Danse recherche
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!!La (r)évolution, le 16/1/11 au Studio Forbin
Nous étions douze alors que le printemps venait pointer son nez à travers nos coquilles translucides (les œufs vont par douzaine), impact déclencheur de grandes manœuvres intérieures.
Nous avons commencé par les vues et visions pour cet atelier de danse recherche sur le long terme :
- garder le même thème réflexif (le « thème chapeau ») sur plusieurs ateliers, et même sur les ateliers d’Aix et Forcalquier par exemple. Ce thème reste à déterminer.
- utiliser le matériau d’archives pour en faire une œuvre, au lieu de le laisser dans les cartons. Vidéos, textes, peintures et calligraphies sont autant de « traces » qui ne demanderaient qu’à être rassemblées, concertées et modelées à leur tour pour être appréciées. Avis aux imaginations créatrices…
Sur le court terme, les préoccupations étaient de :
- comprendre la personne avec laquelle on danse
- découvrir et danser l’imaginaire qui nous habite
- comprendre le sens de l’échauffement dans l’éveil des sensations.
Retours verbaux pendant l’éveil des sensations :
- rester avec la douleur au bras droit, cela donne toute autre chose que de vouloir la chasser, les mouvements sont inattendus et se révèlent efficaces justement pour résoudre la douleur alors que ce but n’est pas recherché. Beaucoup d’images surgissent en « écoutant » la douleur…
- expérimenter des corps différents selon qu’on place le corps dans telle ou telle disposition. Il y a une pluralité d’agencements possibles des sensations, émotions, représentations, projections, pensées, mémoires… selon ces dispositions.
- pourquoi nommer les sensations à voix haute pendant l’éveil des sensations ? Cela sollicite l’analyse, la comparaison, le discernement de celui qui prononce et de celui qui écoute. Comment intégrer ces voix pour celui qui souhaite rester dans ses sensations sans être influencé ?
- « prendre » les mots comme la musique, accueillir l’influence tout en restant soi-même ? Observer le rapport entre les deux sensations, intérieures et extérieures ? C’est déjà une ébauche de danse avec l’autre que d’accueillir ses mots sans les laisser empiéter sur notre sentiment de liberté intérieure…
- la tête lourde est en équilibre fragile mais agréable sur les épaules, un équilibre plein de possibles.
- serrer les resserrements, presser les pressions, et le corps se détend.
- le carcan se fait lourd, se répand, s’amollit pour finalement se dissoudre par de petits mouvement des pieds, de la tête et des poignets.
- balancements sur le coccyx, en alternance avec l’impossibilité d’atteindre tel muscle profond.
- en un quart d’heure, quelques millions d’années d’évolution. L’étoile de mer a sa bouche, ce trou, au milieu du ventre. Passage par le quatre pattes. Vrille pour se mettre debout.
- ventre étiré comme de la pâte à pain, dans toutes les directions et toutes les positions.
- différence de chaleur entre le ventre souple et le squelette dur, comme deux entités constructives de l’être.
- l’épaule gauche entraîne le corps dans une ronde continuelle pour éviter de tomber dans le trou noir au milieu.
- dynamique incapable de retomber.
- naissance continuelle de la vie, émergence constante. Cronos mange et régurgite ses enfants.
- voyage dans le temps et l’espace, paroles juxtaposées aux sensations, interaction des sensations avec les émotions.
Il y avait de l’évolution – révolution dans l’air, ce fut notre thème sensitif : (r)évolution.
Au fil des impros dans l’espace structuré d’une scène tracée au sol et la naissance de deux points de vue :
- le contact, fait de rencontres fortuites, affecte profondément notre paysage intérieur. On n’est plus la même personne, même sans le souvenir de la rencontre. Etre retourné comme une chaussette par le contact.
- l’autre prend toute la place en soi, être envahi au bon sens du terme, bouleversement, passage de l’être unicellulaire à la rencontre avec l’autre.
- filament d’ADN, deux ou trois gènes, tout a été vidé. Qu’est-ce être debout et marcher ?
- limites et peurs : oser franchir les barrières. Le rythme pour sauver quelque chose, le temps croqué, sidération du temps, espace blanc et vide.
- le vide de temps, sa beauté. Le vide annonciateur de crise devient épais avant l’orage et la pluie nourricière, au moment creux de l’aube, ou quelques minutes avant la naissance d’un enfant.
- dans ces moments uniques, si le geste est en trop : nausée ; si le geste manque : vide au ventre.
- percevoir de la place du spectateur le changement d’espace scénique à la chaleur qui s’en dégage, le sol comme s’il vibrait. La qualité non visuelle est déployée, comme une présence plus tactile : toucher à distance, très doucement.
- Le vide est plein de tous ses possibles !
A dimanche prochain, pour la mise en forum du thème de la (r)évolution dimanche 23 février 2011,
Andréine Bel,
d’après les retours de : Sylvie A, Andréine B, Bernard B, Johanna B, Evelyne B‑L, Nellie C, Nadine G, Jacques H, Amaya L‑M, Minh N‑G, Maritza S, Yaël.
Article créé le 16/02/2020