Danse recherche
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!! Sensation et imagination – janvier 2007
Bonnie Bainbridge Cohen, à l’origine du Body Mind Centering (New-York,
19973), mentionne avoir rencontré brièvement Haruchika Noguchi, le fondateur du Seitai.
Elle en témoigne comme d’une rencontre importante dans son livre « Sentir, ressentir et agir » (édition
Nouvelles de danse).
Je me rends compte combien le mot « sensation »
peut faire référence à des approches différentes. Je vois deux pôles
d’approche de la sensation.
Bonnie part des organes à travers l’imaginaire et les représentations
qui leur sont liés (anatomiques, physiologiques, culturelles) pour éveiller, nourrir,
aboutir à « l’incorporation » de et par la sensation. L’impulsion donnée est
centripète, pourrait-on dire, elle va de l’extérieur vers l’intérieur.
La sensation nourrit à son tour l’imaginaire et ses représentations,
en contrepoint, comme le reflux est nécessaire au flux.
Noguchi part de la sensation des intensités [du Corps sans organes ?]
qui lui évoque des représentations, des
déductions, vers l’imaginaire donc. Le mouvement est dynamiquement
centrifuge, l’imaginaire ne venant qu’en reflux.
Bien entendu, ces deux mouvements alternent dans chacune des deux
démarches, mais toujours l’un revient vers l’imaginaire/représentation comme source
des sensations, l’autre vers la sensation comme source de
l’imaginaire.
L’imaginaire comme source des sensations, c’est le mental qui parle
en premier et se relie au corps, le façonne, le sculpte. C’est une
œuvre élaborée où l’imaginaire rend sa poésie au corps. Ceci fait
dire à ceux qui pensent ne pas être poètes, que les sensations sont
du domaine des rêves, de la fantaisie, donc quelque chose de pas
fiable du tout.
La sensation comme source de l’imaginaire, c’est le haïku de la
poésie – brute de décoffrage. Le corps parle en
premier, il se relie au monde, nourrit l’imaginaire. Il rend sa
poésie à l’imaginaire. Les sensations deviennent du coup beaucoup plus
fiables pour les esprits critiques. C’est là que je situerais le seitai.
Et la danse telle que nous l’envisageons dans nos ateliers ?
Probablement au point d’équilibre mouvant de ces deux approches de la sensation.
Andréine Bel
Article créé le 16/02/2020