Des éditeurs corrompus par des scientifiques sans scrupules

par Jean N., Faculté des Sciences, Université Européenne.

Ce que nous allons vous conter dépasse l’entendement. Il semblerait que les éditeurs de certaines revues scientifiques puissent être manipulés afin de publier ou de rejeter n’importe quel article scientifique sur base de simples considérations politiques qui n’ont rien avoir avec la science. C’est ainsi qu’un article publié depuis plus de 9 mois, ayant suivi le processus du « peer review » et reprenant les conclusions du dernier rapport scientifique du GIEC (un comble!), fut retiré sur base du désaccord que certains scientifiques sans scrupules ont exprimé dans la presse.

L’article rétracté par les éditeurs avait été publié par 4 scientifiques italiens, essentiellement physiciens, et intitulé « A critical assessment of extreme events trends in times of global warming » (Gianluca Alimonti, Luigi Mariani, Franco Prodi, et Renato Angelo Ricci; les deux premiers auteurs avaient aussi publié un article sur SCE en 2020). Cet article rétracté utilise des données publiques et aucune fraude n’avait été détectée par les réviseurs. Il a été publié par des physiciens hautement qualifiés, dont un ancien éditeur de la revue en question, et tire les mêmes conclusions que le GIEC dans son rapport scientifique AR6 : il est difficile de trouver des tendances significatives dans les données concernant les évènements extrêmes. Et c’est probablement cette conclusion qui est à la base de toute cette affaire.

En effet, l’article n’a pas plu à certaines personnes car il ne faisait pas l’apologie de l’alarmisme climatique. Ces personnes se sont alors emparées des médias pour faire pression sur les éditeurs. Ceux-ci n’ont alors eu d’autre choix que de rétracter l’article. Aucun motif valable concernant la qualité des analyses n’a été donné et le processus habituel (publication d’une réponse argumentée) n’a pas été suivi par les éditeurs. Les plaignants (des scientifiques sans scrupules, connus comme « alarmistes climatiques ») n’ont même pas pris la peine d’écrire une critique reprenant leurs objections.

Après cela, continuerez-vous à croire ce qui est écrit dans les plus grandes revues scientifiques? Cette histoire vient au même moment qu’une autre : un scientifique vient d’avouer qu’il se pliait au narratif afin de pouvoir publier son article dans Nature : « I just got published in Nature because I stuck to a narrative I knew the editors would like. That’s not the way science should work.« 

1. Le processus habituel pour contester un article scientifique

Lorsqu’un article scientifique est publié après avoir suivi le processus de révision par les pairs, il est bien entendu possible de s’exprimer pour montrer son désaccord avec les méthodes ou les conclusions tirées par les auteurs. On peut par exemple critiquer l’article en question dans une étude future sur le même sujet, mais aussi dans la presse, sur un blog, ou mieux, en publiant une réponse dans le même journal. C’est comme cela que fonctionne la science et chaque article publié, révisé par les pairs (s’il est bien entendu exempt de fraudes), peut ainsi être discuté et faire l’objet de critiques. C’est ainsi que progresse la science.

Un bel exemple de ce processus concernant le climat est l’article publié en 2013 par Ole Humlum dans Global and Planetary Change, et intitulé « The phase relation between atmospheric carbon dioxide and global temperature« . Cet article a fait couler beaucoup d’encre et les scientifiques en désaccord ont publié pas moins de 3 articles, dans le même journal et la même année, afin d’exprimer leur désaccord (Kern & Leuenberger 2013, Masters & Benestad 2013, Richardson 2013). L’article original et les trois articles critiques sont visibles par tout un chacun sur le site internet de Global and Planetary Change et c’est finalement au lecteur de juger.

Mais concernant l’article du Prof. Alimonti, les choses ne se sont pas passées de cette manière.

2. Un processus complètement anormal

L’article du Prof. Alimonti, publié dans European Physical Journal Plus (EPJP), un journal du groupe Springer Nature, concerne la fréquence des évènements extrêmes. Et l’analyse des données publiques par les auteurs donne des résultats en parfait accord avec ce qui est écrit dans le dernier rapport scientifique AR6 du GIEC. La seule « imprudence » des auteurs serait d’avoir conclu de la manière suivante :

« In conclusion on the basis of observational data, the climate crisis that, according to many sources, we are experiencing today, is not evident yet. It would be nevertheless extremely important to define mitigation and adaptation strategies that take into account current trends. »

En d’autres mots, il ne devrait pas y avoir d’alarmisme climatique, car la « crise climatique » que nous vivons aujourd’hui, selon de nombreuses sources (par exemple les médias), n’est pas encore évidente.

