Danse recherche
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!! Les thèmes de l’atelier Aix Danse recherche (du 3/10/08 au 20/2/09)
Les ateliers de recherche en danse ont décidé que le problème n’était
pas de bien danser, mais de danser
le problème, c’est le thème problématisé
alors, pour que le thème naisse comme le fruit se détache de la
branche, quand il est mûr, nous n’avons trouvé qu’une solution : ne
rien faire, attendre qu’il mûrisse et nous tombe dans le bec
ne rien faire, c’est laisser faire le corps
le laisser lisser ses muscles comme les oiseaux prennent la douche à
la fontaine
alors les bouches s’ouvrent et bâillent timidement au début
puis de plus en plus bruyamment
les larmes fraîches coulent le long des tempes
les soupirs s’enchaînent
et voilà les chaînes des muscles se mettre en mouvement
l’air de rien ou en insistant
mais comme en amour
deux fois nous faisons le point
entre nous c’est faisable
les mots s’égrènent
il y en a toujours un ou deux que les pious attrapent au vol,
et c’est notre thème
du vendredi
l’équilibre
est venu de cette histoire de muscles profonds,
censés assurer la statique
donc l’équilibre
que nous avons aimé instable
se payer le luxe de cette instabilité
des petits miracles qu’elle opère
de réconciliation avec la scène aveuglante
les jugements du public traversés comme un fleuve bouillonnant
souvenirs cuisants revenus en force
puis s’adoucissant dans un lac d’automne
les pieds
n’en finirent pas de nous étonner
reprenant place dans les circuits neuronaux
comme aussi importants que les mains
qui mangent le visage des cartes de facithérapie
pieds de rythmes qui ensemencent la terre
intelligents comme nos pieds sommes devenus un soir d’octobre
le ventre
est naturellement venu donner la réplique aux pieds
un monde en soi
le centre qui relie toute chose en ce monde
ou l’antre qui abrite, gestation à l’abri des regards
la langue
est sortie de sa retraite
franchir la barrière des dents n’est pas chose facile
la chair mise à nu, sensible et incarnat
les tensions prennent le cou et les épaules et la tête
aimer ces tensions comme les cordages d’un navire
réapprendre à s’aimer
les yeux étaient d’accord
le corps a pris appuis comme mari prend femme
le corps est devenu puissant
le fil
est venu naturellement relier ces éléments épars
le fil entre deux thèmes, entre le haut et le bas
le passage
d’un mouvement à l’autre
l’entre deux
nous y étions
l’évidence
nous a semblé plus juste que la justesse
pour nous dire la nécessité d’un mouvement
mais une évidence matinée de pertinence
et qui garde sa complexité
sinon la mare aux stéréotypes nous attendait
au tournant
le bassin, lui,
n’avait pas eu sa part
ce que peut faire un bassin est infini
avec deux ailes et un sacrum
de quoi s’envoler dans les profondeurs marines
la gorge
est en lien avec les pieds
je peux vous le prouver
une demi pointure de plus
après que ma gorge ait pris à témoin le ciel
et me rende ma voix volée
la voûte plantaire s’est détendue
sentir le sol du bord externe du pied
une douceur encore jamais connue
danser ensemble
s’est imposé depuis
seul mais ensemble
puis deux à deux
puis l’idée de la capoeira
un cercle et une flamme au centre
ou deux flammes que le vent attise
le lien
n’est pas tout à fait le fil
plus élastique, plus fort
pouvant entraver
ou libérer le geste
5 décembre 2008
première danse mathématique : le point
12 décembre 2008
deuxième danse mathématique : la suite de points
19 décembre 2008
troisième danse mathématique : la corde
le regard
sur l’éveil des muscles
c’est un détonateur
à déflagration lente dirait un ami qui se reconnaîtra
l’éveil printanier, primesautier en ce début d’hiver
ou l’éveil imperceptible des fibres musculaires
ou l’éveil de l’involontaire
de la danse
occiput et sacrum
sont venus comme une évidence
deux pôles intimement liés
le long d’une existence
en danse mathématique, la diversité des points de vue
pour s’échapper d’un monde prévu
le poids
pour lier deux danseurs
rien de meilleur
à bras le corps, en tirant un bras ou deux
en soupesant une jambe ou deux
un buste un bassin
ne plus savoir à qui appartient quoi
chimère à deux têtes en mouvements inconnus au répertoire classique
peut-être une redécouverte du Moyen-Âge
si mal connu
les correspondances
ont débordé du cadre de la danse
comme les écharpes de soie d’une malle bondée
« un mouvement répond à une pensée, une pensée répond à un geste, le
geste amène une émotion, qui fait écho à un symbole… » et Baudelaire
est revenu
en vagues
le parquet lisse s’y prêtait
le corps s’est laissé glisser
ramper
mouvement archaïque s’il en est
que l’enfant retrouve en jouant sous un lit
les mémoires
car il y en a au moins deux
celle historique donc reconstruite
mais aussi celle qui trouve le fil de soie et le dévide lentement
en se mettant à l’intérieur de l’événement
mémoire du mouvement antérieure au mouvement improvisé ?
l’effort
en danse a bonne presse
ou mauvaise réputation
le moindre effort lisse les mouvements mais
l’effort maximal lui donne intensité maximale
pourvu que la force soit ajustée aux bons muscles
le dedans et le dehors
c’était le 20 février 2009
à la lecture
mon époux m’a demandé :
qu’y avait-il au juste, dans le gâteau ?
Andréine Bel,
d’après les retours de : Andréine B, Bernard B, Catherine H, Céline L, Diminique L, Emma G, Johanna B, Julie A, Leonardo C, Magali M, Mireille M, Nadine G, Delphine O, Guillaume T, Jacques H, Laurent B, Evelyne B‑L, Maritza S, Minh N, Soazic O, Sylvia B.
Article créé le 16/02/2020 – modifié le 16/02/2020