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Chrononutrition

Chrononutrition – bases

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Le terme géné­rique « chro­no­nu­tri­tion » appa­raît dans un nombre crois­sant de publi­ca­tions anglo­phones en chro­no­bio­lo­gieN1 — voir mon article Chrononutrition - publications. Il est encore absent de Wikipedia anglais. La page « chro­no­nu­tri­tion » sur Wikipedia fran­çaisN2 ne décrit que la chrono-nutrition® (avec un trait d’union) ensei­gnée en France depuis 1986 par Dr Alain Delabos.

À ma connais­sance, aucune autre pratique de chro­no­nu­tri­tion ne fait preuve d’une telle expé­rience clinique ; par ailleurs, je l’ai adop­tée person­nel­le­ment avec succès — voir mon article Chrononutrition - mon expérience. C’est donc celle que je présente ici, en essayant de la situer dans le champ des connais­sances récentes en matière de nutrition.

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Déjeuner proche de la « chrono » :
viande, gnoc­chini bio, quelques légumes
et salade, sans oublier l’eau…

Le prin­cipe de la chrono-nutrition®, décrit par son fonda­teur, est : « Vous pour­rez vous nour­rir comme vous le voudrez, pourvu que vos aliments soient natu­rels et choi­sis dans la jour­née en fonc­tion des indi­ca­tions précises four­nies par votre horloge biolo­gique » (Delabos 2005).

Une présen­ta­tion grand public très lisible figure sur cette pageN3. Elle est conforme à la pratique actuelle, sauf en ce qui concerne le « dîner de fruits », une option qui a été aban­don­née car elle fait travailler le pancréas à contre­temps (Delabos 2012N4).

Sommaire

De quoi s’agit-il ?

Le site offi­ciel est la​-chro​no​nu​tri​tion​.comN5. Il est complété par un site de coaching person­nel : chrono​-coaching​.frN6.

Deux ouvrages de référence :

  • Delabos, Alain (2012N4). Mincir sur mesure grâce à la chrono-nutrition. Albin Michel. (Diffusé aussi en format numé­riqueN7.)
  • Mestre, Jean-René ; Rapin, Jean-Robert (2012N8). Time Nutrition : « Faites de l’ali­ment votre médi­ca­ment ». Villeneuve les Maguelone : Jdc Logistique.

Le premier ouvrage est un exposé des prin­cipes et de la pratique de la chrono-nutrition, très facile d’ac­cès et agréable à lire, complété par des recettes de Guylène Delabos, épouse de l’au­teur. Il est indis­pen­sable de suivre à la lettre la méthode dans la plus récente version et ne pas fabri­quer une chro­no­nu­tri­tion « à sa sauce ». Non seule­ment une inter­pré­ta­tion erro­née produit souvent l’ef­fet inverse de celui escompté (par exemple perdre du poids), mais elle peut aussi mettre en péril la santé.

➡ Attention aux arnaques : des ouvrages, des pages web et des ressources numé­riques sont vendues dans de multiples langues, faisant l’éta­lage de « chrono-nutrition » et d’une forma­tion « d’ex­perts » sans aucun lien avec les fonda­teurs. Le plus souvent, ces méthodes sont truf­fées d’er­reurs ou d’in­ter­pré­ta­tions invé­ri­fiées. En France, par exemple, un hypno­thé­ra­peute vendait en 2013 des enre­gis­tre­ments de « messages subli­mi­naux » accom­pa­gnés d’un livre élec­tro­nique « Je mincis avec plai­sir » qui n’était rien d’autre qu’un plagiat de l’en­sei­gne­ment d’Alain Delabos.

Le Dr Delabos insiste sur la néces­sité de véri­fier son état de santé biolo­gique avant de commen­cer — foie, pancréas, reins, sang, thyroïde, hypo­physe, moëlle osseuse. Un suivi médi­cal est indis­pen­sable en cas de patho­lo­gie. Rappelons que l’obé­sité n’est pas systé­ma­ti­que­ment liée à la « malbouffe » ; elle peut être un aspect clinique de mala­dies affec­tant l’équi­libre hormo­nal, comme par exemple le syndrome de Stein-LeventhalN9 qui touche 3 à 10 % des femmes, ou encore l’ef­fet indé­si­rable de certains médicaments.

Si l’on a suivi un régime très pauvre en matières grasses, par exemple suite à l’abla­tion de la vési­cule biliaire, une période d’adap­ta­tion peut s’avé­rer néces­saire et un apport médi­ca­men­teux est proposé à cet effet. Un coachingN6 est recom­mandé dans toute situa­tion exceptionnelle.

En cas de trouble méta­bo­lique, le méde­cin adapte le programme, supprime certains aliments, les substi­tue à d’autres, en modi­fie la quan­tité jusqu’à arri­ver à un système nutri­tion­nel qui corres­ponde à un méta­bo­lisme adéquat. Ce programme devra ensuite être scru­pu­leu­se­ment respecté. En cas d’al­ler­gies ou d’in­to­lé­rances, l’ali­ment incri­miné sera remplacé par un autre. Ce sera, par exemple, du fromage de chèvre à la place du fromage de vache, un pois­son à la place d’un fruit de mer.

La chro­no­nu­tri­tion : L’horloge alimen­taire du Docteur Alain Delabos (2011N3)

Les auteurs affirment que cette pratique est en accord avec les préco­ni­sa­tions du Programme National Nutrition Santé (PNNSN10) en France.

Il existe de nombreux forums « chrono » permet­tant le partage d’ex­pé­riences et de conseils, dont un groupe dans lequel Alain Delabos inter­vient en personne (suivre ce lienN11). Ses entre­tiens hebdo­ma­daires (WebTVN12) sont diffu­sés en vidéo sur Youtube (suivre les liens sur sa page FacebookN13).

➡ Ne pas faire aveu­glé­ment confiance aux groupes Facebook gérés par des “coaches” qui, au mieux, ne font que rappe­ler le contenu d’ins­truc­tions à suivre à la lettre — même régime pour tous ! Cela, sans exer­cer le moindre esprit critique, mais surtout en igno­rant tota­le­ment les données scien­ti­fiques… J’ai été exclu sans ména­ge­ment d’un tel groupe animé par une cardio­logue qui inter­vient obses­si­ve­ment sur le "danger" du cholestérol ! 

