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!!L’immanence – 6/5/12
CR danse recherche au studio Forbin du 6/5/11 – L’immanence
Nous étions six à nous pencher sur l’immanence comme sur un berceau abritant un nouveau-né, pour faire connaissance. Je mets entre […] mes ajouts au moment de la rédaction. Le reste est une recréation de ce qui a été dit pendant l’atelier, à partir de mes notes écrites.
Notre souvenir du dico : « Ce qui est en soi »…
L’approche de l’immanence dans nos vies est venue par bribes :
- nature profonde de ce qui est
- impermanence en tant que changement permanent, goûter l’impermanence de l’être
- émanation de quelque chose qui transpire de quelque chose d’autre
- reconnaissance de la nature profonde
- immanence versus transcendance, monde sensible versus monde des idées : se libérer du poids de la spéculation sur les « arrières-mondes »
- « décroissance » spirituelle
- adéquation entre soi et le monde par nécessité
- accueil de ce qui est, comme substrat d’une transformation
- présence au corps et à la sensation
- mouvement involontaire et spontané
- laisser aller
- pas de différence de fond entre soi et les autres
- être vivant dans sa propre vie
- le monde est compréhensible
avec quelques phrases qui trainaient dans l’air et que nous avons cueillies au vol :
- « La cause de la vie, c’est la vie » (Spinoza)
- « Le but de la vie c’est vivre » (Tsuda)
L’échauffement
Il s’est fait à partir de l’éveil des sensations : une sensation parmi une multitude se singularise et nous polarise, nous la nommons à haute voix. Selon notre disposition d’esprit, cette sensation exprime pour chacun un besoin, un désir ou une gêne. [La difficulté est de l’accueillir inconditionnellement.]
- poids pesant (besoin de peser, d’immobilité, de micro-mouvements…)
- contraction (plaisir à mener la contraction jusqu’au bout, ce qui recentre)
- tension (besoin de tensions actives et passives qui alternent et finissent par détendre)
- étirement, comme des bourgeons de patate, puis flotter à l’intérieur
Une observation
Se « mettre à disposition », laisser venir tensions et étirements, espace jubilatoire, sentiment à la fois d’assise et de flottement.
Une hypothèse
[Pourrait-on dire que répondre au besoin comble le désir au moins en partie et résout la gêne ?]
Deux questions
- l’étirement peut-il être une sensation à l’origine du besoin d’étirement ? L’étirement a eu pour résultat de recentrer l’organisme.
- lorsque l’on adopte une position, qu’est-ce qui provoque le mouvement spontané ? La nécessité ? La gêne ? Le désir ? La vie ? (sans aucun mouvement intérieur, pas de vie possible)
Improvisation sans musique
contraction inextinguible du cou
espace vide à disposition
horizon d’un lac
humour, exploration, bruits
Improvisation avec musique
repère pour équilibre
structure le temps et les mouvements
représentation mentale, demandes et intentions
joie, danse comme expression de la beauté, essence de vie
mental + débranché, mais avec des mots…
musique partenaire
monter dans le train avec des souliers rouges
rythme et mise en mouvement de l’intérieur
yeux ouverts
Repas pantagruélique
sur pente ascendante
Un danseur face à une ligne droite de spectateurs
observations :
- pour ne pas risquer de se faire influencer, passer en premier
- l’influence des traces joue d’une improvisation à l’autre, comme si ce qui est dessiné dans l’espace et le temps se développe d’un danseur à l’autre, empreintes que nous aurions souhaitées superposables
- même les éléments se sont enchaînés : l’air, l’eau, la terre (et l’arbre croissant), le feu (la flamme) n’ont pu suffire, il nous en a fallu un cinquième, innommable
- les mains comme humanité, mains antennes
- de dos : mise en danger ? confiance ?
- sortir de la musique ? pas si facile, le temps se divise ou se multiplie mais retombe sur ses pattes, chercher la lisière du non-sens musico gestuel
- ne pas savoir ce qui va arriver à chaque instant, une suite de suites [et l’intensité afflue, la danse se révèle]
- version sensitive de la danse : être touché tactilement par les masses colorées qui se déplacent au loin
- le spectateur est un vrai « partenaire », avec ce que cela implique…
Un danseur au milieu d’un cercle de spectateurs
- sauvage épanoui
- ne rien préméditer et la vie reprend du goût
- de la crainte de vivre à la joie d’être, parmi les autres
- le spectateur se place au centre du cercle : la chaussette se retourne et tout à coup le vide apparaît
- on ne peut pas être l’autre, de toutes façons
- entrer en soi pour être avec les autres
- espace intime infini
- persévérer dans son être augmente la puissance d’exister, dixit Spinoza, décidément…
Andréine Bel
avec Bernard, Maritza, Minh, Richard, Virginie
Article créé le 16/02/2020