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!! Le dedans et le dehors – 20 février 2009
L’atelier de ce soir a eu chaud !
Les prémisses du thème étaient déjà devant la porte :
en m’attendant, E. et M. discouraient sur l’intérieur/l’extérieur
qu’est-ce qui appartient à l’intérieur de soi, et qu’est-ce qui est à l’extérieur ?
(Que dire des muqueuses ?…)
J’ouvre donc les portes
nous pénétrons à l’intérieur de la salle, il fait plus chaud que dehors
J. nous rejoint, nous commençons « l’éveil des muscles ».
Le froid extérieur nous rattrape vite
mais la chaleur intérieure est quasi autonome :
à quelques secondes près et presque sans bouger
nous pouvons avoir chaud ou froid,
selon le degré de fatigue et de tension qui nous habite.
Aussitôt l’éveil des muscles déclaré accompli, nous réclamons le gâteau d’E.
que nous savons excellent, fait de son intérieur, pour conforter nos intérieurs à tous.
Dedans, des abricots et des noix
subtilement mélangés au point que l’on croit deviner une saveur exotique.
Mais non, il est bien de chez nous, ce gâteau savoureux et pulpeux
comme ce qui se cache dans un fruit mœlleux.
Essayer chez soi le cocktail pêche et hibiscus, une saveur ne peut être qu’intériorisée.
Ou plutôt, chaque sens est comme ces portes battantes dans les restaurants :
elles donnent sur l’intérieur comme sur l’extérieur de la cuisine,
les serveurs devant pourvoir entrer et sortir avec autant de facilité pour régaler leurs hôtes.
Donc, pendant que J. réalisait que le monde entrait en lui par sa bouche et lui sortait par les yeux,
M. devenait transparent et voyait à travers les murs.
Parallèlement, j’étais en quelques minutes passée du concept de la chaussette
qui ne sait plus dans quel sens elle est — dès que je me retourne ou m’incurve —
au concept des plis, pliée en deux, en quatre ou en huit
selon les angles que peut faire mon corps.
Donc je ne m’étonnais plus de grand chose quand mon mental s’est plié aussi
ajoutant quelques dimensions en plus des trois octroyées.
Sur le chemin, J. fait un détour par l’infiniment petit
qu’il constate pas plus minus que l’infiniment grand
puisque son intérieur n’est fait de rien d’autre que d’une infinité d’infiniment petits
même si son extérieur en met plein la vue.
C’est décidé, E. ne se laissera plus imposer ses mouvements par la musique qui,
surtout si elle lui plaisait, arrivait toujours à envahir son intérieur.
Ce faisant, elle reconstruisait l’histoire de la danse en une vingtaine de minutes
danse qui n’eut de cesse d’exploiter la musique pour ne pas être exploitée elle-même
par cette émission de formes mélodiques rythmiques volatiles et insaisissables, pénétrantes.
Jusqu’à ce qu’un jour Cunningham et Cage en aient eu vraiment assez de ce combat incessant
et décident de créer la danse et la musique d’un même ballet indépendamment,
dans deux pièces différentes,
pour les mettre ensemble le jour de la représentation.
Ce fut un triomphe, la danse et la musique furent déclarées autonomes
elles ne s’en retrouvèrent que mieux.
J’étais en train de me réconcilier avec la danse
son apparence extérieure acceptant de cohabiter en toute autonomie avec mon intérieur,
quand nous avons réalisé que cette histoire de dedans dehors avait déjà été tordue à l’infini avec le ruban de Mœbius.
M. lui, a tenu à ses « cordes » théoriques comme un mathématicien gourmand,
que le point, pourtant grandiose, laisse sur sa faim.
Alors, là, E. et moi nous sommes mises à tourner autour des deux pôles masculins de notre quatrain,
et les pôles se sont spontanément appelés : « les ovules ».
Ils ne pouvaient pas faire moins, nous touchions à la fusion…
Andréine Bel
d’après les retours de : Andréine B, Evelyne B‑L, Jacques H, Minh N‑G.
Article créé le 16/02/2020 – modifié le 16/02/2020