « la domi­na­tion », lorsqu’elle est posi­tive, ou néga­tive.

- « lâcher » devant le pou­voir de la musique : ça fait du bien.

- le Dan­seur que j’étais ne se lais­sait pas influen­cer par la musique que je jouais à l’accordéon lorsque je suis ren­tré sur scène.
- ques­tion de l’auto-domination.

- tout le début de l’impro s’est faite sur les bords de scène.

- quelle est la prise de risque en allant sur scène ? Quelles sont les limites à cette prise de risque ? Est-ce que cela dépend de notre déci­sion ?

- la timi­di­té : ne pas y aller d’un coup, tâton­ner à la décou­verte de l’espace.

- « l’effet papillon » : mots ins­crits, qui dansent dans l’espace de danse.

- quelque chose de mesu­ré par petits bouts.

- ques­tion du regard : qu’est-ce qu’on donne à voir ?

- quand j’entre sur scène, c’est le début de quelque chose, de la res­pon­sa­bi­li­té : ça aiguise l’attention.

- impul­sion timide, puis oubliée. Conti­nu et dis­con­ti­nu.

- his­toire de lignes, de traces.

- espace domi­né : cette deuxième impro­vi­sa­tion a cas­sé les lignes.

- impres­sion sur scène de remon­ter le temps qui s’est dérou­lé.

- tenir l’espace par la timi­di­té ? La fuite ? La rapi­di­té ?

8 – Bilan de cette 3e DF

- temps de pro­blé­ma­ti­sa­tion plus ramas­sé.

- pas frus­trée : a pu aller dans les sen­sa­tions, dans le corps. C’est bien de voir le fil qui se déroule. L’espace de créa­tion, c’est une sorte de soupe faite de ces espaces de paroles, encore sca­breux.

- c’est intime et col­lec­tif à la fois, très inté­res­sant et plein d’enjeux. Glo­ba­li­té.

- la cir­cu­la­tion entre réflexif et sen­si­tif : ça prend forme.

- la musique est plus liée aux émo­tions qu’elle génère. On est domi­né par nos émo­tions.

- moments de grâce.

- c’est frus­trant d’être à l’extérieur comme DJ*, mais, de l’espace du regard, j’ai bien sen­ti cette fois la liai­son entre les deux thèmes, réflexif et sen­si­tif.

- les temps de parole sont un peu trop longs par rap­port à ce matin.

- c’est une grande chance de regar­der et par­ti­ci­per de dif­fé­rentes façons. C’est pré­cieux.

- la répar­ti­tion des tâches et rôles par­ti­cipe d’une volon­té de bien expli­quer et on y voit plus clair. Cha­cun a bien joué son rôle. Il s’agit de construc­tions mul­tiples.

- cela per­met à cha­cun de refor­mu­ler trou­vailles et mal­adresses.

- se sent bien, fati­guée. Les échauf­fe­ments sont inté­res­sants à faire, se mettre à l’écoute mais une écoute dis­crète. C’est inté­res­sant d’être moins nom­breux sur scène, cela laisse plus de place aux autres pour entrer.

- le four­mille­ment appelle plus de four­mille­ment. La qua­li­té de la danse est à recher­cher.

- ça per­met de plus déployer les thèmes, les temps de pro­blé­ma­ti­sa­tion ver­bale sont plus inté­res­sants.

- quel est le rôle de la per­sonne quand elle regarde ? Quand elle danse ? Ques­tion de la mise en dan­ger.

- équi­libre entre obser­va­tion et récep­tion.

Indi­ca­tions par Andréine

- L’Échauffeur* (ou le Til­teur) ne « dirige » pas l’échauffement « pour » les autres. Il émet les consignes, mais pour savoir quand le groupe est prêt à les adop­ter et à pas­ser d’une consigne à l’autre, le mieux est encore pour l’Échauffeur* d’observer ses propres sen­sa­tions internes. Il est impor­tant qu’il fasse lui-même l’échauffement et l’improvisation sen­si­tive, pour s’accorder à ce qui se passe et ne pas poser un regard exté­rieur : aus­si bien­veillant ou neutre qu’il puisse être, le regard exté­rieur reste intru­sif dans une pra­tique basée sur l’écoute des sen­sa­tions internes.

- L’Échauffeur* peut regar­der, veiller à ce que tout se passe bien pour cha­cun, et même prendre des notes, tout cela en fai­sant les éveils.

- La syn­thèse est par­fois sou­hai­table, par­fois non, selon sa per­ti­nence dans la dyna­mique d’ensemble.

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Le 8/5/16, 3e jour : « Réa­li­sa­tion »

Le matin du 3e jour

Accueil et pré­sen­ta­tion d’une nou­velle venue.

Mise en place du pro­gramme de la jour­née

- Éveil des sen­sa­tions et des muscles mené par Andréine.

- Sché­mas gra­phiques de la dyna­mique des éveils.

- Défi­ni­tion et répar­ti­tion des rôles de l’Échauffeur*.

- Échauf­fe­ment mené à 5, sans Andréine.

- Mise en forum menée à 8 qui endossent le rôle de Til­teur à la place d’Andréine.

4e danse forum

L’éveil des sen­sa­tions et des muscles mené par Andréine

L’éveil des sen­sa­tions

- ten­sion ; engour­dis­se­ment ; vibrante ; tiraille­ment ; pin­ce­ments ; chaud dans le pied D ; faible den­si­té à G ; ten­sion dos ; pres­sion tempe G.
- besoin d’étirement du dos, relâ­che­ment du dos ; ouver­ture des mâchoires ; se tour­ner côté G ; cris­pa­tion à D ; posi­tion du sphinx ; courbe avec le dos ; ali­gne­ment bas­sin et bras d’un côté, tor­sion ; éti­rer la colonne en uti­li­sant le poids de la tête.

L’éveil des muscles

1er tour : retours ver­baux

- muscles tenus – relâ­chés : orga­ni­sa­tion des muscles pro­fonds, mou­ve­ment interne gui­dé par le bas­sin.

- besoin de dyna­mi­ser tous les muscles par des mou­ve­ments lents de rota­tion, d’extension et de courbe.

- besoin de détendre et réveiller les muscles de la colonne ver­té­brale par des petites contrac­tions D – G.

- relâ­che­ment du haut du dos.

- besoin de secouer le corps pour acti­ver quelque chose.

- besoin de mou­ve­ment vibra­toire.

- d’étirer les muscles des hanches.

- de mettre du poids sur les jambes pour acti­ver les muscles.

- dépla­ce­ment constant ver­ti­cal et rota­tif.

- omo­plate active.

- besoin d’appuis

2e tour

- ten­sion nuque, tiraille­ments qui fai­saient du bien. Ils se sont dis­si­pés, relâ­chés.

- contrac­tion ciblée en un point de l’épaule D, puis épaule G, celle de l’épaule G est deve­nue plus claire et large.

- même sen­sa­tion qu’au début.

- tiraille­ment le long de la colonne, le mou­ve­ment du bas­sin a sou­la­gé la colonne. N’avait encore jamais appor­té la bonne réponse à ce tiraille­ment.

- impres­sion de tas­se­ment lom­baire.

- l’omoplate se posi­tionne.

- ten­sion dou­lou­reuse du tri­ceps G, ça s’est réchauf­fé, sen­sa­tion plus claire.

- pres­sion tempe, a cher­ché quel mou­ve­ment mus­cu­laire pou­vait répondre au besoin de la tempe : éti­re­ment de la pres­sion. Le dés­équi­libre G – D est plus faible, il appelle moins. Dou­leurs par­tout : le corps s’organise, ça voyage, le corps s’est ver­sé sur la G contre le sol, puis sur la D, le contact se déplace, la sen­sa­tion d’équilibre G – D est main­te­nant agréable.

- ten­sion chaude au pied D, éveil glo­bal, ralen­tit trop vite.

- ten­sion colonne se pro­page à un point du ventre à G, pro­fond, dif­fi­cile à atteindre. Eti­re­ment du haut du corps, besoin de glo­ba­li­té. Per­dait un peu le lien, contact avec appui au sol, ça s’est dépla­cé, c’était agréable.

- haut du dos en ten­sion, tor­sion comme une éponge qu’il faut ser­rer, secouer et tapo­ter. Larmes fraîches de détente pro­fonde.

Indi­ca­tions d’Andréine par rap­port à ces éveils

- D’où part l’éveil des sen­sa­tions et com­ment écou­ter le corps ?

Il est usuel de par­tir de l’immobilité, se détendre, res­pi­rer ample­ment pour se mettre en lien avec le corps, ou se concen­trer, tout cela décrit des exer­cices de relaxa­tion, de pré­pa­ra­tion à la danse, yoga, gym­nas­tique… Ces dis­ci­plines écoutent le corps dans le seul but de le gui­der vers un idéal pré­sup­po­sé.

Pour démar­rer l’éveil des sen­sa­tions, on contacte les sen­sa­tions telles qu’elles sont, sans cher­cher à les modi­fier ni à les gui­der : on part d’où l’on est, comme on est. Nul besoin de sol­li­ci­ter la res­pi­ra­tion, de faire cir­cu­ler quoique ce soit : on res­pire comme on res­pire, ça cir­cule comme ça cir­cule. L’écoute du corps pen­dant les éveils revient à contac­ter la sen­sa­tion sans essayer de la modi­fier, pour qu’elle puisse jus­te­ment nous gui­der en nous indi­quant quel mou­ve­ment faire.

- L’éveil des sen­sa­tions pose la ques­tion de la mise en mou­ve­ment à par­tir de la per­cep­tion des sen­sa­tions internes du corps [de son ter­rain orga­nique] et des besoins qu’elles expriment en termes de tem­pé­ra­tures, consis­tances et mou­ve­ments. Lorsqu’on répond à leur besoin, les sen­sa­tions internes vont spon­ta­né­ment vers un apai­se­ment et une « nor­ma­li­sa­tion du ter­rain », qui se tra­duit par un apai­se­ment.

- L’éveil des muscles pose la ques­tion de la mise en mou­ve­ment à par­tir de la per­cep­tion des besoins mus­cu­laires expri­més par les muscles eux-mêmes pour ajus­ter la pos­ture. Le corps va spon­ta­né­ment vers sa « nor­ma­li­sa­tion pos­tu­rale », celle qui est opti­male pour lui.

- La dyna­mique de ces deux éveils est oppo­sée et com­plé­men­taire. Avec l’expérience, on peut com­men­cer par celui des deux éveils qui est per­ti­nent pour soi et s’en tenir là, ou enchaî­ner avec l’autre éveil. On peut aus­si alter­ner les deux éveils autant de fois que néces­saire pen­dant une même ses­sion.

- Les repères posi­tifs : la pra­tique des éveils échauffe les muscles, rafraî­chit (sans refroi­dir) la tête et l’organisme, fait du bien et éveille l’intérêt : le res­sen­ti est béné­fique et sti­mu­lant pour le pra­ti­quant, en favo­ri­sant sa créa­ti­vi­té.

- Les repères néga­tifs : lorsque le corps se refroi­dit, éprouve une nau­sée ou accé­lère les bat­te­ments du cœur, on peut être sûr que l’on n’est pas dans l’écoute des besoins.

De même pour les dou­leurs per­sis­tantes ou ajou­tées : elles sont le signe qu’on est « à côté » de l’éveil des sen­sa­tions et des muscles, dans le for­çage (volon­té de bien faire, vou­loir agir « pour le bien » du corps) et non dans l’écoute des besoins sen­sibles (per­çus par les sens).

- La véri­fi­ca­tion : si ça fait du bien, on a répon­du de manière adé­quate. Sinon, on s’est trom­pé. On revient à une posi­tion phy­sique et men­tale neutre et on rées­saie. Ce pro­ces­sus est inhé­rent à l’auto-apprentissage.

Concep­tua­li­sa­tion gra­phique, seul ou en groupe, des éveils des sen­sa­tions et des muscles.

Sur des grandes feuilles, cer­tains ont tra­cé des des­sins, d’autre des sché­ma abs­traits, d’autres des listes de mots et phrases dans l’espace : toutes ces repré­sen­ta­tions étaient joyeuses et colo­rées, riches et per­ti­nentes.

L’après-midi du 3e jour

Déter­mi­na­tion des taches et rôles du l’Échauffeur*, selon les indi­ca­tions du groupe

1- pré­sen­ta­tion des éveils et de l’improvisation sen­si­tive. [Leur fonc­tion de pré­pa­ra­tion à la danse, aux arts et à la créa­ti­vi­té.] Pré­sen­ta­teur*.

2 – mener l’échauffement et veiller au temps qui passe. Meneur.

3 – écrire les retours. Script*.

4 – refor­mu­ler au besoin : Média­teur*.

5 – veiller à ce que tout se passe bien pour cha­cun et pour la pra­tique dans son ensemble : Bien­veilleur*.

Échauf­fe­ment mené à 5 (Andréine pre­nant le rôle de Dan­seuse).

- trans­for­ma­tion d’un état à un autre.

- deux appuis.

- poids du dos.

- vibra­tion, vers ondu­la­tion.

- ten­sion, vers tor­sion.

- aiman­tée au sol, essai de sor­tir de cet état sans vio­lence, pour voir ce qu’il advient.

- concen­tra­tion très forte, émo­tion qui dis­sipe, trans­for­ma­tion.

- pul­sa­tion et pres­sion au niveau de la tête. Besoin de mar­cher, tirer le corps par la tête, éti­rer le corps dans l’espace.

- besoin de mar­cher en sau­tillant, un point dans le dos.

- hap­pé par le sol, besoin d’étirer le côté G, trans­for­ma­tion.

- pen­dant l’éveil des muscles, posi­tion fœtale puis exten­sion inverse, appuis, hanches, liens entre haut et bas.

- le tout petit mou­ve­ment et la len­teur m’ont per­mis de relâ­cher, détente pro­fonde, un peu « shoo­tée ».

- debout, lâcher la tête en avant et remon­ter dou­ce­ment. Puis petits mou­ve­ments de tête, mar­cher, sen­tir les appuis, sen­tir le lien entre haut et bas.

Choix du thème sen­si­tif : L’attraction.

Mise en forum des thèmes : Domination/attraction, par la danse, les arts et le lan­gage.

Avec répar­ti­tion entre les par­ti­ci­pants de 5 taches du Til­teur. (Andréine reste Dan­seuse).

1 – Pré­sen­ta­teur* de la DF.

2 – Régleur*.

3 – Foru­meur, Veilleur*, Bien­veilleur*, DJ*.

4 – Problématiseur*/Médiateur*/synthétiseur* et Script* pen­dant les retours ver­baux.

5 – Bilan DF puis bilan stage menés par Andréine.

Un rou­leau de feuille en papier est déployé à la ver­ti­cale sur toute la hau­teur de la pièce, en bor­dure d’avant-scène à cour. Pin­ceaux, encre et feutres sont mis à dis­po­si­tion. Musique vivante au pia­no et accor­déon, et sur/par les corps.

1er pas­sage

- Cadre « mili­taire », régu­lier, gestes tran­chants, images diverses tan­tôt pen­sées, tan­tôt ser­vant d’appuis.

- Deve­nir escar­got, ram­per tête ren­trée pour expé­ri­men­ter la non – vision. La pri­va­tion d’un sens per­met-elle la non – domi­na­tion ?

- Ce qui est par­ti­cu­lier en DF, avec une danse qui part des sen­sa­tions, c’est que la sen­sa­tion est prio­ri­taire ; elle amène et déve­loppe l’imagination, plu­tôt que l’inverse. La sen­sa­tion reste la réfé­rence source, une per­cep­tion vers laquelle vient pui­ser l’imagination, même si l’imagination à son tour nour­rit la sen­sa­tion.

- Pomme ame­née sur l’espace scé­nique, elle pre­nait son espace et a immo­bi­li­sé un temps le corps por­teur.

- Être domi­né par le désir de pos­ses­sion de la pomme : aller de la fas­ci­na­tion à la rési­gna­tion.

- Jusqu’où le regard sur les autres peut-il être domi­na­teur ?

- L’intention d’attendre croise l’imaginaire.

- Attrac­tion puis dis­si­pa­tion : c’est un pro­blème, même lorsque c’est agréable. Per­ti­nence de l’attraction en fonc­tion de la situa­tion.

- Obser­va­tion et inter­pré­ta­tion. [Com­ment les dis­cer­ner ?]

2e pas­sage

- Croi­se­ment des arts : je suis embar­quée je ne sais où, comme si ça venait s’articuler tout en créant.

- Bel exemple de poly­chro­ni­ci­té dans ce moment où plu­sieurs choses se passent par inad­ver­tance ? Hasard ? Coïn­ci­dence ? Intui­tion ? Séren­di­pi­té ? L’imagination inter­prète spon­ta­né­ment pour don­ner du sens. C’est le propre d’une œuvre d’art de lais­ser un espace d’imagination et d’interprétation au spec­ta­teur qui ain­si est ame­né à recréer l’œuvre.

- La domi­na­tion du sens sur l’action écrase et bloque l’Artiste.••
- Chaque acti­vi­té devrait res­ter auto­nome, mais on n’est pas imper­méable.

- Petites bulles qui éclatent avec l’action.

- Quand on dit qu’on s’égare, est-ce l’illustration de ce qui arrive for­tui­te­ment ?

- Qu’est-ce qu’une attrac­tion, quel est son deve­nir ?

- Le poids de l’interprétation : la rumeur.

- Le poids de la domi­na­tion.

- Sur la bor­dure scé­nique, le bla­bla (textes réci­tés sans que tou­jours on n’entende les mots) per­met aux Dan­seurs de ne pas illus­trer ce qui est pro­non­cé. Les poèmes risquent moins que la prose d’être illus­trés par la danse.

3e pas­sage

- Ima­gi­naire de l’imaginaire de l’autre : on est ensemble sur dif­fé­rents ima­gi­naires.

- Ce pas­sage, et un peu le pré­cé­dent, m’ont paru être du vrai théâtre impro­vi­sé, par­fois abs­trait, sou­vent ima­gi­naire. Un théâtre qui donne une place impor­tante au corps, à son expres­si­vi­té (danse, pein­ture, musique) basée sur la sen­sa­tion interne de l’instant par chaque acteur en rela­tion avec les autres. Une « com­po­si­tion ins­tan­ta­née » qui tienne en compte les hasards, les coïn­ci­dences, le for­tuit et l’involontaire, vécus sur scène comme maté­riaux de créa­ti­vi­té. Ceci autour de thèmes déci­dem­ment pla­cés dans l’inconscient col­lec­tif et qui réap­pa­raissent au gré des résur­gences pos­sibles.

- Attrac­tions abon­dantes, phy­siques. Moyen pour entrer sur scène.

- Mélange de plein de choses.

- Tout ça cir­cule comme dans une grosse mar­mite.

- L’éveil des sen­sa­tions est créa­teur, induc­teur.

- Un pont se crée entre les éveils et la danse.

- Jouer de l’attraction et de ce qu’elle pro­duit.

Bilan de cette 4ème DF

- Les éveils sont-ils là pour vou­loir sor­tir d’un état ?

[Je dirai qu’ils sont là pour pou­voir par­tir d’où l’on est et comme on est. Ils laissent l’organisme libre de se déve­lop­per et de s’harmoniser selon ses propres stra­té­gies et son propre désir vital, pour­vu qu’on se mette à sa dis­po­si­tion. Les éveils se placent dans le spon­ta­né, à l’interface du volon­taire et de l’involontaire. La déci­sion d’agir consti­tue sa part de volon­taire. Mais le « com­ment agir » vient de l’involontaire.]

- Musique et éveils pro­duisent une action en soi.

Bilan concer­nant les rôles attri­bués à cha­cun :

- Doser les allers et retours ver­baux est dif­fi­cile pour le Pro­blé­ma­ti­seur* : com­ment équi­li­brer, ne pas para­si­ter…

- C’est inté­res­sant de se faire emme­ner par dif­fé­rentes per­sonnes sur dif­fé­rentes taches.

- En expli­quant les règles, veiller à dire que l’on entre sur les espaces seule­ment quand on en sent la per­ti­nence.

- Pour les éveils, pen­ser à dire de par­tir d’où l’on est, et que la DF est faite pour tout le monde, cha­cun avec ses condi­tions d’âge ou de vali­di­té, avec le corps qu’il a.

C’était dif­fi­cile de til­ter sans avoir aus­si à gérer la pro­blé­ma­ti­sa­tion, c’est pas si facile de connec­ter les deux rôles quand ils sont tenus par des per­sonnes dif­fé­rentes.

Quand les règles sont outre­pas­sées (mélange des espaces…), c’est dif­fi­cile pour le Til­teur d’évaluer s’il « laisse laisse-faire » ou pas.

- On apprend en til­tant. Mettre la pomme en jeu par exemple était un piège, mais ça allait avec le thème de la domi­na­tion. On ne peut pas savoir à l’avance. Des fois on fait les choses à l’emporte pièce, et en fait c’est per­ti­nent. On ne le sait qu’après.

Si tu as lais­sé faire en tant que Til­teur, c’est qu’il y avait [pro­ba­ble­ment] une per­ti­nence quelque part. Quand ce n’est vrai­ment pas per­ti­nent, on inter­vient. Mais c’est rare. Il n’y a qu’en cas de dan­ger : là il faut vrai­ment agir [et de suite]. On arrête tout, on se penche sur le pro­blème et on le résout. Quelque fois, ça rame, ça rame, tu laisses ramer, et là « le » truc génial se passe. Quelque fois, il faut arrê­ter. Il n’y a pas de recettes. Il y a des règles, mais pas de recettes.

- Sur le clap de fin, il y a un stress.

- Dif­fi­ci­cul­té d’être Til­teur en assu­mant toutes ses taches pen­dant une DF. En même temps, dis­sé­mi­ner les rôles du Til­teur entre plu­sieurs per­sonnes demande de la coor­di­na­tion rapide, dif­fi­cile elle aus­si.

Bilan glo­bal

- L’articulation des 2 thèmes, réflexif et sen­si­tif qui che­minent ensemble, est très riche.

- C’est une nou­velle façon de réflé­chir.

- Gar­der un même thème réflexif sur les trois jours était une bonne idée. On est loin d’en avoir fait le tour ! On a mis bien une heure à le trou­ver, mais ça en valait la peine.

- On peut très bien aus­si choi­sir le thème réflexif en amont de la DF, selon le contexte dans lequel elle se déroule.

- Ça m’a fait voir la domi­na­tion d’une toute autre façon. C’est un peu comme les deux faces d’une pièce. Je trouve ça très riche et pas­sion­nant : c’est une réflexion que je n’avais jamais eu avant, une façon de réflé­chir tout à fait nou­velle pour moi, très enri­chis­sante.

- Je trouve super l’articulation des deux thème : le thème sen­si­tif revi­site le thème réflexif, à chaque fois dif­fé­rem­ment. Ça crée un fil, le groupe che­mine, les corps prennent les thèmes. « Domi­na­tion et attrac­tion », j’ai trou­vé ça vrai­ment inté­res­sant.

- La qua­li­té de l’œuvre est impré­gnée de tout cela, même si l’on n’en est pas tou­jours conscient.

- Par contre, il y a plein d’associations, et là il faut vrai­ment trou­ver le dosage entre réflexif et sen­si­tif dans cette pra­tique. Sur les trois jours, on pra­tique et on parle : Whoa ! Les ten­sions ! Ça com­men­çait à réflé­chir beau­coup pour moi – je réflé­chis­sais beau­coup – et du coup, être en contact avec les sen­sa­tions et de manière « juste », et lais­ser faire, ça deve­nait un peu dif­fi­cile.

- Ven­dre­di, c’était pesant pour beau­coup ici. Mais dès l’après-midi, ce qu’on avait dit res­tait, et repas­sait en moi. Notre esprit est comme une scène avec des choses qui entrent et qui sortent, ça peut aller très vite et se cacher der­rière les rideaux. Quand j’étais obser­va­teur, et même quand je dan­sais et ne pen­sais à rien, d’un coup un mot ou une idée venant d’un temps de dis­cus­sion pas­sait ou affleu­rait et mon­trait le bout de son nez – et je sen­tais que ça m’alimentait.

- Pour moi, la recherche s’est vrai­ment faite par la sen­sa­tion. Pour tout ce qui est syn­thèse, je vois l’intérêt de par­ta­ger des choses en com­mun ver­ba­le­ment, mais en notant bien que c’est au niveau de la sen­sa­tion et du vécu qu’on fait l’essentiel du tra­vail de recherche et même de dis­cus­sion. J’ai l’impression que les temps de forum sont ceux qui m’ont le moins nour­ri. Les temps de recherche infor­melle pen­dant qu’on cher­chait les thèmes étaient beau­coup plus pré­sents pour moi.

- Néces­si­té de favo­ri­ser la des­crip­tion puis les ques­tions pen­dant les retours ver­baux, plu­tôt que les opi­nions, juge­ments et inter­pré­ta­tions. [Mais lorsqu’une opi­nion est émise, la pro­blé­ma­ti­ser per­met d’en apprendre quelque chose.]

- Pen­dant ce week-end, décep­tion pour moi, et ce soir, les retours étaient un peu flous, allaient dans de nom­breuses direc­tions.

- Cela fait par­tie du forum. Le forum est fait pour arri­ver à prendre conscience des choses impor­tantes et inté­res­santes dans nos vies. On ne va pas cen­su­rer la parole… [Il est bon par­fois de débor­der du cadre des retours des­crip­tifs et relier peu à peu ce qu’on a obser­vé à des pro­blé­ma­tiques cultu­relles ou autres qui ne fai­saient pas for­cé­ment par­tie de la pro­blé­ma­tique de départ (la poly­chro­ni­ci­té, la séren­di­pi­té, le « théâtre de l’instant », la place de l’imaginaire…)].

- Com­ment rac­cro­cher cela à la pro­blé­ma­tique du thème ? C’est inté­res­sant de se dire : qu’est-ce qu’on veut sor­tir de ce temps de forum ?

- [C’est indis­pen­sable.] Mais de temps en temps on déborde de ce temps de forum, et le forum est là aus­si pour débor­der dans nos vies…

Bilan des trois jours

- Quand je disais hier que dans la pré­sen­ta­tion de la DF il man­quait un petit truc – pour moi, du coup aujourd’hui j’apprécie tout ce qui s’est pas­sé, j’ai eu du plai­sir à le faire. Mais il me reste en arrière plan cette ques­tion du sens : cet outil-là, il est au ser­vice de quoi ? Comme j’avais le « théâtre de l’opprimé » dans la tête, avec son côté mili­tant – classe popu­laire et l’idée de com­ment on uti­lise ça dans sa vie pour chan­ger les choses dans sa vie par rap­port à l’oppression par exemple – je me demande où se situe la DF : c’est pour qui, pour quoi ? Quelle est la logique de cet outil que je trouve chouette ? Est-ce que ça va au delà de ça ? Je pense que oui…

- Les choses res­tent de l’ordre de la micro – poli­tique. Ça va mettre en lumière des dyna­miques propres à des situa­tions (comme pour cette DF, entre domi­na­tion et attrac­tion). Ça ne se rap­porte pas à une situa­tion par­ti­cu­lière comme par exemple le pro­blème du loge­ment en TF, mais ça va être sous-jacent à beau­coup de situa­tions humaines et micro – poli­tiques, en de çà de la poli­tique du social. Voir Ver­cau­te­ren.

- Il s’agit, avec la DF, d’auto-apprentissage coopé­ra­tif. Ce n’est pas un outil que l’on acquiert clé en main, mais que l’on découvre en le pra­ti­quant à plu­sieurs avec un regard cri­tique et dis­cer­nant.


II – Lexique uti­li­sé pen­dant le stage

* signi­fie que le mot est nou­veau et pas encore vali­dé en DF.

Artiste* forum : celui qui exerce un art autre que la danse, à par­tir de la bor­dure scé­nique.

Bien­veilleur* : il veille sur le bon dérou­le­ment de la DF, sur la sécu­ri­té des per­sonnes et des lieux.

Bor­dure scé­nique : lieu où se placent les Artistes forum qui pro­blé­ma­tisent les thèmes en inter­ac­tion ou en regard avec les Dan­seurs.

Com­po­si­tion ins­tan­ta­née : quand l’improvisation est vécue et per­çue comme une com­po­si­tion en temps réel.

Clap : clap­pe­ment de mains uti­li­sé pen­dant la DF par le Til­teur pour signa­ler le début et la fin d’un retour ver­bal, ou par l’Artiste pour sus­pendre la danse, le temps de sa pres­ta­tion. Faire tilt en clap­pant, c’est cap­ter un ins­tant pri­vi­lé­gié et pro­pice à la réflexion et aux trou­vailles, un espace qui ouvre une brèche dans le fil de l’improvisation.

Extra scène : lieu hors scène, espace du regard. Cet espace abrite celui du Til­teur.

Dan­seur forum : celui qui danse sur la scène d’une DF.

Échauf­feur* : celui qui mène l’échauffement.

Forum : Moment de pro­blé­ma­ti­sa­tion d’un thème.

Foru­meur* : celui qui mène le forum.

DJ* : celui qui fait entendre les musiques enre­gis­trées.

Impro­vi­sa­tion sen­si­tive : en DF, impro­vi­sa­tion basée sur les sen­sa­tions. (TLF : Sen­si­tif : qui se rap­porte aux sens, qui concerne la sen­sa­tion, la sen­si­bi­li­té.). [On l’a sou­vent appe­lée aus­si « impro­vi­sa­tion sen­sible », mais cela induit impli­ci­te­ment qu’il y aurait des impro­vi­sa­tions non sen­sibles… Alors qu’il y a des impro­vi­sa­tions qui ne reven­diquent pas de par­tir des sen­sa­tions.]

Médiateur*/Synthétiseur* : celui qui aide à la for­mu­la­tion lors des retours ver­baux, ou à la foru­mi­sa­tion* pen­dant le forum.

Meneur : un des rôles de l’Échauffeur* pen­dant l’échauffement. Il veille à la dyna­mique des éveils et au temps qui passe. Pen­dant une période en DF, nous avions adop­té ce terme avant de trou­ver celui de Til­teur.

Mise en forum : mettre en forum les thèmes par la danse (sur scène) et les arts (sur la bor­dure scé­nique), ain­si que par les retours ver­baux.

Pré­sen­ta­teur* : celui qui pré­sente la DF et/ou l’échauffement.

Pro­blé­ma­ti­sa­teur* : celui qui aide à la pro­blé­ma­ti­sa­tion.

Pro­blé­ma­ti­ser : ques­tion­ner un mot, une opi­nion ou un thème pour en révé­ler la com­plexi­té et apprendre d’elle.

Regar­deur* : celui qui se trouve dans l’espace du regard, l’extra-scène.

Régleur* : celui qui énonce les règles de la DF.

Retours ver­baux : ils sont sol­li­ci­tés pen­dant l’échauffement ou le forum de la DF.

Scène : lieu où se placent les Dan­seurs forum.

Script* : celui qui prend des notes et trans­crit les retours ver­baux.

Til­teur : celui qui faci­lite la DF.

III – L’après

- Se for­mer à la DF

Le pro­ces­sus est celui d’auto-apprentissage expé­ri­men­tal et de recherche coopé­ra­tive.

- auto-appren­tis­sage, c’est à dire que per­sonne ne montre ce qu’il faut faire ou ne pas faire, mais cha­cun apprend de tous.

- expé­ri­men­tal : expé­ri­men­ta­tion à par­tir de mises en situa­tion que l’on choi­sit.

- de recherche, car nous ne par­ta­geons pas des réponses mais des ques­tions.

- coopé­ra­tive puisque nous fai­sons plus que par­ti­ci­per : nous éla­bo­rons peu à peu ensemble le fond comme la forme de l’atelier.

- Les stages

Notre for­mule de trois jours pour trans­mettre la DF était trop courte. Pour que cha­cun se sente par­fai­te­ment à l’aise, il aurait fal­lu je pense deux jours d’imprégnation à juste faire des danses forum, et trois jours de trans­mis­sion réflexive.

Autre solu­tion qui aurait pu être envi­sa­gée : deux jours de DF ensemble, puis pra­tique entre vous à par­tir de cette expé­rience et des docu­ments à dis­po­si­tion. Plus tard, je serais reve­nue pour une trans­mis­sion, en répon­dant à vos ques­tions nées de votre pra­tique. C’est d’ailleurs ce que je vous pro­pose à pré­sent, si un jour vous en sen­tez le besoin.

- Les CR
En DF, nous nous effor­çons de faire figu­rer les CR sur le net pour les per­sonnes s’intéressant à la DF. De cette manière, pra­ti­quants et sym­pha­ti­sants peuvent être tenus au cou­rant des avan­cées et y par­ti­ci­per. Nadine Gar­dères, Johan­na Bou­char­deau et moi-même, ain­si que Leo­nar­do Cen­ti et Ber­nard Bel pour la relec­ture, sommes en train de fina­li­ser la charte.

Sur tout ce qui est écrit ici, vous êtes invi­tés à par­ta­ger vos points de vue avec nous.


Biblio­gra­phie

Bel, Andréine (2014). Le Corps accor­dé, pour une approche rai­son­née de la san­té et du soin de soi. Ed. Le Tilt. https://​lecorp​sac​corde​.com

Des­près, Aurore (2000). Tra­vail des sen­sa­tions dans la pra­tique de la danse contem­po­raine. Logique du geste esthé­tique. Thèse de Doc­to­rat, Uni­ver­si­té de Lille : ANRT

Dama­sio, Anto­nio (2005). Spi­no­za avait rai­son. Joie et tris­tesse, le cer­veau des émo­tions. Paris : Odile Jacob.

Gar­dères, Nadine (2013) : La danse forum à l’épreuve d’un contexte ins­ti­tu­tion­nel.

Mémoire pour l’obtention du DU Tech­niques du corps et monde du soin, sous la direc­tion d’Isabelle Ginot à l’Université Paris VIII.
Publi­ca­tion en ligne : http://​www​.danse​.univ​-paris8​.fr/​d​i​p​l​o​m​e​.​p​h​p​?​d​i​_​i​d=4

Riz­zo­lat­ti Gia­co­mo ; Sini­ga­glia Cor­ra­do (2011). Les neu­rones miroirs. Paris : Odile Jacob.

Ver­cau­te­ren, David ; Mül­ler, Thier­ry ; Crab­bé, Oli­vier (2011). Micro­po­li­tiques des groupes, pour une éco­lo­gie des pra­tiques col­lec­tives. Paris : Les Prai­ries Ordi­naires (pre­mière publi­ca­tion HB édi­tions 2007).

Article créé le 16/02/2020 – modi­fié le 10/06/2020

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