Il est impor­tant, pour se lancer dans cette expé­rience, de respec­ter les quan­ti­tés préco­ni­sées qui varient en fonc­tion de la taille des indi­vi­dus, en pesant certains aliments. Certes, ces chiffres repré­sentent une moyenne, facile à calcu­ler, que l’on corri­gera par la suite selon ses besoins — l’ac­ti­vité, la saison, le lieu. Mais toute modi­fi­ca­tion doit être réflé­chie et conduire à de nouvelles mesures que l’on s’ef­for­cera de respec­ter après avoir véri­fié leurs effets. On règle par exemple les quan­ti­tés du petit-déjeuner pour que la faim revienne au moment de prendre le repas de mi-journée. C’est aussi une ques­tion de qualité :

Notez que la qualité s’ex­prime par la compo­si­tion et la nature des aliments, lais­sant inter­ve­nir la notion d’as­sem­blage entre protides, lipides et glucides dont l’in­fi­nie variété va permettre d’éta­blir la sensa­tion de goût… ou de dégoût. Ce sont les varia­tions d’ac­ti­vité dans la jour­née qui devraient faire d’ins­tinct varier les assem­blages. C’est là que, malheu­reu­se­ment, dans la société moderne, les obli­ga­tions sociales et profes­sion­nelles s’op­posent à cet instinct et induisent des erreurs nutri­tion­nelles plus ou moins impor­tantes.

Alain Delabos, Mincir sur mesure grâce à la chrono-nutrition, 2012, p. 41

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Même recom­man­da­tion sur la préci­sion à accor­der au pesage person­nel et aux mensu­ra­tions (tour de taille, de hanches et de poitrine) que l’on inscrit une fois par semaine dans un registre pour conser­ver la trace de l’évo­lu­tion. Un obèse est très souvent dans le déni (syndrome « Obelix »)… Or la condi­tion première d’une réforme de ses moyens d’exis­tence est un retour à la réalité. C’est d’au­tant plus aisé quand cette réalité évolue dans un sens favorable.

Il est impor­tant de noter que la chrono-nutrition n’est pas un régime amai­gris­sant. Ce n’est déjà pas un régime priva­tif puis­qu’elle ne réduit pas l’ap­port calo­rique : l’ab­sence de faim entre les repas est un des meilleurs signaux de réus­site, déjà une conquête consi­dé­rable pour ceux qui ont souf­fert d’ac­cès de bouli­mie. Elle ne s’adresse donc pas exclu­si­ve­ment aux personnes en surpoids, bien que la majo­rité des adeptes de chrono-nutrition soient des femmes qui ont essayé sans succès de nombreux régimes amin­cis­sants. Une personne anémique ou en manque de poids peut retrou­ver son équi­libre, avec en prime l’éner­gie néces­saire à un travail effi­cace et un moral excellent, comme nous avons pu le consta­ter chez des danseurs professionnels.

On peut bien entendu ergo­ter sur le côté « priva­tif » dans la mesure où certains types d’ali­ments comme les laitages frais (riches en lactose) et les yaourts sont à éviter, sauf pendant les repas joker. Mais dans ce cas on serait amené à dési­gner comme « priva­tion » l’abs­ti­nence d’al­cool, de tabac et de drogues récréa­tives… Pour une personne qui dispose d’un budget nour­ri­ture décent, l’ac­cès à des produits non trans­for­més, ou arti­sa­naux comme les fromages affi­nés, compense large­ment le renon­ce­ment à ceux qui entre­tiennent l’obésité.

Une raison d’évi­ter tout laitage non affiné est que le lacto­sé­rumN14 (petit-lait) augmente la résis­tance à l’in­su­lineN15 : plus d’in­su­line dimi­nue la glycé­mie et peut provo­quer des frin­gales (Adams RL & KS Broughton, 2016N16). Ce méca­nisme est décrit par Michael Eades dans The Arrow #200.

Contrairement aux régimes amin­cis­sants média­ti­sés (Atkins, Dukan… voir le pano­ramaN17) et au jeûne théra­peu­tique, il n’y a pas un « temps » pour la chrono-nutrition suivi d’un retour à la « normale ». Pratiquée avec succès, elle devient une manière natu­relle de s’ali­men­ter, et cela sans frus­tra­tion car les signaux de faim et de satis­fac­tion rede­viennent lisibles comme ils ont pu l’être pendant la jeune enfance. Cet équi­li­brage est vrai­sem­bla­ble­ment lié à une ressen­si­bi­li­sa­tion à la leptineN18 — voir la page de Jane Plain (2014N19) et mon article Manger et bouger ?. On peut très bien faire de la chrono-nutrition en déjeu­nant chaque jour au restau­rant, sous condi­tion de bien choi­sir la carte ou le menu et d’évi­ter certains établissements !

La chrono-nutrition réserve aussi, dès le départ, une place aux « excès » grâce aux indis­pen­sables repas joker qui envoient à l’or­ga­nisme un signal qu’il n’est pas en mode « survie ». Cette flexi­bi­lité est aussi fonda­men­tale pour la socia­bi­lité et la bonne humeur.

Les bases empiriques

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Des données scien­ti­fiques à l’ap­pui de la chrono-nutrition® sont expo­sées succin­te­ment dans les ouvrages d’Alain Delabos, qui sont avant tout des guides pratiques. Les pages « Quand la science s’ap­plique au quoti­dien », rédi­gées par Prof. Jean-Robert Rapin, ont paru dans la version 2005 de l’ou­vrage Mincir sur mesure grâce à la chro­no­nu­tri­tion (p. 331–349). Elles décrivent l’ar­ticle Bilan lipi­dique : inté­rêt de la chro­no­nu­tri­tion par Rapin JR, Delabos A, Gouyon A & Renouf V publié dans NAFAS, vol.1, n°2, juin 2003N20. Cette étude non rando­mi­sée ni contrô­lée portait sur 176 sujets (prin­ci­pa­le­ment des femmes) d’âge moyen 52.2 ± 12.9 ans et en surpoids (IMC supé­rieur à 25 kg/m2), qui ont prati­qué la chrono-nutrition® pendant une durée de trois mois. La baisse de l’IMC a été en moyenne de 2 kg/m2. Il a aussi été constaté une baisse du choles­té­rol LDL (de 1.84g/l à 1.58g/l) et des trigly­cé­rides (de 1.12g/l à 1.02g/l).

L’absence de groupe de contrôle, et surtout d’un suivi sur un ou deux ans, ne permet pas de prou­ver l’ef­fi­ca­cité de la méthode dans la lutte contre l’obé­sité. Toutefois, les auteurs concluent avec raison :

L’objectif de ce travail était double : d’une part, véri­fier que l’hy­po­thèse gluci­dique était valide et, d’autre part, démon­trer l’in­té­rêt de la chrono-nutrition dans la perte de poids sans entraî­ner de désordre lipi­dique.

➡ Personnellement, après 3 mois de chrono-nutrition avec exercice d'endurance, mon IMC avait baissé de plus de 4 kg/m2, soit le double de la moyenne mesu­rée dans l’étude.

Jean-Robert Rapin (décédé en 2003N21) est le profes­seur de phar­ma­co­lo­gie qui a fourni à Alain Delabos les données scien­ti­fiques sur la chro­no­bio­lo­gieN1. La chro­no­bio­lo­gie est une disci­pline scien­ti­fique qui s’at­tache à la dimen­sion tempo­relle des sciences de la vie, à l’étude des rythmes biolo­giques et de leurs anoma­lies (Daniel Sechter, 1999N22). Une vidéoN23 contient un court exposé de J.-R. Rapin sur les origines de la chro­no­bio­lo­gie de la nutrition.

La thèse de méde­cine de El Mokhtar Damou, La Chrono-nutrition : consé­quences sur la qualité de vie en cas de surpoids ou d’obé­sité (2015N24) résume les avan­tages de cette pratique en compa­rai­son de régimes amin­cis­sants (page 77) :

Avec la chrono-nutrition, l’avantage le plus souvent cité est l’absence de faim, associée à la dispa­ri­tion des grigno­tages. Les personnes interrogées constatent une sensa­tion de meilleur état général et une absence de fatigue, y compris si elles ont des horaires de travail décalés. Certaines ont retrouvé l’énergie pour refaire du sport. Malgré la baisse de consom­ma­tion de végétaux, le tran­sit s’améliore. Et la perte de poids semble être localisée, permet­tant une amélioration de l’image corporelle.

La chro­no­mé­de­cine inté­resse parti­cu­liè­re­ment les phar­ma­co­logues car elle leur permet d’amé­lio­rer les soins médi­ca­men­teux dans le cas de trai­te­ments lourds — voir la thèse d’Édouard Courot (2016N25 pages 41–71). On sait aujourd’­hui que l’ef­fi­ca­cité de certains médi­ca­ments dépend du moment où ils ont été admi­nis­trés, dans le cycle circa­dienN26 du patient, ou plus préci­sé­ment le cycle nycthé­mé­ral (N27 nuit/jour) qui dépend de ses heures de sommeil (voir articleN28).

Les connais­sances en chro­no­bio­lo­gie ne sont encore que parcel­laires mais une meilleure compré­hen­sion des rythmes des sécré­tions hormo­nales circa­diens permet d’ores et déjà de donner des conseils précis. Les hormones qui régulent le méta­bo­lisme varient en fonc­tion du nycthé­mère (période de 24h compor­tant un jour et une nuit) et ont néces­sai­re­ment un impact sur le deve­nir des diffé­rents éléments nutri­tion­nels absor­bés. Des méca­nismes subtils entrent en jeu et certaines données scien­ti­fi­que­ment établies doivent être utili­sées afin d’assurer un meilleur équi­libre nutri­tion­nel qui ne peut que s’accompagner d’une amélio­ra­tion de la forme, d’une bonne maîtrise du poids et parti­ci­per à la préven­tion de nombreuses patho­lo­gies.

Laure Loin, Diététique et nutri­tion à l’of­fi­cine : aide au contrôle du poids
chez le patient patho­lo­gique ou non
.
Thèse de docto­rat, Université de Rouen, 2014N29, p.55

La chro­no­bio­lo­gie de la nutri­tion est expo­sée par Mestre et Rapin dans leur ouvrage Time Nutrition (2012) qui donne 26 réfé­rences biblio­gra­phiques sur des sujets appa­ren­tés. Le mot-clé « chono­nu­tri­tion » a fait son appa­ri­tion plus récem­ment dans la litté­ra­ture scien­ti­fique, de sorte que les articles que nous avons réper­to­riés (voir Chrononutrition - publications) sont tous posté­rieurs à la publi­ca­tion de cet ouvrage.

La chrono-nutrition® accorde toute leur impor­tance aux cycles synchro­ni­sés sur l’heure du réveil, et sur notre capa­cité, par le choix des aliments, d’ac­ti­ver les synchro­ni­seurs et permettre la synthèse des hormones et des neuro­mé­dia­teurs qui main­tien­dront l’har­mo­nie des divers rythmes orga­niques (Mestre & Rapin, p. 37). Les cycles de produc­tion d’enzymesN30 et d’hormonesN31 permettent donc de déter­mi­ner les moments privi­lé­giés pour l’as­si­mi­la­tion de tel ou tel type d’ali­ment ; un plan­ning nutri­tion­nel peut être déduit de cette connaissance.

Les pics régu­liers du corti­solN32, aux heures des quatre repas, font monter les taux de glycé­mie et de l’insu­lineN33 qui inter­vient dans l’en­trée cellu­laire du glucose et la synthèse des lipides. La nuit, une baisse du taux d’in­su­line permet la libé­ra­tion (lipo­lyseN34) des acides gras utili­sés dans la synthèse des membranes cellu­laires. Chaque pic de glycé­mie est suivi d’une hypo­gly­cé­mieN35 asso­ciée à une sensa­tion de faim. Si l’on s’ali­mente en dehors des pics, ou si l’on consomme des aliments à indice glycé­miqueN36 élevé, on provoque ou on augmente l’hyper­gly­cé­mieN37 entraî­nant une sécré­tion d’in­su­line et le stockage de glucose dans le foie et les muscles sque­let­tauxN38 sous forme de glyco­gèneN39 jusqu’à satu­ra­tion, puis dans les cellules grais­seuses sous forme de trigly­cé­ridesN40. Voir à ce sujet les articles Pourquoi manger trop de sucre fait-il gros­sir ?N41, Glucides et lipides, des sources d’éner­gie pour l’or­ga­nismeN42 et ma page Glucides ou lipides ?

Édouard Courot écrit à propos de l’in­su­line (2016N25 pages 78 et 80) :

D’un point de vue chro­no­bio­lo­gique, elle joue le rôle de synchro­ni­seur périphérique prin­ci­pal en indui­sant l’expression de gènes horloges, notam­ment au niveau hépatique […]. Les rythmes alimen­taires à heures régulières ont donc un rôle crucial dans ces régulations.

En effet, on peut suppo­ser que la sécrétion cyclique de certaines enzymes diges­tives gastro- intes­ti­nales, ainsi que de nombreux métabolites ayant un rôle dans le métabolisme, se font à des heures précises en prévision d’un apport alimen­taire afin d’optimiser la diges­tion et l’utilisation des nutri­ments.

Par conséquent, des repas pris à heures régulières renforcent les oscil­la­tions de ces rythmes et sont un facteur de protec­tion vis‑à-vis de troubles métaboliques. […]

De façon générale, sauter un repas perturbe la synchro­ni­sa­tion des horloges périphériques. Pour faire l’analogie avec l’horloge centrale, c’est un peu comme si un indi­vidu se main­te­nait exposé à la lumière pendant 24h en sautant une nuit : l’horloge centrale en serait perturbée.

Un inté­rêt de l’ex­posé de Mestre et Rapin était de signa­ler que les rythmes biolo­giques peuvent être pertur­bés chez un indi­vidu en raison d’un mode de vie trop « déphasé », de mauvaises habi­tudes nutri­tion­nelles, le stress, ou des patho­lo­gies. Autrement dit, les diagrammes de varia­tion circa­dienne des taux de corti­sol, de séro­to­nine etc. dans le sang, sont les images de données statis­tiques qui ne décrivent pas le fonc­tion­ne­ment d’un indi­vidu en particulier.

Denis Riché rela­ti­vise ces résul­tats en s’ap­puyant sur des travaux anciens en chro­no­bio­lo­gie compa­rant les fluc­tua­tions « endo­gènes » des proces­sus hormo­naux aux effets de facteurs « exogènes » résul­tant de l’ac­ti­vité physique et de l’en­vi­ron­ne­ment. Il écritN43 :

A titre de compa­rai­son, l’impact de ces derniers a été évalué lors de situa­tions telles que la pratique d’une acti­vité physique. Dans ces travaux, il convient de disso­cier l’effet chro­no­bio­lo­gique propre, celui lié au manque de sommeil. Ces facteurs de pondé­ra­tion étant pris en compte, il appa­raît alors que l’impact propre des rythmes endo­gènes sur les proces­sus hormo­naux et nerveux est nul, et complè­te­ment noyé sous les effets des secré­tions hormo­nales et de l’activité nerveuse induits par le stress et par l’activité […]. Par exemple, sous l’effet d’un exer­cice de péda­lage des bras effec­tué à une inten­sité crois­sante, le taux plas­ma­tique de nora­dré­na­line et l’activité locale du système nerveux sympatho-adrénergique (ΔMNSA), augmentent respec­ti­ve­ment de 60 et 240 % au niveau du palier d’effort le plus soutenu […]. Cette valeur est à rappro­cher des ondu­la­tions liées aux rythmes « endo­gènes » qui n’excèdent pas 10 à 20 %. Pour beau­coup d’autres para­mètres (sécré­tions hormo­nales, acti­vi­tés enzy­ma­tiques), il en va de même. Ainsi, compa­ra­ti­ve­ment au rythme endo­gène de la libé­ra­tion d’insuline, les pics enre­gis­trés après une prise (mati­nale) de glucides, lors des premiers travaux sur l’index glycé­mique, sont d’un tout autre ordre de gran­deur [Jenkins DJ et al., 1981N44].

Or, ces études n’étaient pas réali­sées au moment où la libé­ra­tion « spon­ta­née » endo­gène d’insuline était suppo­sée être maxi­male. Autrement dit, la quan­tité de glucides consom­més et la nature des repas ingé­rés comptent beau­coup plus, rela­ti­ve­ment à l’insulino-secrétion, que le moment de la jour­née où cette prise se déroule.

Autre élément à consi­dé­rer, un taux hormo­nal n’est pas équi­valent à une action endo­crine. Corréler les deux est large­ment spécu­la­tif. Notons par exemple que la réponse hormo­nale intègre égale­ment des effets liés aux récep­teurs et aux méca­nismes post-récepteurs, diffi­ciles à appré­cier. […]

Ainsi, l’utilisation des glucides appor­tés par l’alimentation, chez un sujet entraîné, n’a rien à voir avec celle qu’on constate chez un sujet séden­taire [Holloszy JO & Booth FW, 1976N45]. En raison des adap­ta­tions surve­nant en réponse à l’entraînement, le muscle est placé en tête de la hiérarchie.

Par ailleurs, l’op­ti­mi­sa­tion du régime alimen­taire dépend des besoins prio­ri­taires à satis­faire : Si on veut inté­grer les oméga 3 à nos membranes pour amélio­rer la qualité de nos tissus et agir sur la préven­tion cardio-vasculaire, il est impor­tant de les prendre le soir. Mais si on veut béné­fi­cier de l’effet anti-inflammatoire des oméga 3 à travers les pros­ta­glan­dines, il est néces­saire de les prendre le matin (J.-R. Rapin, voir N21).

Dans La Chrono-diététique (2013, p. 21), Jean-Marie Bourre écrit :

[…] le cerveau peut créer de nouveaux rythmes, au risque d’en pertur­ber ou d’en anni­hi­ler d’autres ; ce qui peut s’avé­rer dange­reux. En voulez-vous un exemple avec le grignotage ?

Édouard Courot ajoute (2016N25 page 73) :

Un paramètre également impor­tant dans la sensa­tion de faim est l’heure. En effet, les rythmes de libération de ghréline [N46] semblent être calés sur nos habi­tudes de rythmes alimen­taires même si la glycémie est encore élevée […]. La prise alimen­taire agirait donc en tant que synchro­ni­seur du compor­te­ment alimen­taire. En effet, si l’on est habi­tué à manger à telle ou telle heure, les hormones orexigènes [N47] attein­dront un pic à ces horaires.

Pour remé­dier à cela et « remettre les pendules à l’heure », Mestre et Rapin proposent des complé­ments alimen­taires : tyro­sineN48, magné­siumN49, tryp­to­phaneN50, probio­tiquesN51, oméga 3N52 etc. à consom­mer à certains moments de la jour­née (voir le site Time NutritionN53).

Si l’on ne fait pas appel à leur coaching, on peut espé­rer que les horloges sont déjà bien calées, ou encore qu’elles se resyn­chro­ni­se­ront après l’adop­tion de nouvelles habi­tudes nutri­tion­nelles, comme l’ont observé les chro­no­bio­lo­gistes, notam­ment Tahara & Shibata 2013N54, Yoshizaki et al., 2013N55, Oike, Oishi & Kobori, 2014N56, Tahara & Shibata, 2014N57, Asher & Sassone-Corsi, 2015N58. C’est en tout cas ce qui s’est passé pour moi — voir mon article Chrononutrition-expérience.

Ce réajus­te­ment est présenté concrè­te­ment par Alain Delabos (Mincir sur mesure, 2012, p. 39) :

Au retour de l’équi­libre méta­bo­lique du corps (qui n’a rien à voir avec le poids et le volume), permet­tant d’une part le stockage dans les bonnes quan­ti­tés des éléments consti­tu­tion­nels de l’or­ga­nisme et d’autre part l’éli­mi­na­tion du super­flu, on verra réap­pa­raître l’ap­pé­tit pour le goûter en fin d’après-midi et le dîner dans la soirée. Ce qui sera d’ailleurs le signe que votre corps a effec­tué son retour à cet équilibre.

➡ En cas d’in­suc­cès appa­rent de la chrono-nutrition, plutôt que faire appel à des complé­ments alimen­taires ou médi­ca­men­teux, je regar­de­rais en direc­tion du demi-jeûne fractionné et de l’entraînement fractionné de haute intensité.

Chronobiologie, nouvelles avancées

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Source : N59

Les effets des horloges biolo­giques humaines sont décrits de manière très compré­hen­sible dans l’in­tro­duc­tion de l’ou­vrage La chrono-diététique de Jean-Marie Bourre (2013N60).

On en trou­vait une première formu­la­tion en fran­çais dans un livre d’Alain Reinberg : Les rythmes biolo­giques, mode d’emploi (1994N61) suivi de Chronobiologie médi­cale, chro­no­thé­ra­peu­tique (2003N62).

Les fluc­tua­tions tempo­relles de para­mètres physio­lo­giques sont présen­tées sur une page de l’Université McGillN59 figure ci-dessus. Des cher­cheurs de l’Université du Texas (Etats-Unis), de l’Université de Ferrara (Italie), de l’Université de Vigo (Espagne) et de l’Université du Minnesota (Etats-Unis) ont rassem­blé dans deux revues détaillées les rythmes circa­diens des orga­nismes humains et de diffé­rentes mala­dies (voir articleN63) desti­nées à la mise en œuvre de stra­té­gies chrono-préventives et chrono-thérapeutiques.

Des cher­cheurs de McGill University (Canada) ont déjà iden­ti­fié une horloge ultra­dienneN64 dans le cerveau des mammi­fères, qui gère des cycles d’ac­ti­vité de 4 heures et peut déclen­cher des réflexes de demande de nour­ri­ture (Blum ID et al., 2014N65, voir page en fran­çais : N66). Chez un adulte en bonne santé, cette horloge se synchro­nise sur l’horloge circa­dienneN26, de sorte que les périodes d’ac­ti­vité et de sommeil sont accor­dées. Mais les horloges ne sont pas encore syncho­ni­sées chez le nouveau-né qui demande le sein envi­ron toutes les quatre heures sans « faire ses nuits ». D’autre part, elle peut se déré­gler et produire des cycles bien plus longs (Steele AD & Mistlberger RE, 2015N67), par exemple plusieurs jours corres­pon­dant aux phases d’hy­per­ac­ti­vité et de dépres­sion d’un patient bipo­laireN68.

Désynchronisation des horloges
Conséquences métaboliques de la désynchronisation de certaines horloges périphériques.
Source : Édouard Courot (2016N25 page 77)

Les cher­cheurs en chro­no­bio­lo­gie sont parve­nus à isoler trois protéines fonc­tion­nant comme une horloge circa­dienneN26 dans des cyano­bac­té­riesN69 et décrire le méca­nisme en œuvre dans leurs oscil­la­tions (voir Cohen SE & Golden SS, 2015N70). L’intégration de cette fonc­tion dans un être vivant comme le calmarN71, qui utilise la biolu­mi­nes­cenceN72 pour se diri­ger dans l’obs­cu­rité, fait appa­raître des méca­nismes bien plus complexes d’in­te­rac­tions entre micro-organismes synchro­ni­sés ou non — cf. l’émis­sion Sur les épaules de Darwin par Jean Claude Ameisen le 17/10/2015N73.

Chronobiologie de la nutrition

Depuis 2013, le mot-clé « chro­no­nu­tri­tion » a fait son appa­ri­tion dans les publi­ca­tions de chro­no­bio­lo­gistes qui travaillent en expé­ri­men­ta­tion animale et humaine sur la base des varia­tions tempo­relles de para­mètres physio­lo­giques régies par des rythmes circa­diensN26 (voir Chrononutrition - publications). Ces horloges biolo­giques se synchro­nisent sur des cycles de lumi­no­sité ou de veille/sommeil spéci­fiques de chaque indi­vidu, avec une influence obser­vable des rythmes nutri­tion­nels.

Queiroz JdN et al. (2020N74 page 2) expliquent :

Le système circa­dien des mammi­fères est composé d’une horloge centrale/maîtresse, située dans le noyau supra­chias­ma­tique (SCN) [N75] de l’hypo­tha­la­mus [N76], qui contrôle plusieurs horloges secon­daires répar­ties dans le cerveau (extra-SCN) et d’autres organes, notam­ment le foie, les muscles sque­let­tiques, le tissu adipeux et le pancréas […]. En bref, les horloges circa­diennes (centrale/maîtresse et périphérique/secondaire) sont des méca­nismes intra­cel­lu­laires qui génèrent des oscil­la­tions auto-entretenues d’en­vi­ron 24 heures par un ensemble de protéines, appe­lées protéines d’hor­loge, qui fonc­tionnent par le biais de boucles de rétro­ac­tion auto­ré­gu­la­trices (Challet 2019N77 ; Rijo-Ferreira et Takahashi 2019N78).

Dans une revue expli­ca­tive détaillée de la litté­ra­ture scien­ti­fique, qui cite 208 réfé­rences — prin­ci­pa­le­ment en expé­ri­men­ta­tion animale — Étienne Challet précise (2019N77 pages 393–399) :

(p. 393) […] la prise alimen­taire [des animaux] est orga­ni­sée tempo­rel­le­ment en repas distincts, limi­tés à la phase active, qui est une période quoti­dienne de recons­ti­tu­tion des réserves éner­gé­tiques, tandis que la phase de sommeil corres­pond à une période quoti­dienne de jeûne et de mobi­li­sa­tion des réserves éner­gé­tiques. Ces varia­tions quoti­diennes du méta­bo­lisme éner­gé­tique et du compor­te­ment alimen­taire sont égale­ment coor­don­nées par les horloges circa­diennes. […]

Les diffé­rentes horloges circa­diennes de l’or­ga­nisme [des mammi­fères] sont synchro­ni­sées (ou remises à zéro) par des signaux envi­ron­ne­men­taux cycliques. L’horloge maîtresse du SCN [N75] est prin­ci­pa­le­ment synchro­ni­sée par la lumière ambiante détec­tée par la rétine […]. Un système de synchro­ni­sa­tion distinct, appelé dans cette revue l’hor­loge alimen­taire, est remis à zéro par la prise de nour­ri­ture. L’horloge alimen­taire parti­cipe au cycle d’ali­men­ta­tion et de jeûne et aide les animaux à s’éveiller et à cher­cher de la nour­ri­ture au moment où celle-ci est dispo­nible […]. Un moment d’ali­men­ta­tion mal choisi (c’est-à-dire lorsque l’ali­men­ta­tion a lieu pendant la période de repos habi­tuelle) peut réini­tia­li­ser de nombreuses horloges circa­diennes dans les organes péri­phé­riques et le cerveau, mais pas dans le SCN […]. En outre, une alimen­ta­tion mal program­mée peut avoir des effets délé­tères sur la santé méta­bo­lique […]. Par consé­quent, l’étude de la régu­la­tion circa­dienne de la prise alimen­taire est impor­tante pour comprendre non seule­ment les méca­nismes fonda­men­taux de l’ho­méo­sta­sie éner­gé­tique mais aussi l’étio­lo­gie des troubles méta­bo­liques. […]

(p. 399) En résumé, le contrôle quoti­dien du cycle alimentation-jeûne repose sur des inter­ac­tions entre l’hor­loge maîtresse du SCN, qui est prin­ci­pa­le­ment remise à zéro par la lumière ambiante, et des horloges secon­daires entraî­nées par la nour­ri­ture, dont la phase est contrô­lée par le SCN et qui sont déca­lées par l’heure des repas. Plusieurs horloges entraî­nées par la nour­ri­ture dans le cerveau défi­nissent une horloge alimen­taire, c’est-à-dire un méca­nisme d’hor­loge entraî­nant des compor­te­ments ryth­miques qui anti­cipent le moment prévu de la dispo­ni­bi­lité de la nourriture.

horloge-animee
Animated picture (2008) Willy Leenders
Source : N79

Un facteur impor­tant, le micro­biote intes­ti­nal [N80), est à prendre en consi­dé­ra­tion pour la compré­hen­sion des méca­nismes de régu­la­tion de la prise alimen­taire (Challet E, 2019N77 page 401) :

De plus en plus de travaux suggèrent que, selon l’état d’ali­men­ta­tion et la compo­si­tion du régime alimen­taire, le micro­biote intes­ti­nal influence le contrôle de l’homéo­sta­sie [N81] éner­gé­tique de l’hôte et module le déve­lop­pe­ment de l’obé­sité et du diabète de type 2 [N82]. Les produits micro­biens, tels que les acides gras à chaîne courte et le succi­nate [N83], modi­fient la néoglu­co­ge­nèse [N84] intes­ti­nale […]. En outre, le micro­biote affecte les signaux circu­lants, les neurones enté­riques et les affé­rences vagales qui trans­mettent les signaux de faim et de satiété au cerveau […]. Le micro­biote intes­ti­nal contri­bue égale­ment aux inter­ac­tions ryth­miques entre l’in­tes­tin et le cerveau, parti­ci­pant ainsi à la régu­la­tion circa­dienne de la prise alimentaire.

Une avan­cée inté­res­sante de la chro­no­bio­lo­gie (au sens large) pour­rait se situer dans le domaine de la santé primale : la recherche sur les effets à long terme de ce qui se passe au début de la vie, promue depuis les années 1980 par Dr Michel Odent (2020N85, p. 165). Il écri­vait dans Primal health research in the age of epige­ne­tic clocks (Odent S & M, 2019N86) :

Aujourd’hui, il semble que le type d’hor­loge biolo­gique le plus promet­teur soit lié au déve­lop­pe­ment rapide de l’épi­gé­né­tique, cette disci­pline émer­gente basée sur le concept d’ex­pres­sion génique. Dès 2011, l’équipe de Steve Horvath, à Los Angeles, a fourni la première démons­tra­tion solide que la méthy­la­tion de l’ADN dans la salive pouvait géné­rer des prédic­teurs d’âge précis. […] Rappelons que la méthy­la­tion de l’ADN est un outil de signa­li­sa­tion épigé­né­tique couram­ment utilisé qui permet de fixer les gènes en posi­tion « off ». Il joue sans aucun doute un rôle clé dans le proces­sus de vieillis­se­ment, le main­tien de la santé, la carci­no­ge­nèse, la genèse du syndrome méta­bo­lique et la récu­pé­ra­tion de l’état patho­lo­gique. Certaines périodes de déve­lop­pe­ment humain semblent être critiques en termes d’ac­ti­vité épigénétique.

Où situer la chrono-nutrition ?

On peut clas­ser la chrono-nutrition® dans la caté­go­rie des modes d’ali­men­ta­tion pauvres en glucides et riches en graisses (Low Carb High Fat) nouvel­le­ment préco­ni­sés en rempla­ce­ment de régimes restric­tifs qui visaient l’éli­mi­na­tion des graisses, et plus parti­cu­liè­re­ment les graisses satu­réesN87.

Toutefois, les glucides ne sont pas tota­le­ment évités puis­qu’on en consomme le matin, le midi et au goûter. On n’es­saie donc pas de déclen­cher un méca­nisme de cétoseN88 comme dans une diète céto­gèneN89 — voir mon article Diète cétogène - expérience.

➡ Pour une discus­sion détaillée de l’équi­libre entre glucides et lipides, voir mon article Glucides ou lipides.

Question de rendement

Outre la disso­cia­tion des aliments en fonc­tion des heures de consom­ma­tion, la chrono-nutrition ne devrait pas entraî­ner une surcon­som­ma­tion de graisses ni de protéines — sous réserve d’une bonne évalua­tion de ces dernières, voir mon article Protéines.

L’équilibre est possible sans priva­tion parce que les aliments sont absor­bés avec un « rende­ment » maxi­mal. Par exemple, selon les experts, les graisses satu­rées seraient assi­mi­lées au mieux dans l’heure qui suit le réveil grâce à la présence d’en­zymes et hormones favo­rables à ce proces­sus. Anthony Berthou écrit à ce sujet (voir articleN90) :

Rappelons d’ailleurs que plus de 70 % du choles­té­rolN91 sanguin est fabri­qué par le foie à partir de glucose. Par ailleurs, l’enzyme-clé du méta­bo­lisme du choles­té­rol (HMGCoA-réductase) possède une acti­vité maxi­male en début de mati­née : la consom­ma­tion de choles­té­rol alimen­taire au cours de cette période permet­trait une régu­la­tion de son acti­vité sur l’ensemble du nycthé­mère (rythme biolo­gique de 24h). Ainsi consom­mer des œufs au petit déjeu­ner n’augmenterait pas le taux de choles­té­rol sanguin total, à la diffé­rence d’une consom­ma­tion le soir.

Cette propo­si­tion n’est malheu­reu­se­ment vali­dée par aucune étude clinique sur la consom­ma­tion d’œufs en lien avec la choles­té­ro­lé­mie, voir par exemple Flynn Ma et al. (1979N92). Denis Riché souligneN43 :

[…] toutes les études menées sur la ques­tion montrent une corré­la­tion inverse entre l’apport alimen­taire en choles­té­rol et son taux plas­ma­tique. Mais cette rela­tion inverse ne dépend pas du moment de la jour­née où cet apport est réalisé […]. Donc manger des œufs peut faire chuter le taux de choles­té­rol plas­ma­tique, mais aucune contrainte horaire n’est déter­mi­nante dans cet effet.

Là aussi, le délai sépa­rant la dégus­ta­tion de l’œuf et l’effet inhi­bi­teur du choles­té­rol qu’il contient sur la HMG-CoA réduc­tase est impré­vi­sible a priori. Souvenons-nous que le choles­té­rol, une fois assi­milé, doit inté­grer les lipo­pro­téines, circu­ler, être inter­na­lisé au niveau des récep­teurs, et ensuite seule­ment gagner la cellule où il va régu­ler l’activité de l’enzyme. Il lui faut sûre­ment plus d’une heure pour accom­plir ce trajet ! L’idée de donner spéci­fi­que­ment les œufs le matin pour abais­ser la choles­té­ro­lé­mie totale n’est donc pas pertinente.

On trouve dans la litté­ra­ture scien­ti­fique d’autres argu­ments en faveur d’un petit-déjeuner riche en protéines et pauvre en glucides (voir cette page de Bill Lagakos : N93). Chez la plupart des adultes, un pic de corti­solN32 dans les 20 à 30 minutes après le réveil (corti­sol awake­ning responseN94) se super­pose à celui qui s’est produit avant le réveil. Cet afflux momen­tané de corti­sol renforce la produc­tion de dopa­mineN95 asso­ciée à l’ex­po­si­tion à la lumière. Un excès de dopa­mine est source d’im­pul­si­vité. Le petit-déjeuner riche en protéines apporte du tryp­to­phaneN50 et un peu d’insu­lineN33, favo­ri­sant la synthèse de séro­to­nineN96 qui permet de limi­ter cette impul­si­vité. La montée mati­nale de dopa­mine est toute­fois impor­tante pour la régu­la­tion de la glycé­mieN97 (Pijl H et al., 2000N98). D’autre part, la consom­ma­tion de protéines dimi­nue le taux de ghré­lineN46, une hormone diges­tive qui stimule l’ap­pé­tit, mieux que celle de glucides et lipides (Iwakura H et al., 2015N99).

Tous ces méca­nismes sont pertur­bés par une expo­si­tion tardive à la lumière arti­fi­cielle et par un dîner trop riche — notam­ment en glucides. Une telle pertur­ba­tion peut se traduire par l’en­vie de se passer de petit-déjeuner, fréquente chez les personnes ayant tendance à l’obé­sité — voir mon article Jeûne et restriction calorique.

Ici encore, d’autres facteurs devraient être pris en compte, comme les durées des nombreuses étapes à fran­chir entre l’ab­sorp­tion de certains aliments et leurs effets sur le méta­bo­lisme. Denis Riché écrit à ce sujetN43 :

Pour obte­nir un effet anti-inflammatoire, certains auteurs proposent de consom­mer des acides gras précur­seurs des eico­sa­noïdes [N100] anti-inflammatoires en début de jour­née […]. Cette propo­si­tion ne tient pas compte des réali­tés physio­lo­giques. En effet, entre l’émulsion des acides gras, l’action des lipases [N101], l’assimilation, l’incorporation aux lipo­pro­téines, l’intégration aux membranes tissu­laires, et une éven­tuelle remise en circu­la­tion, il est impos­sible de prédire un délai moyen sépa­rant l’ingestion de ces acides gras [N102] et leur posi­tion­ne­ment dans la membrane, à proxi­mité de l’enzyme. De ce fait, la modi­fi­ca­tion du ratio « n‑3/n‑6 » au sein des membranes ne s’observe qu’à l’échelle de plusieurs semaines [Ryan MJ & BG Zimmerman, 1974N103]. Par consé­quent, il paraît assez peu cohé­rent de propo­ser des acides gras poly­in­sa­tu­rés [N104] le matin plutôt qu’à un autre moment de la jour­née pour favo­ri­ser la prédo­mi­nance de la synthèse des eico­sa­noïdes anti-inflammatoires […].

Un autre facteur d’équi­libre, selon la chro­no­nu­tri­tion, est lié à la consom­ma­tion de protéines répar­tie sur trois repas. Plusieurs études, dont celle d’Alencar MK et al. (2015N105), indiquent qu’en répar­tis­sant la prise de nour­ri­ture sur plus de deux repas par jour, on obtient le même amin­cis­se­ment sans dimi­nuer la masse non-graisseuse — muscu­laire (voir discus­sionN106).

Quelles preuves au final ?

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Il ne faut pas trop se lais­ser impres­sion­ner par un discours scien­ti­fique quand ceux qui le portent entraînent leurs audi­teurs vers des extra­po­la­tions hasar­deuses. Par exemple, pour justi­fier la consom­ma­tion des graisses satu­rées au petit-déjeuner, certains auteurs affirment que les grands carni­vores chassent au petit matin. Or c’est vrai des lions, mais pas des léopards qui chassent toute la nuit, ni des jaguars qui chassent aussi bien au crépus­cule qu’à l’aube

Les articles scien­ti­fiques trai­tant de sujets en rapport avec la chro­no­bio­lo­gie de la nutri­tion sont listés sur ma page Chrononutrition - publications. L’équipe de Almoosawi S et al. (2016N107) a commenté un inven­taire de publi­ca­tions sur ce sujet. Les travaux sont de plus en plus concor­dants sur la néces­sité de respec­ter les rythmes biologiques.

Par exemple (Potter GD et al., 2016N108) :

L’alignement des cycles d’alimentation/de jeûne sur les chan­ge­ments méta­bo­liques régu­lés par des horloges opti­mise le méta­bo­lisme, et les études sur d’autres animaux suggèrent que s’ali­men­ter à des moments inap­pro­priés perturbe l’or­ga­ni­sa­tion du système circa­dien, contri­buant ainsi à des consé­quences méta­bo­liques indé­si­rables et au déve­lop­pe­ment de mala­dies chroniques.

À partir d’ex­pé­ri­men­ta­tion animale, Johnston et al. (2016N109) signalent que la pertur­ba­tion de l’hor­loge asso­ciée au tissu d’un seul organe péri­phé­rique peut entraî­ner de l’obé­sité ou la rupture de l’homéo­sta­sie N81 du glucose dans tout l’or­ga­nisme.

Tahara Y et al. (2016N110) proposent une synthèse d’ar­ticles mettant en évidence la régu­la­tion de l’ex­pres­sion de gènes hépa­tiques par une horloge circa­dienne, et les dérè­gle­ments que peut entraî­ner une nutri­tion qui ne respec­te­rait pas ces cycles.

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La perti­nence de la chro­no­nu­tri­tion est par ailleurs confir­mée par des données expé­ri­men­tales sur la nutri­tion restreinte dans le temps (TRF, Time-Restricted Feeding) publiées par le Salk Institute en Californie, voir notam­ment Gill S & Panda S (2015N111). Une présen­ta­tion de ces travaux figure sur mon article Jeûne et restriction calorique.

Des para­doxes peuvent surgir en expé­ri­men­ta­tion animale — qui n’ont pas auto­ma­ti­que­ment leur équi­valent chez les humains — comme le fait que des souris géné­ti­que­ment modi­fiées pour produire moins d’insu­lineN33 auraient tendance à stocker du gras lors­qu’elles sont soumises à de la restric­tion calo­rique (Dionne DA et al., 2016N112). Bill Lagakos (voir pageN113) suggère que le lien entre insu­line et adipo­sité pour­rait faire inter­ve­nir un troi­sième facteur régu­la­teur : un peptide inhi­bi­teur gastriqueN114 (Gastric inhi­bi­tory poly­pep­tide, GIPN115).

Pour conclure…

En France, la pratique de la chrono-nutrition® s’ap­puie sur une très esti­mable expé­rience clinique (Delabos et collègues) ainsi que le partage d’in­for­ma­tions sur des forums. Si l’on peut émettre l’ob­jec­tion que les échanges sur Internet ont tendance à privi­lé­gier les évalua­tions posi­tives, l’ex­pé­rience indi­vi­duelle est acces­sible à toute personne qui ne souffre pas d’al­ler­gie ni de patho­lo­gie grave. N’imposant pas de restric­tions, la chrono-nutrition ne comporte pas de risque de carences nutri­tion­nelles. Des ouvrages s’adres­sant aux diabé­tiquesN116 et à ceux qui souffrent d’hyper­cho­les­té­ro­lé­mie géné­tiqueN117 ont par ailleurs été publiés par Alain Delabos.

L’expérimentation fera proba­ble­ment appa­raître d’im­por­tantes varia­tions inter­in­di­vi­duelles, ou encore des modi­fi­ca­tions dans le temps (l’his­toire du sujet, les saisons…) et dans l’es­pace (son lieu de rési­dence et le climat local) mettant plusieurs cycles en concur­rence, avec pour résul­tat des besoins nutri­tion­nels qui ne coin­ci­dent pas néces­sai­re­ment avec les pres­crip­tions déduites d’une analyse statis­tique rudi­men­taire. L’étude Personalized Nutrition by Prediction of Glycemic Responses (Zeevi D. et al., 2015N118) a montré par exemple que l’élé­va­tion du taux de glycé­mie suite à la consom­ma­tion d’un même aliment variait consi­dé­ra­ble­ment d’un indi­vidu à un autre, avec des effets parfois inver­sés, cette réponse étant liée de manière prédic­tive à la compo­si­tion de son micro­biote intes­ti­nal. — voir discus­sion dans mon article Nutrition : qui écouter ?

On peut donc s’at­tendre à ce que la descrip­tion des horloges biolo­giques humaines atteigne un niveau supé­rieur de complexité qui permet­tront d’af­fi­ner les hypo­thèses des pion­niers de la chro­no­nu­tri­tion… Par exemple, l’ac­tion régu­la­trice du micro­biote intes­ti­nal sur les cellules hépa­tiques (qui fonc­tionnent comme des oscil­la­teurs circa­diens) est en cours d’in­ves­ti­ga­tion (Leone V et al., 2015N119).

LeoneCHMgraphicalabstract
Régulation du microbiote intestinal : influence des oscillateurs circadiens
Source : N119

Si les prin­cipes de la chro­no­nu­tri­tion (et bien­tôt du « chrono-exercice ») appa­raissent comme des hypo­thèses aussi révo­lu­tion­naires que promet­teuses pour l’amé­lio­ra­tion des pratiques de santé, leur mise en œuvre à l’échelle mondiale débou­chera vrai­sem­bla­ble­ment sur une pratique clinique diver­si­fiée, rendant compte de la complexité et de la plas­ti­cité des proces­sus temporels.

Suite : Chrononutrition - mon expérience

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Article créé le 21/08/2015 - modifié le 3/11/2024 à 08h25

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2 thoughts on “Chrononutrition – bases

  • J’ai fait la chrononutrition et je me suis jamais sentie aussi bien. Par contre dans mon enfance on m’a mise au régime dès l’âge de dix ans et au lieu de maigrir j’ai grossi. J’en ai souffert énormément, sauf que dès que j’ai rencontré docteur Delabos ma vie a changé et ce qui est important c’est de se sentir écouté. Merci pour tout

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