Danse recherche
→ Cheminement de la danse recherche
!!Deux formes de danse recherche – mars 2010
L’atelier de danse recherche s’est mis en place il y a trois ans, pour nous consacrer à la danse, celle-là même qui est mise en forum lors de nos ateliers de danse forum.
Cet atelier s’est ensuite spécialisé en danse recherche improvisation et danse recherche technique.
La danse recherche improvisation
Il s’agit de recherche expérimentale, réflexive et coopérative.
Nous partons de ce qui est : nos facilités et nos difficultés, nos souplesses et nos raideurs, nos limites et nos désirs. Il est question non seulement d’inclure la réalité de ce que nous sommes dans la danse, mais de partir de cette réalité pour créer la danse. Une danse qui naisse de ce matériau, tel que la vie le façonne, et non d’un idéal projeté par une société qui réserve la danse à des corps souples, minces et vifs.
Ce questionnement de la danse : où la danse commence, où elle s’arrête, de quoi elle est faite, est la mise en problématisation de son esthétique.
La danse n’est plus un style que l’on essaie de s’approprier et parfaire, ou même inventer, mais un plongeon au sein même de ce qui anime la vie : ses impulses, ses flux, ses consistances, ses températures.
Cet accueil inconditionnel de nos sensations va pouvoir laisser la danse œuvrer en nous, et nous sculpter à son rythme.
L’entrée dans cette danse, nous l’appelons « l’éveil des sensations », puis « l’éveil des muscles ».
Cela nous sert d’échauffement.Echauffer le corps, non par une suite de mouvements-remèdes à nos tensions, raideurs, stagnations, mollesses et refroidissements, mais comme une réponse adéquate aux besoins sensibles du corps, qui dirige les opérations : on le laisse choisir, sélectionner, décider le moindre de ses mouvements, de ses frémissements ou de ses envolées. On entr’ouvre la porte de l’involontaire et de l’inconscient, pour se donner une chance de découvrir un monde qu’il nous faut apprivoiser, sous peine de le fermer à nos sens et à notre créativité.
L’improvisation peut alors commencer. Etre spontané n’est pas une mince affaire : sortir des schéma tout faits, des équations où l’on remplace un mouvement par un autre, un rythme par un autre, laisser émerger la créativité faite de notre histoire passée, présente et à venir est un long chemin, abrupte et sinueux parfois, mais surprenant toujours.
Les retours verbaux qui rythment l’expérimentation nous servent de base réflexive : ensemble, nous posons les mots, ouvrons les questions, démultiplions les angles de vue. Utiliser le discernement pour faire la peau au jugement, c’est ce que nous appelons une approche coopérative.
Cette approche développe nos aptitudes sans que l’on s’en aperçoive : nous avons appelé ce phénomène l’infra-technique : une technique qui ne se voit pas et donne à voir ce qui ne se voit pas d’habitude.
La danse recherche technique
Bien sûr, cela nous a titillé assez vite : comment construire une passerelle entre ce monde de l’involontaire et de l’inconscient, avec celui volontaire et conscient. En clair, comment aller de l’infra-technique à la technique.
Nous en sommes aux balbutiements, mais quelque chose de possible se dessine : une technique qui se découvrirait, se questionnerait donc et s’élaborerait à partir des sensations.
Rien de nouveau sous le soleil : il ne s’agit pas de faire du neuf, de découvrir « la » technique qui n’a pas encore été inventée.
Il s’agit de découvrir la technique à partir de son élaboration même, et non pas servie sur un plateau.
Elaborer une technique, ce n’est rien d’autre que puiser dans son expertise à soi, faite de la conciliation de l’acquis et de l’inné. Puis laisser le flou et le chaos s’installer, faire leur travail de scan invisible, ramener ce qu’on peut à la surface et recueillir les fruits.
L’essentiel du phénomène de l’élaboration est toujours invisible : pourquoi partir de tel endroit et pas de tel autre, pourquoi choisir telle direction et pas cette autre, jusqu’où aller ou ne pas aller, ces décisions multiples à de nombreux niveaux se font à notre insu, avec juste en bout de course une sensation d’adéquation, de justesse du moment. C’est peu et beaucoup, c’est le matériau de base, qui va ensuite subir l’épreuve de la réalité, de la comparaison, du regard. Le regard s’éduque, et comme toute éducation, on n’en vient jamais à bout… sauvés !
%25right%25Andréine Bel
Article créé le 16/02/2020