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L’auteur principal de la nouvelle revue Cochrane prend la parole

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Maryanne Demasi, PhD. (source)

🔵 Maryanne Demasi, PhD. 5 février 2023

⚪️ Tom Jefferson, tuteur asso­cié prin­ci­pal à l’uni­ver­sité d’Oxford, est l’au­teur prin­ci­pal d’une récente étude Cochrane [janvier 2023N1] qui est deve­nue virale sur les médias sociaux, et a relancé l’un des débats les plus contro­ver­sés de la pandé­mie, celui des masques.

L’étude actua­li­sée inti­tu­lée “Physical inter­ven­tions to inter­rupt or reduce the spread of acute respi­ra­tory viruses” (inter­ven­tions physiques visant à inter­rompre ou à réduire la propa­ga­tion des virus respi­ra­toires aigus) a révélé que le port de masques dans la commu­nauté ne fait proba­ble­ment que peu ou pas de diffé­rence dans la trans­mis­sion des mala­dies de type grip­pal ou covidien.

Cette consta­ta­tion fait suite à trois années pendant lesquelles les gouver­ne­ments ont rendu obli­ga­toire le port de masques dans la commu­nauté, les écoles et les hôpi­taux. Pas plus tard que le mois dernier, l’OMS a mis à jour ses direc­tives conseillant à « toute personne se trou­vant dans un espace bondé, fermé ou mal ventilé » de porter un masque.

Jefferson et ses collègues ont égale­ment examiné les preuves de la distan­cia­tion sociale, du lavage des mains et de la désinfection/stérilisation des surfaces — au total, 78 essais rando­mi­sés avec plus de 610 000 participants.

Jefferson n’ac­corde pas beau­coup d’in­ter­views aux jour­na­listes — il ne fait pas confiance aux médias. Mais, comme nous avons travaillé ensemble à Cochrane il y a quelques années, il a décidé de bais­ser la garde avec moi.

Au cours de notre conver­sa­tion, Jefferson ne s’est pas retenu. Il a condamné les « experts du jour au lende­main » de la pandé­mie, il a criti­qué la multi­tude de poli­tiques de santé sans fonde­ment scien­ti­fique, et il s’est même ouvert sur sa décep­tion quant à la façon dont Cochrane a traité la révision.


L’interview

Tom Jefferson, MD (source)

DEMASI : Cette étude Cochrane a fait grand bruit sur les médias sociaux et a enflammé le débat sur les masques. Qu’en pensez-vous ?

JEFFERSON : Eh bien, c’est une mise à jour de notre revue de novembre 2020, et les preuves n’ont pas vrai­ment changé de 2020 à 2023. Il n’y a toujours aucune preuve que les masques sont effi­caces pendant une pandémie.

DEMASI : Et pour­tant, la plupart des gouver­ne­ments du monde ont mis en place des obli­ga­tions de port de masque pendant la pandémie…

JEFFERSON : Oui, eh bien, les gouver­ne­ments ont complè­te­ment échoué à faire ce qu’il fallait et à exiger de meilleures preuves. Au début de la pandé­mie, certaines voix s’éle­vaient pour dire que les masques ne fonc­tion­naient pas, puis soudain, le discours a changé.

DEMASI : C’est vrai, Fauci est passé dans l’émis­sion 60 minutes et a dit que les masques n’étaient pas néces­saires, puis quelques semaines plus tard, il a changé de discours.

JEFFERSON : Même chose avec le méde­cin chef de la Nouvelle-Zélande. Une minute il dit que les masques ne fonc­tionnent pas, et la minute suivante, il a changé d’avis.

DEMASI : Pourquoi pensez-vous que cela s’est produit ?

JEFFERSON : Les gouver­ne­ments ont eu de mauvais conseillers dès le début… Ils ont été convain­cus par des études non rando­mi­sées, des études d’ob­ser­va­tion impar­faites. Il s’agis­sait en grande partie d’avoir l’air de « faire quelque chose ».

Au début de 2020, alors que la pandé­mie s’in­ten­si­fiait, nous venions de mettre à jour notre revue Cochrane prête à être publiée… mais Cochrane l’a rete­nue pendant 7 mois avant qu’elle ne soit fina­le­ment publiée en novembre 2020.

Ces 7 mois ont été cruciaux. Pendant cette période, c’était le moment où la poli­tique sur les masques était en train de se mettre en place. Notre examen était impor­tant, et il aurait dû être publié.

DEMASI : Quelle était la cause du retard ?

JEFFERSON : Pour une raison incon­nue, Cochrane a décidé qu’il fallait une révi­sion « addi­tion­nelle » par les pairs. Et ensuite, ils nous ont forcés à insé­rer des phrases inutiles dans la revue, du genre « cette revue ne contient aucun essai sur le covid-19 », alors qu’il était évident, pour toute personne lisant l’étude, que la date limite était janvier 2020.

DEMASI : Pensez-vous que Cochrane a inten­tion­nel­le­ment retardé cette revue de 2020 ?

JEFFERSON : Pendant ces 7 mois, d’autres cher­cheurs de Cochrane ont produit des travaux inac­cep­tables, utili­sant des études inac­cep­tables, qui donnaient la « bonne réponse ».

DEMASI : Que voulez-vous dire par « la bonne réponse » ? Suggérez-vous que Cochrane était pro-masque, et que votre revue contre­di­sait le récit. Est-ce votre intuition ?

JEFFERSON : Oui, je pense que c’est ce qui se passait. Après le délai de 7 mois, Cochrane a publié un édito­rial pour accom­pa­gner notre étude. Le message prin­ci­pal de cet édito­rial était qu’on ne peut pas rester les bras croi­sés, qu’il faut agir, qu’on ne peut pas attendre de bonnes preuves… C’est une subver­sion complète du « prin­cipe de précau­tion » qui stipule qu’il ne faut rien faire à moins d’avoir des preuves raison­nables que les avan­tages l’emportent sur les inconvénients.

DEMASI : Pourquoi Cochrane ferait-elle cela ?

JEFFERSON : Je pense que le but de l’édi­to­rial était de saper notre travail.

DEMASI : Pensez-vous que Cochrane a joué un jeu politique ?

JEFFERSON : Je ne peux pas le dire, mais il s’est passé sept mois qui ont coïn­cidé avec le moment où toute la folie a commencé, lorsque les univer­si­taires et les poli­ti­ciens ont commencé à sauter à pieds joints sur les masques. Nous les appe­lons les “stri­dent campai­gners”. Ce sont des mili­tants, pas des scientifiques.

DEMASI : C’est intéressant.

JEFFERSON : Eh bien, non. C’est déprimant.

DEMASI : Donc, l’exa­men actua­lisé de 2023 comprend main­te­nant deux nouvelles études covid-19… l’étude danoise sur les masques… et l’étude du Bangladesh. En fait, il y a eu beau­coup de discus­sions à propos de l’étude sur les masques au Bangladesh qui préten­dait montrer un certain bénéfice…

JEFFERSON : Ce n’était pas une très bonne étude, car elle ne cher­chait pas à savoir si les masques étaient effi­caces, mais plutôt à augmen­ter la confor­mité du port du masque.

DEMASI : C’est vrai, je me souviens qu’il y a eu une ré-analyse de l’étude du Bangladesh qui a montré qu’il y avait un biais impor­tant… Vous travaillez dans ce domaine depuis des décen­nies, vous êtes un expert…

JEFFERSON [inter­jec­tions] … Ne me trai­tez pas d’ex­pert. Je suis un gars qui a travaillé dans ce domaine pendant un certain temps. Cela doit être le message. Je ne travaille pas avec des modèles, je ne fais pas de prédic­tions. Je ne harcèle pas les gens et ne les pour­chasse pas sur les médias sociaux. Je ne les traite pas de tous les noms… Je suis un scien­ti­fique. Je travaille avec des données.

David Sackett, le fonda­teur de la méde­cine fondée sur les preuves, a écrit un article très célèbre pour le BMJ dans lequel il affir­mait que les « experts » font partie du problème. Il suffit de regar­der les soi-disant « experts » qui ont conseillé le gouvernement.

DEMASI : Il y avait telle­ment de poli­tiques de masques stupides. Ils s’at­ten­daient à ce que les enfants de 2 ans portent des masques, et vous deviez porter un masque pour entrer dans un restau­rant, mais vous pouviez l’en­le­ver dès que vous vous asseyiez.

JEFFERSON : Oui, et aussi la règle des 2 mètres. Basée sur quoi ? Sur rien.

DEMASI : Portiez-vous un masque ?

JEFFERSON : Je respecte la loi. Si la loi dit que je dois en porter un, alors j’en porte un parce que je le dois. Je n’en­freins pas la loi. J’obéis à la loi du pays.

DEMASI : Oui, pareil. Que diriez-vous aux personnes qui veulent toujours porter un masque ?

JEFFERSON : Je pense qu’il est juste de dire que si vous voulez porter un masque, vous devriez avoir le choix, d’ac­cord. Mais en l’ab­sence de preuves, vous ne devriez pas forcer qui que ce soit à le faire.

DEMASI : Mais les gens disent, je ne porte pas un masque pour moi, je le porte pour vous.

JEFFERSON : Je n’ai jamais saisi la diffé­rence. Et vous ?

DEMASI : Ils disent que ce n’est pas pour se proté­ger, mais pour proté­ger les autres, un acte d’altruisme.

JEFFERSON : Ah oui. Merveilleux. Ils méritent le prix Albert Schweitzer de l’Humanitarisme. Voilà ce que je pense. Vos experts de la dernière pluie ne savent rien.

DEMASI (rires)

JEFFERSON : Il n’y a tout simple­ment aucune preuve qu’ils fassent la moindre diffé­rence. Point final. Mon travail, notre travail en tant qu’é­quipe de révi­sion, était de regar­der les preuves, nous l’avons fait. Pas seule­ment pour les masques. Nous avons examiné le lavage des mains, la stéri­li­sa­tion, les lunettes, etc.

DEMASI : Quelles sont les manières les plus certaines d’évi­ter les infections ?

JEFFERSON : Je pense que votre meilleure chance est l’as­sai­nis­se­ment ou la stéri­li­sa­tion avec des produits anti­sep­tiques. Nous savons depuis envi­ron 40 à 50 ans que dans les toilettes, sur les poignées, les sièges par exemple, vous récu­pé­rez une très forte concen­tra­tion de virus compé­tents pour la répli­ca­tion, peu importe de quels virus il s’agit. Cela plaide en faveur d’un mode de trans­mis­sion par contact direct ou indirect.

Par ailleurs, le lavage des mains présente certains avan­tages, notam­ment chez les jeunes enfants. Le problème est qu’à moins de rendre la popu­la­tion complè­te­ment psycho­tique, elle ne s’y confor­mera pas.

DEMASI : Puis-je vous poser une ques­tion plus précise sur les masques… Ce n’est pas que les masques ne fonc­tionnent pas, c’est juste qu’il n’y a aucune preuve qu’ils fonc­tionnent… Est-ce exact ?

JEFFERSON : Il n’y a aucune preuve qu’ils fonc­tionnent, c’est exact. Il est possible qu’ils puissent fonc­tion­ner dans certains cas… Nous le saurions si nous avions fait des essais. Il suffi­sait que Tedros [de l’OMS] déclare qu’il s’agis­sait d’une pandé­mie pour que la moitié du Royaume-Uni ou de l’Italie reçoive des masques et que l’autre moitié n’en reçoive pas. Mais ils ne l’ont pas fait. Au lieu de cela, ils ont couru partout comme des poulets sans tête.

DEMASI : J’ai travaillé comme conseiller poli­tique, donc je sais que les gouver­ne­ments n’aiment pas paraître « incer­tains », ils aiment agir comme s’ils contrô­laient la situation…

JEFFERSON : Eh bien, il y a toujours de l’in­cer­ti­tude. Le masquage est devenu un geste poli­tique « visible », ce que nous ne cessons de répé­ter main­te­nant. Le lavage des mains, l’as­sai­nis­se­ment et la vacci­na­tion ne sont pas ouver­te­ment visibles, mais le port du masque l’est.

DEMASI : Votre étude a égale­ment montré que les masques N95 pour les travailleurs de la santé ne faisaient pas une grande différence.

JEFFERSON : C’est exact, cela ne fait aucune diffé­rence — rien du tout.

DEMASI : Intuitivement, cela semble logique pour les gens pour­tant… Vous mettez une barrière entre vous et l’autre personne, et cela aide à réduire votre risque ?

JEFFERSON : Ahhhh l’ar­gu­ment du fromage suisse…

DEMASI : Eh bien, le modèle du « fromage suisse » a été l’une des expli­ca­tions les plus influentes pour expli­quer pour­quoi les gens devraient se proté­ger par couches. Une autre barrière, une autre couche de protec­tion. Vous n’ai­mez pas le modèle du fromage suisse ?

JEFFERSON : J’aime manger du fromage suisse. Le modèle, pas telle­ment… Il repose sur le fait que nous devons savoir exac­te­ment comment ces virus respi­ra­toires se trans­mettent. Et cela, je peux vous le dire, nous ne le savons pas. Il n’y a pas un seul mode de trans­mis­sion, c’est proba­ble­ment mélangé.

L’idée que le virus covi­dien se trans­met par les aéro­sols a été répé­tée à l’envi comme si c’était une « vérité », mais les preuves sont aussi minces que l’air. C’est complexe, et tous les jour­na­listes voudraient que 40 ans d’ex­pé­rience soient conden­sés en deux phrases. Vous pouvez citer le modèle du fromage suisse, mais il n’y a aucune preuve que beau­coup de ces choses font une différence.

DEMASI : Pourquoi ? Comment est-ce possible ?

JEFFERSON : C’est proba­ble­ment lié à la façon dont les gens se comportent, cela pour­rait être la façon dont les virus sont trans­mis ou leur port d’en­trée, les gens ne portent pas de masques correc­te­ment… Personne ne le sait vrai­ment. Je ne cesse de le répé­ter, il faut se pencher sur la ques­tion en réali­sant une vaste étude rando­mi­sée. Les masques n’ont pas fait l’ob­jet d’un véri­table essai. Ils auraient dû être faits, mais ils ne l’ont pas été. Au lieu de cela, nous avons des experts qui, du jour au lende­main, propagent une « peur dramatique ».

DEMASI : J’ai entendu des gens dire qu’il serait contraire à l’éthique de faire une étude et de rando­mi­ser la moitié d’un groupe avec des masques et l’autre moitié sans masques… Étes-vous d’accord ?

JEFFERSON : Non, parce que nous ne savons pas quel effet les masques auront. Si nous ne savons pas quel effet ils auront, comment cela peut-il être contraire à l’éthique ? Des fana­tiques ont réussi à empoi­son­ner toute cette discus­sion et à essayer d’en faire une affaire en noir et blanc… Et ils s’ap­puient sur des études terri­ble­ment défectueuses.

DEMASI : Merci d’avoir discuté avec moi aujourd’hui.

JEFFERSON : De rien, Maryanne.

Remarque : cette inter­view a été modi­fiée dans un souci de clarté et de briè­veté. Jefferson est co-auteur de “Trust The Evidence”. ⚪️


➡ Le soutien impli­cite que j’apporte aux points de vue d’éminents scien­ti­fiques nord-américains ne s’étend pas à leurs opinions poli­tiques, philo­so­phiques ou religieuses.

Lire aussi :

Lead author of Cochrane mask review responds to Fauci’s dismis­sal of evidence (6 septembre 2023N2)

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- On peut aussi consul­ter le serveur de liens https://leti.lt/liens et la liste des pages cibles https://leti.lt/liste.

  • N1 · vcs9 · Physical inter­ven­tions to inter­rupt or reduce the spread of respi­ra­tory viruses – Cochrane review (30 janvier 2023)
  • N2 · n4ca · Lead author of Cochrane mask review responds to Fauci’s dismis­sal of evidence

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Article créé le 7/02/2023 - modifié le 12/02/2024 à 17h44

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