Neuf mois après la publication de l’article dans le journal EPJP un avertissement « sous litige » est apparu online. Pourquoi? Car certains scientifiques « influents » ont exprimé leur désaccord à un journaliste du Guardian. Au lieu de passer par la procédure habituelle, c’est-à-dire publier une réponse dans le même journal en avançant des arguments scientifiques, les auteurs des critiques sont passés par les médias et ont fait pression sur les éditeurs du journal EPJP. Le résultat final est désormais connu de tous : l’article a été retiré (« retracted article »).

Derrière cette odieuse affaire se cachent des journalistes et au moins 4 scientifiques : Greg Holland, Lisa Alexander, Steve Sherwood, et l’ineffable Michael Mann.

Michael Mann fut d’ailleurs très cinglant et personnel dans ses commentaires :

“another example of scientists from totally unrelated fields coming in and naively applying inappropriate methods to data they don’t understand. Either the consensus of the world’s climate experts that climate change is causing a very clear increase in many types of weather extremes is wrong, or a couple of nuclear physics dudes in Italy are wrong.”

Nous n’allons pas retracer ici le déroulement complet de toute cette histoire, car vous pourrez trouver tous les détails ici :

Think of the Implications of Publishing (Roger Pielke Jr., 17/07/2023)

Comment de nos jours on fait de la science (Association des climato-réalistes, 30/08/2023)

3. Conclusion

La morale de cette histoire est très simple. Lorsque l’on possède une certaine renommée comme Michael Mann, renommée justifiée ou non, on est au-dessus des lois. On peut se permettre de faire retirer une étude scientifique si l’on est pas d’accord avec les auteurs. Il suffit de contacter des journalistes et de faire pression sur les éditeurs. Que l’étude soit parfaite au niveau scientifique ou qu’elle suive les conclusions du GIEC n’a aucune importance.

Tout ceci est très logique : comment un « petit » éditeur de revue pourrait-il résister aux « grands scientifiques » ayant participé au rapport du GIEC? La pression est insoutenable, d’autant plus si la presse s’en empare.

Le système est totalement corrompu.

Michael Mann et ses collègues se sont peut-être aussi rendu compte qu’il valait mieux passer par la presse. En effet, publier une critique scientifique en bonne et due forme aurait été critiquer les conclusions du rapport de GIEC!

Au final, la conclusion est sans appel : la science climatique est corrompue et le consensus scientifique ne veut plus rien dire. Quant aux médias, ils ne font qu’amplifier les ratés de la science.

Une réflexion sur « Des éditeurs corrompus par des scientifiques sans scrupules »

  1. Il est navrant que la « bienséance » empêche parfois de publier le(s) nom(s) de ces ‘plaignants’, gens suffisamment retors, jouissant d’un bras politiquement long, jusqu’à provoquer (par rétraction) la publication de résultats scientifiques « parce que non conformes à la doxa climatique ambiante » !

    Par coïncidence, me rendant à Bruxelles ce 21/09, il s’y tint à l’Académie Royale de Belgique un cours-conférence sur le thème « Science et intégrité », par deux éminents professeurs. Les nombreux chiffres et ‘cas’ référencés démontrent l’ampleur prise – à l’échelle mondiale – par ce phénomène des fraudes… et des pressions manipulatoires.

    On se demandera alors à quoi servent tous ces réseaux d’organes (aux logos scientifiques) [1]. Des organes pourtant présumés vertueux et efficaces que pour empêcher qu’une corruption [2] mine le monde par la perversité de certains « chercheurs » ! Le phénomène est bien dénoncé dans cet article. [3]

    L’inquisition médiévale n’a donc pas disparu des paysages R&D et académiques contemporains. Conflits d’intérêts ? La concurrence exacerbée entre institutions et les centres R&D d’entreprises mondiales ajoutent à la tension.

    Chacun en percevra le désarroi, voire la démotivation potentielle, qui règne parmi les milieux de chercheurs intègres !
    – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – –

    [1] ORGANES de régulation des fraudes scientifiques potentielles tels ces :
    (( ENRIO – The European Network of Research Integrity Offices brings together experts who are dealing with questions about research integrity. Puis ces EUREC, OFIS (France), et la foultitude de semblables enchevêtrés en UK, aux USA (NFS/OIG), ceux belges, etc…

    [2] « Un acte de fraude scientifique est une action destinée à tromper dans le champ de la recherche scientifique et, de ce fait, doit être distingué de l’erreur scientifique. Elle constitue une violation de la déontologie de la recherche et de l’éthique professionnelle en vigueur à l’intérieur de la communauté scientifique1.  … Types de fraudes… Importance du phénomène… Gestion de la fraude scientifique par la communauté… Actions de prévention… Raisons…. Impact… Structure de lutte contre… Exemples de fraudes… » 
    Le comble étant que parmi
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Fraude_scientifique

    [3] Academic Research in the 21st Century: Maintaining Scientific Integrity in a Climate of Perverse Incentives and Hypercompetition , Marc A. Edwards and Siddhartha Roy Jan 2017.
    https://www.liebertpub.com/doi/full/10.1089/ees.2016.0223

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *