Ateliers Marseille

Un geste pour thème


Danse forum
Comptes-ren­dus des ate­liers
Mar­seille

!! Un geste pour thème – 2 avril 2008

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Nous étions sept dan­seuses pour cette pre­mière danse forum à Mar­seille,
dans le grand garage de ma mai­son.
Aucune – à part moi – n’avait déjà par­ti­ci­pé à une danse forum.

Après une intro­duc­tion pour contex­tua­li­ser cette pra­tique, nous avons
assez vite com­men­cé. Un pre­mier temps pour se rendre atten­tives à ses
sen­sa­tions, et éven­tuel­le­ment nom­mer la sen­sa­tion qui pré­do­mine, un
deuxième temps pour se rendre atten­tives aux mou­ve­ments qui font échos à
cette sen­sa­tion.

Les mots dits et les retours nous ont ame­né au thème de
ouverture/fermeture, serrer/desserrer… aucune façon de dire ne
conve­nant à toutes, un geste a été pro­po­sé comme thème : d’abord, un poing fer­mé,
l’autre main recou­vrant le poing, puis les deux mains s’ouvrent en éven­tail,
les deux paumes res­tant en contact. Ce thème conve­nant una­ni­me­ment, nous
sommes par­ties de là !

Un troi­sième temps, donc, pour se lais­ser impré­gner du thème, le
lais­ser faire corps et mou­ve­ment. Pour cer­taines, le fait que le thème
soit un geste et non un mot les a aidées à ne pas « pen­ser » le thème.

Après une pause, nous avons com­men­cé une danse forum. Le public était
invi­té à entrer sur l’espace scé­nique dès cette pre­mière danse.

Je ne me sou­viens pas bien du dérou­le­ment exact des danses. A un moment,
le pro­blème a été posé du duo fusion­nel avec lequel il est dif­fi­cile
d’interagir ; nous somme repar­ties de là en met­tant en scène un duo qui
avait comme consigne d’être com­plè­te­ment ensemble, et une autre consigne
dans le public d’entrer à un moment pour essayer de dan­ser avec ce duo.
La nou­velle arri­vée sur scène, après s’être sen­tie seule et à l’écart, a
fina­le­ment créé un nou­veau duo avec l’un des membre du duo, et c’est
l’autre membre qui s’est retrou­vée seule et à l’écart… !
Nous avons fini là-des­sus, gam­ber­geant sur ce pro­blème qui ne date pas
de la der­nière pluie…

’’’Remarques’’’ :

* Le fait que le thème soit un geste n’a sûre­ment pas faci­li­té sa pro­blé­ma­ti­sa­tion… Mais je pense que c’est quelque chose d’intéressant, à explo­rer : peut-être que la pro­blé­ma­ti­sa­tion elle-même pour­rait être un geste, un mou­ve­ment ? Je pense a prio­ri qu’il vaut mieux que cela se fasse en mots : déjà que cette par­tie de la pro­blé­ma­ti­sa­tion est confuse ! Mais cela peut peut-être ouvrir des che­mins.

* Dés le départ, j’ai dit au groupe que la danse forum, bien qu’ayant déjà une struc­ture lui per­met­tant de sor­tir de son chou natal, avait encore du che­min à faire dans sa struc­tu­ra­tion, notam­ment en ce qui concerne la pro­blé­ma­ti­sa­tion qui cherche tou­jours sa for­mule… Le fait de dire cela m’a mise dans une posi­tion qui n’était pas du tout celle d’une spé­cia­liste, mais de quelqu’un qui pro­pose. Autant dans la pre­mière par­tie, les regards étaient tou­jours tour­nés vers moi pen­dant les retours, autant dans la deuxième par­tie, toutes se par­laient, se répon­daient, sans réfé­rence for­cé­ment à mon avis, toutes se sont appro­prié à la fois le thème mais aus­si la construc­tion même de la forme DF : c’était sur­pre­nant et très moti­vant.

Je pense que cela est dû aus­si, d’une part, au fait que ce sont toutes des filles qui dansent ou ont dan­sé, et d’autre part, au fait que cer­taines ont déjà
orga­ni­sé entre elles des ate­liers de danse, ou ont l’habitude d’organiser des choses « sans chef ». Je ne pense pas que je serai capable d’animer un
ate­lier danse forum avec des gens com­plé­te­ment étran­ger à ces deux pra­tiques : la danse et l’autogestion. Je pense que la forme DF en elle-même n’est
pas encore assez abou­tie pour aller se pro­po­ser à « tout un cha­cun ». Mais je n’en suis pas sûre.

* A aucun moment nous n’avons ver­sé dans la psy­cho­lo­gi­sa­tion, ou dans des choses trop vagues ou géné­rales… Je redou­tais cela, car je redou­tais de ne pas savoir qu’en faire.

* Les par­ti­ci­pantes étaient contentes de cette décou­verte ; cet ate­lier du mer­cre­di soir sera consa­cré à toutes les explo­ra­tions de danse que nous aurons le désir de par­ta­ger, et non pas seule­ment à la danse forum ; mais nous nous sommes dit que nous en refe­rions d’autres.

Nadine Gar­dères

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’’’Com­men­taires d’Andréine’’’

Je vou­drais réagir à ce CR remar­quable de l’atelier de DF qui a eu lieu à Dah­dah. Voi­ci quelques com­men­taires et réflexions, qui deman­de­raient à être cri­ti­qués et com­plé­tés.

Le geste comme méta­phore du thème, en voi­là une idée lumi­neuse ! A voir sur le long terme, com­ment cela peut se déve­lop­per.

Si une pro­blé­ma­ti­sa­tion est une réflexion com­mune à par­tir d’une situa­tion, elle sup­pose une ana­lyse et donc une arti­cu­la­tion. Il se pour­rait que cette arti­cu­la­tion puisse se faire par les mou­ve­ments direc­te­ment, c’est d’ailleurs ce qui se pro­duit chaque fois que la pro­blé­ma­ti­sa­tion se déplace à la suite d’un essai. Sim­ple­ment, nous met­tons après en mots, ce qui s’est pro­duit avant en gestes.

La pro­blé­ma­ti­sa­tion qui se déplace avec les essais, nous avons sou­vent explo­ré ce che­mi­ne­ment invo­lon­taire. Tant que le chan­ge­ment n’est pas une fuite devant la dif­fi­cul­té du thème ou de la pro­blé­ma­ti­sa­tion, il œuvre en intel­li­gence.

Par­fois, nous avons dû res­treindre notre ten­ta­tion de chan­ger de thème et/ou de pro­blé­ma­ti­sa­tion pour qu’ils puissent se révé­ler, et nous avons remar­qué qu’ils en sortent le plus sou­vent gran­dis.

La DF actuelle est-elle assez abou­tie pour aller à tout un cha­cun, qu’il ait fait de la danse ou pas ? C’est ce que nous ver­rons avec une expé­rience plus éten­due, mais notre ate­lier de Lam­besc le démontre en par­tie. C’est en tous cas un vœu très cher : dan­seurs de vie et dan­seurs de bal­let devraient pou­voir s’enrichir mutuel­le­ment, les seconds étant sim­ple­ment un sous-groupe des pre­miers.

Je me suis sou­vent deman­dée com­ment nous fai­sions pour évi­ter aus­si faci­le­ment la psy­cho­lo­gi­sa­tion. Cela vient selon moi en grande par­tie du fait que nous avons été intrai­tables avec la « mau­vaise théâ­tra­li­sa­tion » du dan­seur qui illustre sans le vou­loir un pro­pos, un thème, un res­sen­ti, une émo­tion, une idée…

Le par­ti pris aus­si de démar­rer la danse à par­tir des sen­sa­tions et non de leur repré­sen­ta­tion ou du res­sen­ti émo­tion­nel, de ce qui est (com­ment nous sommes) et non de ce qui devrait être (com­ment nous vou­drions être), amène le men­tal à écou­ter ce qui existe, plu­tôt qu’à ima­gi­ner ou élu­cu­brer des sce­na­rios où l’ego se complaît.

Article créé le 16/02/2020 – modi­fié le 10/06/2020

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